• 813, revue des amis de la littérature policière, n°113, 2012

     

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    Cette revue qui en est à son 113ème numéro a beaucoup évolué au fil du temps. Elle est ainsi de moins en moins consacrée à des dossiers. En même temps elle nous demande de voter pour des livres, français ou étrangers que la plupart du temps nous ne connaissons pas et qui sont le plus souvent des ouvrages poussés par les grandes maisons d’édition.

    La dernière livraison de cette revue est presqu’essentiellement centrée sur le polar récent. Elle comporte de très nombreuses interviews d’auteurs comme Caryl Férey, ce qui l’a fait ressembler à une revue promotionnelle. Ce qui fait que quand on a lu l’interview de Férey, on se dit qu’on n’a pas besoin de le lire !

    Mais ce serait bien injuste de ne rester que sur cet aspect. Comme toutes les revues polardières il y a des articles qui nous plaisent et d’autres qui nous indiffèrent, voire qui nous irritent. C’est la loi du genre puisque le public du polar est extrêmement éclaté.

    Donc dans la dernière livraison, on trouve des interviews de directrices de collection qui nous expliquent leur choix, la façon dont elles construisent une collection. On y comprend ainsi que le polar français n’a pas une très bonne image à tord où à raison et que c’est bien difficile de se faire publier si on est Français, ce qui est d’ailleurs bien développé par Caryl Férey. Au passage, on comprend que le départ de Robert Pépin vers Calmann-Lévy a fait beaucoup de ravages au Seuil et a laissé de sacrées aigreurs. Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Marie-Caroline Aubert « alias M.C.A., figure incontournable du milieu » énonce que ce n’est pas une perte que de ne plus avoir Connelly a son catalogue, vu que la qualité de ses livres a beaucoup baissée ! Ce qui est assez vrai, mais la sincérité de M.C.A. serait mieux ressentie si en même temps elle ne nous disait pas être très contente d’avoir Jonathan Kellerman dans la liste de ses meilleures ventes, même si la qualité de Kellerman a toujours été assez étale et assez plate finalement.

    Dans  ce dernier numéro de 813, on trouve un hommage à Harry Crews qui vient de disparaître, présenté comme un auteur génial et novateur. C’est en effet un auteur assez sympathique, qu’on peut saluer, mais de là à en faire un auteur incontournable, il y a une marge qui est ici franchie assez allègrement.

    Enfin 813 a le mérite de nous rappeler l’existence de Ross McDonald, retraduit par Jacques Mailhos, dont Gallmeister republie les aventures qu’on espère cette fois moins tronquées que dans les précédentes traductions. Ross McDonald est en effet un auteur incontournable de l’histoire du polar,  aussi bien par ses œuvres que par l’impact qu’elles ont eu sur un grand nombre d’écrivains américains. Il est d’ailleurs considéré comme un des grands maîtres du « noir » outre-Atlantique et étudié comme tel dans les universités américaines. Il est dommage qu’en France il ne soit considéré encore que comme un petit maître dont la carrière aurait été éclipsée par celle de sa femme la très grande Margaret Millar.

    On espère que les éditeurs français continueront dans cette voie de la réhabilitation des grands auteurs américains. C’est déjà le cas pour Hammett, c’est semble-t-il le cas pour Jim Thompson dont Jean-Paul Gratias s’occupe de donner des traductions non tronquées pour Rivages. Le grand absent de ces re-traductions reste tout de même l’immense Chandler qui avait été si mal traité par la Série noire et dont seul The long-good bye a été retraduit par Gallimard. Rappelons ici que l’œuvre de Charles Williams, bien ou mal traduite, n’est pas actuellement entièrement traduite en français. Il y manque au moins The wrong Venus. 

    « Le champ du potier, Andrea Camilleri, Fleuve noir, 2012Le démon des armes, Gun Crazy, Joseph H. Lewis, 1950 »
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