• Film noir, Paul Duncan & Jürgen Müller eds., Taschen, 2017

    Il existe de très nombreux ouvrages sur le film noir, mais très peu d’intéressants en français, une petite poignée. Voilà donc un cadeau idéal pour la Noël pour ceux qui voudraient satisfaire des amateurs de films noirs. En règle générale je me méfie un peu des livres qui brassent trop large, mais celui-ci est très réussi. L’ouvrage ne s’adresse pas à des spécialistes du genre, plutôt à ceux qui ont envie de découvrir cet univers qu’ils ne connaissent pas encore très bien. Il les aidera à appréhender non seulement des films qu’ils ne connaissent pas, mais aussi des manières d’analyser ces films qui leur permettront d’accroître leur plaisir de cinéphile.

    Qu’un tel livre existe, aussi bien en anglais qu’en français, montre à quel point le film noir est resté un genre emblématique de la cinéphilie. Sans trop s’engager dans le labyrinthe des définitions pointilleuses ou des analyses techniques compliquées, il amène le lecteur directement dans les thématiques développées et ses rapports qu’elles entretiennent avec les nouvelles formes esthétiques que le cycle classique du film noir à produites. Il va y avoir une succession de chapitres qui regroupent des films où on parle de hold-up, d’amour fou, le détective privé, ou encore de cette approche particulière – du moins pour l’époque – d’utiliser massivement des décors naturels.  

    Film noir, Paul Duncan & Jürgen Müller eds., Taschen, 2017

    L’ouvrage solidement relié de 650 pages est abondamment illustré, ce qui à mon sens est essentiel si on veut faire ressentir la spécificité du film noir. A côté des images de films, on retrouvera le graphisme particulier des affiches. Il passe en revue aussi les réalisateurs les plus importants du genre sur lesquels il donne des détails pour montrer quelle place a tenu le film noir dans le développement de la carrière de réalisateurs comme Anthony Mann ou Richard Fleischer par exemple qui ont commencé par des exercices de style sur des films de série B.

    Les deux tiers de l’ouvrage sont une analyse détaillée des cinquante films noirs qui ont marqué l’histoire du genre. Comme tout choix et tout classement, il est évidemment discutable puisqu’en effet mettre Tirez sur le pianiste de Truffaut parmi ces cinquante films noirs peut paraître assez osé. Mais on ne saurait reprocher aux auteurs leur propre subjectivité. Dans cette partie ils ont voulu couvrir large, histoire de prouver que le film noir était une sorte de continent, mais aussi qu’il avait persisté comme genre dans le temps. Dans leur catalogue, ils terminent en 1981 avec Body heat, comme si le genre s’était conclu ainsi. Je crois avoir montré que si on intègre Body heat on peut tout autant rajouter Hot spot de Dennis Hopper qui date de 1990[1]. 

    Film noir, Paul Duncan & Jürgen Müller eds., Taschen, 2017 

    Les éditeurs de cet ouvrage sont deux spécialistes reconnus du film noir, mais ce ne sont pas des universitaires, ce qui peut expliquer pourquoi leurs analyses manquent parfois de précision. Il se termine avec une bibliographie seulement en anglais. A cette liste il faudrait rajouter deux excellents ouvrages en français, celui de Noël Simsolo que j’aime beaucoup[2] et puis celui de Jean-Pierre Esquenazi, Le film noir, histoire et signification d’un genre populaire subversif, CNRS éditions, 2012, plus fouillé, mais plus contestable dans son principe.

