• Night editor, Henry Levin, 1946

    Night-editor-1.jpg

    Henry Levin a, au court d’une longue carrière, tourné un peu de tout. On lui doit cependant quelques films intéressants avec Glenn Ford, ou encore des westerns comme Jicop le proscrit. Il a fait quelques incursions dans le film noir qui sont tout à fait intéressantes, par exemple Convicted avec Glenn Ford en 1950, ou bien sûr ce curieux Night editor. C’est un réalisateur intéressant, et s’il n’a pas été plus souvent pris au sérieux c’est aussi parcce qu’une large partie de sa filmographie n’a pas été corretcement distribuée en France. Mais aujourd’hui, le numérique aidant, il est de plus en plus facile d’élargir son champ d’investigation, et donc de redécouvrir des films noirs que jusuq’ici on avait ignorés.

     Night-editor-2.jpg

     Des journalistes qui s’ennuient racontent des histoires

     C’est un simple film B, petit budget, faible durée, acteurs de seconde catégorie. Mais évidemment c’est au pied u mur qu’on voit le maçon et c’est dans ces conditions que le talent s’exprime. Il faut dire que le film bénéficie d’un scénario très intéressant. Un policier un rien taciturne, Tony Cochrane, est tombé sous la coupe d’une garce blonde et parfumée, Jill Merrill. Mais le jour où il décide de s’en débarrasser lors d’une ultime rencontre explicative, ils sont témoins d’un meurtre sordide. Pourtant Tony ne poursuit pas le meurtrier, il a peur du scandale, peur de perdre l’estime de sa femme et de son fils. Mais comme c’est un homme droit et honnête dans le fond, il va poursuivre l’enquête, alors que tout le monde pense que le coupable est un vagabond qui a tué la jeune femme pour lui voler ses bijoux. Il lui reste peu de temps pour le sauver, ce qui accroît sa culpabilité latente. Rapidement il connait le coupable, mais il lui faut réunir les preuves. Malgré les astuces de Loring, il arrivera à le confondre, même si pour cela il doit perdre son boulot de flic et tout avouer à sa femme.

     Night-editor-3.jpg

    Tony Cochrane fait semblant de travailler de nuit pour retrouver sa maîtresse

    C’est mené à un train d’enfer. Le scénario serait inspiré d’une émission de radio, Night editor justement. Mais surtout ce sont les caractères et les interprètes qui sont intéressants. D’un côté on a Cochrane qui s’est amouraché d’une blonde friquée et dégénérée et qui de ce fait délaisse sa femme, la pleurnicheuse Martha et son fils. De l’autre des gens riches et sans scrupule, le banquier est une crapule, avec qui Cochrane ne peut trouver d’affinité. Il y a donc un petit côté lutte des classes qui est tout à fait réjouissant. Le banquier finira en prison, accompagné de la garce blonde et parfumée. Le libertinage et l’adultère sont punis. Mais évidemment on s’interroge sur les pulsions de cet homme taciturne et solitaire, pulsions qui l’ont fait quitter le droit chemin. On remarque également que cette Jill Merrill est d’autant plus attiré par le fourbe Loring qu’elle se rend compte que c’est un criminel pervers et machiavélique. Ce qui laisse entendre qu’elle est un peu dérangée tout de même. Car c’est la particularité de ce film que tous les personnages riches ont une tare particulière. Le mari de Jill est un cocu assez content de lui-même, mais la jeune femme assassinée est aussi présentée comme hystérique. Le plus étrange est sans doute que pour faire venir la vérité au jour, Cochrane emploie des méthodes très biscornues et bien peu morales finalement, car il cherche toujours à cacher ses propres fautes derrière celles des criminels.

     Night-editor-4.jpg

    Martha, la femme de Cochrane, est très inquiète

    Les acteurs sont excellents, même si à part Janis Carter ils ont des physiques très peu glamour. William Cargan dans le rôle du flic déchiré entre ses pulsions sexuelles et son sens du devoir, Janis Carter qui joue si bien les garces qu’on la croirait à l’état de nature. C’est elle qui domine le film. Jeff Donnell est la pleurnicheuse et pathétique Martha, insignifiante quoi, mais c’est le rôle qui veut ça. Comme il se doit dans les films noirs B, les rôles secondaires sont parfaitement dessinés, que ce soit les journalistes, ou le curieux Ole Strom incarné par Paul Burns. Frank Wilcox qui a pratiquement toujours joué les fourbes est ici le banquier criminel et sans état d’âme.

     Night-editor-5.jpg

    Cochrane cherche à quitter sa maîtresse

     Le manque de moyens évident – les extérieurs sont très rares, le nombre des décors limité – est compensé par un rythme rapide, un cadrage resserré autour des attitudes des uns et des autres, et un noir et blanc de très bel effet. Le film ne dure qu’une petite heure, et encore pendant ce temps, Levin aura eu le temps de nous insérer une introduction, un flash-back et une conclusion certes un peu moralisatrice, mais un rien surprenante aussi. On est tout à fait pris par ce flic qui s’enfonce d’autant plus qu’il cherche à se sortir de la situation dans laquelle il s’est mis.

     Night-editor-6.jpg

    Mais c’est difficile pour lui, car elle est blonde et parfumée

    Night-editor-7.jpg

     Il faut oujours se méfier d’une femme qui vous embrasse en tenant un pic à glace

    Night-editor-8.jpg

      Cochrane fera d’une pierre deux coups, il confondra le coupable et se débarrassera enfin de sa maîtresse

    « Le gang Anderson, Anderson Tapes, Sidney Lumet, 1971Pitié pour les rats, Jean Amila, Série noire, Gallimard, 1964 »
    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :