• David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952

     David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952

    Il y a évidemment bien longtemps que les romans noirs de David Alexander sont oubliés. Mais on ne perd pas son temps à les relire. On peut rapprocher ce roman, et en général l’ouvre de David Alexander, des thématiques de David Goodis et de William Irish. Ces deux derniers auteurs qui étaient emblématiques du noir dans les années soixante-soixante et dix, sont d’ailleurs assez oublié aujourd’hui. Dans l’univers du roman policier, le public ayant changé, on préfère maintenant les « thrillers » un peu lisses qui s’adressent à la classe moyenne inférieure, plutôt qu’à un lectorat populaire.

    David Alexander fait le contraire, et son personnage principal, « le Soldat », est un vrai paumé. Alcoolique, militaire choqué et déphasé par ses actions guerrières, il vit en permanence dans un brouillard. Sorti plus ou moins de la cloche, il trouve un emploi de subalterne dans une agence de détectives privés. Mais son premier boulot va lui être fatal, la femme qu’il doit surveiller pour le compte de son mari jaloux, se fait assassiner dans la propre chambre de notre héros. N’ayant pas d’alibi, les éléments étant contre lui, il va fuir et enquêter à distance. A travers le brouillard éthylique, il va essayer de survivre. Mais tout devient difficile pour lui, il soupçonne tout le monde, y compris sa propre fiancée qu’il pense acoquinée avec celui qu’il croit être le véritable tueur. C’est d’autant plus pénible que l’alcool l’empêche de se souvenir de ce qu’il a vécu vraiment.

    Voilà la trame de départ, et bien sûr à partir de là on ira de surprise en surprise. L’intrigue est sèche et nette. Pas de fioriture, le roman est bref. Il n’en demeure pas moins que le décor est très bien campé. La plus grande partie du roman se passe sur la Bowery. Cette artère où se succèdent des bars à clochards et où explose la pauvreté à l’écart d’une richesse tapageuse. Il existe un film très bon de Lionel Rogosin, On the Bowery, qui illustre très bien cette ambiance particulière de misère et d’ivrognerie. 

    David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952 

    Ce film est contemporain de l’écriture de Salut les hommes ! ce sont les laissés pour compte de la prospérité américaine, ceux qui n’ont pas su réalisé le plus petit début de leurs rêves. C’est pour David Alexander une occasion de décrire des caractères, des figures. On y trouve un ancien jockey barbu, un boxeur déchu, un professeur, mais aussi un richissime obèse qui va s’intéresser aux malheurs de  Terry.

     David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952 

    L’ouvrage est écrit à la première personne, et cette écriture semble s’inspirer réellement d’un vécu. On y trouvera ainsi une éloge de l’alcool à travers le personnage de Tommy qui paye dès qu’il le peut des tournées géantes à toutes les cloches de la Bowery. Mais ce qui est le plus remarquable est sans doute comment cette clochardisation de la société américaine semble être non pas une marginalité, mais une sorte de contre-société avec ses règles et sa culture. Avec en contrepoint les passerelles entre la partie normale de la ville et son redan. Giny, la fiancée de Terry et bien celle-là. Et on se demande comment une telle femme, belle et entreprenante peut-être éprise d’un ivrogne comme Terry. Mais c’est peut-être la preuve que la société de cette époque était aussi moins bégueule que celle d’aujorud’hui où au contraire les deux mondes ne semblent jamais se rencontrer.

    Il y a des scènes assez étonnantes, comme cette immense beuverie déclenchée par l’arrivée de Tommy dans sa vieille Rolls Royce, ou encore ces montées de rage et de jalousie qui obscurcissent le cerveau de Terry.

    En tous les cas ce roman a marché suffisamment du moins aux Etats-Unis pour qu’il y ait une sorte de suite où on retrouve ce curieux attelage de Tommy et Terry. Le tout restant enveloppé dans les brumes alcoolisées du New York des années cinquante. Je fais remarquer que le titre américain de cet ouvrage, Murder in black and white, ressemble comme deux gouttes d’eau à un titre de William Irish. 

    David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952 

    Je ne suis pas le seul à avoir fait le rapprochement entre David Alexander et David Goodis, C’est ce qu’avait fait aussi Michel Lebrun à propos d’un ouvrage paru dans la Série noire, Au rendez-vous des tordus. C’est de cet ouvrage que Mocky, grand amateur de romans noirs,  tirera Le renard jaune. 

    David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952

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