• New York confidentiel, New York Confidential, Russell Rouse, 1955

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    En ce qui concerne le film noir, Russell Rouse est surtout connu pour le film assez étrange The thief, faux film d’espionnage où il ne se passe rien et où on parle encore moins puisqu’il n’y a pas du tout de dialogue. New York confidential est aussi un film noir atypique et un des chaînons qui nous mènera au Parrain de Coppola, véritable acte refondateur. Du reste de nombreux éléments qui se trouvent dans New York confidential seront repris dans Le parrain. 

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    Arnie dresse un plan pour éliminer

     Charlie Lupo, membre éminent de la Mafia, a des soucis avec un concurrent. Il fait donc appel à Nick Magellan pour exécuter le récalcitrant. Mission dont Nick s’acquitte parfaitement. Nick est loyal et une amitié va naître entre Charlie et Nick. Ce dernier gravit rapidement les échelons et devient l’homme de confiance de Charlie. Il va se charger de remettre au pas un membre un peu récalcitrant du syndicat. Mais Charlie a une fille, celle-ci en âge de se marier, a des difficultés dans la vie à cause de la réputation sulfureuse de son père. Nick est très attiré par elle, même s’il reste plutôt froid et ne manifeste guère son intérêt.  Charlie est aussi affublé d’une maîtresse, Iris, genre un peu connasse sur le retour, qui ne pense qu’à faire du rentre-dedans à Nick. Mais celui-ci bien respectueux des convenances ne réagit pas vraiment à ces avances.

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    Nick est admis à la table de Charlie où il fait la connaissance de sa fille

     Les choses vont se gâter lorsque les autorités judiciaires vont décider de poursuivre le syndicat et donc particulièrement Charlie Lupo. Les arrangements du syndicat sont dénoncés, ce qui entraîne des pertes énormes pour la Mafia. Pour se protéger, celle-ci éloigne me bras droit de Charlie, et se met à exécuter ceux qui peuvent lui nuire. Mais Arnie a un peu merdouillé et cela va entraîner la perte de Charlie. Car Arnie va comprendre que Nick cherche à éliminer tous les témoins des activités criminelles de Charlie et va se vendre à la justice en dénonçant tout le monde. 

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    Nick punit Sumack qui l’a pris un peu à la légère

    Dès lors la Mafia va demander à Nick de faire le ménage et de tuer Charlie. A contre-cœur Nick accepte le contrat, pensant toujours que le syndicat doit être au-dessus des intérêts personnels. Mais ce qu’il ne sait pas c’est que la Mafia va aussi le condamner et il finira le nez sur le trottoir. 

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    Arnie et Shorty ont raté leur exécution

    Si aujourd’hui l’histoire peut paraître assez banale, elle était assez originale en 1955, présentant en effet les membres de la Mafia – le mot n’est pas prononcé, on lui préfère celui de « Syndicat » – comme des êtres humains assez ordinaires, plutôt tributaires de leur métier. Certes ils manipulent une forme de violence, mais cela ne leur enlève en rien leur dimension humaine. C’est d’ailleurs sur ce point qu’on peut rapprocher New York confidential de The thief, puisque dans ce film complètement muet l’espion était bien quelqu’un de très ordinaire, suivant une routine. Même s’il y a une violence latente, l’action ne prime pas. Et d’ailleurs dans New York confidential c’est bien ce qui se passe aussi, il y a très peu d’action. Les personnages passent leur temps à bavarder. Ce film fait donc partie de cette longue chaîne de films qui vont à la fois dédramatiser la Mafia et en même temps leur ôter le prestige des films de gangsters. C’est d’ailleurs ce courant qui va se développer dans la seconde moitié des années cinquante et faire évoluer le film noir vers une description plus véridique du monde de la criminalité. 

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    Arnie menace de balancer tout le syndicat

    C’est un film donc un peu atypique, bien que les rôles soient tenus par des habitués du genre noir. Richard Conte et Nick et Broderick Crawford est Charlie. D’après ce qu’on sait il s’agissait d’un second choix, Russell Rouse voulait à l’origine engager George Raft et Paul Muni, leur refus de s’engager dans cette aventure a permis justement à Crawford et Conte de montrer tout l’étendu de leur talent, surtout Crawford qui, avec son visage asymétrique, son nez cassé, a une présence formidable et qu’à mon avis il convient de réévaluer sa place dans la saga du film noir. Richard Conte a bien plus de présence que George Raft dans le rôle d’un tueur taciturne. Si Marylin Maxwell ne présente guère d’intérêt dans le rôle d’Iris, Anne Bancroft par contre est tout à fait saisissante dans le rôle de cette fille de son père tourmentée par ses ascendances criminelles qui finira par se suicider. Elle préfigure le personnage de Connie dans Le parrain. Bien sûr comme il se doit dans ce genre de films, les seconds rôles sont tout à fait intéressants : à commencer par le géant Mike Mazurski dans le rôle de la brute Arnie ou  John Doucette dans celui de Shorty. 

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    Iris drague ouvertement Nick

    On saura gré bien évidemment à Russell Rouse de ne pas avoir fait de cette hsitoire un film d’action où les fusillades et les morts se multiplient, ou encore de ne pas avoir donné une dimension mythique à la Mafia comme à la justice qui est censée lutter contre elle.

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    Nick aime Katherine, mais il n’ose pas le manifester

    Malgré toutes ces qualités, le film comporte un certain nombre d’insuffisances pour en faire un grand film. Le premier point est le côté un peu théatral. En effet, non seulement les plans en extérieur sont très réduits – probablement à cause d’un budget resserré – mais en outre le film est plutôt bavard, explicatif, même si Nick est censé être plutôt du genre taiseux. Egalement on peut reprocher à Russell Rouse qui est aussi responsable du scénario, de s’être un peu dispersé, de ne pas avoir choisi un angle d’attaque sûr. Qu’est-ce qui est important ? L’amitié entre Nick et Charlie ? L’histoire d’amour avortée entre Katherine et Nick ? Ou au contraire la chute du syndicat face à la détermination de la justice.   

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    Après le ratage d’Arnie, Nick fait le ménage

     C’est un film important dans l’évolution de la représentation du crime organisé, possédant un rythme soutenu, il mérite un peu plus qu’un détour.

    « Le château de l’angoisse, Castle on the Hudson, Anatole Litvak, 1940Le couteau dans la plaie, Five miles to midnight, Anatole Litvak, 1964 »
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