     

     


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/hot-spot-the-hot-spot-dennis-hopper-1990-a131098796

    [2] Le film noir, vrais et faux cauchemars, Les cahiers du cinéma, 2005. http://alexandreclement.eklablog.com/le-film-noir-vrais-et-faux-cauchemar-noel-simsolo-les-cahiers-du-cinem-a114844836

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  • Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    Il est toujours très délicat pour un réalisateur français d’adapter un roman noir classique, surtout s’il est américain. Au-delà des difficultés de la transposition, il y a sans doute une certaine timidité à s’attaquer à des livres cultes, mais souvent le réalisateur considéré n’a pas une compréhension suffisante du genre, ne fait pas du film noir qui veut, c’est le cas par exemple des adaptations de Truffaut, notamment le calamiteux Vivement dimanche ![1] Ici il s’agit d’un roman de Richard Matheson. Au départ c’était Jean-Pierre Mocky qui devait le réaliser, avec Mia Farrow, puis ensuite avec Jane Birkin. Mais Alain Delon lui en rachètera les droits et produira le film lui-même. A cette époque-là il avait une liaison très intense avec Mireille Darc, et il cherchait pour elle un scénario qui la sorte un peu de ses sempiternelles comédies dans lesquelles elle s’étiolait un peu. C’est elle, selon la rumeur, qui aurait suggéré à Alain Delon d’engager Lautner avec qui elle avait travaillé plusieurs fois par le passé.   

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974

    François Rollin se trouve sur la Côte d’Azur pour écrire des scénarios d’une série télévisée. Il s’ennuie un peu aussi, mais il va tomber sur une jeune femme, Peggy Lister, qu’il trouve intéressante et il va tomber amoureux. Rapidement les choses vont devenir compliquées : la mystérieuse Peggy affirme qu’elle est suivie, et laisse planer le doute sur ses véritables intentions. Elle ment aussi. Bientôt François qui est arrivé à se faire admettre auprès d’elle, est invité par le sulfureux avocat Marc Rilson qui tente de le mettre en garde contre Peggy, il lui explique qu’elle est folle et qu’elle a assassiné son mari. Mais François s’en moque et croit plutôt que Marc est jaloux, qu’il veut juste se débarrasser d’un rival. François va être agressé dans un immeuble qu’il visite pour trouver un logement pour Peggy. Mais peut après un autre crime est commis contre Albert, le domestique chargé plus ou moins de surveiller Peggy. Il est sauvagement assassiné à coups de ciseaux. Le doute n’est plus possible, cependant, outre que François est lui aussi soupçonné du meurtre, il s’entête dans son amour pour Peggy, lui proposant de partir très loin avec elle, pensant qu’ainsi elle oubliera un passé douloureux. C’est ensuite le propre frère de Rilson qui est assassiné, et cette fois rien ne peut dissimuler la vérité. Et tandis que la police se met en chasse de Peggy, celle-ci s’enfuit avec François. Marc, accompagné par le loyal Steig, va les rattraper au col de Turini. Il va intervenir au bon moment puisque Peggy s’apprête maintenant à tuer François. L’avocat va emmener la jeune femme folle et il la tuera pensant sans doute qu’elle n’a pas de possibilité un jour de guérir. 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974

    François tombe amoureux de Peggy 

    Le roman compliqué de Matheson est un roman d’atmosphère. Ecrit à la première personne, il reflète le point de vue de David Newton, un écrivain plutôt raté qui tout soudain se met à rêver d’une histoire d’amour avec une femme mystérieuse. Il en rêve d’autant plus que l’avocat de Peggy, Jim, celui qui l’a défendu quand elle a tué son mari, est aussi un ancien copain de collège… mais qui a réussi. Dans le film cette rivalité sera plus banalisée et ramené à deux hommes qui désirent la même femme. Le thème est celui d’un trio étrange : une psychopathe, un avocat qui bien que marié est amoureux d’elle, et un écrivain sans talent et probablement sans avenir. Si François s’entête malgré les mises en garde, c’est probablement par une sorte de défi, défi vis-à-vis de Marc l’avocat, et défi par rapport à Peggy elle-même qui, pense-t-il, n’osera pas le tuer tout de même. Peggy est une femme frigide qui ne couche avec personne, ce qui la rend sans doute attirante, et si dans le livre on a quelques raisons assez banales pour l’expliquer, le film fait l’impasse sur celles-ci. Cela empêche sans doute de donner un peu de profondeur à Peggy. Le dernier point est que seul l’avocat a une influence sur la jeune femme, c’est peut-être dans la relation entre elle et lui que se situe le plus intéressant de l’histoire. 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    L’avocat Rilson met en garde Rollin et lui demande d’oublier Peggy 

    Le premier problème qu’on rencontre dans ce film, c’est la mise en scène. Lautner malgré ses succès commerciaux ne s’est jamais amélioré. Il filme toujours aussi platement, même quand il a à sa disposition des acteurs de premier plan. C’est typique dans Les seins de glace. Non seulement il ne sait pas utiliser les décors intéressants de son film, l’image n’a jamais de profondeur, mais en outre, sa caméra est assez peu mobile et quand elle l’est, c’est à contre-temps. Le cadre est généralement très étroit, comme à la télévision, et les dialogues sont filmés dans des face à face en plans rapprochés sans grâce. Selon Lautner le film a bénéficié d’un gros budget, et que cela l’aurait gêné. Il est vrai qu’il y a un luxe de décoration, mais sinon on ne voit pas très bien ce qui justifierait dans le film un gros budget, à part les salaires des vedettes bien sûr. Lautner a écrit aussi le scénario, et ce n’est pas toujours très heureux. Par exemple l’attitude du commissaire de police qui laisse faire Marc, tout en le prenant en chasse, n’est pas très claire. On notera qu’il y a plusieurs clins d’œil au film Les félins de René Clément. Alain Delon incarne à nouveau un « Marc », et l’entrée de la maison luxueuse de l’avocat ressemble à s’y méprendre à celle de la riche américaine Barbara. Mais Lautner n’est pas Clément ! 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    Albert est à son tour assassiné 

    L’interprétation, c’est d’abord Claude Brasseur dans le rôle de l’écrivain de scénarios de séries télévisées, c’est lui le personnage central du film. On ne peut pas dire qu’il soit très bon. Il en rajoute beaucoup dans le genre extravagant. Sans doute n’a-t-il pas compris la profondeur de son personnage, il confond manifestement dérision et pantalonnade. Il met tellement de temps à comprendre qui est Peggy que cela en devient gênant. Mireille Darc est Peggy bien sûr. Elle a tourné une dizaine de films avec Lautner, certains ont été de très gros succès, et comme on l’a dit, c’est elle qui a voulu que ce soit Lautner qui la dirige. Ici, elle a beaucoup de mal à se glisser dans la peau d’une psychopathe frigide. Pire encore elle est assez peu crédible quand elle tombe sous le charme des paroles de son avocat. C’était un rôle sans doute trop difficile pour elle. Delon est évidemment le meilleur des trois, c’est un peu lui qui sauve le film de l’ennui, apportant une touche de mystère à un personnage curieux. Il est vrai que c’est l’avocat qui présente le profil le plus complexe : il protège Peggy avec qui il veut se marier, alors qu’il n’a pas encore divorcé, qu’il vit avec sa femme sous le même toit, et ira même jusqu’à la tuer par amour. Devant le commissaire il s’accusera des crimes de Peggy contre toute vraisemblance. Pour des raisons de calendrier, Delon préparait Borsalino and Co, c’est lui qui a été le moins présent sur le tournage, et pourtant c’est lui qui retient le plus l’attention. Les seconds rôles sont plutôt pas mal, André Falcon dans le rôle du commissaire, ou Nicoletta Machiavelli dans celui de la femme délaissée de Rilson. On regrette qu’elle ne soit pas plus présente. 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    Steig vient refaire les valises de Peggy 

    L’ensemble reste assez étriqué. C’est je crois bien la seule incursion de Lautner dans le genre « noir », il préférera retourner à des comédies moins ambitieuses dialoguées par Audiard. Certains de ses films, avec Belmondo, seront de très gros succès commerciaux. Il tournera à nouveau avec Delon dans Mort d’un pourri en 1977, un polar avec un discours politique comme cela se faisait à l’époque, qui sera aussi un grand succès populaire. Les seins de glace a reçu un accueil plutôt bon de la critique qui trouvait excellent que Lautner puisse faire autre chose que des comédies. Le public a suivi aussi, mais pas tant que ça. Le fait que Delon soit relativement effacé, bien qu’il soit tête d’affiche, il n’est que le troisième rôle, a dérouté le public, mais aussi peut-être la prestation en demi-teinte de Mireille Darc est-elle une explication à ce succès commercial mitigé. 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    La police surveille les conversations téléphoniques de Rilson 

    P.S. Le titre français est celui de la Série noire, c'est un jeu de mots qui renvoie aux Saints de Glace qui sont les Saints qu'on invoquait au mois de mai pour éviter que la récolte ne soit mauvaise. 

