• Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014.

     

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014.

    Gomorra est l’ouvrage de Roberto Saviano qui l’a fait connaître et qui lui a apporté une renommée internationale. Racontant par le détail les turpitudes de la Camorra, il a été ouvertement menacé de mort par celle-ci. Son ouvrage a été la base d’un film de Matteo Garrone qui a eu aussi un grand succès international. Saviano a souvent été attaqué, nottament par la presse berlusconienne, au motif que ses révélations n’en seraient pas vraiment et qu’en outre les menaces de mort qu’il avait reçu étaient fausses : la preuve, il n’a pas encore été tué ! Cette fois il s’agit d’une série télévisée, et plus précisemment de la saison 1.

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014.

     Ciro et Attilio discutant de leur avenir 

    Disons le tout de suite, ce qui faisait l’intérêt du livre, a complètement disparu ici. En effet, si Saviano avait une approche neuve et originale du système mafieux, c’est parce qu’il l’analysait comme une image du capitalisme le plus pur, parce qu’il le montrait comme un système impersonnel et froid. La série est donc une régression complète parce qu’elle en revient à la forme fictionnelle utilisée par Le parrain de Mario Puzzo. Il va s’agir de mettre en scène la lutte entre deux clans : les Svastano et les Conté, pour la domination du marché de la drogue à Naples. Cette lutte sera troublée par m’ascencion de Ciro, un gangster téméraire et ambitieux qui ne craint jamais de jouer un clan contre un autre si cela sert ses propres intérêts. Ainsi, au lieu de démontrer comment le système mafieux détruit peu à peu la société, comment il est antisocial et destructeur, nous avons droit seulement à la concurrence entre deux groupes rivaux. Et au fil des épisodes, on va se prendre plus ou moins d’affection pour ces personnages qui, on le comprend bien, ont aussi leurs petits soucis.

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014. 

     Don Pietro et sa femme 

    Une fois cette réserve importante faite, on peut dire que la série est très bonne. Violente, bien rythmée, elle tient le spectateur en haleine comme il faut. Certes, c’est une série, et parfois les soucis de remplissages apparaissent, ainsi on utilise plusieurs fois les mêmes recettes, comme l’histoire un peu invraisemblable de la conversation enregistrée sur le portable et qui prouve que Ciro a trahi ses employeurs. Egalement la fin très ouverte qui fait que malgré les massacres on retrouvera tout le monde dans la saison 2, apprait aussi très artificielle.

     

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014.

     Le rusé Conté planque la drogue dans des machines à laver 

    Mais la série possède d’autres qualités. D’abord dans la description des caractères, l’opposition entre la vieille garde et les jeunes chiens fous de Genna qui sont prêts à commettre tous les crimes pour peu qu’ils pensent que cela les mettra en valeur. Egalement les décors naturels de Naples, les quartiers en déshérance, les cités où se vend la drogue, donne à la série une sorte de vérité intéressante.

     

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014.

     Ciro apprend à Genna à tuer 

    La plupart des épisodes ont été réalisés par Steffano Sollima, le fils du réalisateur Sergio Sollima, qui avait déjà fait ses preuves en tournant Romanzo criminale sur un thème finalement assez proche. C’est de la série haut de gamme, avec une photographie bien léchée. Mais surtout les acteurs sont tous très bons. Le meilleur étant sans doute Salvatore Esposito qui incarne Gennaro Savastano et qui au fil des épisodes se transforme, d’un gentil benêt un peu gros et trouillard, il va devenir un chef de gang redoutable après son apassage au Honduras.

    Des sscènes sont assez prévisibles, par exemple Don Pietro Savastano qui joue les dingues avec patience pour pouvoir s’évader du quartier de haute sécurité où il a été enfermé. Car contrairement au livre Gomorra, ici la police et la jusrtice n’apparaissent pas partculièrement corrompus. Ce sont seulement des employés de seconde catégorie qui sont concernés. Les scènes de révolte dans les prisons surpeuplées sont très bonnes également.

    Gomorra la série, Steffano Sollima, 2014. 

     De retour du Honduras Genna est un autre homme 

    Bref, sans être un chef d’œuvre, elle ne peut pas être comparée à The wire par exemple, et compte tenu des réserves que nous avons émises, c’est une bonne série. Nous n’avons pas l’équivalent en France alors qu’il y a matière.


     

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