• Milan Calibre 9, Milano Calibro 9, Fernando di Leo, 1972

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    C’est un polar qui tire assez sur le noir. Encore un de ces films italiens des années 70 montés avec des budgets faméliques, visant un public populaire, mais avec tout de même pas mal d’idées. Milano Calibro 9 est adapté d’un ouvrage de Giorgio Scerbanenco sorti en 1969. Bien que Scerbanenco commença à écrire et à publier dans le domaine avant la Seconde Guerre mondiale, ce n’est qu’à la fin des années soixante qu’il atteint une certaine notorieté. En France c’est d’abord en 10/18 que ses livres parurent, avant d’être repris chez Rivages. Ces romans parurent assez choquants par le réalisme des scènes de violence. Evidemment, depuis on a fait beaucoup mieux dans ce sens.

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    Milano Calibro 9 est une histoire de bandits plus ou moins mafieux, en tous les cas, bien organisés. Ugo Piazza est un truand qui vient de se faire 3 ans de prison. Tout le monde, la police comme ses anciens compères, croit qu’il a étouffé 300 000 dollars à l’Américain, le chef de la mafia locale. Il va cependant retrouvé sa petite amie Nelly qui, sans avoir été fidèle, ne l’a pas oublié. Elle est danseuse plus ou moins nue dans un cabaret. Ugo a un plan, il veut faire la lumière sur les 300 000 $ et pour cela il accepte de travailler à nouveau avec l’Américain. Il est chaperonné par Rocco qui le brutalise un peu tout de même. Il va également chercher de l’aide auprès de Chino, un truand de parole, honnête pourrait on dire qui est resté fidèle au Padrino, Don Vincenzo, qui a été en fait évincé par l’Américain. Malgré la vigilance de Piazza, de nouveaux vols sont sont commis sur de l’argent qui apparemment est transféré en douce en dehors de l’Italie pour être blanchi. Mais en réalité, Piazza a tout monté, il vise en fait à ce que Chino élimine l’Américain afin de retrouver l’argent qu’il a effectivement volé. Ila rrivera à ses fins, toutefois, tout près du but, il échouera aussi parce qu’il aura été trahi. 

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    Des convoyeurs de fonds soupçonnés d’avoir volé de l’argent sont éliminés 

    Evidemment le scénario, résumé ainsi, paraît assez banal. Et a priori on ne comprend pas très bien pourquoi Tarantino désigne Fernando di Leo comme une sorte de génie. Mais en vérité c’est qu’à partir d’un scénario assez convenu, le réalisateur arrive à donner une production originale. D’une part parce que les extérieurs milanais donne une dimension très particulière au film, mais d’autre part, parce qu’il y a dans le personnage de Piazza une sorte de désenchantement, de mélancolie très touchante.

    La surabondance des extérieurs est sans doute la contrepartie de la faiblesse du budget. Pourtant ce n’est pas le moindre des intérpets. Milan est filmée comme ce qu’elle était alors, une ville très industrielle, le labeur est présent de partout, aussi bien dans les cabarets que le long des quais. Mais c’est une ville dangereuse où les gangsters n’hésitent pas à agir à visage découvert. 

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    Ugo retrouve Nelly à sa sorti de prison 

    Les personnages sortent tout de même un peu de l’ordinaire. Piazza est une sorte de brute, un petit truand qui soudain devient gourmand. Chimo est fanatiquement fidèle à Don Vincenzo, bien que seul, il est craint par la bande de l’Américain. Celui-ci d’ailleurs n’a pas vraiment de grandeur. Certes, il est rusé, mais sa cupidité lui donne un aspect médiocre assez inattendu. Un des clous du film est l’opposition entre le flic du Nord, réactionnaire, se félicitant de la mort des truands, et le flic du Sud, le commissairre Mercuri, qui au contraire voudrait une police au service de la population et du bien public, fumant la pipe il donne à son supérieur des cours de sociologie. Le personnage de Nelly est plus banal, il reste d’ailleurs très effacé. Mais après tout ce n’est pas plus mal, elle est juste là pour mettre en morceaux les rèves d’indépendance et de richesse de Piazza. 

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    Il va chercher de l’aide auprès de Chino 

    Les acteurs sont bons, particulièrement Gastone Moschin qui trimballe sa lourde silhouette de taiseux un peu partout, comme s’il errait sans but. Au moins il a une vraie tête de bandit. On se souvient de lui notamment dans Le Parrain II où il incarne un autre parrain, Don Fanucci.

    Mario Adorf est Rocco, unn truand brutal qui ne respecte que la force brutale et quand il comprendra le dessein de Piazza il se mettra tout de suite à son service. On retrouve Philippe Leroy-Beaulieu dans le rôle de Chino, une sorte d’exalté de l’amitié et de la parole donnée. A cette époque il n’était déjà plus un acteur de premier plan, et du reste, dans le film, il n’a pas su prendre le tournant de la modernité et s’adapter aux nouvelles règles définies par l’Américain. 

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    Après un nouveau vol, l’organisation de l’Américain cherche le coupable 

    Parmi les astuces du film, il y a un décalage entre la scène du début qui détaille à travers Milan le long chemin de l’argent qui va disparaître – on visite le métro comme un lieu insolité – et ce qui va se passer quelques années après quand Piazza sort de prison. Il y a aussi de très belles scènes filmées dans la gare de Milan, avec des belles diagonales tirées sur les wagons des trains. Les scènes de cabaret sont sans doute les plus faibles du film, avec des angles de prise de vue pas possibles. On retiendra aussi cette scène au début du film quand Rocco manie le rasoir pour faire parler un pauvre vendeur de journaux qu’il soupçonne être au courant de la perte des 300 000 dollars. 

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    Le commissaire Mercuri est un policier de la nouvelle école qui considère aussi les riches comme des voleurs 

    Sans être le chef d’œuvre qu’on a pu dire – Tarantino a souvent des jugements un peu trop hâtifs – il est très bon, et en tout cas il témoigne de la vitalité des films noirs ou néo-polar à l’italienne. Plus de quarante années après sa sortie, il tient parfaitement la route et tient le spectateur en haleine jusqu’au bout. 

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    Ugo met la main à la pâte pour éliminer la concurrence 

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          Ugo va avoir une sacrée surprise quand il retourne chez Nelly

    « La traversée des livres, Jean-Jacques Pauvert, Viviane Hamy, 2004Au nom de la loi, In nome della legge, Pietro Germi, 1949 »
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