    Les seins de glaces, Georges Lautner, 1974 

    Peggy se laisse bercer par les discours de Rilson

     

     


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/vivement-dimanche-francois-truffaut-1983-a131098440

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  • Robert Giraud, La petite gamberge, Denoël, 1961

    Il fait partie de ces auteurs qu’on redécouvre tout le temps. Il est d’ailleurs assez difficile à qualifier. Moins préoccupé par la conduite de sa carrière littéraire que par la fréquentation des bistrots de la Maube et d’alentours, il écrivait de temps à autre, parfois parce qu’il en avait envie, parfois parce qu’il fallait qu’il remonte un peu de fraîche. Il a écrit plusieurs ouvrages sur l’argot et sur le milieu, certains ont bien marché, mais il arrondit aussi ses fins de mois avec de la publicité pour les vins du Postillon ! 

    Son ouvrage le plus connu est Le vin des rues, paru en 1955 chez Denoël, qui a eu un énorme succès, et ensuite de multiple fois réédité, avec de belles photos de Robert Doisneau. Il avait passé sa jeunesse à Limoges, puis, après avoir été très actif dans la Résistance, il monta à Paris dont il tomba amoureux, à une époque où cela était possible. C’était pourtant un vrai provincial, mais à l’instar de Léo Malet ou d’André Héléna, il se naturalisa lui-même parisien, en adoptant ses bistrots et aussi sa langue populaire si particulière dans l’immédiat après-guerre. Il écrivit d’ailleurs de nombreux ouvrages sur l’argot. 

    Robert Giraud, La petite gamberge, Denoël, 1961 

    Il fréquente essentiellement des marginaux, des clochards, des chiffonniers, des petits marlous. S’il connait le milieu, c’est plutôt le milieu d’en bas, des petites combines qui nourrissent assez peu son homme et qui mènent de temps en temps au ballon, et probablement aussi parce qu’il a vécu de cette manière. Ce sont ces héros négatifs qui l’intéresse. Il avait écrit un roman, La route mauve, publié en 1959 chez Denoël qui contait les aventures de trimardeurs qui traversaient la France à pieds pour aller de Paris jusqu’à Limoges. C’était déjà un roman assez noir.

    La petite gamberge raconte une histoire qui aurait pu être écrite par André Héléna. Cinq copains, Bouboule, le Manchot, la Tenaille, Roger et la Douleur, sont des cambrioleurs. Ils se réunissent à la Bonne Treille, le bistrot du grand René, où ils ont leur table et leurs habitudes. Là parmi les manchards, les pionnards, les chiftirs et autres vaincus de la vie, ils montent des coups plus ou moins foireux. La plupart du temps cela consiste à déménager des objets et à la revendre ensuite à un receleur – une sorte de reprise individuelle. Mais voilà que la Tenaille a la mauvaise idée de tomber amoureux de la toute jeune Pierrette qui chante accompagnée à l’accordéon par Pépère, un vieux presqu’aveugle. Ils se mettent à la colle. La bande va monter un superbe coup, pour une fois. Ils pillent une villa de banlieue appartenant à des gens du cinéma. Ils déménagent tout ce qu’ils peuvent avec le camion de la Douleur. C’est ce dernier qui va être chargé de planquer le butin. Tout va bien donc, mais voilà que Roger se fait arquepincer par les chaussettes à clous. Le reste de la bande se disperse, cependant, ils en viennent à soupçonner la Douleur de l’avoir donné. Cette méprise va mener la bande sur la pente fatale.

    Si l’histoire ne recèle guère de surprises, son style en fait une œuvre excellente. Bien qu’il ait été écrit au tout début des années soixante, c’est un roman déjà plein de nostalgie qui nous parle d’un Paris en train de s’effacer sous les coups de pelleteuses des entrepreneurs immobiliers et de la modernité. Ce qu’on sent là, c’est la fin d’une identité, d’une culture, et l’émergence d’un Paris qui n’est plus qu’une succession d’images sans âme, une sorte de paradis des consommateurs. Déjà le Paris des marginaux, des cloches et des petits marlous, se replie vers des tapis de moins en moins nombreux. Bouboule se ballade de la Mouffe à Rambuteau, jusque vers les Halles, il glisse dans les encoignures, les redans du social ne se frottant qu’incidemment au Paris de la normalité. Il s’impose par sa présence, mais seulement sur ses terres, il a son public, ses affidés. La Tenaille serre les mains comme une tenaille ! Ce sont des caractères, et même le Pépère qui est aussi vieux que jaloux.  

    Robert Giraud, La petite gamberge, Denoël, 1961

    Giraud ne calcule rien, ou pas grand-chose, son récit va comme je te pousse, mais c’est beau cette manière qu’il a de décrire les petites joies et les grands malheurs de ce petit peuple de Paris. Pierrette qui chante tout en cherchant à ce que Pierre la remarque. C’est pas mal aussi. C’est un roman d’hommes, mais les femmes ne comptent pas qu’un peu. Outre Pierrette, on aura le portrait de la concierge qui est en ménage avec la Douleur et qui compte ses sous. La Douleur se trouve du reste malencontreusement un boulot presque normal, en travaillant pour les antiquaires des Puces de Saint-Ouen pour qui il déménage et livre des objets de toutes sortes avec son vieux camion. C'est d'ailleurs ce qui causera sa perte et celle de ses aminches.

    Roman d’atmosphère, Giraud utilise pourtant un style sobre, jamais saturé d’expressions argotiques. Evidemment la critique l’a toujours négligé, tant pis pour elle. Elle l’aurait sans doute pris un peu plus au sérieux s’il n’y avait pas eu d’histoire et que Giraud se soit borné à la description de caractères qu’il a certainement connus. Mais quoi qu’on en pense, Giraud aimait aussi raconter des histoires qui n'étaient pas que des calembredaines. S’il n’a malheureusement pas beaucoup donné dans le genre roman, c’est seulement par paresse. Il était aussi poète, et on notera qu’il a publié dans la revue Les cahiers du peuple, revue consacrée à la littérature prolétarienne et dirigée par Michel Ragon.  

    Robert Giraud, La petite gamberge, Denoël, 1961 

    Le dilettante vient de rééditer ce roman, après avoir réédité plusieurs textes importants de Robert Giraud. On peut leur reprocher peut-être de le faire d’une manière un peu décousue, pour le reste on ne peut que les féliciter. En tous les cas pour ceux qui ne le connaissent pas encore, on ne peut que leur conseiller de s’y jeter dessus ! 

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  • La cigarette au cinéma 

    Ne sachant plus comment emmerder le monde, voilà que la ministre de la Santé qui par ailleurs veut nous obliger à vacciner nos enfants avec onze produits différents, prétend œuvrer pour le bien public en voyant comment on peut empêcher de représenter la cigarette ou le cigare au cinéma[1]. Je précise pour bien qu’on comprenne le sens de ma diatribe, que je ne fume pas et que je n’ai pas l’intention de le faire. L’annonce de Buzyn a fait bondir de joie la Commission européenne, évidemment[2]. Mais devant le tollé que cette idée loufoque, très représentative de l’imbécilité macronienne, Buzyn a rectifié. Elle n’a jamais dit cela, on l’a mal comprise !

    Voilà ce qu’écrit Le figaro [3] : Quelques minutes après le message niant sa volonté d'interdire la cigarette dans les œuvres cinématographiques, Agnès Buzyn a toutefois tenu à rappeler, dans un second tweet, qu'une majorité de films contient des scènes de consommation de tabac et que cela pose tout de même la question de « l’indépendance des réalisateurs vis-à-vis des incitations à montrer la cigarette ». Il faut être bête comme Buzyn pour penser qu’un réalisateur va filmer un acteur qui fume parce qu’il est sous l’influence des cigaretiers.  

