• Murder by contract, Irving Lerner, 1958

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    Irving Lerner est très peu connu, et il semble que sa carrière ait été brisée par la chasse aux sorcières. Dès lors il s’abonna aux petits films de second rang, peu de moyens, acteurs peu connus. Il travailla également avec Robert Flaherty. Murder by contract est le film le plus connu de Lerner avec City of fear.

    L’histoire est minimaliste et sa réalisation aussi. Claude rêve de s’acheter une maison dans l’Ohio, mais son travail d’employé de bureau ne lui rapporte guère d’argent, cela l’amène à louer ses services comme tueur à gages auprès d’une organisation criminelle. Il commet plusieurs meurtres et commence à accumuler de l’argent. Mais vient le moment où il doit exécuter un témoin gênant pour l’organisation, une femme qui doit témoigner contre le grand chef. Elle est très protégée et cela se révèle très difficile. Après plusieurs tentatives ratées, Claude va finir par pénétrer dans la maison de la jeune femme, mais au dernier moment, il n’arrivera pas à la tuer.

    Tourné en 1958, il se situe avant Blast of silence qui va lui aussi dresser le portrait d’un tueur solitaire. Et qui lui ressemble beaucoup.  Il a été tourné en seulement une semaine, avec une distribution très réduite Seul Vince Edwards était un peu connu à cette époque pour avoir tourné dans The killing de Stanley Kubrick. Suite au succès relatif de Murder by contract Lerner et Edwards collaboreront ensuite à City of fear en 1959. Le principal du film est consacré à un curieux trio, Claude étant entouré de deux anges gardiens, joués par Philip Pline (Marc) et Herschel Bernardi (George), qui sont sensés l’aider dans l’exécution du contrat, mais qui sont surtout là pour le surveiller.


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    Si le tueur est solitaire, il n’en est pas moins bavard et se plait à fanfaronner auprès de Marc et George. Il philosophe de façon bien pesante sur son métier et sa propre froideur. Il prétend ne pas avoir de sentiment, ça ne sert à rien, contrairement aux dollars. Les relations que Claude a avec les femmes sont troubles, il convoque une prostituée à son hôtel, apparemment c’est une simple secrétaire qui arrondit ainsi ses fins de mois, mais il n’arrive à rien avec elle, obsédé par son contrat qu’il arrive difficilement à exécuter. De même, il n’arrive pas à assassiner la pianiste, renonçant au dernier moment. Est-il impuissant ? Est-il homosexuel, comme les soins qu’il accorde à son corps le laisse entendre ? Il est d’ailleurs très contrarié lorsqu’il apprend qu’il doit tuer une femme. Tout cela laisse entendre que le meurtre est le détournement de l’acte sexuel et qu’il n’a pas pour principale raison d’accumuler des dollars. Le comportement de Claude avec George et Marc est d’ailleurs étrange, il se plait finalement avec eux, il dit aimer bien George également.


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    Si le crime est bien une perversion, et non pas un métier comme un autre, on peut le voir dans l’attitude de Claude vis-à-vis des objets. Le plaisir qu’il prend à visiter une armurerie, soit disant pour son contrat, la façon dont il insulte le serveur qui a le malheur de lui servir son déjeuner dans une tasse douteuse, tout cela montre une détermination mécanique, une aliénation, à travers les objets. C’est un thème qui reviendra souvent dans le film noir.

     

    La réalisation est à la hauteur de l’objectif. Principalement tourné dans des décors naturels de Los Angeles, la photo de Lucien Ballard appuie sur l’aspect solitaire du tueur et l’emprise de la ville. Ça nous donne droit à des images relativement inédites de Los Angeles. Les acteurs sont tous excellents, et peut-être faut-il donner une mention spéciale à l’étonnante Caprice Toriel qui joue la pianiste qui doit être assassinée. A ma connaissance, c’est le seul film qu’elle ait tourné. La musique lancinante est dérivée de Caravan, le grand succès de Duke Ellington, mais interprétée par une cithare.

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    Malgré tous ces atouts, le film reste un peu trop cérébral, trop gonflé d’intentions philosophiques et de références psychanalytiques. En effet, à force de simplifier l’histoire pour n’en faire ressortir qu’une description d’un caractère, cela finit par donner un ton bien trop pédagogique et démonstratif. Ce n’est plus d’une analyse froide dont il s’agit ici, mais d’une caricature de comportement bien peu réaliste. Il y a ici un décalage qui ne passe pas entre le Claude silencieux et froid du début du film et le Claude bavard de la fin.  

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