• La cigarette au cinéma

    La cigarette au cinéma 

    Ne sachant plus comment emmerder le monde, voilà que la ministre de la Santé qui par ailleurs veut nous obliger à vacciner nos enfants avec onze produits différents, prétend œuvrer pour le bien public en voyant comment on peut empêcher de représenter la cigarette ou le cigare au cinéma[1]. Je précise pour bien qu’on comprenne le sens de ma diatribe, que je ne fume pas et que je n’ai pas l’intention de le faire. L’annonce de Buzyn a fait bondir de joie la Commission européenne, évidemment[2]. Mais devant le tollé que cette idée loufoque, très représentative de l’imbécilité macronienne, Buzyn a rectifié. Elle n’a jamais dit cela, on l’a mal comprise !

    Voilà ce qu’écrit Le figaro [3] : Quelques minutes après le message niant sa volonté d'interdire la cigarette dans les œuvres cinématographiques, Agnès Buzyn a toutefois tenu à rappeler, dans un second tweet, qu'une majorité de films contient des scènes de consommation de tabac et que cela pose tout de même la question de « l’indépendance des réalisateurs vis-à-vis des incitations à montrer la cigarette ». Il faut être bête comme Buzyn pour penser qu’un réalisateur va filmer un acteur qui fume parce qu’il est sous l’influence des cigaretiers.  

    La cigarette au cinéma

    Chaque fois que les macroniens disent des conneries, ils nous expliquent qu’ils sont des incompris, qu’on a déformé méchamment leur propos. Ce n’est pas d’aujourd’hui que cette idée date. Elle nous vient tout droit des Etats-Unis. La mauvaise foi de ces gens là est éclatante. La cigarette sert à tout et à n’importe quoi. Ainsi en emmerdant les fumeurs, on peut tranquillement augmenter les impôts sur les pauvres, puisqu’il est bien connu que les pauvres fument plus que les riches. On fait ainsi semblant de lutter contre quelque chose sans que ça ne coûte rien. Mais en même temps on renforce le contrôle social, et on apprend à la société de se plier à des règles qu’ils n’ont pas voulues. Les interdictions sont légions, tous les jours on en trouve une nouvelle, interdiction de rouler en dessus de la vitesse décidée par le gouvernement, et cette vitesse change constamment, un coup c’est 50 km/h un autre jour c’est 60, et puis 90 ou encore 110. Je passe sur les interdictions de stationner, l’obligation de payer un horodateur pointilleux pour occuper un espace public. Appliquant la logique stupide benthamienne la vie sociale est réglée par la maxime « surveiller et punir ». C’est là le cœur du libéralisme. On se rappelle qu’il y a quelques années la Commission européenne pour des raisons d’hygiène voulait faire interdire les fromages à pâte molle comme l’Epoisses ou le Munster. C’était sous couvert de santé publique, une incitation à consommer des fromages industriels hollandais ou allemands, vendus sous emballages plastifiés dans les hypermarchés. Devant la levée des boucliers que ce genre de proposition dictatoriale a soulevée, Bruxelles a tout de même renoncé.  

    La cigarette au cinéma

    Mais ne nous éloignons pas du cinéma. L’idée stupide des bureaucrates de l’Union européenne et de Buzyn est que si au cinéma on montre quelqu’un qui fume cela donne l’idée aux spectateurs de fumer. Cette assertion est triplement sans fondement. C’est comme si on supposait que quand on voyait un meurtre à l’écran – et il y en a beaucoup – et bien on se convertissait en assassin. Et si, on voit Rambo, on va s’engager au Vietnam. Donc si on suit ce raisonnement, si on voit Alain Delon fumer sa dernière cigarette dans Deux hommes dans la ville, avant de se faire décapiter, et bien on aura envie de faire comme lui et de se faire raccourcir. Dans ce film on le voit aussi étrangler Michel Bouquet, mais pourtant personne n’a eu envie de tuer ce grand acteur. Ainsi il ne faudrait pas présenter des images négatives à l’écran, pas de meurtre, on l’a dit, pas d’adultère, pas de course de voitures parce que ça pollue. Outre que Buzyn nous prend pour des imbéciles, on ne sait pas ce qui est bon ou mauvais pour nous, elle se propose tout simplement d’interdire le film noir. On peut comparer facilement cette tendance du jour à une sorte de fascisme rampant. En effet l’HUAC avait en son temps lancer des procès destructeurs contre les réalisateurs et acteurs du film noir, Ayn Rand cet auteur hyperlibérale, gourou de Ronald Reagan avait théorisé les règles de ce qu’on pouvait montrer ou non au cinéma[4]. Peut on faire un film noir sans alcool et sans cigarette ? Imagine-t-on Humphrey Bogart boire un coca cola, light de préférence ?  

