• Bullitt, Peter Yates, 1968 

    Bullitt a tout de suite été compris à sa sortie comme une étape marquante du renouveau du film noir, avec Harper[1] de Jack Smight sorti en 1966 et Point blank de John Boorman en 1967. Son immense succès commercial et critique va en faire un film phare du style néo-noir. French connection de William Friedkin par exemple lui doit beaucoup, on retrouvera d’ailleurs sur ce dernier film Philip D’Antoni qui était producteur sur Bullitt, et qui finira par réaliser lui-même le très bon The seven ups[2]. A ce titre Bullitt nous paraît fondateur d’un genre de film noir, très urbain, avec des scènes d’action nerveuses et enlevées dans lesquelles les voitures jouent un rôle déterminant. Le film a été produit par Steve McQueen lui-même, et la réalisation était la première sur le sol américain du metteur en scène britannique Peter Yates qui par la suite ne tournera plus grand-chose d’intéressant, si ce n’est The friends of Eddie Cole. Le film s’appuie sur un roman de Robert L. Pike, écrivain prolifique qui s’appelait en vérité Robert L. Fish et qui avait eu l’idée de créer une série avec le lieutenant Clancy. C’est ce personnage dont les aventures ont été traduites en français à la Série noire qui va devenir le lieutenant Frank Bullitt. Dans l’ouvrage de Pike, le lieutenant a 65 ans, et vit et travaille à New York. 

    Bullitt, Peter Yates, 1968 

    Le lieutenant Frank Bullitt est appelé par le procureur Chalmers pour protéger durant trois jours un témoin, Johnny Ross, qui est sensé déposer contre la mafia de Chicago. Avec son équipe Bullitt emmène Ross dans un hôtel au bord de l’autoroute. Les trois hommes doivent se relayer à tour de rôle auprès de Ross. Tandis que Bullitt rejoint sa fiancée, deux hommes armés font irruption dans l’hôtel où se cache Ross. Ils flinguent le policier chargé de sa surveillance et Ross. Bullitt qui avait été prévenu par Stanton arrive trop tard. Il accompagne cependant les deux blessés à l’hôpital. Peu après il apprend par un médecin qu’une personne louche cherche Ross. C’est le tueur. Bullitt va essayer de la contrer, mais celui-ci va réussir à prendre la fuite. Pendant ce temps là Ross est décédé. Bullitt décide de ne pas le déclarer et emporte le corps à la morgue. Chalmers qui voulait prendre Ross sous sa coupe est furieux et menace Bullitt. Mais son chef le couvre. Bullitt qui trouve que tout cela n’est pas très clair va reprendre l’enquête et tenter de comprendre ce qu’a fait Ross. Un indicateur va lui dire qu’en fait l’organisation recherche Ross parce que celui-ci aurait détourner 2 millions de dollars des paris clandestins. Bullitt est pris en chasse par les deux tueurs de l’organisation, mais il arrive à retourner la situation, et au cours d’une course poursuite mémorable, les deux tueurs se tuent sur la route. Bullitt rencontre ensuite le chauffeur de taxi Weissberg qui finit par lui donner la piste d’une cabine téléphonique et d’un hôtel. A partir de là il va pouvoir remonter la piste d’une femme liée à Ross. Il arrive cependant trop trad. Cette femme qui s’appelle Renick a été assassinée. En faisant des recherches, il s’avère que la personne que Chalmers voulait faire témoigner n’est pas Ross, mais Renick qui en échange de ce subterfuge aurait reçu 100 000 $ en traveller’s chèques. Ils apprennent également que Renick avait un billet pour Rome. C’est donc à l’aéroport que Bullitt et Delgeti vont tenter de coincer Ross. Ils y arriveront, mais Bullitt sera obligé de tuer Ross, laissant Chalmers dépité de ne plus avoir de témoin à présenter à son grand jury. 

    Bullitt, Peter Yates, 1968 

    Ross arrive à San-Francisco

    L’intrigue est assez simple et linéaire, mais très efficace. Il restera cependant des mystères pour le spectateur. En effet, on ne comprend pas pourquoi Ross – ou Renick peu importe – ouvre la porte aux tueurs qui vont le descendre, sauf à penser que ceux-ci devaient seulement abattre Stanton et qu’ils l’ont trahi, mais ce n’est pas très clair. De même l’obstination de Chalmers est exagérée. Mais passons sur ce genre de détails. Le film est le portrait d’un lieutenant de police particulièrement entêté, et d’autant plus entêté qu’un politicien tente de la manipuler. Il va donc y avoir une interrogation sur les formes hiérarchiques des institutions. C’est l’époque des remises en question justement de ces hiérarchies. En outre, les policiers apparaissent particulièrement compétents, courageux et intègres. Ils sont clairement porteurs d’une morale face d’un côté au monde du crime représenté par l’organisation – terme vague qui est sensé remplacer celui plus précis de mafia – et de l’autre au politicien Chalmers qui croit que tout peut s’acheter. Il essaiera successivement d’acheter Bennett, le chef de Bullitt, puis Bullitt lui-même, sans succès. Comme on le comprend, la méfiance vis-à-vis des politiques s’est installée et n’est pas prête de s’éteindre. Le film est également marqué par l’opposition entre Bullitt et sa fiancée qui ne comprend pas à quel point le métier de policier peut être absorbant et nécessaire. Développant une approche hédoniste de la vie, elle ne comprend pas qu’on s’investisse dans un métier qui naturellement vous pousse à vous préoccuper des autres et peut-être même à les sauver. Si Bullitt est le défenseur de la cité et de la morale, sa fiancée est au contraire individualiste et consommatrice, ces deux valeurs étant vues comme d’abord féminines. Bullitt parle très peu, il agit, par contre Cathy parle beaucoup et ne fait pas grand-chose d’autre que de manifester ses émotions. Même s’il ne dit rien, Bullitt est évidemment solidaire de ses équipiers, il passera du temps au chevet de Stanton, ne trouvant pourtant rien à raconter à sa femme qui le regarde d’un drôle d’air, comme s’il était responsable des conséquences du métier que son mari a choisi d’exercer. 

    Bullitt, Peter Yates, 1968 

    Le tueur vient jusqu’à l’hôpital pour achever Ross 

    Une grande partie de la réussite de ce film réside dans sa manière de revisiter les codes du film noir. On sait que le film noir, même dans le cycle classique, fait des décors urbains un personnage à part entière. Et donc ici la ville de San Francisco doit être comprise comme cela. Cette ville a souvent servi de cadre au film noir, un peu moins que Los Angeles et New York, mais suffisamment toutefois pour que Nathaniel Rich consacre un ouvrage entier au rapport que cette ville entretient avec le film noir[3]. On la retrouve souvent avec ses rues étrangement pentues par exemple dans Vertigo d’Hitchcock, et aussi avec le Golden Gate. Peter Yates renouvelle la vision qu’on peut avoir de la ville. Et pour cela il a veillé à obtenir les autorisations nécessaires des autorités pour tourner dans les lieux réels, l’hôpital, mais aussi les rues dans lesquelles des scènes dangereuses ont été tournées. Mais c’est aussi la manière de filmer qui surprend. Sans doute parce que Peter Yates arrive à en saisir simultanément la verticalité et l’horizontalité de la ville. Il donne de l’espace, et on a toujours comme ligne d’horizon un ciel tout à fait bleu. Il y a un excellent travail sur la lumière. En utilisant abondamment le zoom, il permet de prendre en compte la profondeur de champ et l’aspect grouillant de la ville. On remarquera que la chambre d’hôtel où Ross s’est enfermé est situé juste en face du segment d’autoroute qu’on trouve dans The line up de Don Siegel[4]. Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs les poursuites de voitures se ressemblent un peu dans les deux films. La poursuite dans San Francisco et en dehors entre la Ford Mustang de Bullitt et la Dodge Charger des tueurs a fait beaucoup pour la renommée de ce film, avec les voitures qui sautent au croisement des rues. Il n’y a pas de transparences, on a monté des caméras directement sur le capot de la voiture, ou encore en enlevant la porte du côté du conducteur, on pouvait monter une petite caméra qui suivait les réactions du conducteur. Le tournage de la fameuse poursuite dura trois semaines. Steve McQueen qui était bon conducteur – il participa d’ailleurs à des courses de voitures et de moto – refusa de se faire doubler pour les cascades. Tout cela donne une grande vérité à l’ensemble[5]. Au final elle doit durer un peu plus de dix minutes. A côté de cette scène mythique, il y a également la scène finale dans l’aéroport quand les deux policiers cherchent à coincer Ross qui a pris le passeport de Renick. C’est une scène très étonnante sur le plan cinématographique. L’utilisation de la foule jusqu’au moment de la fusillade finale est remarquable. La photo de William A. Fraker est admirable et le montage serré permet de faire un film sans temps mort qui pourtant dure presque deux heures. Egalement l’intrusion du tueur aux cheveux gris dans l’hôpital et sa poursuite par Bullitt dans les sous-sols de l’édifice sont remarquablement bien filmées. L’éclairage à la manière des films noirs d’antan est renforcé par l’utilisation de l’écran large. D’autres références au film noir classique sont perceptibles dans l’utilisation des miroirs. A la fin on verra Bullitt se laver le visage, puis se regarder longuement dans un miroir, un peu à la manière de Silien dans Le doulos qui avant de mourir interrogeait sa propre identité dans un autre miroir. 

    Bullitt, Peter Yates, 1968 

    Le chauffeur de taxi met Bullit sur la piste de la fiancée de Ross 

    Contrairement à ce qu’on croit, le tournage ne s’est pas très bien passé. Il faut dire que Steve McQueen avait un caractère paranoïaque, difficile à supporter. Mais cela ne se voit pas. L’interprétation centrée autour de la personne de Steve McQueen est remarquable. Ce dernier occupe l’écran du début à la fin. Pratiquement muet, il est à la fois très cool et très moderne, et en même temps décalé, dur, solitaire. Il est excellent. Et c’est sans doute un de ses meilleurs rôles. Jacqueline Bisset est complètement sacrifiée. On dit qu’au départ le scénario lui donnait une place plus importante, mais que par la suite les producteurs ont réduit son rôle pour mieux faire ressortir les qualités spécifiques de Bullitt. Robert Vaughn est l’horrible Chalmers. Il est impeccable, avec ses petites lèvres pincées, ses vêtements ajustés contrastant avec ceux bien plus cool de Bullitt. Les seconds rôles sont très travaillés. On retrouve Robert Duvall du temps qu’il avait des cheveux dans le rôle du chauffeur de taxi. Simon Oakland, un des piliers du film noir classique, dans celui du capitaine Sam Bennett, et encore Don Gordon dans le rôle du fidèle et discret Delgetti. Donnant un coup de chapeau aux deux tueurs de l’organisation qui ne disent pas un mot. Ils ont des têtes à la fois passe-partout de cadres moyens, et en même ils sont très angoissants.   

    Bullitt, Peter Yates, 1968

    Bullitt a pris les tueurs en chasse 

    Le film dans son ensemble crée une esthétique assez nouvelle qui pourrait s’apparenter à une modernisation heureuse de la vie sociale. Ce n’est pas un film désenchanté, les rues sont propres et bien tenues. Tout va rentrer dans l’ordre, et les méchants seront littéralement détruits, Chalmers est marginalisé, et Bullitt va pouvoir sans doute écouter encore de la bonne musique de jazz en goûtant un repos mérité dans les bras de Cathy. Dans ce film la musique est remarquable, due à Lalo Schifrin, elle est interprétée par des musiciens de jazz de qualité. On dit que Shelly Manne et Bud Shank ont prêté leur concours. Lalo Schifrin avait dans les années soixante beaucoup de succès. Plus tard il en eut moins quand le rock et la pop music envahirent les supermarchés et les écrans. Il joue parfaitement des cuivres, mais sans aussi se servir de la contrebasse pour renforcer le suspense, comme dans les séquences tournées à l’hôpital. Le caractère cool du personnage de Bullitt fera école, Belmondo tentera de reprendre un peu ce style dans Peur sur la ville. Mais ça ne donnera pas grand-chose en dehors du pull-over à col roulé et des cascades qu’il réalisera lui-même sans doublure.    

    Bullitt, Peter Yates, 1968

    Parmi la foule, Bullitt et Delgeti cherchent Renick 

    C’est donc un très bon film, même un des films fondateurs du courant néo-noir. Son succès est mérité. Cinquante années après sa première sortie, il n’a pas pris une ride. Face à la production récente et sans saveur d’aujourd’hui, il s’est même encore bonifié. L’absence de message explicite avait été critiqué en France en 1968. Mais cela n’a pas empêché le public français de lui faire un triomphe.  

    Bullitt, Peter Yates, 1968

    Bullitt a abattu le fuyard

    Bullitt, Peter Yates, 1968

     



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/detective-prive-1966-a114844930 

    [2] http://alexandreclement.eklablog.com/police-puissance-7-the-seven-ups-philip-d-antoni-1973-a125478744 

    [3] San Francisco Noir: The City in Film Noir from 1940 to the Present, Little Bookroom, 2005. 

    [4] Don Siegel a beaucoup tourné à San Francisco, notamment la série des Dirty Harry.

    [5] Pour ceux qui veulent des détails sur cette fameuse poursuite, ils peuvent suivre ce lien http://www.motortrend.com/news/bullitt/

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  • La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946

    C’est un film assez curieux, et sûrement pas ce que Joseph H. Lewis a fait de mieux. So dark the night intervient après le succès de My name is Julia Ross. Malgré les tentations, Joseph H. Lewis va rester sur des films de série B. Petit budget, une durée de tournage étriquée, vingt jours, et des acteurs peu connus ou habitués à jouer des seconds rôles. L’histoire est assez déroutante, hésitant entre enquête policière traditionnelle, tendance Hercule Poirot, et film noir axé sur des explications psychanalytiques assez alambiquées pour élucider la multiplicité des meurtres qui ne semblaient pas avoir de motif véritable, au fur et à mesure que les criminels potentiels passent les uns après les autres l’arme à gauche. Ce mélange des genres fait qu’il va manquer de solutions de continuité dans un film qui pourtant ne dure que 1 h 11. Il est aussi assez incongru de voir un policier du Quai des Orfèvres, une sorte de Maigret, partir en vacances avec son chauffeur ! 

