• La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973

     La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973

    Umberto Lenzi a travaillé énormément dans le cinéma de genre, selon les modes : le peplum, puis le giallo et enfin le poliziottesco qui donna naissance à des œuvres très intéressantes dans le début des années soixante-dix. Ce genre qui se trouve aux confins du film noir et du cinéma d’action a donné de véritables chefs-d’œuvre. Ce sont des films à petit budget, souvent tournés dans les décors naturels, très violents par nature, avec un ancrage social marqué mais sans ostentation. Lenzi est assurément un des maîtres de ce sous-genre qui en France a été un peu méprisé, on regardait trop souvent le cinéma italien soit à travers les comédies à l’italienne, ou les westerns spaghetti. C’est un cinéma sans prétention, et il est toujours bon d’en revoir un de temps à autre. Milano rovente n’est pas le meilleur de l’œuvre de Lenzi, mais plusieurs aspects valent cependant le détour, notamment son réalisme cru. 

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973 

    Milan est le terrain de chasse des prostituées de Cangemi 

    Salvatore Cangemi est un sicilien qui se trouve à la tête d’un vaste réseau de prostitution à Milan. Mais une de ses putes va être assassinée. C’est en réalité un message du Français, Roger Daverty, qui veut que Cangemi vende la drogue qu’il importe depuis le Liban à travers son réseau. Cangemi se fait tirer l’oreille, et les coups bas entre son équipe et le Français se font de plus en plus fréquents, à la traque des prostituées qui sont le gagne-pain de Cangemi succède les rétorsions contre le Français. La police est aussi dans le coup et voudrait bien coincer Cangemi. Après plusieurs passes d’arme, Cangemi va engager Billy Barone, un sicilien qui a fait ses classes aux Etats-Unis. La lutte des gangs reprend de plus belle, mais entre-temps Cangemi est tombé amoureux de la belle Jasmine. Finalement sous l’impulsion de Barone, Cangemi et Daverty vont signer une sorte de compromis. Le premier accepte de distribuer l’héroïne du second, pour un pourcentage cependant plus élevé. Mais ce répit sera de courte durée. En effet Jasmine est une taupe du Français et contribue à la ruine matérielle de Cangine. En outre celui-ci se fait piéger par la police pour de la drogue qu’on a cachée chez lui. Obligé de se mettre en fuite, il va essayer de se venger du Français. Mais c’est trop tard, celui-ci est mort, tué par Barone qui en fait n’avait qu’un but : prendre la place de Cangine, celui-ci aura été trahi par tout le monde et aussi par son cousin. 

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973 

    Une nouvelle recrue pour le réseau de Cangemi débarque de Sicile 

    Le scénario est très touffu comme on le voit, mais surtout il donne lieu à des scènes répétitives dans les actions punitives des gangs qui s’affrontent. Et l’argument ne progresse pas vraiment. Le début est excellent et soigné, d’abord avec ces putes qui travaillent dans des endroits un peu désolés et à l’écart de Milan, ensuite avec la poursuite dans le métro quand Cangemi et Lino sauve de la mort une prostituée qui travaillait avec les Français. On remarque que les gangsters sont soit des Français – Daverty est Corse ! – soit des Siciliens, donc aussi quelque part des étrangers, quoique le film donne des excuses aux Siciliens puisqu’ils sont présentés comme fuyant la misère de l’île. Les vrais Milanais ne semble pas concerné par le crime organisé. Les belles séquences, comme les pertes de Cangemi sur le tapis vert, alternent avec du nettement moins bon, la torture de Lino est longue et tape à l’œil. Le personnage du commissaire de police sensé traquer Cangemi n’est pas très développé. Le meilleur se trouve le plus souvent dans l’usage des décors réels de Milan, filmés en cinémascope, une vie froide et dure pour ceux qui ne savent pas se défendre. Le personnage de Barone est un peu caricatural tout de même. 

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973 

    Nino est convoqué à un repas dont il ne ressortira pas vivant 

    Le principal problème semble résider dans la distribution. En effet Antonio Sabato est particulièrement mauvais dans le rôle, il en fait des tonnes, grimace à contre-temps. Marisa Mell est insignifiante, pourtant son rôle était intéressant puisqu’elle piège Cangemi. Seul Philippe Leroy qui a toujours été en France un acteur sous-estimé, tire son épingle du jeu. Les seconds rôles sont sans doute plus intéressants, représentant des figures ordinaires de la pègre milanaise, ou des putes sans charisme et sans beauté. Umberto Lenzi attribuait l’échec public de ce film au fait que le héros, Cangemi, ne peut pas être sympathique, un proxénète ne pouvant servir de modèle pour l’identification d’un public populaire. 

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973 

    Lino se fait électrocuter les couilles par les hommes du Français

     Au passage on reconnaitra déjà l’influence du Parrain de Coppola, la violence crue des assassinats, le banquet qui tourne au drame, mais aussi la manière dont Cangemi va tomber amoureux d’une fille qu’il croit différente de celles de son milieu, et aussi cette façon de protéger Virginia en éliminant le sinistre Nino. Il faut bien donner un peu d'humanité à Cangemi, et c'est pourquoi il va voir fréquemment sa mère qui s'ennuie dans une maison de retraite. Le décès de celle-ci est d'ailleurs le début de la fin de sa carrière criminelle.

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973 

    Cangemi perd des millions de lires sur le tapis vert 

    Ce n’est donc pas un grand film de Lenzi, néanmoins il recèle quelques scènes très intéressantes, plutôt dans la première partie d’ailleurs. Mais dès lors que le film s’éloigne de son décor urbain, il devient bavard et par moments ennuyeux. On peut le voir pour ce côté un peu prolétaire et crasseux comme l’histoire d’un homme qui tente d’échapper à sa condition sans jamais y parvenir.

    La guerre des gangs, Milano Rovente, Umberto Lenzi, 1973  

    La fin de Cangemi est amère

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