• Louis C. Thomas, créateur de suspenses

    Louis C. Thomas, La complice, Denoël, 1966.

     

    Louis C. Thomas est assez connu pour avoir produits quelques ouvrages noirs de bonne qualité. Maladie de la persécution a été porté à l’écran avec Alain Delon en 1967 sous le titre de Diaboliquement votre. Ce fut le dernier film de Julien Duvivier.

    Prix du quai des Orfèvres en 1957, il est connu comme le romancier de la machination. On pourrait le ranger de ce point de vue dans la même catégorie que Boileau-Narcejac.

    Louis C. Thomas s’appelait en réalité Thomas Cervoni et il signa Le jour des morts du pseudonyme Thomas Cervion au Fleuve noir. Claude Le Nocher a signé un bel hommage sur son blog qui présente bien les grandes qualités de cet auteur (http://action-suspense.over-blog.com/article-louis-c-thomas-un-hommage-quatre-romans-42285301.html).

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    Louis C. Thomas était de la même génération que Frédéric Dard, mais très vite, en 1947, il devint accidentellement aveugle. Il a écrit une trentaine de romans, et travailla longtemps pour la radio à l’écriture de petites pièces radiophoniques. Ses meilleurs ouvrages semblent avoir été publiés par Denoël dans l’élégante collection « Crime club »[1].

    La complice est un très bon Louis C. Thomas. Pour hériter et vendre ses propres biens, un écrivain un peu raté doit être d’abord veuf. Il va donc concocter une machination destinée à la faire disparaître. Il se débrouille pour avoir un solide alibi avec justement sa complice. Au moment du décès de sa femme, il est déjà en train de prendre l’apéritif chez ses amis, Robert et Lucette.

    Tout se passerait très bien si d’une part Lucette n’était pas amoureuse de lui, et si d’autre part un jeune officier de police aussi idiot qu’obstiné ne se prenait pas pour Sherlock Holmes. Les rebondissements sont bien amenés et le suspense se maintient jusqu’à la dernière page, voire la dernière ligne.

    L’écriture est réjouissante, il y a une ironie mordante dans la description de ces caractères. Si Philippe cultive un faux nihilisme prétentieux, sa complice crève de jalousie et manque de faire capoter la lourde machination. Coincé entre elle et Lucette, il perd pied et commence à commettre de graves imprudences.

     

    Louis C. Thomas, Les mauvaises fréquentations, Denoël, 1964.

     

    Moins percutant que le précédent, il est tout de même de très bonne qualité et vaut le détour. C’est l’histoire d’un jeune lycéen, Michel Montreux, qui va se trouver embarqué dans une affaire qui le dépasse.  

     Michel est amoureux de Nicole, mais celle-ci n’a d’yeux que pour Maxime qui joue les affranchis. Le trio va mettre au point une « blague », sous la forme d’un chantage à l’encontre d’un vieil antiquaire. L’affaire tournera mal car l’antiquaire va mourir. Maxime aussi mourra. Dès lors la police va se retrouver sur les talons de Michel et Nicole. Ces événements dramatiques vont rapprocher les deux adolescents.

    Publié au début des années soixante, le roman s’inscrit dans cette veine qui met la jeunesse et son ennui au premier rang depuis au moins le film de Marcel Carné, Les tricheurs. Ces adolescents sont pauvres et révoltés. On rapprochera ce roman de celui que Frédéric Dard produisit en 1960, Les mariolles. Les rapports entre les adultes et les lycéens sont les mêmes, et derrière leurs fanfaronnades, les jeunes gens sont désemparés.

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    C’est un bon roman, même si Louis C. Thomas cède parfois à la facilité. Le roman se passe à Marseille, mais parfois la topographie des lieux dérape et ne correspond plus à ce qu’était la ville à cette époque. De même le livre est écrit sous la forme d’une confession, ce qui donne un dénouement un peu artificiel.



    [1] Outre le graphisme des couvertures, on se souvient de la couleur jaune du papier. C’est dans cette collection aussi que Sébastien Japrisot fit ses débuts avec des romans à suspense de grande qualité qui furent tous adaptés à l’écran.

    « Hommages à Frédéric Dard dit San-AntonioLes désemparés, Max Ophuls, 1949, du roman au film. »
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