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Léon manifeste de la jalousie à l’endroit de Cassin 

    Henri Cassin est un grand policier parisien un peu surmené qui a résolu de nombreuses affaires criminelles. Il part en vacances à Sainte- Margot, un petit village paisible où il compte se reposer. Il est très bien reçu, trop bien reçu peut-être. En effet la femme de l’aubergiste qui le loge a décidé que sa fille, Nanette, pourrait trouver en Henri Cassin un excellent parti. Nanette aime cette idée car elle trouve qu’elle n’a pas d’avenir dans ce petit village. Elle drague Cassin, pour ne pas dire plus. Mais elle a un fiancé, Léon, qui prend très mal cette idée. Henri Cassin dans un premier temps, eu égard le grand écart d’âge entre lui et Nanette, tente de dissuader la jeune fille. Mais bientôt, pris par le cadre bucolique du village, il va tomber amoureux de la jeune fille. Bientôt les fiançailles sont célébrées à l’auberge de Michaud. Léon vient interrompre cette félicité en se faisant menaçant, précisant que Nanette est bien sa promise, depuis qu’ils sont enfants. Quelques jours plus tard, Nanette disparaît. On ne la trouve nulle part, mais comme Léon aussi a disparu, on pense dans un premier temps à une fugue amoureuse.  Mais Nanette a été assassinée. Elle a été étranglée. Léon aussi est mort, et manifestement on a voulu faire croire à un suicide, mais le perspicace Cassin trouve un indice qui montre que ce n’est pas le cas. Il a été aussi assassiné. Dès lors commence dans ce paisible village une enquête difficile pour Cassin. Jusqu’à la femme de Michaud qui lui propose de partir avec elle pour Paris. Des lettres anonymes commencent à être distribuées, on se demande qui sera la prochaine victime. L’enquête piétine toujours. Bientôt c’est la femme de Michaud que Cassin soupçonnait, qui est à son tour étranglée. Pour faire avancer son enquête Cassin retourne à Paris. Là il fait dessiner le portrait-robot de l’assassin, mais c’est lui-même ! Il demande alors à son supérieur de le faire surveiller étroitement. Mais il s’échappe et retourne dans le village pour une ultime confrontation avec Pierre Michaud. Le commissaire Grande cependant consulte un médecin qui lui laisse entendre que sans doute Cassin souffre de schizophrénie. Alors que celui-ci tente d’étrangler le pauvre Michaud, le commissaire intervient et l’abat. Dans sa folie destructrice, il brise la large vitrine de l’auberge. 

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Cassin recherche des indices 

    On ne cherchera pas la vraisemblance de cette histoire. Mais le traitement de cette histoire qui oppose un village paisible et en dehors du temps à un intrus, un policier, aurait très bien pu être tournée par Hitchcock lui-même. On l’imagine assez bien ajouter son humour anglais particulier, ses petites blagues de garçon de bains qui ne me font pas beaucoup rire, avec un policier un peu sautillant qui ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe. On a rapproché aussi cette histoire d’un roman d’Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd, avec un Hercule Poirot retiré à la campagne. Donc le premier thème qui s’avance est celui de la violence qui se cache derrière la façade d’un village sans histoire. Cette menace est renforcée directement par les esclandres récurrents de Léon qui ne supporte pas que sa promise lui passe sous le nez. Et puis ça se passe en France, le pays des crimes passionnels et des relations amoureuses compliquées. Et puis dans le dernier tiers du film on s’éloigne des formes compassées des enquêtes à la Hercule Poirot justement, et on s’enfonce dans quelque chose de plus glauque. En effet le surmenage de Cassin l’a rendu schizophrène au point de subir un dédoublement de la personnalité, accompagné de perte de mémoire. 

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Cassin s’est mis lui-même sous surveillance

    A côté de ce thème dominant il va y en avoir plusieurs autres. D’abord cette maladie féminine de ne pas se contenter de ce qu’il y a à portée de la main, mais de désirer plutôt ce qui est loin et brillant. La mère comme la fille seront punies de de ces désirs insensés. On notera que dans ce film, ce sont les femmes qui se comportent sur le plan sexuel comme des prédatrices en jetant leur filet sur le malheureux Cassin. Ensuite, il y a le fait que le policier à force d’enquêter sur des criminels affreux, il a résolu plus de 100 affaires nous dit-on, se trouve contaminé par cette engeance. Mais comme il reste un policier intègre, il doit se combattre. Cette histoire d’un homme qui enquête sur lui-même est un vieux truc du roman noir ou du film noir, comme dans Confidential report d’Orson Welles par exemple. Le dédoublement de la personnalité, ça doit commencer sans doute à Robert L. Stevenson avec L’étrange cas du Docteur Jekill et de Mister Hyde qui remonte à 1886 tout de même. Enfin, et curieusement, même si c’est vu à travers un regard hollywoodien, le film s’inscrit dans une opposition entre la capitale, Paris, et la campagne, Sainte-Margot, un village qui n’existe pas. Cette opposition c’est la marche de la civilisation quia mène aussi avec elle le crime. La capitale est le lieu de l’intelligence et du raffinement, la campagne est celui d’une forme de barbarie, représentée par le bossu qui est en même temps le mesdsager du destin, celui qui amène les mauvaises nouvelles. 

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Cassin retourne à l’auberge 

    Tout cela ne fait pas que le scénario tienne debout pour autant. Et le film recèle de nombreuses caricatures de ce que pouvaient être la France et Paris dans ces temps-là. Joseph H. Lewis n’avait jamais été en France bien sûr, et ses idées de décors reposaient sur des images qu’il avait trouvé dans des guides touristiques. Mais cela donne un cadre étrange pour une histoire de dédoublement de personnalité. Le film est cassé en deux parties très inégales, en durée et en intensité. La première est cette longue présentation du contexte qui va jusqu’à la disparition de Nanette, et la seconde est la descente aux enfers d’un policier modèle. C’est évidemment la deuxième partie, la plus courte, qui va permettre à Joseph H. Lewis de donner toute la mesure de son génie. L’idée est en effet de traduire dans des formes visuelles singulières, et une esthétique particulière, cette schizophrénie. Il y a bien entendu les fenêtres plus ou moins étroites à travers lesquelles l’action est filmée. Cette façon également de mettre à l’avant-plan des formes et des objets menaçants. Les ombres de la nuit et les points lumineux renvoient directement à l’enfermement mental de Cassin. On remarque que la première partie est filmée plutôt dans un rythme lent, avec des panoramiques qui saisissent le village ou la campagne pour leur donner cet aspect reposant. Au fur et à mesure que l’enquête avance, le rythme s’accélère, et Lewis va utiliser de plus en plus des mouvements de caméra qui saisissent l’espace en plongée, avec une large profondeur de champ. La dissonance se retrouve aussi dans l’utilisation des accents. Une partie des dialogues est en français, pour donner une couleur locale, mais aussi pour mieux scinder la personnalité de Cassin qui s’adresse en permanence à deux langages différents. Les scènes musicales où on voit Nanette chantées accompagnée de musiciens étranges, sont particulièrement soignées dans une sorte de réalisme poétique à la française justement. 

