• La femme à abattre, The enforcer, Raoul Walsh, Bretaigne Windust, 1951

     

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    C’est un des films les plus célèbres d’Humphrey Bogart. Commencé par l’obscur Bretaigne Windust, il a été terminé par Raoul Walsh sans qu’on sache de façon précise quelle est la part de l’un et de l’autre. Il semble cependant que ce soit plutôt un film de Raoul Walsh.

    Le film possède une trame très simple : le procureur Ferguson cherche à faire condamner Mendoza le chef d’une bande de tueur qui réalise des crimes à la demande. Pour cela il compte sur un témoin qui, effrayé par la cruauté de Mendoza, va tomber par la fenêtre pour éviter d’avoir à témoigner. Cette mort prive Ferguson de son témoin clé. Il sent que le procès lui échappe. Revoyant son dossier, il va finalement découvrir une femme qui peut témoigner contre Mendoza.

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    C’est un film qui se précoccupe de la criminalité vue du côté de la justice. C’est pour cela que certains, comme Noël Simsolo, ne le considèrent pas comme un film noir. Mais techniquement c’est bien un film noir. Les jeux d’ombre et de lumière, l’importance de la nuit, l’utilisation des flash-backs imbriqués en portent la marque. A cela on pourrait ajouter la complexité psychologique des  criminels. Malloy est mauvais, très mavais même, mais il tombe amoureux et ne supporte pas d’avoir tué celle qu’il aimait, il se pendra dans sa cellule.

    Le gang que le procureur Ferguson vise à éliminer en envoyant son chef à la chaise électrique est un ramassis de dégénérés. Rico est lâche, il est tellement peureux qu’il ne maîtrise plus sa conduite et en meurt. Malloy est un petit tueur sadique qui de façon bien incompréhensible tombe amoureux de la fille qu’il doit tuer. Il remplira son contrat, mais cela le rendra fou et il se pendra. Big Babe est un gros médiocre individu. Incarné par Zero Mostel, il craque et pleure dès que sa femme vient lui parler. Un autre membre de la bande est promis à finir ses jours dans un asile d’aliénés.

    Ce déchet d’humanité est conduit d’une main de fer par Mendoza. C’est le seul qui garde son sang froid en permanence. Mais sa cruauté est sans égale aussi. Et quelque part c’est bien ça qui le perdra.

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    En réalité Mendoza a parié sur cette bande de dégénérés. C’est en toute connaissance de cause qu’il les utilise. Et quand ils ont des remords ou des peurs, il les élimine sans pitié. Ils ne sont que de la chair à canon.

    Si la machine de la justice s’organise autour d’Humphrey Bogart, elle n’en est pas moins diverse et nombreuse. D’ailleurs le film montre que dès le début, le nombre ne suffit pas face à la ruse et à la détermination de l’adversaire qui tire sa supériorité du fait qu’il ne s’embarrasse pas des règles sociétales. C’est le développement de cette idée dans un contexte encore plus dégradé qui assurera la gloire des films comme Dirty Harry ou la série des Justiciers avec Charles Bronson.

     

    L’efficacité de la mise en scène s’appuie sur une interprétation sans faille. Bogart est escellent, quoique sans surprise, mais ce qui frappe c’est la collection de gueules étranges qui soutiennent le film. Faire de Zero Mostel un tueur psychopathe, c’est tout à fait osé, Ted De Corsia lui était habitué de longue date à des rôles de petites crapules. On retrouve aussi Everet Sloane dans le rôle du mystérieux Mendoza.

    L’attention qui est donnée à des petites gens est aussi caractéristique de cette manière que le film noir avait de plonger dans la vie quoticdienne : c’est une marchande de cigarettes, un coiffeur, une petite employée de bureau.

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    Quelques scènes singulières ressortent de ce film : la mort de Rico, et bien sûr la scène finale quand Ferguson cherche à sauver le dernier témoin qui peu lui servir, on y voit alors la jeune femme passer derrière le tueur, chacun cherchant l'autre.

     

     

     

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