• NOBODY LIVES FOREVER, Jean Negulesco, 1946

     

    Nobody lives forever, Jean Negulesco, 1946

     Nobody-lives-forever-1.jpg

     

    John Garfield fut un très grand acteur, c'est-à-dire qu'il a révolutionné le jeu des acteurs d'Hollywood, bien avant Bogart. Si sa gloire est aujourd'hui moindre, c'est qu'il est mort très jeune et qu'il n'a pas eu le temps de s'installer dans la célébrité. Les Américains qui sans doute culpabilisaient du rôle que la Commission des Activités Antiaméricaines avaient joué dans la disparition de Garfield, lui ont préféré des héros plus tendre et plus lisse comme James par exemple.

    John Garfield retrouve Jean Negulesco avec qui il tournera tout de suite après Humoresque qui sera encore un grand succès. En 1946 John Garfield est au sommet de sa gloire, Nobody lives forever est un énorme succès. C’est une des stars les plus rentables d’Hollywood. Le scénario est de W.R. Burnett, vaguement inspiré d’un ouvrage qui porte le même titre et qui était sorti en 1943. On peut le trouver aujourd’hui encore chez Rivages sous le titre de Fin de parcours. Tout cela ne suffit pourtant pas à en faire un très grand film noir, et je crois bien qu’il n’eut pas de sortie en salles en France à cette époque.

    C’est l’histoire d’un escroc qui revient de la guerre et qui après avoir retrouvé son ami, s’aperçoit que sa femme non seulement l’a remplacé par un patron de cabaret, mais qu’en outre elle lui a piqué son pognon pour le refiler à son nouveau gigolo. Nick est bien dégoûté et doit user de violence pour retrouver son fric. Il quitte New York et songe à se reposer à Los Angeles.  Il loue une villa au bord de l’eau mais il s’ennuie un peu. Pas trop longtemps cependant parce qu’une équipe d’escrocs de seconde catégorie vient à lui proposer une escroquerie qui peut rapporter beaucoup. Il s’agit de séduire une très riche veuve et de lui piquer un peu d’argent. Le beau Nick va s’y employer, mais bientôt il tombe amoureux de la veuve et refuse de continuer. Les autres petits escrocs emmenés par Doc ne l’entendent pas de cette oreille, et ce d’autant que la femme de Nick vient de New-York pour le relancer. Quand elle comprendra que son ancien mari ne veut rien savoir, elle se vengera en poussant la bande de Doc à agir. les péripéties vont se multiplier, la belle été jeune veuve sera kidnappée puis sauvée.

     Nobody-lives-forever-2.jpg

     

    L’histoire présente un certain nombre de défauts, à commencer par le fait que la femme de Nick apparaît, disparaît, au gré du scénario, mais sans trop de logique. Egalement cette manie de faire estourbir tous les malfrats un à un et de la même façon manque un peu d’inventivité. Le film hésite souvent entre la description d’un univers marginal qui ne rêve que d’argent facile et la volonté de raconter un coup, comme on raconte un hold-up. C’est peut-être le scénario de Burnett qui pèche de ce côté-là, mais comme on sait qu’à l’époque les studios revoyaient très souvent les scripts, il n’est pas sûr qu’il y ait une responsabilité de Burnett ou de Negulesco. Or Il est excellent dans pratiquement tous ses films qui du restent étaient aussi souvent des succès au box-office.

    Mais le film est agréable à voir tout de même. D’abord à cause du couple Garfield – Fitzgerald qui fonctionne plutôt bien, ou encore de l’opposition entre la fine et élégante Geraldine Fitzgerald et la vulgaire et crâneuse Faye Emerson. Tout le casting est d’ailleurs très bien, jusqu’à Walter Brenan dans le rôle de Pop  qui joue avec sobriété pour une fois. Le film est dominé par le jeu de Garfield qui est tout à fait à l’aise pour se servir des contradictions de son personnage, hésitant entre mondanité et aventure, jouant les hommes du monde à l’élégance discrète comme les voyous sans scrupules dès lors qu’il s’agit de défendre sa réputation et la femme qui l’aime. Il faut le voir raconter sa jeunesse dans les quartiers mal famés de New-York, sachant que Garfield, sous le couvert de Nick, raconte sa propre expérience.

     Les oppositions entre le monde du luxe et celui de la pègre sont également bien mises en valeur. Les caractères des truands présentent en peu de mots et de gestes une vraie épaisseur. C’est évidemment un film noir, avec tout ce qu’on peut attendre au niveau filmique d’un film noir. Certes Negulesco est plus à l’aise pour filmer les salons d’un grand hôtel que les arrières boutiques des bistrots crasseux, mais il jour facilement aussi des effets de lumière et tire un bon partie des scènes dans le brouillard, on peut lui reprocher de trop multiplier les panoramiques.

     Nobody-lives-forever-3.jpg

    Comme il est bon de voir tous les films de Garfield, il est presqu’impératif de voir Nobody lives forever. C’est en outre un film assez rare qu’on ne peut pas trouver dans le commerce avec des sous-titres français et j’ai hélas dû me contenter d’un repiquage de TCM dans une qualité d’image assez mauvaise.

    Nobody-lives-forever-4.jpg

    Sur le tournage de Nobody lives forever

     

    « Samuel Fuller, Le baron de l'Arizona, The baron of Arizona, 1950José Bénazéraf et Frédéric Dard »
    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :