• Dominique Forma, Hollywood zero, Rivages, 2014.

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    Le premier roman de Dominique Forma était intéressant et valait le détour. Hollywood zero est bien meilleur et bien plus original. Le premier était écrit à la troisième personne, et se trouvait éclaté entre une multitude de personnage. Cette fois Forma va utiliser la première personne du singulier et donner à son récit une allure plus linéaire.

    Le héros se nomme Dominique, comme l’auteur, et se présente comme un cambrioleur finalement assez peureux et prudent. Il mène une petite vie tranquille à Paris en dépouillant des bourgeois un peu prétentieux. Mais il doit de l’argent à deux truands plutôt violents et impatients. Cela l’amène à quitter précipitamment le territoire et à se réfugier à Hollywood. Là il va participer à une arnaque avec une vague connaissance : l’idée est de faire financer des films qui ne seront jamais tournés et d’empocher au passage un paquet de pognon. La vie serait assez simple si les deux truands qui le pourchassent ne débarquaient pas eux aussi à Hollywood pour recouvrer leur dû. Finalement tout échouera, le film, comme le racket des truands, et cela après un passage traumatisant par le Mexique.

    L’ouvrage se divise en trois parties : la première est celle de la vie marginale de Dominique à Paris, navigant entre salles de sport et bistrots mal famés, la seconde, la plus longue, décrit la traversée d’Hollywood par Dominique, et enfin la troisième se passe à Tijuana. Au moins en ce qui concerne les deux dernières parties, il semble assez évident qu’elles sont nourries d’un vécu très particulier. Et sa description des mécanismes hollywoodiens, semble être tout à fait en rapport avec sa propre expérience, celle qui l’a amené à tourner La loi des armes. On reconnaît le même intérêt que Forma manifeste pour les atmosphères glauques, les côtés dissimulés de la richesse et des apparences.

    Au fil de l’avancement de l’histoire, le ton change. La première partie est légère, la seconde drolatique, mais la troisième est tout à fait dramatique. C’est d’ailleurs celle que je préfère. Si on passe sur le côté un peu trash de la visite de Dominique et Rachel à Tijuana, on retiendra une description de la peur que génère cette ville, et ça c’est excellent, sûrement ce qu’il a écrit de meilleur. Mais toutes les combines que Kenny, Rachel et Dominique tentent de développer à Hollywood sont aussi très justes, aussi bien dans les prémisses que dans les échecs. Au passage, la visite de Dominique et Kenny à la MGM où les attendent deux managers de la distribution, vaut le détour, chacun essayant d’enfumer l’autre. Je ne connais rien au cinéma hollywoodien d’aujourd’hui dans son fonctionnement, mais c’est criant de vérité.

     

    On remarque que par rapport à son film et à son premier roman l’intrigue est bien plus complexe, plus soignée et plus intéressante, ne reposant plus sur des retournements de situation un peu artificiels, mais sur une vraie progression du récit comme des personnages. Je ne suis guère amateur de romans noirs contemporains, mais celui-ci amène un ton nouveau qui me plaît.

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