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Cassin attend Michaud 

    L’interprétation est curieuse. D’abord parce qu’elle compte des acteurs français ou d’origine française, Micheline Cheirel, Eugène Borden. Mais il y a un mélange curieux des accents, surtout pour nous Français, Steven Geray est Hongrois, Egon Brecher, tchèque, Ann Codee d’origine hollandaise. Physiquement, ce sont des acteurs au physique plus qu’ordinaire qui n’ont jamais eu de rôles très importants ailleurs. Steven Geray tient ici le rôle de sa vie en incarnant Henri Cassin. C’est un acteur au physique plutôt ingrat, qu’on a vu dans des dizaines de films. Ici il réussit une performance, en ce sens qu’il change de personnalité. Dans la première partie, c’est une sorte de clown un peu lunaire, amusant et enjoué, ensuite, il devient une personne inquiétante et sombre. Micheline Cheirel – Cheirel est l’anagramme de Leriche qui était son véritable patronyme – incarne la frivole Nanette. Elle non plus n’a pas fait une carrière extraordinaire. Mais elle a tourné plusieurs films à Hollywood, notamment le fameux Cornered[1] d’Edward Dmytryk, film dans lequel elle s’était retrouvée avec Steven Geray. Elle n’a pas vraiment le physique d’une folle ingénue, mais compense par une application évidente cette difficulté. Il faut dire qu’elle avait déjà la trentaine et qu’elle incarnait ici une jeune fille de 18 ans. Elle arrêtera d’ailleurs sa carrière peu après. Ensuite il y a le couple Michaud, formé par le très bon acteur Eugene Borden qui joue ici les pères jaloux, soucieux de l’avenir de sa fille. Il faut le voir pleurer au milieu du village quand il s’agenouille devant la croix. Sa femme est incarnée par Ann Codee, une vétérante qui a eu son heure de gloire dans des rôles de petites françaises. Elle est ici la mère intéressée et sans scrupule. Elle est excellente dans cette scène, où après la mort de sa fille elle va tenter de séduire Cassin. Ce difficile assemblage d’acteurs d’origines diverses montre à l’évidence que Joseph H. Lewis était aussi un excellent directeur d’acteurs.

    La nuit de terreur, So dark the night, Joseph H. Lewis, 1946 

    Cassin est vaincu 

    Ce n’est pas un film noir marquant, et surtout pas un des meilleurs Joseph H. Lewis. Néanmoins on garde une attention soutenue jusqu’à la fin. Mais surtout le réalisateur montre qu’il était sur le plan formel un véritable maître dans sa capacité à traduire des idées et des émotions par des formes visuelles singulières. S’il avait été employé par des grands studios, il aurait pu avoir accès à des scénarios plus solides et moins bâclés. Techniquement on peut dire sans se tromper qu’il était d’un niveau au moins égal à celui d’Hitchcock qui par contraste apparaît comme un réalisateur surestimé. 



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/pris-au-piege-cornered-edward-dmytryk-1945-a132760520

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  •  The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    Le projet est plutôt curieux. Ce fut d’abord une mini-série en six épisodes tournés pour Netflix, puis c’est devenu un film, toujours en six épisodes, mais raccourcis si on veut. Le long métrage diffusé au cinéma ne permet pas d’apprécier pleinement le projet. C’est le deuxième western pour les frères Coen après l’excellent True Grit en 2010. On retrouvera d’ailleurs quelques éléments de ce film dans The ballad of Buster Scruggs. Les frères Coen vont donc revisiter le western, ou plus précisément la légende du western avec une volonté affirmée de démystification. C’est un scénario original, bien que le générique fasse semblant qu’il s’agisse de l’adaptation d’une œuvre ancienne. Les frères Coen ont assuré qu’ils pensaient à cette histoire depuis très longtemps – vingt ans – mais qu’ils ne l’avaient jamais réalisée parce que la durée de chaque épisode était trop courte. On ne sait pas trop si c’est vrai parce qu’ils sont assez familiers avec les fausses informations. 

    The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    Buster Scruggs tue son adversaire d'une drôle de manière 

    Buster Scruggs est à la fois un joueur de poker, un tueur et un chanteur qui s’accompagne sur sa guitare. Il parcourt le pays avec Dan son cheval, vêtu d’une superbe tenue blanche immaculée. Fin tireur, il défie à peu près tout le monde, jusqu’au jour où il va tomber sur plus rapide que lui. Une fois mort, son âme partira en chantant au Paradis.

    Un malheureux apprenti pilleur de banque tombe sur un banquier des plus rétifs et des mieux organisés. Il échouera, et capturé, il sera destiné à être pendu. Cependant, il sera sauvé par les Indiens qui tueront ceux qui vont le pendre. Mais il n’est pas tiré d’affaire pour autant, les Indiens le laissent attaché sur son cheval, la corde au cou. Chance ou malchance, il va être délivré de cette fâcheuse posture par un voleur de bétail qu’il se décide à accompagner. Malencontreusement, il va être pris et pendu cette fois pour de bon pour ce larcin qu’il n’a pas commis. Il emportera avec lui le regard d’une jeune fille énamourée venue le voir pendre.

    Un sinistre équipage écume les villages de montagne avec un spectacle plutôt étrange : un « artiste » sans bras et sans jambe raconte des histoires où se mêle en même temps des bribes de récits bibliques et des revendications sociales. Mais ça marche de moins en moins bien, et son imprésario décide de le remplacer par une poule qui sait compter ! Il achète la poule et tue son associé.

    Un vieux chercheur d’or arrive dans une vallée paradisiaque où semble-t-il l’homme n’a jamais mis les pieds. Avec beaucoup de difficultés et d’acharnement, tout en chantonnant, il va finir par trouver un vrai et beau filon. Mais une canaille l’a suivi et l’abat pour s’approprier le butin. Mais le vieux chercheur d’or n’est pas mort. A son tour il tue celui qui voulait le dépouiller, et après cette soigné, il repartira avec son or.

    Alice et Gilbert Longabaugh veulent partir vers l’Oregon, ils rejoignent donc une caravane qui est guidée par Billy Knapp et le vieux pistard Arthur. Mais Gilbert meurt en route du choléra. Mlle Longabaugh ne sait pas quoi faire, elle n’a plus d’argent et elle doit 400 dollars à un jeune escroc qui est sensé guidé son chariot. Elle s’en ouvre à Billy Knapp, celui-ci lui propose alors de l’épouser, avec le projet de fonder une famille de fermiers. Elle est d’accord. Mais elle s’éloigne de la caravane et les Indiens l’attaquent. C’est Arthur qui a retrouvé sa piste qui va la défendre. Cependant comme Alice croit qu’Arthur est mort, elle va se suicider.

