• Le gang Anderson, Anderson Tapes, Sidney Lumet, 1971

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    Sidney Lumet a beaucoup œuvré dans le genre noir. Inlassable conteur de la mafia newyorkaise, il est souvent considéré à tort comme un bon réalisateur commercial. Il a connu des succès divers et variés, mais surtout il renouvela le genre au début des années soixante-dix, épousant parfaitement les contours de la contestation de l’époque. Son côté anarchiste fit qu’il s’attendit très bien avec Sean Connery, star à la recherche d’alternatives à son personnage de James Bond qui l’avait propulsé sur le devant de la scène. C’est avec cet acteur que Lumet tournera le plus. La carrière de Lumet est assez inégale, il y mêle des adaptations ronronnantes d’Agatha Christie à des films semi-documentaires comme Serpico ou Le prince de New York. Anderson Tapes est parmi les très bons Lumet. Le support est ici un roman de Lawrence Sanders, un bon auteur de romans noirs, assez méconnu en France.

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    Anderson est un gangster aigri par dix longues années de prison

    Anderson vient de faire dix longues années de prison, aigri, revanchard vis-à-vis de cette société qui l’a privé de liberté pendant autant de temps, il va monter un casse qu’il voudrait bien être le dernier, le pillage d’un immeuble de luxe. Pour cela il va s’acoquiner avec un homme de la mafia, il va choisir les hommes qui vont l’accompagner dans cette aventure. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’ils sont tous observés, traqués, espionnés pour des raisons diverses et variées. Le casse ne pouvait donc qu’échouer et échouera. Anderson perdra tout dans l’affrontement inégal avec les forces de l’argent et l’ordre social : sa maîtresse, ses illusions et la vie même.

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    Avec le Kid et le Grand-Père, Anderson goûte les joies de sa libération

    Le film va donc se lire à plusieurs niveaux : celui du casse et de sa préparation. C’est plutôt bien fait, mais ce n’est guère original et ne suffirait pas à retenir l’attention. Ensuite celui d’une société de surveillance tout azimut  qui si à l’époque n’existait pas encore complètement, en tous les cas s’est accompli aujourd’hui. Cet aspect à la fois bureaucratique et envahissant, indifférent et insidieux, est probablement le plus intéressant du film, et ce d’autant plus que ce n’est pas cette surveillance omniprésente qui fait échouer le casse, mais l’intervention d’un enfant handicapé qui ne trouve rien de mieux pour se distraire que de balancer les voleurs qui l’ont dérangé dans son ennui.

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    Les retrouvailles avec Ingrid sont torrides

    C’est un film haut de gamme, avec une distribution riche et complexe. Sean Connery dans le rôle d’Anderson qui ne cherche plus à masquer sa calvitie, porte le film sur ses épaules, et interprète un rôle de loser comme on les aimait à cette époque, à l’opposé de James Bond. Dyan Cannon dans le rôle d’Ingrid est parfaite en pute de luxe partagée entre son goût de l’argent et celui de son amant. On croise encore Martin Balsam dans le rôle d’un antiquaire homosexuel, évidemment ! On trouverait aujourd’hui que son portrait est un peu caricatural, il est autant peureux que parfumé ! Ce film marque les vrais débuts de Christopher Walken dans le rôle un rien ambigu du Kid.

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    Anderson est sur écoute

    Mais la grande maitrise de Lumet ne se trouve pas dans la direction d’acteurs, elle est plutôt dans cette façon particulière de fragmenter le récit et de mélanger les points de vue pour en faire ressortir les oppositions et les contradictions. Elle se trouve encore dans la façon de filmer la ville de New York, ses avenues, ses recoins, ses quartiers atypiques et ses dangers.

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    C’est la mafia qui financera le casse

    La morale de l’histoire est que notre gang Anderson pour lequel on a pris fait et cause tout au long du film est un ramassis d’amateurs. Ils n’ont pas compris que la modernité c’était d’abord cette capacité de la société ou de la mafia de se regrouper et de faire front avec la puissance du nombre ou celle de l’argent. Ce ne peut donc être qu’un film rempli d’amertume et de rancœur, malgré sa philosophie anarchiste qui met l'accent sur la liberté individuelle.

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    Anderson doit se séparer d’Ingrid

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    Le casse est parfaitement planifié et exécuté

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     Sidney Lumet et Sean Connery sur le tournage d’Anderson tapes

     

     

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