• D’entre les morts, Pierre Boileau et Thomas Narcejac, Denoël, 1954

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    Un peu oubliés aujourd’hui, Boileau et Narcejac ont formé un tandem qui a obtenu de succès de librairie dans le domaine du roman noir. Théoriciens du roman noir, ils lui ont donné ses lettres de noblesse, alliant intrigues soutenues et complexes à des qualités d’écriture élevées.

    Plusieurs de leurs ouvrages ont été portés à l’écran. Parmi les grandes réussites cinématographiques tirées de leur abondante production, on retiendra Les diaboliques après Celle qui n’était plus, et bien sûr Vertigo basé sur …D’entre les morts.

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    En relisant l’ouvrage on peut le comparer au célèbre film d’Hitchcock. On en reconnait la trame, même si des changements sont importants ont été effectués. La première et notable différence est que non seulement le film a été dépaysé à San-Francisco, mais qu’il se situe en 1958 c’est-à-dire dans une période où l’Occident a retrouvé la prospérité et la stabilité. D’entre les morts se passe en France, au tout début de la guerre, dans une période chaotique et incertaine, avant l’occupation de la France, mais après la mort supposée de Madeleine, on retrouve le héros, de plus en plus neurasthénique au moment de la Libération. Cela donne un caractère encore plus morbide qui renvoie à cette sinistre époque où les morts, les disparus sont évidemment très nombreux. Egalement la solitude du héros est bien plus totale et désespérée que dans le film d’Hitchcock, ce qui en fait d’autant mieux ressortir la neurasthénie. Il n’a pas d’épaule compatissante pour le rassurer comme c’est le cas dans le film. Le roman se passe sur plusieurs années, ce qui laisse le temps à notre héros de fuir la horreurs de la guerre et de se mettre à boire dans les colonies. Son argent lui permet un peu tout, notamment d’échapper aux restrictions. Mais plus encore que dans le film d’Hitchcock, il est lâche, il fuit le lieu du suicide de Madeleine, il ment ouvertement à son mari, et il fuit la guerre. Ce qui fait apparaître que la mort de son collègue, lorsqu’il était policier n’est pas due au hasard, mais est la conséquence de sa lâcheté.

    Est-ce cela qui le mène vers la folie ? C’est du moins ce que le roman suggère, dès lors il est bien moins question d’amour fou et de pureté des sentiments. De même Madeleine, du moins celle qu’il s’obstine à appeler Madeleine n’a pas particulièrement des sentiments amoureux envers ce vieux garçon neurasthénique. Ni avant son suicide, ni après. Et si elle vit une sorte de romance avec lui, c’est avant tout parce que la guerre l’a laissé seule et sans défense.

    Enfin, le roman de Boileau et Narcejac n’est pas intéressé par l’unité de lieu, contrairement au film. L’action se situe entre Paris, la Saintonge et Marseille où Madeleine est retrouvée grâce aux actualités. Cette idée sera d’ailleurs reprise par Frédéric Dard dans un épisode de San-Antonio, Fais gaffe à tes os. 

    « Sueurs froides, Vertigo, Alfred Hitchcock, 1958Deux mains, la nuit, The spiral staircase, 1946, Robert Siodmak »
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