    La cigarette au cinéma

    Le second point est que si le gouvernement voulait vraiment s’attaquer aux problèmes de santé, il ne se proposerait pas d’emmerder les réalisateurs, mais il interdirait par exemple l’agriculture industrielle qui assassine les populations à petit feu. Ou encore il interdirait la circulation des camions et des automobiles. On peut supposer que si les populations ont acquis une bonne éducation, elles sont capables d’opérer des choix par elle-même. Considérer que les spectateurs sont sous influence des images, c’est laisser croire qu’ils sont encore des enfants et que Buzyn connait la solution mieux que nos populations. Elle se comporte comme si elle ne représentait pas les Français, mais comme si elle les guidait sur le chemin de la lumière. Mais laissons là la question du mimétisme. Ce débat ne sera jamais tranché parce que si on pense que le cinéma modifie notre comportement, on peut aussi penser que les films qu’on nous montre n’auront du succès que si quelque part ils nous représentent. La causalité linéaire entre les deux termes me parait très difficile à établir. La preuve ? Les multiples hausses des prix du tabac et les multiples restrictions de son usage dans les lieux publics – y compris les cafés et les restaurants – n’ont pas enrayer la consommation. Une partie de la baisse de la vente des buralistes a été compensée par une hausse des ventes illicites[5]. On pourrait penser qu’une bonne politique de prévention des risques serait de diffuser des messages, notamment par le biais de l’école, mais ce serait faire confiance à l’intelligence des citoyens ce que manifestement on ne veut pas.  

    La cigarette au cinéma

    Ce qui est le plus inquiétant c’est que si jamais ce genre d’idée loufoque venait à être appliquée – et avec la Commission européenne ce n’est pas impossible – on se demande bien quelle serait la suite. On en reviendrait probablement à une commission de censure qui demanderait à lire les scénarios avant de donner son accord sur le tournage. Voici la liste des obligations qui pourraient être imposées dans les films d’un nouveau genre :

    - d’abord bien sûr la présence des minorités sexuelles ou les minorités ethniques, même si on tourne un film historique qui ne peut pas les intégrer. On voit déjà ça arriver avec les westerns qui font du héros un noir. Les Américains semblent avoir intérioriser ces nouvelles normes, et c’est pourquoi ils font des films de moins en moins intéressants ;

    - pour ne pas heurter les minorités religieuses, on pourrait aussi éviter de montrer des croix. Et d’ailleurs vous aurez remarqué qu’on ne voit plus un seul film sur les croisades depuis bien longtemps. D'ici à ce qu'on demande aux actrices à jouer en burka, il n'y a pas loin ;

    - pour ne pas heurter les végans, il faudrait aussi filmer des repas sans viande, sans lait et sans fromage ;

    - pour ne pas susciter la jalousie des sans-dents et des « gens qui ne sont rien », il ne faudrait pas non plus montrer de l’argent, ni se moquer des riches ;

    - les scènes violentes avec des armes seraient bien entendu interdites également pour cause de mimétisme potentiel. 

    La cigarette au cinéma 

    Bref on comprend que si on doit poursuivre dans cette voie imbécile il ne nous restera plus comme film que les comédies bien niaises avec Omar Sy et Christian Clavier, et des romances stupides avec des fins heureuses. Ce sera évidemment la fin du cinéma, mais je me demande si cette fin n’est pas déjà actée ! Tant que ce n’est pas interdit on peut encore voir des films noirs, mais il faut se dépêcher parce que les jours de ce genre semblent comptés ! 

    La cigarette au cinéma 

     


    [1] http://www.leparisien.fr/societe/la-ministre-de-la-sante-veut-elle-interdire-la-cigarette-dans-les-films-francais-17-11-2017-7399383.php

    [2] https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/commission-backs-french-idea-to-ban-on-screen-smoking/

    [3] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/21/01016-20171121ARTFIG00144-tabac-au-cinema-agnes-buzyn-dit-n-avoir-jamais-evoque-son-interdiction.php

    [4] http://alexandreclement.eklablog.com/ayn-rand-et-la-conception-du-cinema-hollywoodien-au-moment-de-la-chass-a114844816

    [5] http://www.liberation.fr/france/2017/05/30/en-france-la-cigarette-fait-toujours-un-tabac_1573078

    « Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017Robert Giraud, La petite gamberge, Denoël, 1961 »
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