• Confession d’un tueur de la mafia, The Ice Man, Editions du Rocher, 2012

     

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    L’ouvrage était sorti sous un autre titre en 2008. Ice Man, c’est le surnom de Richard Kuklinski, psychopathe, tueur de son état et qui fut ensuite recruté par la mafia pour réaliser ses basses oeuvres. Par le nombre de crimes qu’il a commis, Kuklinski s’est assuré une célébrité durable. Des livres, des interviews à la télévision, et sa mort elle aussi est assez mystérieuse. Il est décédé en prison à 70 ans, mais il se pourrait qu’on l’ait un peu aidé.

    Si les personnages de serial killers sont rarement intéressants, par contre mettre en lumière ce qu’ils sont, comment ils existent peut avoir un intérêt. L’ouvrage de Philip Carlo est, à défaut d’être bon, passionnant. Kuklinski est d’origine polonaise, de basse extraction. Son père était un alcoolique qui le rouait de coups et sa mère semble l’avoir délaissé. Son jeune frère deviendra lui aussi un tueur et sera condamné à la prison à vie. Malgré tout cela Kuklinski possède une certaine morale, par rapport à sa femme qu’il bat souvent, mais qu’il se refuse à tromper, et par rapport aux  enfants.

    Kuklinski était grand et fort, mais également un peu fruste. S’il avait une certaine intelligence pour commettre des crimes et passer à travers les mailles du filet, il se laissait le plus souvent aller à ses pulsions criminelles. Il ne valait mieux pas le contrarier. On ne sait pas combien de personnes en tout il apu tuer, sans doute plusieurs centaines, dont une partie pour le compte de la mafia.

     L’ouvrage fait plus de 500 pages, mais il se lit bien malgré ses défauts d’écriture et de traduction, parce que outre qu’il est très bien documenté – Philip Carlo a passé énormément de temps avec Kuklinski – il décrit linutieusement les transformations de Kuklinski, dans sa vie de tueur, mais aussi dans sa vie privée.

    Kuklinski apparaît ainsi comme ayant été fabriqué par la société dans laquelle il a vécu. Il est né et a grandi à Jersey City, une petite ville non loin de New York. Cette ville avait la particularité d’accueillir les criminels qui n’étaient plus en odeur de sainteté à New-York. La police y était complètement corrompue, et la ville dominée par la mafia.

    Devenant très vite violent, il s’adonne au jeu et à l’alcool. Ce qui lui coûte évidemment beaucoup d’argent et l’entraîne dans une spirale criminelle sans fin. Philip Carlo le décrit sans complaisance, à l’inverse des serial-killers de cinéma, comme un semi-idiot. S’il a une certaine malice pour commettre des crimes et échapper aux poursuites de la police, il n’est pas intelligent. Sans culture, il est à la recherche d’un rôle qu’il pourrait bien jouer.

    Mais la partie la plus intéressante du livre n’est pas dans le portrait psychologique d’un psychopathe. Il réside dans la manière dont la mafia va se servir de lui. Repéré comme n’ayant peur de rien, il va servir la mafia pendant des années pour exécuter leurs basses œuvres. En décrivant cela, Philip Carlo va montrer que ceux qui l’emploient ne valent finalement guère mieux que lui et que leur profil psychologique ressort un peu des mêmes canons. Dans des films comme Le parrain par exemple, on a l’impression que les activités de la mafia sont un bussiness, certes un peu particulier, mais un bussiness quand même. C’est-à-dire une activité où, quand il faut tuer, cela est justifié par les affaires. Carlo montre que non et que ceux qui recherchent les services de Kuklinski, sont à son image des gens aigres que la vie a frustrés. Ces mafieux aiment la violence pour la violence et possèdent aussi un profil de psychopathes. Ce n’est pas du tout des gangsters qui ont choisi ça comme un métier, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte. Ils sont cupides, et l’argent qu’ils gagnent ils le jettent par les fenêtres. Egalement ils passent leur temps à se trahir, éventuellement à se balancer à la police. Il n’y a rien de passionnat dans cette vie là.

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    A côté de sa vie « professionnelle » si on peu dire, Kuklinski a une vie familiale. Et bien sûr, celle-ci est en accord avec ses tendances criminelles. Il se mariera deux fois,  laissant à ses femmes deux, puis trois enfants. Chaque fois il se comportera avec elles comme un prédateur. Reproduisant les attitudes de son père, il les battait régulièrement dès qu’il se trouvait dans une situation difficile ou dès qu’il avait un peu bu. Et comme Kuklinski faisait 1,95 mètre pour environ 130 kilos, on comprend les dégats que ça pouvait faire.

    Tout cela donne un portrait de la criminalité américaine assez peu réjouissant et questionne cette société qui produit de tels enfants. Kuklinski s’en rend compte, s’il ne se cherche pas d’excuse il comprend bien que sa trajectoire a été toute tracée et que finalement il n’a eu guère de prise sur sa vie.

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    Un film doit sortir bientôt avec une grosse distribution et Michael Shannon dans le rôle de Kuklinski. Cela fera sûrement un bon sucès outre-Atlantique, mais il n’est pas sûr que le public français se passionne pour un sérial killer aussi peu glamour. Iceman n’est pas Hannibal Lecter qui est plus une construction théorique que le reflet d’une réalité.

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