• Nous sommes tous en liberté provisoire, L'istruttoria è chiusa: dimentichi, Damiano Damiani, 1971

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    Le film de prison est un sous-genre du film noir qui refleurit dans des périodes toujours très particulières. En général dans des périodes troublées, des périodes de fortes poussées de critique sociale. Les années soixante-dix sont des années de très luttes sociales en Italie, on parlait d’un Mai rampant avant de parler des années de plomb. Et la prison représente ce microcosme qui concentre toutes les formes du pouvoir hiérarchique et de la corruption. Les très bons films de ce sous-genre sont nombreux, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France – Le trou.

    C’est l’hsitoire d’un architecte, un membre de la haute bourgeoisie, qui se retrouve en prison durant l’instruction de son dossier : il a renversé un ivrogne en conduisant. L’incident n’est pas très important en lui-même, mais il va emmener Vanzi sur la pente fatale d’une expérience dont il se serait bien passé. En effet, non seulement il va voir de ses propres yeux dans quelle misère vivent les prisonniers, mais en outre il va être le témoin d’un meurtre, celui de Pesenti, par la mafia, meurtre qu’il va être obligé de couvrir. Ce meurtre n’est pas gratuit car Pesenti entendait dénoncer les malversations d’une entreprise qui avait construit un barrage, celui-ci ayant cédé, il avait entraîné la mort d’un milier de personnes. 

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    Vanzi rejoint une cellule des plus mal fréquentées 

    C’est un très bon Damiani réalisateur sous-estimé ou méconnu, mais qu’on redécouvre de temps en temps à l’occasion d’un film ou d’un festival. La grande force de Damiani est de porter un regard critique sur la société, sans ennuyer le spectateur par une trop grande verbosité. Ou encore de mêler astucieusement la trajectoire individuelle de Vanzi à la question sociale portée par la collectivité. Le scénario est astucieux parce que s’il met en son centre le modèle hiérarchique de la prison où le directeur collabore avec le représentant de la mafia pour avoir la paix, il le nourrit d’une galerie de portraits très crédibles. Que ce soit Campoloni égaré en prison malgré son passé héroïque durant la dernière guerre, ou que ce soit le tueur fou avec qui Vanzi est obligé de cohabiter, ou encore le gardien chef nostalgique de Mussolini et qui se laissera très facilement corrompre par la mafia. Car c’est bien ça que représente la prison, la corruption généralisée ou quand ce n’est pas l’argent le maître, c’est la force brute.

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    Vanzi joue aux échecs à l’infirmerie avec Campoloni 

    La réalisation est directe et sans effet – peut-être est ce cela qui n’a pas permis à Damiani d’atteindre le statut de grand réalisateur ? Mais le rythme est soutenu. Et la violence filmé d’une manière très crue. On se met facilement à la place de Vanzi et on a peur pour lui.  L’état désolant des prisons italiens est aussi ici dénoncé. C’est pas seulement la promiscuité et le danger permanent. C’est cette manière de percevoir l’absence d’issue. Car vanzi n’est pas lâche. Il fait même pendant un moment bonne figure. Sûr de ses droits et de sa position sociale, il est plutôt vaillant. Mais la réalité emportera ses bonnes résolutions. Il sera obligé de plier devant la force brute et finalement fermera les yeux sur une réalité des plus sordides. 

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    Pesenti se méfie de tour le monde 

    Damiani appuie sur les relations de classes à l’intérieur de la prison. Vanzi est tout de suite identifié par ses compagnons de cellule comme un membre de la bourgeoisie, et à ce titre il est détesté et maltraité par des gens qui pourtant se soumettront très facilement à l’autorité du parrain de la prison. Il y a donc là une présentation de relations très complexes. Cette complexité étant ravivée par l’opposition des aceteurs. Le très lisse Frano Nero joue Vanzi, très propre, très poli. Et il est tout de suite opposé à des tronches patibulaires où se mêlent des sentiments de frustration et de débilité. Et on comprend que de résister dans ces conditions est une épreuve de courage très difficile. 

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    Vanzi et Armando constatent que la lettre de Pesenti au juge a disparu 

    L’interprétation est bien sûr excellente. Outre Franco Nero, on retrouve le petit Riccardo Cucciolla dans le rôle du sombre Pesenti qui se méfie de tout et de tous. Mais les autres rôles sont tout à fait à la hauteur. Georges Wilson interprête Campoloni. On aura même droit au petit numéro de Diamani dans le rôle de l’avocat de Vanzi. Si tous sont bons, on donnera une mention spéciale à Turri Ferro qui interprète le chef des gardiens de la prison et qui hésite entre son souci de l’ordre et celui de ses intérêts. 

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    On dressera Vanzi a se soumettre à l’autorité carcérale 

    Sur le plan cinématographique, on retiendra les scènes de la révolte des prisonniers, mais aussi celle, plus fine, où Vanzi est confronté à la fille de Pesenti qui ne veut pas croire que son père s’est suicidé. Car entre temps Vanzi est retourné à sa classe et à ses habitudes insouciantes. Et son seul désir est d’oublier la sinistre expérience qu’il a vécu lors de son incarcération.

    L’ensemble est d’un  noir d’encre, sans vraiment d’espérance, seule la mort est bout du chemin. En règle générale les collaborations entre Franco Nero et Damiani sont très bonnes. 

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    Vanzi et Pesenti ont peur, à juste titre 

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    Vanzi finira par quitter la prison

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