• A cause d’un assassinat, The Parallax view, 1974

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    C’est la deuxième importante contribution d’Alan J. Pakula au renouveau du film noir des années soixante-dix, après Klute. Klute s’essayait à renouveler le film de détective, ici c’est le personnage du journaliste qui est revisité.

    Pakula était un cinéaste très à gauche, producteur des films de Robert Mulligan, qui connut son plus gros succès avec Les hommes du président, film qui dénonçait les magouilles du président Nixon à travers l’enquête menée par les journalistes Woodward et Bernstein. Tout part ici de l’assassinat d’un homme politique dont les témoins disparaissent les uns après les autres, jusqu’au jour où une ancienne petite amie de Joseph Frady va disparaître, lançant celui-ci sur la piste des tueurs. Assez rapidement il va tomber sur une entreprise, Parallax, qui camoufle le recrutement de tueurs psychopathes derrière ses activités. Mais Frady n’est pas un héros, et s’il évitera un attentat à la bombe, sauvant au passage un sénateur, il sera éliminé du jeu. La fin du film n’est guère optimiste et n’offre guère de porte de sortie. Mais c’était une tendance assez répandue dans le milieu des années soixante-dix. On peut le rapprocher d’un autre film qui eut bien moins de succès, WUSA, qui fut produit et interprété par Paul Newman.

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    Ce film s’inscrit dans la tendance paranoïaque du film et du roman noirs américains, les années soixante-dix ont en quelque sorte théorisé l’impact critique de ces formes particulières de la culture américaine. Il s’inspire d’ailleurs de l’assassinat de John Kennedy, sans toutefois jamais en parler. Il n’y a guère de suspense, et l’intrigue est assez minimale. On ne connaitra jamais les raisons de l’existence de cette entreprise, ni jusqu’où les complots peuvent être remontés. On peut se poser la question du sens « politique » d’un tel film. Que dénonce-t-il ? Car au bout du compte nous n’avons qu’une société, Parallax, qui en apparence vend ses services. Ça ne va pas très loin, et apparaît même en contradiction avec les images de cette assemblée de notables que nous voyons au début et à la fin du film et qui affirme qu’il n’y a pas de complot. C’est du niveau intellectuel d’Ellroy, et reste calé dans l’obsession américaine de puissances occultes qui manipulent en permanence la démocratie. A la décharge de ce film, on peut dire que les Américains ont de très bonnes raisons de soupçonner que des puissances occultes utilisent des formes criminelles pour contourner le jeu de la démocratie, eu égard les nombreux crimes politiques qui ont jalonné son histoire. A l’époque de Parallax view, le souvenir des assassinats des frères Kennedy, de Martin Luther King est encore très fort.

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    Après tout, il y a de nombreux films qui sont construits sur des schémas simplistes et qui fonctionnent plutôt bien. Le film de Pakula est pourtant complétement raté. Le scénario est trop peu travaillé, ce qui rend les personnages assez pâles finalement, hésitant entre le film d’action et la réflexion sur la violence et la démocratie. Aux Etats-Unis le film eut un certain écho notamment parce qu’il semblait anticiper l’assassinat d’un homme politique à Nashville en 1975.

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    Mais le film est aussi hésitant dans sa forme, y sont mêlés des façons très propres et léchées de filmer, notamment les formes géométriques dans les grands immeubles impersonnels, à des plans plutôt « sales » qui veulent donner un air de documentaire et donc de vérité. Il y a tout de même de très bonnes scènes, comme les tests audiovisuels qui doivent permettre d’évaluer les tendances psychopathes d’un candidat au job de meurtrier, ou encore le meurtre qui clôturera le film. En revanche, les poursuites en voiture, les bagarres dans la petite ville de l’Amérique profonde sont assez ternes. L’interprétation peut être qualifiée de légère. Warren Beatty personnifie le journaliste anti-héros, et sourit niaisement comme à son habitude, Hume Cronyn a l’air de s’ennuyer dans la peau du directeur de journal très compréhensif. Seule Paula Prentiss éclaire brièvement le film.

    « Thomas Kelly, Le ventre de New York, Payback, Rivages, 1998Le masque arraché, Sudden fear, David Miller, 1952 »
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