• Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973

    Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973

    C’est un film un peu méconnu, mais très apprécié des amateurs de films noirs un peu violents, très typique des années soixante-dix. Basé sur des faits réels, il est tourné dans des décors naturels, à même la rue, et donne une large place à l’action plutôt qu’à la psychologie ou à la réflexion. Les modèles de ce film sont aussi bien French connection, la ville de New York, que Bullit pour les scènes de poursuite de voitures. Le but est de donner un air de vérité quasi-documentaire aux images, et donc il sera important de choisir les décors extérieurs avec le plus grand soin.

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Pour piéger des faux monnayeurs, Buddy se déguise en client de magasins d’antiquité 

    Manucci est à la tête d’une équipe de flics qui utilisent des méthodes un peu particulières pour arrêter des gangsters. Il  a aussi une manière bien particulière d’obtenir des renseignements sur les gens qu’il traque puisque c’est son ami d’enfance, Vito Lucia, qui est lui-même un petit gangster qui les lui fournit. Après avoir démantelé un gang de faux monnayeurs, il va être sur la piste de gangsters qui jouent les faux policiers et qui enlèvent, grâce à leurs fausses plaques de police, des truands pour obtenir des fortes rançons. L’équipe des Seven-ups va établir des filatures, mais un de ses membres, Ansel, va se trouvé repéré par un gangster lors des obsèques d’un boss de la mafia. Manucci et ses équipiers se mettent en chasse et retrouvent leur ami assassiné dans le coffre d’une voiture, dans un garage. Une course poursuite s’engage, mais Manucci n’évite la mort que de justesse et doit regagner sa base. Reprenant l’enquête, il va finir par découvrir que la tête pensante de ces kidnappings n’est autre que Vito Lucia.

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Buddy n’aime pas qu’on remette en question ses méthodes 

    Le scénario n’est pas de première force, mais il tient assez bien la route. En tous les cas assez pour qu’on ne se pose pas de question sur la cohérence de l’histoire. On aurait certainement aimé quelque chose de plus sophistiqué, surtout que dès le départ on ne nous cache pas que c’est bien Vito qui est à la tête de cette entreprise de racket de la pègre. C’est donc dans sa mise en scène que tout va se jouer. Et bien sûr c’est cela la grande réussite du film. C’est le New York du début des années soixante-dix qui est filmé ici, avec ses quartiers lépreux, ses immeubles à l’abandon, sa crasse latente. On reconnaît des lieux  de Brooklyn, du port, des larges avenus du centre, avec leur population diverse et variée. Il y a un mélange de décor où le luxe côtoie la misère qui est tout à fait intéressant, et très symptomatique du New York de cette époque. Filmé en larges plans séquences, Philip d’Antoni utilise parfaitement la foule et les passants comme des éléments décisifs de l’histoire. Contrairement à ce qu’on a dit, ce n’est pas la poursuite en voitures qui intervient vers le milieu du film qui est le clou du film. Celle-ci est inspirée ouvertement de Bullit et utilise comme un clin d’œil le même acteur pour conduire la voiture que pourchasse Buddy. Certains chroniqueurs américains se sont d’ailleurs amusés à repérer les bruits de moteur des automobiles pour dire que ceux-ci avaient été surajoutés et ne correspondaient aux modèles utilisés à l’image. Mais pour quelqu’un qui n’est pas passionné par la mécanique des voitures américaines de cette époque, ça n’a guère d’importance. Il reste que la poursuite en voitures venant après celles de Bullit et de French connection, perd un peu de son attrait.  