    La dernière histoire met en scène des voyageurs dans une diligence. Il y a là René le français, un sceptique très préoccupé des questions amoureuses, une femme un peu âgée qui va rejoindre son mari, un trappeur et deux chasseurs de prime. Chacun se raconte à sa manière, et Clarence, un des deux chasseurs de prime va chanter ce qui va émouvoir le maigre public. Ils vont arriver cependant de nuit dans un hôtel un peu effrayant, mais ils n’ont plus le choix. 

    The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    Le malheureux apprenti voleur va être pendu 

    Ce film a eu à la Mostra de Venise 2018 le prix du meilleur scénario. C’est très exagéré. La première observation qu’on peut faire c’est que ces six histoires sont très inégales. Deux sont vraiment excellentes et valent le déplacement, Meal ticket, cette histoire de récitant sans bras et sans jambe, et The gal who got rattled. Deux autres sont assez drôles, All gold canyon et The mortal remains, et les deux autres sont un peu ennuyeuses. La première The ballad of Buster Scruggs qui donne le titre à l’ensemble, laisse craindre le pire. Mais il faut patienter, ça s’améliore nettement au fil de minutes. On retrouvera un humour noir qui est un peu la marque de fabrique des frères Coen. Mais l’ensemble donne cependant une impression bizarre : en effet, il y a une atmosphère sinistre et mélancolique qui va bien au-delà d’une simple démystification. Tous ces personnages qui sont venus dans un pays neuf sont d’abord désillusionnés par ce qu’ils y trouvent. Ils sont d’ailleurs tous irrémédiablement seuls et abandonnés. L’aspect mélancolique du film c’est que cette solitude est opposée à la magnificence de la nature, et on ne peut s’empêcher de penser que la civilisation a massacré cette beauté. Ces européens qui ont envahi et colonisé l’Amérique, sont des analphabètes et des grossiers personnages, violents, menteurs, sales et mal embouchés. Ce sont eux qui ont fondé cette civilisation qui a abouti à Donald Trump ! Les Indiens sont dépersonnalisés comme dans tout western réactionnaire, comme s’ils n’étaient qu’une partie de l’élément naturel qu’il faut soumettre. 

    The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    L’artiste et son impresario arrivent en ville 

    La réalisation est comme le scénario très inégale et paresseuse assez souvent. Certes il y a du métier, mais peu d’application, sauf en ce qui concerne les deux histoires qu’on a signalées et qui sortent du lot. La dernière histoire, The mortal remains, est tournée d’une manière minimaliste, champ-contre-champ et un seul décor à l’intérieur de la diligence. La première, The ballad of Buster Scruggs, et la deuxième, Near Algodones, empruntent toutes les deux aux mauvais tics du western spaghetti avec des effets de poussière et de cache poussière. Les deux meilleures histoires sont non seulement celles qui possèdent le meilleur scénario, mais celles qui se prêtent le mieux à l’utilisation des décors naturels. Ces villages de montagne quasiment abandonnés à l’hiver, avec des personnages complètement décalés, semblent attendre une fin du monde qui arrive au fond avec la carriole de ce curieux spectacle présentant un récitant sans bras et sans jambe. Il y a une tension très forte dans la manière dont « l’artiste » raconte ses histoires, sans doute aussi par un effet de répétition. La caravane vers l’Oregon traverse des paysages qui donnent une idée de l’immensité du pays et de la faiblesse des personnages qui s’y débattent. Mais c’est peut-être un peu moins surprenant. Il y a aussi tous les tics de mise en scène des frères Coen avec des gros plans sur des figures grotesques. 

    The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    Enfin le chercheur d’or a trouvé un filon, mais ses ennuis ne sont pas terminés 

    L’interprétation est tout autant mitigée que le sont les histoires. Le meilleur est sans doute dans celle de Mlle Longabaugh par Zoé Kazan. C’est la petite fille d’Elia Kazan. Bien que Mlle Longabaugh soit timide et perdue, son personnage rappelle celui de Mattie Ross dans True Grit, d’autant que le personnage de M. Arthur est assez semblable à celui de M. Cogburn interprété par Jeff Bridges. Liam Neeson est assez remarquable aussi dans le rôle de cet impresario qui hésite entre le criminel et le compatissant protecteur de ce malheureux estropié. celui-ci est incarné par un formidable Harry Melling, pathétique. Tim Blake Nelson dans le rôle de Buster Scruggs cabotine un peu trop à mon goût, mais après tout c’est le rôle qui veut ça. Brendan Gleeson est également très bon dans celui du chasseur de prime.  Tom Waits qu’on dirait sorti d’un film de Jim Jarmusch tient sa place, mais sans plus. Plus que dans la qualité de l’interprétation, c’est le casting qui est remarquable par les sortes de caricatures qui peuplent ces histoires.

     The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    Billy Knapp propose à Mlle Longabaugh de la débarrasser de son chien 

    Cela ne restera sans doute pas comme le meilleur des frères Coen. Mais disons qu’il se laisse voir au moins pour les deux histoires qu’on a dites. Remarquez que depuis True Grit leurs films marchent nettement moins bien. L’excellent Inside Llewyn Davies n’a pas eu beaucoup de succès tout comme Hail Caesar qui avait pourtant un budget très important. La carrière des frères Coen se fait un peu ronronnante comme s’ils vivaient un peu trop sur leurs acquis. 

    The ballad of Buster Scruggs, Joel & Ethan Coen, 2018 

    L’hôtel où les passagers de la diligence vont passer la nuit n’est guère rassurant

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  •  L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949

    Ce film qui relança la carrière un peu languissante de James Cagney et qui fut un grand succès public à sa sortie, est devenu au fil du temps un classique du film noir. Sa spécificité est en fait de se trouver au croisement entre le film de gangsters qui avait été la spécialité de James Cagney dans les années trente, et du film noir proprement dit qui avait vu l’explosion de la popularité d’Humphrey Bogart qui justement avait commencé par être plutôt une sorte de faire valoir de James Cagney dans des films de gangsters. En règle générale on distingue le film de gangsters du film noir par la façon de traiter la personnalité du héros, même si c’est un héros négatif. Le film de gangsters est moins complexe sur le plan psychologique que le film noir, plus manichéen, et donc il s’ensuit que le gangster, même s’il est un asocial doublé d’un psychopathe n’est pas considéré comme une victime de la société. Il est celui qui sème le désordre et qu’il faut mettre au pas. C’est le rôle de la police évidemment quand celle-ci n’est pas corrompue. Si dans White heat, Cody Jarrett est bien un psychopathe dangereux, il est également une victime comme on va le voir. Et c’est cette ambigüité qui va faire tout l’intérêt du film. 

