• Please murder me ! Peter Godfrey, 1956

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956 

    C’est un film noir un peu tardif réalisé par un réalisateur anglais qui n’a rien fait de remarquable en dehors de ce film. Petit budget, acteurs de second plan, durée du film assez brève, c’est un film de série B. Mais il a des aspects intéressants qui méritent le détour.

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956  

    Joe Leeds est très déprimé 

    Le sujet est assez simple. L’avocat Craig Carlson est amoureux de la belle Myra Leeds. L’obstacle est qu’elle est la femme de son meilleur ami avec qui il a partagé de nombreuses souffrances durant la guerre. Prenant cependant son courage à deux mains, il annonce à Joe Leeds sa déconfiture et que l’amour étant plus fort que tout ilcompte bien épouser Myra. Joe est fortement choqué, il se propose de discuter avec Myra, et par un soir d’orage, il veut avoir une explication avec elle. Mais un coup de feu part et Joe est tué. Rapidement la police accuse Myra de meurtre. Mais Carlson va plaider la légitime défense, tentant de démontrer qu’elle a dû subir les assauts d’un homme violent et jaloux. Il va gagner et faire acquitter Myra. Mais alors qu’il pense se marier rapidement avec elle, celle-ci se fait tirer l’oreille. Elle ne semble plus très enthousiaste. Il va apprendre, par une lettre que lui a adressé post mortem Joe, qu’en réalité elle a une autre liaison avec un jeune peintre un peu fauché. Craig Carlson est très déçu et comprend qu’il a été manipulé. Il va tout faire pour qu’elle soit punie et pour cela il va à son tour la manipuler de façon à ce qu’elle le tue et qu’elle soit arrêtée. 

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956 

    Myra a-t-elle tué son mari ? 

    Cette trame qui contient bien des invraisemblances, ne parait pas être une trame de film noir. En effet, elle mêle le film de procès au film à suspense. Mais c’est plutôt dans la manière de brosser les portraits des différents protagonistes qu’il s’agit bel et bien d’un film noir. L’ouverture ne trompe pas, il s’agit d’un flash back qui présente Carlson en train d‘enregistrer une confesion sur un magnétophone d’une voix quais morte. Au fur et à mesure qu’on va comprendre unpeu ce qui se passe, on va découvrir un Craig Carlson, morbide et neurasthénique, obsédé par les trahisons qu’il a opérées et donc par son propre rachat. Il n’y aura pas de fin heureuse. Myra n’ets pas une femme fatale au sens basique du terme, c’est une sordide salope qui manipule tout le monde, mais qui pourtant a son talon d’Achille justement en la personne du jeune peintre. C’est pourtant Joe Leeds qui détient la palme : complètement choqué par la révélation de son infortune par son meilleur ami, il s’en va à la mort, impavide, sans un mot de reproche. Mais certainement le plus impressionnant dans cette Amérique pudibonde, c’est la justification de l’adultère et du divorce comme d’une chose normale et naturelle.

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956  

    Le procureur Ray Willis pense que Myra est une criminelle 

    Le scénario est assez astucieux pour éviter un certain nombre de pièges. Par exemple le peintre est complètement ern dehors de la douteuse combine de Myra, et une certaine amitié va naître entre lui et Carlson. De même la plaidoirie de Carlson est originale dans un pays pourtant réputé pour son puritanisme puisqu’il va expliquer au jury que si Myra a tué en état de légitime défense, c’est parce qu’elle était amoureuse et que son amoureux justement c’était lui. Joe ne supportant pas l’idée de divorcer se serait alors montré violent, justifiant que Myra se défende en le tuant d’un coup de révolver. Et on assiste assez ahuri à la déclaration d‘amour de l’avocat en plein tribunal : sa masse impressionnante, son physique de brute, se pose en contrepoint de cette naïveté. Mais au moment de cette déclaration, on ne sait pas encore que Myra est mauvaise, bien qu’on s’en doute un peu tout de même puisque la police qui a bien fait son travail a démontré que les faits matériels ne prouvaient pas que Myra ait été agressée.

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956 

    Craig Carlson va faire acquitter Myra 

    La réalisation est plutôt bien menée et nerveuse, usant de la grammaire des films noirs, l’importance de la nuit, les lumières filtrant à travers des jalousies, ou encore ce long traveling du début qui nous permet de suivre Craig dans l’atmosphère des rues enténébrées. La faiblesse du budget fait que les décors extérieurs ne comptent pas, ça donne peut-être un côté étouffant à la réalisation qui s’apparente par moment à du théâtre filmé. D’autant que la caméra de Peter Godfrey est assez peu mobile, mais c’est compensé par un montage assez astucieux.

    L’interprétation tient tout à fait la route. Raymond Burr est l’avocat abusé. Habitué dans les petits films noirs à jouer les crapules, il est ici à contre-emploi. C’est une des surprises du film. Angela Lasburry qui deviendra par la suite célèbre dans le monde entier grâce à la série Arabesque, n’a que très peu joué de premiers rôles au cinéma. Probablement cela est-il dû à son physique un peu lourd, un peu ingrat qui ne permet pas de la prendre pour une femme fatale. Mais ici elle est très bien puisqu’elle joue justement le rôle d’une jeune femme discrète qui séduit notre avocat par sa douceur et sa fragilité et qui va se révéler être une fieffée salope. C’est autour de ces deux acteurs que le film gravite et prend l’allure finale d’un affrontement à mort. Les autres acteurs sont des faires valoir. A commencer par le très bon Dick Foran qui interprète le neurasthénique Joe Leeds – on se dmeande d’ailleurs si ce n’est pas la guerre qui lui a abîmé un peu le cerveau. John Dehner est le procureur Ray Willis, c’est un autre habitué des petits films noirs de série B. Sa raideur, sa moustache, lui impose de jouer des personnages de policier ou de juge. Il est très bien.

      Please murder me ! Peter Godfrey, 1956

    Craig a compris que Myra est mauvaise 

    Il va de soi que ce film n’est pas un film noir haut de gamme, et on ne le classera pas parmi les meilleurs du genre. Mais il est très bien mené et mérite le détour. 

    Please murder me ! Peter Godfrey, 1956

     Le piège se referme sur Myra

    « David Alexander, Salut les Hommes !, Most men don’t Kill, Denoël, 1952L’évadée, The chase, Arthur Ripley, 1946 »
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