C’est un rejeton tardif du cycle du film noir. En outre, il est réalisé par un réalisateur plus habitué aux westerns et aux extérieurs, qu’aux atmosphères confinées et urbaines des films noirs. La chute d’un gaïd est mis en scène à un moment où Boetticher est dans une grand difficulté. Pour des raisons très compliquées, il n’arrive plus à tourner, c’est donc pour lui une aubaine financière que de pouvoir remettre le pied à l’étrier, fusse pour un film à petit budget.

Le film est sans surprise, en ce sens qu’il est une sorte de biopic d’un gangster qui a réellement existé, Jack Diamond, surnommé Legs Diamond. Il est l’un de ces bandits qui ont su profiter de la prohibition pour s’enrichir et mettre sur pied des trafics de grande ampleur. S’il est peu connu en France, par rapport à d’autres gangsters comme Lucky Luciano ou Al Capone, il abénéficié de son vivant d’une véritable admiration du public. On va donc suivre la transformation de Diamond, d’un petit truand en un grand caïd, craint et respecté par le milieu. Il s’immissce d’abord dans la vie d’Arnold Rosthein, puis, à la mort de celui-ci, il va reprendre ses affaires, hériter en quelque sote, contre la volonté des anciens associés de Rosthein. Il va donc lutter à la fois contre Moran et contre Schultz. Mais la chute n’est pas loin, car la fin de la prohoibition va le laisser sans ressources, abandonné de tous, il va mourir assassiné… évidemment.

Voilà pour la trame. Mais le scénario possède bien d’autres aspects. Comme on est à Hollywood, le film va osciller entre la condamnation morale de ce criminel, égoïste et sans scrupule, et l’admiration qu’il suscite par son courage, son esprit d’entreprise et aussi par son côté sentimental puisque les relations qu’il entretient avec sa femme semblent prouver qu’il est en manque d’affection. Diamond est présenté aussi comme très malin et ayant un grand sens de l’hmour – voir par exemple la scène où il élimine un rival pour aller s’adonner à un concours de danse. Diamond est un séducteur, et s’appuyant sur les femmes qu’il séduit, ce sont naturellement elles qui le perdront.

La mise en scène est rigoureuse, il n’y a pas un plan de trop, et la photo, très inspirée des films noirs des années quarante est très bonne également. Il y a cependant une disconance dans le film, ce sont les costumes. Censés représenter la mode des années trente et vingt, ils sont en fait un reflet de ce qui se portait à la fin des années cinquante. C’est à mon sens le principal défaut du film. L’interprétation est bonne, avec un Ray Danton très énergique et une Karen Steel tout à fait à sa place. On reconnait quelques figures dans les seconds rôles comme Simon Oakland qui joue le flic de service qui pourchasse un peu de partout Diamond et son frère – ce qui n’est pas la moindre incongruité du film, ou encore Diane Cannon qui débutait et Warren Oates qui deviendra célèbre pour ses films avec Peckinpah.

C’est au final un bon film, peut-être parce qu’il évite le faux documentaire, il ne sappesantit pas sur la description des rouages compliqués de l’ordre mafieux, et qu’il joue plutôt sur la description d’un comportement criminel. S’i on avait voulu être un peu plus près de la vérité, il aurait fallu d’ailleurs montrer et expliquer pouruqoi Diamond a fait un voyage en Allemagne en compagne de lucky Luciano et qu’il s’y est fait expulser.

Parmi les scènes fortes du film, on retiendra l’assassinat de Moran, défénestré, et de ses accolytes flingués depuis la fénêtre d’une chambre d’hôtel.  Egalement les scènes de nuit, que ce soit les règlements de compte ou le trafic d’alcool.

Le vrai Jack Diamond