    L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949 

    Cody Jarrett et sa bande attaquent un train 

    Cody Jarrett a la tête de sa bande qu’il mène d’une main de fer, attaque un train pour piller les fonds qu’il transporte. Au cours de cette attaque, il est contraint de tuer les deux mécaniciens, et un des membres est blessé par un jet de vapeur. La bande se réfugie dans la montagne en attendant son prochain coup. Il y a là aussi la mère de Cody, et sa femme la belle Verna qui s’ennuie à mourir dans cette vie isolée et austère. La police est sur les dents. Mais pour ne pas se faire repérer, la bande va quitter son refuge. Cody demande avant de partir à Cotton Valletti de tuer le gangster blessé pour ne pas laisser de témoin derrière lui. Mais c’est une faute parce que Valletti n’ose pas le tuer, c’est son copain, et que son cadavre va donner des indications sérieuses à la police qui s’oriente sur la piste de Jarrett et de sa mère. Mais les ennuis ne sont pas terminés pour Cody. Big Ed qui rêve de prendre sa place à la tête de la bande flirte avec Verna qui ne semble pas insensible à son charme ténébreux. Plusieurs fois la bande échappe à la police, notamment en se réfugiant dans un drive in où on passe un film de guerre. Cody en ayant marre d’avoir la police après lui a alors une idée lumineuse, il va s’accuser d’un délit relativement mineur pour écoper d’une petite peine de prison, mais grâce à cela il pense pouvoir échapper aux poursuites pour l’attaque du train et le meurtre des deux mécaniciens. Ça semble marcher, il va en prison pour une courte peine, mais la police lui met dans les pattes un mouton, Fallon, qui va tenter de l’approcher pour éventuellement le faire parler pour savoir ce qu’il a fait de son magot. L’affaire est compliquée parce que Cody est du genre méfiant. Pendant ce temps, Big Ed a séduit Verna. Et il va essayer de faire assassiner Cody en prison. Ça foire lamentablement : Fallon lui sauve la mise et ainsi commence à se rapprocher. La mère de Cody va venir le voir en prison, et elle lui annonce la trahison de Verna. Peu après, la mère de Cody décède, on apprendra plus tard que c’est Verna elle-même qui lui a tiré une balle dans le dos. Mais alors que Cody prépare une évasion avec Fallon, il apprend la mort de sa mère. Fou de douleur, il fait une crise qui force les autorités à lui mettre la camisole de force. Un complice lui ayant procurer un revolver, Cody va s’enfuir cette fois avec Fallon. Dès lors la police va les pister. Dans un premier temps Cody va régler son compte à Big Ed que Verna trahira d’ailleurs sans vergogne. Puis il monte un gros coup avec l’aide de Winston, un inspecteur du Trésor qui a engagé par ailleurs un truand pour conduire un camion-citerne. Or celui-ci connait Fallon. Le coup va avoir lieu : il s’agit d’attaquer une usine. Mais outre que Fallon va être démasqué, la police cerne les lieux. Tous les membres de la bande vont être tués, et Cody se fera exploser en haut d’une tour à gaz. 

    L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949

    Big Ed séduit Verna qui en a un peu assez de la tutelle de Cody et de sa mère 

    Cette histoire très animée mêle un très grand nombre de thèmes. Cody est un peu dérangé, il a des crises qui lui traversent la tête et le mettent sur le flanc. Sa mère est là pour le protéger, et en même temps elle l’encourage dans ses projets scabreux. Elle est donc tout autant criminelle que lui, et même peut-être plus puisqu’elle le pousse. Cody est donc de fait un solitaire qui ne peut exister qu’en s’imposant par la force, il n’a pas d’autre argument, alors que Big Ed par exemple peut tout à fait jouer de son charme. Ce couple mère-fils, pour étrange qu’il soit, définit une relation de confiance. Cody ne cesse de répéter qu’il n’a confiance en personne d’autre qu’en sa mère, et surtout pas dans sa femme. Les motivations de Cody ne sont pas très précises, certes, il travaille à amasser beaucoup d’argent, mais au fond il n’en a rien à faire, ce n’est pas un consommateur comme Verna ou Big Ed qui sont plutôt cupide. Il est avant tout un chef qui prend du plaisir à l’action comme une finalité en soi. Mais même si on comprend que Cody est une victime des circonstances, notamment de son hérédité, son père et son frère ont fini chez les fous, sa cruauté fait que la société doit s’en débarrasser au plus vite, même si pour cela elle doit user de ruses très contestables parce que Fallon est forcément fourbe et menteur. En utilisant ce type de méthodes, la police montre son impuissance à contenir les excès de Cody et de sa bande. Dans cette histoire, Cody et sa mère ne sont entourés que de menteurs, Verna, Big Ed, les policiers, mais aussi Cotton qui n’exécute pas les ordres de Cody par lâcheté. Cependant la corruption est aussi un peu partout, Winston, l’agent du Trésor, met en place des coups fumants, mais il se tient en retrait et laisse les autres prendre les risques à sa place.

    L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949 

    La mère de Cody le prévient de la trahison de Verna et de Big Ed

    La densité de l’histoire repose sur la complexité du personnage principal. On a beau démontrer que Cody est cruel et asocial, c’est pourtant vers lui que va la sympathie du spectateur te non vers la police. Ce qui ne veut pas dire du reste qu’on partage les exploits dérisoires de ce chef de gang. Le fait que Cody soit fou apparait également comme une explication à son comportement asocial, et sans l’excuser lui accorde les circonstances atténuantes. Mais il est rusé et intelligent. C’est pourquoi il domine des esprits faibles comme Verna ou Big Ed. La bande de Cody vit en dehors de la loi, mais aussi en dehors de la société, elle est obligée de se faufiler dans des coins perdus pour se protéger, à l’écart de la collectivité. Ce sont des prédateurs pour qui la vie humaine n’a pas de valeur, que ce soit le personnel du train, ou même les membres de leur propre bande. Cody se vengera très cruellement aussi du prisonnier qui a tenté de l’assassiner sous les ordres de Big Ed. Il l’enferme pendant des heures dans le coffre d’une voiture, puis le tue en tirant à travers. Cody est un caïd, il sait se faire respecter en prison, et malgré sa petite taille. Il suscite curieusement l’admiration des prisonniers. Et même Big Ed qui a peur de lui voudrait bien quelque part lui ressembler. C’est sans doute pour cela qu’il veut lui prendre aussi sa femme. Ce film a fait école en quelque sorte, et on en retrouve des traces dans Highway 301 où curieusement Steve Cochran va reprendre une partie du rôle de James Cagney[1]. Comme lui il s’impose par la violence, comme lui il tue impitoyablement ceux qui l’ont manqué d’une manière ou d’une autre. Au passage il aura lui aussi en horreur ceux qui écoutent la radio à longueur de temps. Ajoutons que le personnage de cette mère un peu abusive ressemble un peu à toutes ces mères criminelles qui vont monter un gang et défier la société comme dans The Grissom gang de Robert Aldrich ou dans Bloody Mama de Roger Corman. Si on voit bien que les très jeunes femmes par leur attraction sexuelle peuvent pousser au crime, il en est de même pour les mères qui ont trop couver leurs enfants, et évidemment cela donne une atténuation à la responsabilité de ces enfants perdus. Il est bien possible d’ailleurs que le portrait de la mère de Cody ait été un élément choquant déterminant dans le succès de ce film. 

    L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949 

    Cody apprend la mort de sa mère 

    La réalisation, c’est du Raoul Walsh, donc un peu filmé à l’ancienne par rapport à ce qui se faisait à l’époque, notamment parce que Raoul Walsh accorde moins d’intérêt aux extérieurs et aux décors naturels. C’est donc très efficace et en même temps on n’a guère droit à des mouvements compliqués d’appareil, ni à ces effets de photographie spectaculaires. Le rythme est excellent, il y a une vraie maîtrise du tempo. Les scènes d’action sont très bien menées. La scène d’ouverture est l’attaque du train, avec Cody qui saute à la sortie du tunnel sur un des wagons pour s’en aller prendre les commandes. La scène de clôture est d’ailleurs tout autant spectaculaire avec l’explosion de la tour à gaz et Cody qui s’en va brûler dans les flammes. Cette dernière scène me semble être aussi à l’origine de la scène finale de Odds against tomorrow[2], film qui est sans doute un des chefs-d’œuvre du film noir. il y a également les belles oppositions que Raoul Walsh fait entre les scènes intimes à l’intérieur de la prison et les scènes plus globales dans cette même prison dans l’atelier de mécanique et dans le réfectoire, avec des plongées parfaitement réussies, notamment quand Cody pète les plombs quand il apprend la mort de sa mère.

     L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949 

    Fallon tente d’arrêter Cody 

    L’interprétation est de haut niveau. Le film est d’abord construit autour de James Cagney. Il a une présence et une énergie incroyable, et même quand il donne des coups de poings et abat des hommes bien plus grands que lui – ce qui n’est pas bien difficile – il est crédible, il fait peur. Il est aussi très juste dans les scènes de migraine qui le ravagent périodiquement, ou quand il se retient de frapper sa femme. La scène où il fait tomber Virginia Mayo qui essaye son manteau de fourrure renvoie à celle où il entartrait Mae Clark dans The public enemy de William Wellman. C’est sans doute un de ses meilleurs rôles. Mais les autres acteurs sont excellents. Steve Cochran dans le rôle de Big Ed, et bien qu’il n’ait pas des scènes très nombreuses, crève l’écran. Il est le voyou parfait d’insolence et d’autosatisfaction. Avec des nuances, il répétera ce type de rôle assez souvent, ce sera le cas dans Higway 301 qu’on a déjà cité, mais aussi dans The damned dont cry ou dans Tomorrow is another day[3]. Raoul Walsh aimait bien Virginia Mayo, il l’emploiera au moins à quatre reprises dont dans l’excellent Colorado Territory. Elle tourna également 6 fois avec Steve Cochran. C’est une très bonne actrice. Elle joue évidemment de ses charmes et de ses seins pointus, mais elle a cette capacité à modifier à l’écran son caractère, dans Colorado Territory, elle était naïve et innocente, ici, elle est cupide et manipulatrice et assez dénuée d’intelligence. Elle mache consciencieusement son chewing-gum ! Bref elle est géniale. Ensuite il y a Edmond O’Brien dans le rôle de Fallon. Un pilier du film noir, malgré son physique un peu passe partout et anonyme, il a assez de présence pour tenir le rôle d’un flic roublard. Il y a aussi Margaret Wicherly dans le rôle de Ma Jarrett, elle est impeccable. Notez encore la présence de Wally Cassel dans le rôle de Cotton, on le retrouvera aux côtés de Steve Cochran dans Highway 301, dans un rôle un peu semblable. 

    L’enfer est à lui, White Heat, Raoul Walsh, 1949 

    Cody sait que l’usine est cernée par la police

    C’est donc un très bon film noir à la réputation justifiée. Un film relativement long pour l’époque et pour le genre, très soigné dans les détails comme dans la réalisation. Bien sûr il faut le remettre dans son époque et depuis il est vrai qu’on a fait mieux si je puis dire avec les portraits de gangsters psychopathes, mais les rôles que Joe Pesci à tenus dans les films de Scorsese, Goodfellas et Casino, lui doivent beaucoup. C’est peut-être un des premiers films à mélanger les thématiques du film de gangsters et du film noir, avec un détour par la case prison.



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/le-temoin-de-la-derniere-heure-highway-301-andrew-stone-1950-a114844698 

    [2] http://alexandreclement.eklablog.com/odds-against-tommorow-le-coup-de-l-escalier-robert-wise-1959-a114844916 

    [3] http://alexandreclement.eklablog.com/les-amants-du-crime-tomorrow-is-another-day-felix-feist-1951-a114844734 

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  •  Borderline, William A. Seiter, 1950 

    William A. Seiter est assez peu connu, il a donné surtout dans des comédies légères et sans grand intérêt entre les deux guerres. Borderline c’est la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Nous sommes en 1950, mais le cinéma américain s’intéresse déjà à la drogue qui arrive depuis la frontière. A cette époque d’ailleurs les films qu’on tourne aux Etats-Unis et qui mettent en scène cette opposition entre un Mexique pauvre et son voisin riche sont légion, le film noir s’est emparé de cette possibilité. The treasure of the Sierra Madre, Out of the past[1] pour partie, mais aussi The lawless de Joseph Losey[2] qui date de 1950, ou encore Border incident d’Anthony Mann tourné en 1949. Moins sérieux sera The big steal de Don Siegel avec Robert Mitchum qui passait beaucoup de temps à tourner au Mexique, notamment Where danger lives en 1950 sous la houlette de John Farrow[3]. La liste des films tournés au Mexique ou qui évoque le Mexique est très longue à la fin des années quarante et au début des années cinquante. Et encore nous n’évoquons ici que les films noirs. Le Mexique supporte aussi le western. Les raisons de cet engouement sont nombreuses. Il y a sans doute une attirance pour un pays si proche et si lointain dont les ressortissants commencent à migrer massivement vers le Nord. Egalement dans cette volonté d’exotisme la satisfaction d’être riche en utilisant l’écart de développement entre les deux pays. Mais il y a aussi probablement la volonté de conquérir de nouvelles débouchées pour les films hollywoodiens en mêlant des acteurs mexicains à des acteurs étatsuniens. C’est une manière de coloniser par la culture de masse un pays en se présentant à la fois comme le maître et comme un objet de désir. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950  

