• L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Ce petit film noir de série B possède le doubler intérêt d’avoir été un des premiers films réalisés par Richard Fleischer et d’être basé sur une histoire d’Anthony Mann. C’est en effet dans ce genre que les deux jeunes metteurs en scène ont fait leurs premières armes. Ce n’est pas un grand film, le sujet est des plus minces, les personnages s’oublient assez vite. Il dure à peine une heure. Mais il est agréable à regarder et possède d’intéressantes qualités cinématographiques. Il fait partie de toute une série de films tournés par la RKO quand le studio, fort mal dirigé par ce jobastre d’Howard Hugues, battait de l’aile et qu’il fallait le renflouer à tout prix en tournant à la chaîne des petits films noirs. 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Un meurtre a été commis, la journaliste est sur les lieux 

    Harry Grant traque un tueur en série qui s’appelle le juge et qui envoie des petits mots à la police pour la narguer, ces petits mots sont réalisés à l’aide de lettres sans doute découpées dans des journaux. Le tueur a déjà fait sept victimes, il les étrangle par derrière les jours de pluie. Ann Gorman est journaliste et essaie de suivre Harry dans son enquête pour obtenir un scoop, mais celui-ci la repousse. Cependant sa hiérarchie lui intime d’avoir un peu des idées neuves pour faire avancer l’enquête. A bout de nerf, il va, à partir des informations que le tueur dont on n’a jamais vue le visage, a laissées, fabriquer un mannequin au lieu d’un traditionnel portrait-robot, sans succès. Une nouvelle victime a été trouvée, mais un journal qui raconte des histoires criminelles réelles, a été laissé sur place. C’est à partir de cet indice qu’Harry va remonter la piste et aboutir à Charlie Roy qui est identifié par une libraire à la vue du mannequin. Harry et son fidèle Collins vont tendre un piège à ce tueur en série qui par ailleurs à l’air d’un citoyen tout à fait ordinaire. Charlie Roy évente le piège et s’enfuit, les policiers le poursuivent, celui-ci arrive à se réfugier dans une usine immense et qui semble inoccupée. Après avoir vidé son chargeur, Charlie Roy se laisse alpaguer, mais une fuite d’eau réveille ses vieilles phobies et le rende tellement violent que dans la bagarre finale, il mourra. 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949

    Ann Gorman attend Harry Grant dans une taverne 

    L’histoire, sans doute un peu bâclée recycle les vieux poncifs sur les journalistes et les policiers. Film de divertissement, il ne se pose jamais la question de savoir ce qui a fait de Charlie Roy un tueur en série. On sait seulement qu’une forte pluie le traumatise et le rend violent. L’ensemble des personnages est simple, sans trop de dimension. Certes, Harry, le flic bourru, est un peu obsessionnel, mais sans plus. Et il se révèlera plus que timide, maladroit, face aux avances à peine voilées de la belle Ann Gorman. C’est sans doute cet aspect qui apparaît ici assez novateur : la journaliste semble bien plus émancipée que le flic qui pourtant en a vu des vertes et des pas mûres. Mais ce n’est pas l’histoire en elle-même qui va étonner le spectateur. 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Qui correspond au portrait-robot ? 

    Les qualités cinématographiques de ce film sont étonnantes, compte tenu du budget minuscule qu’on lui a alloué. Le rythme est vif, les diagonales de l’image sont bien tirées, et les noirs et blancs ont une patine remarquable. C’est la fluidité de la mise en scène qui fait qu’on peut encore revoir sans ennui ce film presque septuagénaire. Les angles de prise de vue sont très inventifs, que ce soit dans la scène de la taverne, ou dans la fuite éperdue de Charlie Roy. Si probablement cette dernière scène s’est inspirée de The naked city, elle a aussi été un modèle pour le magnifique film de Robert Wise, Odds against tomorrow. La belle photo de Robert de Grasse aide évidemment beaucoup. Notez qu’au générique on trouve le nom d’Alfred S. D’Agostino comme directeur artistique. Et en effet on retrouve une atmosphère semblable à celle qui existe dans les autres films noirs auxquels il a participé, avec quelques chefs-d’œuvre comme Out of the past de Jacques Tourneur qui date de 1947, ou The spiral staircase de Robert Siodmak de 1946. Il travaillait sur les décors et sur les accessoires, et plus généralement il donnait un style lisse et sulfureux aux films noirs auxquels il a collaboré. Je me rends compte que, sans savoir ce qu’il faisait vraiment sur ces films, ils représentent une unité formelle assez nette. Il était aussi sur le tournage de Notorious d’Hitchcock en 1946. 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Harry pense qu’il parle à un mannequin 

    Qui dit petit budget, dit évidemment vedettes de seconde catégorie. William Lundigan qui incarne Harry Grant possède le charisme d’une huitre malade. Il ressemble un peu à Denis O’Keefe. Il a en réalité rarement joué des premiers rôles au cinéma. Légèrement décoratif à cause de sa grande taille et de son allure athlétique, il est raide et peu expressif. Mais comme c’est un film d’action, ma foi, on n’y fait guère attention. Plus intéressante est Dorothy Patrick qui amène un peu de vie en jouant les journalistes dynamiques. Mais elle semble souvent sourire à contre-temps. Elle non plus n’a pas fait une grande carrière au cinéma, elle s’est rapidement dirigée vers la télévision. Et puis elle n’avait pas un physique extraordinaire, question glamour, on repassera. A côté d’eux, il y a des vétérans du film noir, Jeff Corey dans le rôle de Collins, mais il n’a pas beaucoup de choses à faire. Et puis Charles D. Brown dans le rôle du chef de la police Mulvaney qui incite Harry à se bouger pour retrouver le criminel. Il est toujours excellent. C’est une silhouette d’habitude, on l’a vu avec Bogart dans The big sleep, ou dans The Killers au côté de Burt Lancaster et d’Ava Gardner. Il est malheureusement décédé en 1948, et donc sa carrière s’est achevé brutalement. Donnons aussi un accessit à Edwin Max dans le rôle du serial killer. Il le mérite tant il a l’air complètement à la masse, égaré dans un monde qui ne le comprend pas. 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Un journal d’histoires criminelles donne une piste

    On dit que ce film a beaucoup fait pour la renommée de Richard Fleischer et que c’est ainsi qu’il s’est fait connaître comme un metteur en scène précis et adroit, sachant tenir un budget. Curieusement alors qu’on se rend bien compte que l’intrigue est des plus minces, que les personnages sont un peu ternes, on le suit passionnément. N’est-ce pas la preuve de l’efficacité de la méthode Fleischer ? 

    L’assassin sans visage, Follow me quietly, Richard Fleischer, 1949 

    Charlie Roy tente de fuir à l’intérieur de l’usine

    « Je dois tuer, Suddenly, Lewis Allen, 1954Les inconnus dans la ville, Violent Saturday, Richard Fleischer, 1955 »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :