• Le temps des loups, Sergio Gobbi, 1969

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    Pour ceux qui pensent que le film noir à la française n’a jamais existé, ce film démentira cette idée trop convenue. Et à une époque où il est de bon ton de trouver du vertu au cinéma de Georges Lautner, on peut finalement trouver quelques qualités à certains films de Sergio Gobbi.

    Robert est un bandit qui rêve d’égaler les exploits de John Dillinger. Il monte des coups très audacieux avec une bande qui lui est particulièrement dévouée. Après avoir cambriolé une bijouterie, ils doivent affronter une autre bande de malfrats qui prétend les arnaquer. La bataille est sanglante et laisse plusieurs bandits sur le carreau. Pendant ce temps, le commissaire Kramer qui a été à l’école avec Robert, est chargé de le capturer. Mais Robert le nargue.

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    Robert et ses amis doivent échanger les diamants contre de l’argent 

    Toute la bande décide de partir se payer du bon temps sur la Côte d’Azur. Et c’est en allant flamber au casino – Robert aime la roulette mais aussi le chemin de fer – qu’il va rencontrer Stella. Une fille à voyou qui aime être éblouie par des hommes audacieux. Pendant ce temps Kramer fait chanter un patron de cabaret pour lui soutirer des renseignements et arriver à localiser Robert. Il va débarquer à Nice.

    Mais la passion ne suffit pas à nourrir son homme, et Robert décide de faire un dernier hold-up, piller le convoi qui ramène l’argent des autoroutes à péage. Mais le hold-up ne se passe pas tout à fait comme prévu, la moitié de la bande est tuée. Robert, Stella et Albert se réfugient dans une auberge où ils prennent les aubergistes en otage. Mais la patronne arrive à prévenir la police. Il est trop tard, ils n’ont plus le temps de s’échapper, une fusillade éclate, Albert et Stella sont tués, Robert est arrêté.

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    Robert prend du plaisir à narguer Kramer

     

    Kramer va essayer d’interroger Robert, mais celui-ci est désemparé par la mort de Stella. Il ne dira rien. Mais après une audition devant le juge d’instruction, Robert s’évade du palais de justice en se déguisant en avocat. Il erre dans Paris à la recherche d’aide pour fuir. En allant voir un ami qui tient un cabaret – le même qui l’a balancé d’ailleurs auprès de Kramer, il va tomber sur Geneviève. Elle lui dit toute son admiration et se propose de l’aider. Mais c’est cela même qui va causer sa perte, car sans le savoir elle ramène avec elle la police et Kramer qui finira par tuer Robert.

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    C’est en allant flamber au casino que Robert va tomber amoureux de la belle Stella

    C’est un bon scénario, il y a du mouvement, de l’action – deux hold-up, un règlement de compte – et toute une galerie de personnages plus vrais que nature. Mais surtout il y a une vérité des situations et des caractères. Stella, Geneviève, sont des filles à voyous, qui se moquent des risques, tant elles sont attirés par des hommes différents et rebelles. Les voyous produisent eux-mêmes leur propre récit : Marco est le compagnon de Robert dont il retranscrit fidèlement les aventures, pensant qu’un jour on le lira. Les voyous flambent leur fric au casino et sont mis en mouvement par ce flot d’adrénaline qui les poussent à se dépasser dans des aventures risquées. Ce ne sont pas des sortes de petits entrepreneurs comme ceux qu'on avait l'habitude de voir avec Jean Gabin. Le portrait de Kramer en tant que flic nostalgique de son amitié avec Robert est nettement moins intéressant, il est larmoyant et assez faux.

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    Stella est une fille  à voyou, elle aime le risque et le jeu 

    Je suppose que ce film a eu un budget confortable car le casting est plutôt relevé. C’est évidemment Robert Hossein qui porte le film sur ses épaules. Et effectivement il a tout à fait l’allure d’un voyou du midi de la France, il en a aussi la démarche et les gestes. Il est très bien. C‘est grâce à lui surtout que le film eut un bon succès. Charles Aznavour est Kramer, mais il n’est qu’un second rôle, une sorte de faire valoir. Virna Lisi – coproduction franco-italienne oblige – est Stella. Si elle a tout à fait la silhouette de son personnage, elle n’est pas aussi éclairante que dans ses autres films. Dans des seconds rôles son reconnaîtra Madeleine Sologne qui joue la mère de Robert. Marcel Bozzufi est Marco, et Felix Marten celui qui trahira Robert. Une mention spéciale doit être décernée  à l’étonnant Albert Minski.

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    Kramer fait chanter un patron de cabaret pour obtenir des renseignements sur Robert 

    Tout est donc en place pour faire un bon film noir. Et d’ailleurs Sergio Gobbi qui est aussi le scénariste, a plein d’idées, comme par exemple l’évasion de Robert qui saute par la fenêtre du tribunal où on l’interroge. Cela ressemble à l’évasion de Spaggiari, sauf que celle-ci eut lieu sept ans plus tard ! Egalement la rencontre de Robert avec Geneviève est une scène clé du film. L’idée de faire participer Stella au dernier hold-up est aussi tout à fait bienvenue. Mais évidemment les bonnes idées ne sont pas suffisantes pour faire un bon film. Sergio Gobbi n’est pas un grand technicien – mais Lautner non plus n’est-ce pas – il peine à donner le rythme. De ce point de vue la deuxième partie, à partir du moment où tout devient de plus en plus difficile pour Robert – est plus soutenue que la première. Le règlement de compte avec la bande qui veut arnaquer Robert est filmé d’une manière peu convaincante. Les hold-up sont un peu mieux mis en scène, notamment le deuxième où Sergio Gobbi a manifestement retenu les leçons de Melville dans Le deuxième souffle.

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    Le dernier hold-up auquel participera Robert est particulièrement sanglant 

    Des scènes inutiles sont rajoutées, comme ces images du temps où Robert et Kramer jouaient ensemble dans la cour de l’école aux gendarmes et aux voleurs. Mais le plus souvent il a du mal à faire le cadre d’une manière satisfaisante. Cela manque souvent de profondeur de champ.

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    La police tuera finalement Stella 

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    Kramer a coincé Robert

     

    Bien sûr ce n’est pas un grand film, mais c’est un film qui se revoit assez volontiers, sans ennui, plus de quarante ans après. Cela aurait pu être un excellent film noir si le scénario avait été un peu plus travaillé – il y a trop de dispersion – et bien sûr un peu plus d’application sur le plan de l’écriture cinématographique. En tous les cas, Sergio Gobbi a tout fait sur ce film puisque non seulement il en a imaginé l’histoire qu’il a scénarisée avec André et Georges Tabet, il l’a réalisé, mais il l’a aussi produit.

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    Robert s’évade à la manière de Spaggiari

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    Evidemment Robert ne peut pas gagner

    « I am Spartacus, Kirk Douglas, Caprici, 2013La part des lions, Jean Larriaga, 1971 »
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  • Commentaires

    1
    Ann
    Lundi 2 Septembre 2019 à 14:25

    un excellent film noir si le scénario

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