    Un couple de passeurs de drogue a été arrêté par les douanes. Et pour remonter jusqu’à la tête du gang qui organise le trafic, on va décider d’envoyer Madeleine Haley au Mexique dans le but de séduire le dangereux Ritchie qui pourra mener jusqu’à ses commanditaires. Arrivée au Mexique Madeleine se transforme en Gladys LaRue, se fait danseuse de revue. Mais si Ritchie ne la remarque pas, elle va s’introduire dans son entourage en séduisant son adjoint qu’elle saoule copieusement. En train de fouiller la chambre de celui-ci, elle est surprise par le retour de Ritchie, mais avant d’avoir réalisé quoi que ce soit, Johnny McEvoy, apparemment un membre d’un gang rival, intervient l’arme au poing. Il veut savoir où se trouve la drogue pour la voler. Si Ritchie se tait, son homme de main parle. Dès lors Johnny et Madeleine vont se retrouver fuyant Ritchie et le Mexique pour retourner à Los Angeles. Bientôt on comprend que Johnny est aussi un agent du gouvernement étatsunien, mais Madeleine ne le sait pas, comme Johnny ne sait pas qu’elle est aussi un agent des douanes. Leur hostilité se transformera de façon très attendue en tendre relation au fil des difficultés qu’ils doivent affronter. Leur voyage est épique, volant une automobile, louant un avion peu apte à voler, usant d’un téléphone de campagne mexicain qui ne marche pas vraiment. A Los Angeles ils vont découvrir qu’ils travaillent pour le même camp. Sous la responsabilité de leur chef, ils vont donc travailler ensemble à démanteler la bande du cruel Gumbin que Johnny rencontre au zoo de Los Angeles, devant la cage des singes. Il va obtenir un rencard pour échanger la drogue contre l’argent, au cours d’une fusillade, toute la bande sera éliminée. Entre temps, ils auront fait coffrer Ritchie et ses sbires et ils pourront continuer leur histoire d’amour. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950 

    Les douanes ont arrêté un couple de passeurs de drogue  

    Le ton du film se veut léger, nous sommes moins dans le réalisme d’un sujet brulant que dans la parodie. A part quelques emprunts stylistiques, ce n’est pas un film noir, mais un divertissement, une comédie rocambolesque. Les héros ne sont que rarement mis en danger et il n’y a guère de raison de s’inquiéter pour leur santé. Une grande partie du film est utilisée pour montrer les rapports d’animosité entre Johnny et Madeleine qui vont se transformer en rapports amoureux. Dès lors le cadre mexicain devient le décor d’une sorte de voyage de noces avant la lettre. Et sans doute qu’à cette époque les Américains rêvaient de se rendre au Mexique pour leur lune de miel. Le scénario paresseux est sensé être de l’obscur Devery Freeman. En tous les cas il dénote une condescendance gênante vis-à-vis des Mexicains qui sont représentés comme un peuple drôle et nonchalant. Le générique s’ouvre d’ailleurs sur le dessin d’un Mexicain en train de somnoler sous son large sombrero. Si on fait attention à ne pas représenter les Mexicains comme des sombres crapules, on les comprend un peu arriérés. C’est ce qu’on voit avec le personnage de Porfirio qui conduit une camionnette délabrée et qui possède une ligne de téléphone qui lui sert aussi pour étendre le linge. Le progrès n’est pas parvenu jusqu’ici. La preuve ? Il a une douzaine de gosses. Mais il est gentil et serviable. On verra également que les Mexicains sont très naïfs dans la manière de Johnny de rouler facilement leur police motorisée. Et puis les Mexicains chantent bien ! Ils ont donc des qualités. On verra aussi la fille ainée de Porfirio faire une tentative timide pour séduire Johnny, le grand Américain qui lui apparaît comme tout ce qu’elle peut désirer. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950

    Madeleine tente de se faire remarquer par Ritchie  

    On pourrait dire que le véritable thème – le seul sans doute – du film c’est la démonstration de la supériorité de la culture étatsunienne sur celle du Mexique. Le reste est en effet anecdotique. On mesure le chemin qui a été parcouru depuis. Les films qui se passent aujourd’hui au Mexique, par exemple Sicario qui traite aussi du trafic de drogue[4], sont beaucoup plus inquiet et marque le recul évident des Etats-Unis sur le plan à la fois politique et culturel. La perspective qui est développée dans Borderline ne serait plus admissible aujourd’hui à l’heure de la mondialisation et du politiquement correct. Le second thème développé ici de façon marginale est celui de la guerre des sexes. C’est un thème très particulier du cinéma américain qui ressort sans doute de l’émancipation de la femme dans l’immédiate après-guerre, d’ailleurs Madeleine a un travail dangereux où il faut prendre des initiatives, et elle paye même de son corps en se déguisant – sans que cela ne soit jamais dit – en une sorte de prostituée devant séduire le dangereux Ritchie. Si tout paraît faux dans ce film, les relations homme-femme reflètent une vision sous-jacente de l’effondrement du patriarcat. Certes les larges épaules de Johnny remettront finalement de l’ordre dans ce chaos qui s’annonce, mais cela ne semble guère suffisant. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950

    Ritchie surgit au moment où Madeleine fouille la chambre  

    Si ce film est intéressant sur le plan de ce qu’il peut refléter de la vision que les Américains se font d’eux-mêmes et de leurs voisins, sur le plan cinématographique c’est plutôt indigent. Mal rythmé et mal filmé, il y a peu de scènes qui échappent à la critique. Seules peut être l’attente dans une chambre d’hôtel de la venue de Ritchie, ou encore l’interrogatoire du couple de passeurs au tout début du film. Les scènes d’action sont médiocres, comme les scènes sensées se passer dans la nature et nous montrer quelques coins exotiques du Mexique. L’ensemble est plat, on a l’impression d’une pièce de théâtre filmé. Seiter ne sait pas trop comment faire entrer ses acteurs dans le champ de la caméra. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950 

    Madeleine et Johnny vont passer la nuit dans un hôtel sur le chemin de l’aéroport  

    Borderline est sauvé du désastre complet par le couple vedette. Fred McMurray et Claire Trevor qui ont tout de même de l’abattage. Mais ils ne sont pas au mieux de leur forme, sans doute se sont-ils rendus compte qu’ils s’étaient un peu égarés. Fred McMurray se croit sans doute dans un film noir, tandis que Claire Trevor surjoue la comédie de mœurs. Ils ont cependant un certain charisme. Raymond Burr qui a tourné à cette époque une quantité industrielle de films noirs, est le cruel Ritchie. Habitué des rôles de mauvais garçon, il ne fait pas grand-chose pour se faire remarquer, se contentant de promener sa massive silhouette d’une manière nonchalante. Le reste de la distribution, c’est du tout-venant. Les acteurs mexicains sont choisis d’abord pour la caricature : c’est le cas de Nacho Gallindo qui interprète l’ineffable Porfirio et qui a joué très souvent le Mexicain naïf et rigolard. On le retrouvera plus tard dans le film de Marlon Brando, One-eyed Jack, et dans d’autres westerns comme El dorado d’Howard Hawks. 

    Borderline, William A. Seiter, 1950 

    Au zoo de Los Angeles Johnny rencontre le chef de la bande

    C’est le genre de production qui a très mal vieilli et qui n’a un intérêt que sur le plan historique pour comprendre comment les recettes du film noir ont été dévoyées. Cependant, passé ces réticences, on peut le regarder sans ennui comme un petit divertissement, un vestige du passé.



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/la-griffe-du-passe-out-of-the-past-jacques-tourneur-1947-a118298548

    [2] http://alexandreclement.eklablog.com/haines-the-lawless-joseph-losey-1950-a114844606

    [3] http://alexandreclement.eklablog.com/voyage-sans-retour-where-danger-lives-john-farrow-1950-a114844834

    [4] http://alexandreclement.eklablog.com/sicario-denis-villeneuve-2015-a119674594 

     

     

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