• Bernard André, & Michel Martin Roland, Le baron, Editions de l’opportun, 2015

     Bernard André, & Michel Martin Roland, Le baron, Editions de l’opportun, 2015

    Des ouvrages sur les grands voyous, il y en a beaucoup, sur les petits voyous aussi d’ailleurs. Des bons et des moins bons. Il y a toujours évidemment un peu la même trame, les années d’apprentissage de la truanderie, les difficultés, la prison, parfois la réussite, mais celle-ci est toujours éphémère. Le baron c’es Bernard André, c’est un voyou à l’ancienne dont l’apogée se situe dans les années quatre-vingts. Braquages, trafic de stups, des dépenses sans compter quand il y a du fric, le monde de la nuit, etc.

    L’intérêt de cet ouvrage est multiple, d’abord il décrit une période où les grands truands vont passer des braquages de banques au trafic des stupéfiant qui paie mieux, et surtout le braquage de banques devient impossible à cause des renforcements dans la sécurité, la pénurie de plus en plus grande du liquide. Il y a donc un basculement qui est un peu l’équivalent du passage de l’artisanat – dans les années soixante-dix on peut encore braquer une banque tout seul et ramasser du liquide – à l’industrie avec les stups. Les sommes sont beaucoup plus élevées, mais cela exige aussi de se déplacer un peu partout dans le monde. Il y a ensuite un portrait psychologique d’un délinquant qui trouve ça plus drôle que la vie ordinaire et bourgeoise à laquelle il est promis.  En vérité Bernard André nous dit qu’il n’était pas programmé pour être un truand. Fils de bonne famille, bon élève, il aurait pu être notaire comme disait Brassens, mais non, ça ne lui plaisait pas. Il va faire mille conneries, évidemment, et va finir par passer dans la Légion étrangère. C’est une autre école avec la prison pour apprendre le métier de voyou ! On y apprend le maniement des armes, la plongée sous-marine et encore quelques bricoles bien utiles.

    Ayant une quelque chose comme 20 ans en Mai 68, il se retrouvera au Quartier Latin à faire le coup de poing avec la police, côtoyant pour l’occasion Cohn-Bendit qui lui a plutôt mal vieilli puisqu’il se retrouvera du côté des exploiteurs dans son grand âge. Sa vie d’aventures l’en trainera un peu aux quatre coins du monde, notamment au Liban et en Thaïlande, trafic de stups oblige. Il traficotera aussi avec des grosses pointures de l’époque, Gaétan Zampa, Francis Le Belge, le gratin de la pègre quoi. Le risque c’est la prison et la prison indique une vie de famille des plus biscornues.

    La fin est plutôt nostalgique quand l’heure de la retraite a sonné et qu’il faut raccrocher. Quoi qu’il soit passé à autre chose, il ne manifeste pas de regret, comme si de toute façon il n’aurait pas pu vivre une autre vie que celle-là ! Le baron va devenir prolétaire, une manière comme une autre de rédemption. Il y a d’ailleurs une vraie émotion dans les deux derniers chapitres du livre quand la simplicité atteint finalement à la grandeur de celui qui fait enfin des choses utiles.

    C’est donc un bon ouvrage, et ce d’autant plus qu’il nous livre un scoop si je peux dire. Ayant beaucoup traficoter en Espagne, il va se retrouver à Marbella, paradis des voyous et des très riches. Et là il va rencontrer Frédéric Dard ! Pour les aficionados, je recopie ce passage du plus grand intérêt ci-dessous !

    Bernard André, & Michel Martin Roland, Le baron, Editions de l’opportun, 2015

    Bernard André, & Michel Martin Roland, Le baron, Editions de l’opportun, 2015

    Bernard André, & Michel Martin Roland, Le baron, Editions de l’opportun, 2015

     

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