• Attention les enfants regardent, Serge Leroy, 1978

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    Des enfants de riches livrés à eux-mêmes vont laisser se noyer la bonne espagnole qui est chargée de les surveiller. Mais un homme, un rôdeur, un voyou, on ne sait pas trop, les a vu. Il va s’introduire dans la villa et les terroriser, sans qu’on ne sache ce qu’il espère. Les gendarmes enquêtent bien un peu sur le cadavre qu’on a retrouvé dans l’eau, mais plutôt mollement et assez désarmés devant l’innocence manifeste des enfants. Les enfants vont finir par tuer l’inconnu, et se débarrasser du corps, avant le retour de leurs parents qu’ils accueillent bien gentiment avec force sourires. L’histoire assez simple est tirée d’un roman de Laird Koenig. Il a travaillé pour le cinéma, mais il est aussi connu pour le film qu’on a tiré d’un autre de ses romans, La petite fille au bout du chemin.

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    Après la mort de la bonne espagnole les enfants ne savent pas trop quoi faire 

    L’intrigue est relativement simple. Ce qui veut dire que la réussite ou non du film va reposer sur les détails et la façon de mettre en scène les rapports entre les enfants et le monde des adultes. Et bien sûr c’est cela qui est réussi ici et qui en fait un des meilleurs films de Serge Leroy. Le film a été produit par Alain Delon qui volontairement s’est mis en retrait. Il n’a pas le rôle le plus important. Il est cet inconnu dont on ne saura finalement rien et qui va terroriser les enfants, avant que lui-même commence à avoir peur.

    Le but est donc d’essayer d’atteindre la façon de penser et de sentir des enfants, de montrer que les critères qui leur permettent de séparer le bien du mal, sont très différents de ceux qu’utilisent les adultes. Ce n’est pas le seul enjeu du film, il y a aussi une analyse des rapports de classes, entre d’un côté un petit voyou, peu argenté – il peine à mettre de l’essence dans sa voiture – et ses enfants de la haute bourgeoisie qui ne connaissent que le luxe et les caprices. Ils portent un regard déjà méprisant sur l’ensemble du petit personnel qui les sert. Les cassettes enregistrées que leurs parents leur envoient sont tout à fait ridicule. Et puis il y a une sorte de perversité, non seulement quand ces enfants regardent la bonne espagnole se noyer, mais également quand Marlène tente de séduire l’intrus. Les enfants jouent en permanence de leur innocence affichée, de leur fragilité pour mieux             arriver à leurs fins.

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    Tous les enfants se mettent à fumer 

    La critique a salué ce film, et sans être un immense succès pour Delon, les résultats en salles ont été satisfaisants. Il faut  souligner ici la qualité de la direction des acteurs qui rend les enfants absolument crédibles. Ce n’est pas une mince affaire parce qu’ils sont d’âges très différents, entre cinq ans et quatorze ans. Sophie Renoir, arrière-petite-fille du peintre, est tout à fait exceptionnelle dans le rôle de Marlène, mais les autres, à commencer par Richard Constantini, sont très bien aussi. Françoise Brion fait de la figuration intelligente, mais aucun des adultes n’arrive à détourner notre attention des enfants. On retrouve aussi Paul Crauchet dans un tout petit rôle, celui d’un pêcheur énigmatique qui offre un poisson aux enfants.

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    L’inconnu qui a assisté à la noyade d’Avocados observe le maître-nageur qui sort le corps de l’eau 

    Comme toujours Serge Leroy est plus à l’aise dans les scènes d’action, la noyade d’Avocados est particulièrement bien travaillée. Mais l’assassinat de l’inconnu est très bien filmé également, sans ostentation, mais avec cruauté. Il y a une bonne fluidité dans le rythme les décors sont bien utilisés. Cela se passe au bord de la mer, probablement pendant les vacances d’été, sans toutefois que le lieu soit clairement précisé. Leroy a gommé volontairement tous les éléments qui pourraient nous permettre d’identifier les lieux. A vue d’œil, il semble que ce soit la Bretagne.

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    Rapidement il impose sa loi 

    Au moment de la sortie du film on a pointé le rapport des enfants aux images. En effet, ils passent leur temps à regarder des films violents à la télé. Au passage on y reconnaîtra des extraits du Mataf de Serge Leroy lui-même. L’inconnu se contentant quant à lui de regarder des émissions de variétés, un peu pour souligner qu’il est finalement bien moins violent que les enfants. Cependant, il ne faudrait pas en déduire hâtivement quelque théorie sur l’influence néfaste des images télévisées sur le comportement des enfants. Leur innocente cruauté est ancrée bien plus profondément dans le fait justement que ce sont des enfants.

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    Les gendarmes enquêtent sur le cadavre 

    La fin est un peu plus convenue, on voit les enfants, bien sagement accueillir leurs parents après avoir remis de l’ordre dans la maison. Mais ce n’est pas très gênant. Entre temps on a eu le temps d’admirer l’âme des enfants d’une noirceur désarmante.

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    L’inconnu est surpris par l’attitude de Marlène

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    Les enfants ont décidé de passer à l’offensive

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    Mademoiselle Millard est de retour

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