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Vito donne des tuyaux à Buddy 

    Philip d’Antoni n’a pas fait grand-chose en tant que réalisateur en dehors de The seven-ups et des courts métrages sur des actrices pour la télévision. Mais par contre il a été le producteur de Bullit  et de French connection deux films phares qui ont révolutionné la manière de faire des films policiers. Il se tournera ensuite vers la production de fictions pour la télévision. Ici il ne démérite pas en tant  que réalisateur, loin de là, mais si son film n’a pas eu le succès escompté, c’est sans doute qu’il apparaissait comme un remake des deux films précités. Sa manière de faire rappelle très souvent William Friedkin. Pourtant dans le scénario-même il y a des idées très intéressantes, à commencer par celle qui fait que la personne sensé renseigné la police utilise de fait un policier pourtant intègre comme indicateur malgré lui. Ce n’est pas Les infiltrés, mais presque, ou encore l’impuissance de la mafia face à un racket bien mené, cette mafia représentée par des hommes faibles et apeurés, vieillissants. Le montage est serré et dynamique. Il y a peu de temps morts, et s’il y a des scènes dramatiques comme la mort d’Ansel, d’Antoni ne s’y attarde pas. Certes tout n’est pas parfait et il y a des répétitions, comme ces scènes qui se passent dans le lave-auto où la mécanique est décrite minutieusement comme la domination déjà d’une technologie devenue folle. On note également qu’il s’agit d’un film d’hommes où les seuls personnages féminins sont soit des infirmières, soit des femmes de mafieux craintives et terrorisées. Mais c’est une façon de ne pas verser dans la psychologie. La nécessité d’exploiter les décors urbains pousse d’Antoni à faire usage de longs plans séquences, avec une capacité à utiliser la profondeur du champ comme par exemple ces plongées – contre-plongées lorsque Buddy assiste à l’enlèvement d’un homme de la mafia. Il y a beaucoup d’astuce aussi dans la manière dont est filmée la planque de Buddy et de Barilli au moment des funérailles.

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Buddy assiste sans le savoir au kidnapping d’un ponte de la mafia 

    Le film est construit autour de Roy Scheider qui incarne Buddy Mancini. C’est un acteur qui a toujours été excellent et dont les performances physique ont souvent masqué les bonnes dispositions dramatiques. Il promène facilement sa carrure athlétique dans les méandres de cette histoire. Tony Lo Bianco est Vito Lucia, le rusé ami d’enfance qui trahit tout le monde. Il est très bon aussi et a dans ce film des faux airs de Robert de Niro. Ce sont les deux rôles principaux. Derrière on va trouver un casting un peu attendu, avec Richard Lynch dans le rôle d’un tueur un peu trouillard, Moon, mais psychopathe tout de même. Et puis il y a Bill Hickman dans le rôle de Bo, celui qui conduit l’automobile sans trembler. Hickman est en réalité un très bon pilote de voiture qui était déjà apparu dans Bullit, et ses performances en tant que conducteur l’avait amenées à être embauché sur le tournage de French connection pour doubler Gene Hackman dans des scènes de conduite très difficile puisque la vitesse rendait dangereuse la présence d’une foule compacte[1]. Les seconds rôles sont parfaits aussi en ce qui concerne  les équipiers de Buddy et les mafieux vieillissants aux figures marquées par la vie.

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Les Seven-ups surveillent l’enterrement 

    C’est donc, sans être un chef d’œuvre, un très bon film noir qui se revoie avec plaisir quarante ans plus tard. Avec des scènes remarquables notamment la première visite à la laverie de voitures, la façon dont les mafieux sont espionnés par les Seven-ups – cela restera et sera repris de nombreuses fois. Les scènes d’hôpital qui sont tournées sans mièvrerie donne un côté hyper-moderne à la manière de filmer de Philip d’Antoni. N’ayant guère eu de succès à sa sortie, il a été peu à peu redécouvert. Abondamment commenté outre-Atlantique, il est souvent cité comme un modèle de cinéma de cette période. Il a pris peu à peu l’allure d’un film culte.

     Police puissance 7, The seven-ups, Philip d’Antoni, 1973 

    Moon comprend qu’il a été piégé 

     


    [1] Pour la petite anecdote, c’est lui qui conduisait la Porsche de James Dean lorsque celui-ci a eu son accident mortel. 

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