• La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976

    Il y a tout un sous-genre du film noir qui traite des dangers et de l’angoisse de l’autostop. Le modèle du genre est le film d’Ida Lupino, Hitch-Hicker, en 1953. Mais The hitcher, de Robert Harmon avec Rutger Hauer qui date de 1986 était aussi très réussi. Pour peu que le film ne sombre pas dans le délire gore, le thème offre un canevas pour des bons films. Cela provient du face à face entre des gens plus ou moins ordinaires et en général un personnage un peu dégénéré, ce qui rend les choses difficilement arrangeables. Le psychopathe croisé sur la route est aussi très souvent le révélateur de la solidité d’un couple plus ou moins dans l’expectative.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    Walter s’ennuie au milieu de gens ordinaires qui pratiquent le camping 

    La proie de l’autostop manipule l’ensemble de ces ingrédients d’une manière plutôt originale. Un couple d’Italiens, lui est reporter, elle est la fille du patron du journal, se balade aux Etats-Unis à la recherche de sujets de reportage, mais surtout d’une raison qui va les faire continuer. Ils vont croiser la route d’un assassin, Konitz, qui est aussi membre d’une bande qui a réussi un braquage de 2 millions de dollars. Ils le prennent en stop, et rapidement ils vont tomber sous sa coupe. Konitz qui descend tous les flics qui l’approchent, a aussi des visées sur la belle Eve, ce qui accroit l’angoisse de Walter qui ne sait trop comment faire pour s’en sortir sans perdre son honneur. Bientôt le trio va être rattrapé par les complices de Konitz qui veulent évidemment récupéré le pognon du hold-up. De massacre en massacre, on s’achemine tranquillement vers la fin quand le couple formé par Walter et Eve tombe sur une bande d’abrutis, mi-délinquants, mi-adolescents en colère, qui vont provoquer un terrible accident dans lequel Eve laissera sa peau.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    Walter et Eve ont eu le tort de prendre Konitz en stop 

    Film à petit budget, sensé se passer aux Etats-Unis, on voit assez facilement que les routes et les décors n’ont rien à voir avec l’Amérique. Si l’action est pourtant située dans ce pays c’est parce qu’il attire le spectateur par sa violence et ses mœurs débridés. Il vise d’abord un public populaire qui ne s’embarrasse pas de finasseries. Mais malgré cela il réussit à passer quelques idées intéressantes un peu en fraude. Il va y avoir une approche un peu renouvelée d’un sujet rebattu. En règle générale les films avec auto-stoppeur font de l’affrontement avec le héros le centre du sujet. Ici ce n’est pas le cas, le scénario tourne autour de l’affrontement entre Walter et Eve, le psychopathe Konitz n’est que le révélateur d’un couple à la dérive. Dès les débuts d’ailleurs on nous présente un Walter un peu louche, buvant, ne pensant qu’à baiser sa femme, et celle-ci qui semble se délecter du peu de délicatesse de son mari.

    C’est donc une vérité un peu crue qui va dominer le film. Deux des tueurs sont homosexuels et présentés comme des fous furieux ayant abandonné toute espèce de morale pour vivre des passions louches. Konitz parle gras, viole Eve après l’avoir tripotée sous les yeux ahuris de son mari qui ne sait pas comment réagir. L’ensemble du film se situe au-delà des questions de morale. Aucun des personnages ne présente une once de bonté et de compassion pour les autres. C’est le cas de Konitz, mais aussi des jeunes motards que le couple rencontre, et bien sûr aussi de Walter. Le film est bien sûr fait pour choquer en proposant des scènes de violence et de sexe plutôt osées pour l’époque. La fin surprendra en évitant les sempiternelles réconciliations entre des époux ennemis qui finalement ont compris les leçons du drame qu’ils vivent.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    Sous la menace de son arme Konitz veut violer Eve 

    Si le manque de moyens peut rebuter certains spectateurs, par contre l’interprétation est tout à fait à la hauteur du projet. Il y a d’abord Franco Nero, le grand acteur italien du cinéma populaire des années soixante-dix, dans le rôle de Walter. Par-delà son physique de play-boy aux yeux clairs, il montre toute l’étendue de son talent en alternant toute une gamme de sentiments qui vont de la colère à l’ironie morbide en passant par la peur. Il n’a pas le beau rôle. Eve est interprétée par Corinne Cléry, une actrice française complètement oubliée aujourd’hui, et qui était partie faire une carrière dans le cinéma populaire italien comme de nombreux autres acteurs français, comme Luc Merenda, Jacques Sernas ou Jean Sorel. Elle est très bien et n’hésite pas à nous dévoiler tous ses charmes, ce qui fut finalement une de ses spécialités à l’écran. Mais elle n’a pas qu’un corps parfait, elle joue très bien. Elle n’aura guère accès à des films de première catégorie, un petit rôle dans Moonraker. Elle jouera plutôt dans des films où sa sexualité débordante fera merveille. Le tueur psychopathe est David Hess. Un acteur américain de second rang – les Italiens musclaient à cet époque leur casting en y ajoutant toujours au moins un acteur américain – qui s’était fait une spécialité dans les années soixante-dix des rôles de violeur et de tueur fou. On peut lui reprocher une approche un peu caricaturale de son rôle. Mais comme avant tout il agit ça n’a guère d’importance.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    Eve a de la ressource même dans le plus simple appareil 

    Pasquale Festa Campanile n’a jamais été un grand réalisateur. S’il a travaillé en tant que scénariste avec des grands réalisateurs comme Bolognini ou Elio Petri, il a plutôt œuvré en tant que réalisateur dans le cinéma populaire sans trop de prétention. Si le film réussit à surprendre par la mise en scène de l’affrontement entre Walter et Eve, il comporte tout de même un certain nombre de défauts. Les routes qui ont été manifestement filmées en Italie, sont très étroites et empoussiérées et ne correspondent pas aux nécessités américaines de traverser rapidement des grands espaces désertiques. De même les jeunes motards chevauchent des espèces de mobylettes ridicules ce qui leur enlève beaucoup de crédibilité.

    L’ensemble du film manque aussi un peu de rythme, le camion poursuivant la voiture et sa caravane, est très longue, d’autant qu’on a vite compris qui conduisait ce camion sinistre. Mais c’est compensé par la violence de l’action, comme par exemple quand Eve sort de sa caravane, nue, le fusil à la main, déterminée à faire le ménage.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    Des jeunes motards bien peu innocents vont provoquer un accident 

    L’ensemble est intéressant, débordant d’ironie, sans trop se prendre au sérieux aussi. S’il n’est pas à proprement parler un polizieschi des années 70, il participe néanmoins à ce renouveau du film noir dans la péninsule, et il vaut le détour.

     La proie de l’autostop, Autostop rosso sangue, Pasquale Festa Campanile, 1976 

    La voiture et sa caravane plongent dans le vide

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  • Commentaires

    1
    pascal
    Vendredi 26 Juin 2015 à 10:31

    pas terrible cette critique, avec de nombreuses approximations :

     

    "Les routes qui ont été manifestement filmées en Italie, sont très étroites et empoussiérées et ne correspondent pas aux nécessités américaines de traverser rapidement des grands espaces désertiques." Vous pensez vraiment que les routes de montagne sont toutes des 4 voies aux USA ??? Il existe pourtant des films américain dans ce type de décort.

     

    "Pasquale Festa Campanile n’a jamais été un grand réalisateur" Affirmation gratuite, personnellement je met "ma femme est un violon" parmis mes films préférés.

     

    "les jeunes motards chevauchent des espèces de mobylettes ridicules ce qui leur enlève beaucoup de crédibilité." Regardez un catalogue Harley de l'époque, il proposait ce genre de moto, des 125 cm3

     

    bref, un conseil, renseignez-vous un peut avant de faire vos critiques de film ..... L'image que vous-vous faites des USA  n'est pas forcément celle que l'on va vous montrer dans les films. et c'est tant mieux !

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