• Le jeu de la vérité, Robert Hossein, 1961

     le-jeu-de-la-verite-1.png

    J’ai souvent salué ici les talents de metteur en scène de cinéma de Robert Hossein, talents auxquels les critiques, ni même Robert Hossein ne semblent croire. Il a tenu un rôle important dans le renouveau du film noir français, notamment avec des films comme Toi le venin ou La mort d’un tueur.

    Le jeu de la vérité est un simple divertissement policier. Plutôt une pièce de théâtre filmée. Le principe est de construire une continuité où les rebondissements doivent tenir le spectateur en haleine jusqu’à la fin, sans que ça paraisse artificiel.

     le-jeu-de-la-verite-2.png

    Le jeu de la vérité est redoutable 

    Un écrivain célèbre réunit chez lui une dizaine de convives tous issus de la bourgeoisie. Désœuvrés, ils vont jouer au jeu de la vérité qui consiste à se dire le maximum de méchancetés d’une voix polie et feutrée, mais avec la volonté de blesser. Cette première approche évidemment identifie la haute bourgeoisie avec cette forme de dégénérescence. Les secrets et les mœurs sont étalés devant tout le monde et donnent l’image d’une décadence avancée. Jusqu’au moment où l’arrivée de Portrant semble interrompre ce petit jeu malsain. C’est le plus redoutable de tous. Il leur promet d’ailleurs des révélations saignantes en leur montrant une enveloppe qui est sensée contenir de lourds secrets. Mais il y a l’orage et tandis que les lumières s’éteignent, Portrant est assassiné d’une balle derrière la tête. Il faut appeler la police, et tandis qu’ils attendent son arrivée, le déballage continu. Entre haine et nécessité, ils essaient de trouver une conduite adéquate. D’accord sur rien, ils sont surpris par un inspecteur qui commence par examiner le cadavre, les fouille, les suspectes et les maltraite. Ils les domptent les uns après les autres, jusqu’au moment où ses manières louches amènent les suspects à lui sauter dessus, à le tabasser. Le faux inspecteur va révéler qu’il a été payé pour commettre le meurtre. Reste évidemment à savoir par qui. Entre temps, Guy l’a tué. De nouveaux rebondissements interviennent quand la fameuse enveloppe est découverte dans le sac de Françoise. La vérité va bien finir par apparaître, même si elle est décevante elle reste assez cohérente.

     le-jeu-de-la-verite-3.png

    Portrant est venue avec une jeune asiatique 

    C’est un film choral où si chacun a son caractère, c’est l’ensemble du groupe qui est en question. Les hommes sont en smoking, les femmes en robe du soir. C’est une atmosphère de luxe et de turpitudes, où la vivacité des réparties tient lieu d’intelligence. Le décor est unique, un grand salon, dans une demeure luxueuse.

    le-jeu-de-la-verite-4.png 

    Cynique, il met en pièce un peu tout le monde 

    La réussite d’un tel projet repose pour une grande partie sur la distribution. Celle-ci est prestigieuse, Paul Meurisse, Jean-Louis Trintignant, Jean Servais, Nadia Gray, etc. Les acteurs sont bons, et au moins ils nous évitent de trop cabotiner.  Aucun ne domine vraiment. Peut-être donnera-t-on une préférence à Jean-Louis Trintignant qui a le personnage le plus complexe à porter. Il est en effet le gigolo de sa grande sœur, hésitant à tomber vraiment amoureux de Françoise qui pourtant lui tend les bras. Si l’ensemble du groupe représente un monde cynique et corrompu, tous les protagonistes ne sont pas complètement mauvais, et dans l’épreuve, on en trouvera quelques-uns qui sont capables de générosité. C’est en effet un film sur la cupidité, ces nécessités bourgeoises de trouver en permanence de l’argent pour essayer de garder son rang.

     le-jeu-de-la-verite-5.png

    L’inspecteur va employer des méthodes inhabituelles 

    Filmé en écran large, Robert Hossein contourne l’obstacle d’une approche statique et théâtrale en multipliant les mouvements de caméra, de façon à donner de la profondeur de champ, même dans un espace finalement assez réduit. Le montage est resserré et l’intrigue ne traîne pas. Le film dure à peine une heure et vingt minutes. C’est filmé proprement, avec une photo de qualité qui s’attarde sur les visages et les émotions. On retiendra quelques scènes intéressantes d’un point de vue purement filmique, les fouilles des invités par exemple, ou encore la façon dont Portrant donne à manger à la jeune asiatique.

     le-jeu-de-la-verite-6.png

    Il va jusqu’à menacer les invités 

    Cela reste cependant une fantaisie policière dans la tradition française. Certes on ne s’ennuie pas, mais cela ne nous laisse pas un souvenir impérissable. Il semble que cela donna lieu en 1994 à une pièce de théâtre, La nuit du crime, mise en scène par Robert Hossein, mais je n’en suis pas sûr. Si quelqu’un pouvait me donner des informations sur cette pièce j’en serais ravi.

     le-jeu-de-la-verite-7.png

    Françoise à peur

    le-jeu-de-la-verite-8.png

    Guy a une attitude à la fois provocante et louche

      le-jeu-de-la-verite-9.png

    L’inspecteur reçoit une raclée

    « La femme en cage, Lady in a cage, Walter Grauman, 1964La nuit du lendemain, The night of the following day, Hubert Cornfield, 1968 »
    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :