• Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952.

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952.

    Sur le bateau qui relie Hong Kong et Macao, trois Américains font connaissance. Ma première est Julie Benson, un peu chanteuse, un peu aventurière, un peu voleuse. Le second est Laurence C. Trumble, un représentant en tout genre, et le troisième est un aventurier, Nick Cochran qui se fait voler le portefeuille par Julie Benson. Le lieutenant de police Sebastian qui travaille aussi pour le gangster Halloran, croit reconnaitre un policier new-yorkais dans la personne de Cochran qui viendrait enquêter sur les malversations d’Halloran qui en dehors de tenir une maison de jeu, trafique les diamants et tue un petit peu ceux qui le gênent. Halloran qui se méfie de tout le monde va engager Julie pour qu’elle chante dans son cabaret. En vérité Trumble est un agent américain qui veut piéger Halloran. Celui-ci va tomber amoureux de Julie, comme Cochran d’ailleurs, et sa maîtresse, la belle Margie va être très jalouse. L’enjeu est de faire sortir Halloran de Macao où la police le protège de façon à l’arrêter pour ses crimes. Trumble monte un piège en se servant de Cochran, mais Halloran qui croit que Cochran est un policier l’emprisonne.  Cochran va s’évader avec la complicité de Margie, et tout rentrera dans l’ordre, bien que dans l’affaire Trumble ait perdu la vie.

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952. 

    Julie Benson fait connaissance avec Trumble qui lui offre des bas-nylon. 

    Le scénario est assez mauvais, paresseux disons. Les rebondissements sont tellement téléphonés qu’on s’impatiente un peu. Le film a été monté par Howard Hugues, et il semble bien que personne ne voulait le faire. Sternberg n’aimait ni les acteurs qu’on lui imposait, pas plus que l’histoire. Le film est donc parti avec des handicaps certains. Les choses tournèrent tellement mal que l’irascible Howard Hugues vira Sternberg pour le remplacer par Nicholas Ray ! Ce dernier était alors en plein divorce avec la flamboyante Gloria Grahame qui jouait dans le film. Ce qui est sans doute le plus surprenant est qu’il ne se passe rien ou pas grand-chose dans ce film, il faut attendre le dernier tiers pour que cela s’anime un brin. Et encore ! Le film aligne les poncifs sur les aventuriers, les femmes fatales, les Chinois fourbes  qui jouent du couteau. Sans doute l’idée était de vendre un peu d’exotisme. La RKO multipliait aussi à cette époque les films tournés au Mexique qui finissaient toujours par démontrer la supériorité des Américains sur les peuples un peu arriérés ! Sternberg après tout avait tourné le très réussi Shangaï gesture !

    Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952.  

    Halloran trafique les diamants 

    L’ensemble est mollasson, sans rythme. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques séquences intéressantes. La scène d’ouverture où l’on voit tout de suite que Halloran est mauvais puisqu’il poursuit le malheureux agent américain avec ses hommes de main chinois est très bonne. Filmée dans les tons du film noir, le poursuivi et le poursuivant se déplacent à toute allure entre les obstacles divers et variés qui se trouvent sur les quais de ce qui est sensé figurer le port. On verra tour à tour Cochran gagner et perdre une forte somme au jeu de dés. La scène est excellemment filmée aussi. Mais tout cela ne suffit pas pour élever le niveau du film au-dessus du film policier banalisé. Je passe bien évidemment sur les scènes où Jane Russell pousse la romance, cela alourdit encore un peu plus le film. L’ensemble est assez bavard, et si l’intrigue policière est invraisemblable, les romances qui l’accompagnent le sont tout autant. Julie est tour à tour une aventurière qui ne craint rien ni personne, puis une midinette sans consistance. Il y a bien sûr des transparences assez nombreuses, mais aussi l’utilisation d’images quasi-documentaires qui rendent un cachet d’époque.

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952. 

    Margie est la maitresse jalouse de Halloran 

    L’interprétation est prestigieuse. Robert Mitchum encore très jeune incarne l’aventurier Cochran, héros au grand cœur, il fuit un crime qu’il n’a pas vraiment commis et rêve de s’établir quelque part, et de peut-être fonder une famille. Il est un peu absent, pas très concerné, et pour tout dire, il déçoit ses admirateurs. On l’attendait un peu plus viril et fonceur, il reste  là à se poser des questions, attendant que ce soit Jane Russell qui lui dise quoi faire. Jane Russell est bien sûr Julie, la pétulante Julie. C’est sans doute celle qui se donne le plus de mal, après tout Howard Hugues l’adorait et en avait fait une vedette de premier plan. William Bendix incarne le policier américain qui traque Halloran. Il a une extraordinaire présence, mais il reste en dessous de ses prestations habituelles, sans doute parce que le scénario ne lui a pas donné un personnage avec un peu d’épaisseur. Et puis il y a Gloria Grahame dans le rôle de Margie. C’est sans doute une des actrices les plus étonnantes du film noir. Même si son rôle est assez mince, elle illumine le film par sa seule présence et son ironie. Brad Dexter interprète la crapule Halloran, très bien, sans problème, égal à lui-même.

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952. 

    Cochran va tomber sous le charme de Julie 

    Si on ne peut que constater l’échec d’un projet monté de bric et de broc, il y a tout de même un certain charme à cette production qui hésite en permanence entre film noir, film policier et comédie. Il est difficile de dire avec certitude quelle est la part qui revient à Sternberg et celle qui revient à Nicholas Ray. Les jeux d’ombres semblent plutôt être dus au premier, tandis que les scènes d’action semblent ressortir plus du talent du second. Je pense également que la confrontation entre Mitchum et Gloria Grahame lorsque celle-ci est affalée dans un canapé est plutôt de Ray. La lumière n’est pas utilisée de la même façon. On notera que le directeur artistique est Albert S. D’Agostino qui a beaucoup œuvré dans le film noir au point d’imposer un certain design.

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952. 

    Les sbires chinois menacent Cochran 

    En tous les cas, même dans un mauvais film, c’est toujours un plaisir que de retrouver ces vedettes du vieil Hollywood, même s’il faut bien reconnaître que la vision de ce film n’apporte pas grand-chose à leur renommée ni à celle des réalisateurs. 

    Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952.

    Cochran est emprisonné

     Le paradis des mauvais garçons, Macao, Josef Von Sternberg, 1952. 

    Jalouse de Julie, Margie va aider Cochran à s’évader

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