• ODDS AGAINST TOMMOROW, Le coup de l’escalier, Robert Wise, 1959

     ODDS AGAINST TOMMOROW, Le coup de l’escalier, Robert Wise, 1959

    Le coup de l’escalier est un film bien connu des amateurs de films noirs. Sa réputation n’est pas usurpée. Il démontre qu’en quelques films Robert Wise est apparu comme un maître du genre. Il n’en a pas tourné beaucoup. On retiendra Nous avons gagné ce soir, en 1949, Marqué par la haine, en 1956, Je veux vivre, en 1958 et enfin en 1959, Le coup de l’escalier. Ce sont chaque fois de très grands films.

    ODDS AGAINST TOMMOROW, Le coup de l’escalier, Robert Wise, 1959

    Le coup de l’escalier repose sur une intrigue très simple, trois marginaux, plus ou moins rejetés par la société s’associe pour faire un hold-up qui doit les rendre riches. Le coup est amené par Dave Burke, excellemment interprété par Ed Begley, un vieux policier qui a eu des ennuis avec sa hiérarchie. Il contacte Earle Slater (Robert Ryan) un homme violent et orgueilleux qu’il a connu en prison et Johnny Ingram (Harry Belafonte) un musicien de jazz qui est couvert de dettes à cause de sa passion immodérée pour les canassons. Le coup se passera mal à cause de l’antagonisme entre Slater et Ingram, Slater a du mal à supporter les Nègres qu’il ne trouve pas courageux et encore moins fiables. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, le racisme n’est pas le sujet du film, il n’est là qu’en toile de fond, et d’ailleurs le personnage d’Ingram n’est guère plus sympathique que celui de Slater. Le sujet est plutôt la rencontre hasardeuse de trois personnages rejetés par la vie et fascinés par leur propre déchéance. Ils courent à leur perte avec une sorte de délectation morose, empêtrés dans leurs contradictions. La façon dont Slater fait échouer le cambriolage est tout à fait symptomatique, mais la façon par laquelle Slater et Ingram règle leur différent l’est tout autant : ils mourront dans l’explosion d’une usine à gaz à cause des coups de feux qu’ils tirent l’un sur l’autre. D’ailleurs dès le départ Slater ne croit pas du tout qu’ils puissent réaliser le coup sans anicroche, mais il ira par orgueil pour démontrer qu’il est encore un homme et qu’il ne dépend pas de sa femme.

      ODDS AGAINST TOMMOROW, Le coup de l’escalier, Robert Wise, 1959

    La réalisation est parfaite. Entièrement tourné à New-York, Robert Wise équilibre parfaitement les scènes qui se passent à l’air libre, presqu’au soleil, même si celui-ci est un pâle soleil d’hiver, et les scènes nocturnes ou d’intérieur. Ingram se promène dans un parc avec sa fille qu’il délaisse, parmi tous ceux qui mènent une vie ordinaire qui ne peut pas être pour lui. Il rêve aussi au bord d’une rivière dans l’attente de l’action. Les femmes aussi jouent un rôle décisif été ambigu, que ce soit Lorry (Shelley Winter) qui ne vise qu’à conserver son homme auprès d’elle, presqu’enfermé ou Helen (Gloria Grahame) fasciné par la violence désespérée de Slater et qui couche avec lui. Maternelles et intrigantes les femmes sont à la fois des forces de vie et de mort, y compris celle d’Ingram qui voudrait aussi le rendre plus conforme à une vision aseptisée et « blanche » du couple. 

    ODDS AGAINST TOMMOROW, Le coup de l’escalier, Robert Wise, 1959 

    Si la direction d’acteurs est impeccable, dominée par l’extraordinaire Ed Begley, les femmes sont aussi des femmes marquées par la vie, tout autant en situation d’échec, Shelley Winters et Gloria Grahame plutôt usées renforcent le côté noir. Robert Ryan, l’un des grands acteurs du film noir, est bien sûr très bien, maniant la violence et le mutisme comme son désenchantement. La leçon qu’il donne à un jeune militaire, sûr de sa jeunesse et de sa force, dans un café en dit plus long que tous les discours. Harry Belafonte est un peu plus effacé, quoiqu’il arrive assez bien à rendre cette colère sourde qui l’habite en permanence.

    Le scénario dû à Abraham Polonsky (camouflé ici sous un faux nom, liste noire oblige) basé sur un roman de William P. McGivern est rapide et sec. Rien d’inutile, il va à l’essentiel. Appuyé sur une photo de Joseph C. Brun, la mise en scène qui alterne la profondeur de champ et les plans intimes ou rapprochés est toujours d’une grande justesse. Très newyorkaise, l’atmosphère est soulignée par l’excellente musique de John Lewis. Le jazz est le mode de vie d’Ingram, mais c’est aussi la musique du film noir. Robert Wise avait déjà utilisé une magnifique musique de jazz dans I want to live.

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    Un autre aspect intéressant du film est la préparation et le déroulement du cambriolage. La précision, la méticulosité, rappelle évidemment les films de Melville, mais aussi Asphalt jungle de John Huston.

    Il n’y a que peu de réserves à faire sur ce film, sauf peut-être à dire que la scène finale où la police ne peut pas distinguer les corps calcinés du noir et du blanc apparaît un peu trop redondante, on avait déjà compris le message. 

     

    « Monsieur le commandant, Romain Slocombe, 2011, NILWinter’s bone, Debra Granyk, 2011 »
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