    La cigarette au cinéma

    Chaque fois que les macroniens disent des conneries, ils nous expliquent qu’ils sont des incompris, qu’on a déformé méchamment leur propos. Ce n’est pas d’aujourd’hui que cette idée date. Elle nous vient tout droit des Etats-Unis. La mauvaise foi de ces gens là est éclatante. La cigarette sert à tout et à n’importe quoi. Ainsi en emmerdant les fumeurs, on peut tranquillement augmenter les impôts sur les pauvres, puisqu’il est bien connu que les pauvres fument plus que les riches. On fait ainsi semblant de lutter contre quelque chose sans que ça ne coûte rien. Mais en même temps on renforce le contrôle social, et on apprend à la société de se plier à des règles qu’ils n’ont pas voulues. Les interdictions sont légions, tous les jours on en trouve une nouvelle, interdiction de rouler en dessus de la vitesse décidée par le gouvernement, et cette vitesse change constamment, un coup c’est 50 km/h un autre jour c’est 60, et puis 90 ou encore 110. Je passe sur les interdictions de stationner, l’obligation de payer un horodateur pointilleux pour occuper un espace public. Appliquant la logique stupide benthamienne la vie sociale est réglée par la maxime « surveiller et punir ». C’est là le cœur du libéralisme. On se rappelle qu’il y a quelques années la Commission européenne pour des raisons d’hygiène voulait faire interdire les fromages à pâte molle comme l’Epoisses ou le Munster. C’était sous couvert de santé publique, une incitation à consommer des fromages industriels hollandais ou allemands, vendus sous emballages plastifiés dans les hypermarchés. Devant la levée des boucliers que ce genre de proposition dictatoriale a soulevée, Bruxelles a tout de même renoncé.  

    La cigarette au cinéma

    Mais ne nous éloignons pas du cinéma. L’idée stupide des bureaucrates de l’Union européenne et de Buzyn est que si au cinéma on montre quelqu’un qui fume cela donne l’idée aux spectateurs de fumer. Cette assertion est triplement sans fondement. C’est comme si on supposait que quand on voyait un meurtre à l’écran – et il y en a beaucoup – et bien on se convertissait en assassin. Et si, on voit Rambo, on va s’engager au Vietnam. Donc si on suit ce raisonnement, si on voit Alain Delon fumer sa dernière cigarette dans Deux hommes dans la ville, avant de se faire décapiter, et bien on aura envie de faire comme lui et de se faire raccourcir. Dans ce film on le voit aussi étrangler Michel Bouquet, mais pourtant personne n’a eu envie de tuer ce grand acteur. Ainsi il ne faudrait pas présenter des images négatives à l’écran, pas de meurtre, on l’a dit, pas d’adultère, pas de course de voitures parce que ça pollue. Outre que Buzyn nous prend pour des imbéciles, on ne sait pas ce qui est bon ou mauvais pour nous, elle se propose tout simplement d’interdire le film noir. On peut comparer facilement cette tendance du jour à une sorte de fascisme rampant. En effet l’HUAC avait en son temps lancer des procès destructeurs contre les réalisateurs et acteurs du film noir, Ayn Rand cet auteur hyperlibérale, gourou de Ronald Reagan avait théorisé les règles de ce qu’on pouvait montrer ou non au cinéma[4]. Peut on faire un film noir sans alcool et sans cigarette ? Imagine-t-on Humphrey Bogart boire un coca cola, light de préférence ?  

    La cigarette au cinéma

    Le second point est que si le gouvernement voulait vraiment s’attaquer aux problèmes de santé, il ne se proposerait pas d’emmerder les réalisateurs, mais il interdirait par exemple l’agriculture industrielle qui assassine les populations à petit feu. Ou encore il interdirait la circulation des camions et des automobiles. On peut supposer que si les populations ont acquis une bonne éducation, elles sont capables d’opérer des choix par elle-même. Considérer que les spectateurs sont sous influence des images, c’est laisser croire qu’ils sont encore des enfants et que Buzyn connait la solution mieux que nos populations. Elle se comporte comme si elle ne représentait pas les Français, mais comme si elle les guidait sur le chemin de la lumière. Mais laissons là la question du mimétisme. Ce débat ne sera jamais tranché parce que si on pense que le cinéma modifie notre comportement, on peut aussi penser que les films qu’on nous montre n’auront du succès que si quelque part ils nous représentent. La causalité linéaire entre les deux termes me parait très difficile à établir. La preuve ? Les multiples hausses des prix du tabac et les multiples restrictions de son usage dans les lieux publics – y compris les cafés et les restaurants – n’ont pas enrayer la consommation. Une partie de la baisse de la vente des buralistes a été compensée par une hausse des ventes illicites[5]. On pourrait penser qu’une bonne politique de prévention des risques serait de diffuser des messages, notamment par le biais de l’école, mais ce serait faire confiance à l’intelligence des citoyens ce que manifestement on ne veut pas.  

    La cigarette au cinéma

    Ce qui est le plus inquiétant c’est que si jamais ce genre d’idée loufoque venait à être appliquée – et avec la Commission européenne ce n’est pas impossible – on se demande bien quelle serait la suite. On en reviendrait probablement à une commission de censure qui demanderait à lire les scénarios avant de donner son accord sur le tournage. Voici la liste des obligations qui pourraient être imposées dans les films d’un nouveau genre :

    - d’abord bien sûr la présence des minorités sexuelles ou les minorités ethniques, même si on tourne un film historique qui ne peut pas les intégrer. On voit déjà ça arriver avec les westerns qui font du héros un noir. Les Américains semblent avoir intérioriser ces nouvelles normes, et c’est pourquoi ils font des films de moins en moins intéressants ;

    - pour ne pas heurter les minorités religieuses, on pourrait aussi éviter de montrer des croix. Et d’ailleurs vous aurez remarqué qu’on ne voit plus un seul film sur les croisades depuis bien longtemps. D'ici à ce qu'on demande aux actrices à jouer en burka, il n'y a pas loin ;

    - pour ne pas heurter les végans, il faudrait aussi filmer des repas sans viande, sans lait et sans fromage ;

    - pour ne pas susciter la jalousie des sans-dents et des « gens qui ne sont rien », il ne faudrait pas non plus montrer de l’argent, ni se moquer des riches ;

    - les scènes violentes avec des armes seraient bien entendu interdites également pour cause de mimétisme potentiel. 

    La cigarette au cinéma 

    Bref on comprend que si on doit poursuivre dans cette voie imbécile il ne nous restera plus comme film que les comédies bien niaises avec Omar Sy et Christian Clavier, et des romances stupides avec des fins heureuses. Ce sera évidemment la fin du cinéma, mais je me demande si cette fin n’est pas déjà actée ! Tant que ce n’est pas interdit on peut encore voir des films noirs, mais il faut se dépêcher parce que les jours de ce genre semblent comptés ! 

    La cigarette au cinéma 

     


    [1] http://www.leparisien.fr/societe/la-ministre-de-la-sante-veut-elle-interdire-la-cigarette-dans-les-films-francais-17-11-2017-7399383.php

    [2] https://www.euractiv.fr/section/sante-modes-de-vie/news/commission-backs-french-idea-to-ban-on-screen-smoking/

    [3] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/11/21/01016-20171121ARTFIG00144-tabac-au-cinema-agnes-buzyn-dit-n-avoir-jamais-evoque-son-interdiction.php

    [4] http://alexandreclement.eklablog.com/ayn-rand-et-la-conception-du-cinema-hollywoodien-au-moment-de-la-chass-a114844816

    [5] http://www.liberation.fr/france/2017/05/30/en-france-la-cigarette-fait-toujours-un-tabac_1573078

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  •  Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017

    Il existe de très nombreux ouvrages sur Alain Delon. La plupart sont plutôt venimeux, comme si leur auteur avait un compte personnel à régler avec l’acteur. L’ouvrage de Vincent Quivy n’échappe pas à cette remarque, il s’essaie même à être le pire. On remarquera qu’il n’y a aucune photo de Delon dans cet ouvrage, et non plus sur la couverture, il est évident que Delon ne lui aurait sans doute pas accorder ce droit. De même Quivy fait comme s’il avait choisi de ne pas rencontrer Delon pour construire son livre. Il va de soi que, vu sa tournure d’esprit et le but qu’il s’est fixé, il aurait été plutôt mal reçu[1]. Quivy nous dit qu’il a écrit ce livre non pas parce qu’il aime Delon, mais parce que les ouvrages qui ont été écrit sur lui ne lui plaisaient pas. Entendons par là qu’ils n’étaient pas assez dans l’éreintement de la star. Il y avait pourtant un ouvrage un peu du même genre, celui de Bernard Violet, Les mystères Delon, paru chez Flammarion en 2000. Celui de Quivy est dans la même lignée, quoique plus paresseux et moins sérieux dans la quête de sources fiables. Je ne vais par reprendre les approximations qui émaillent son ouvrage, il y en a à toutes les pages, je me contenterais d’insister sur la démarche.

    Se prétendant historien, Quivy fait semblant d’avoir réalisé une enquête sérieuse sur l’acteur. Ce n’est pas vrai, il s’appui seulement sur une collection d’articles et d’interview qu’il a rassemblés de ci de là. Ce sont des sources de deuxième main, et seul un naïf s’y tromperait. Et encore il utilise les ciseaux pour découper dans ces articles ce qui peut lui servir à dénigrer Alain Delon, faisant très attention à ce que rien de positif ne puisse déranger sa diatribe. On ne sait pas trop ce que Delon lui a fait. On comprend bien qu’on puisse ne pas aimer tel ou tel acteur. Moi aussi il y a des acteurs qui m’agacent. De là à écrire un livre à charge c’est quelque chose de plutôt singulier. Il va couvrir son entreprise de dénigrement systématique en mettant en avant le fait que Delon n’est pas seulement un acteur, mais le symbole de l’histoire de la France, plus un personnage médiatique qu’un artiste. Il est vrai que Delon appartient à l’histoire de la France, et qu’il a symbolisé le renouvellement du cinéma français au début des années soixante. C’est donc aussi un phénomène culturel et social, comme Brigitte Bardot, qui a été célébré dans le monde entier.

      Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017

    Le but unique de Quivy est donc de rabaisser Delon. D’abord de le présenter comme l’enfant de petits bourgeois, et non pas comme étant issu d’un milieu populaire, histoire de relativiser ses succès quand il entreprendra de faire du cinéma. Il le présente ensuite plusieurs fois comme un menteur en mettant en contradiction principalement des déclarations qu’il aurait faites à des journalistes différents au fil des années. Le plus souvent ces contradictions concernent des points très mineurs sur lesquels, faute de témoignages, il est impossible de trancher. Mais aussi ces contradictions proviennent également du fait que ce sont des interviews qui sont cités et que ceux-ci entraînent naturellement des approximations et des variations dans le temps.

    Plus gênant quand on écrit un ouvrage sur un acteur comme Delon, Vincent Quivy a des connaissances en matière de cinéma très lacunaires. On le verra par exemple parler de Gina Lollobrigida comme d’une gloire éphémère ! Elle a juste tourné dans plus de cinquante films entre 1946 et 1966, elle a tourné avec Pietro Germi, Luigi Zampa, Bolognini, Robert Mulligan, Roberto Castellani, King Vidor, Vittorio de Sica. Et j’en passe. Elle fut un pilier du cinéma italien dans ces années-là.  De même il parle des films d’Alain Delon, et on se demande s’il les a vus. C’est patent quand il traite de Quelle joie de vivre ! Qui est un des films préférés d’Alain Delon. Il n’est guère plus amène avec certains cinéastes, Charles Vidor est désigné comme une nullité absolue, alors que celui-ci a tout de même réalisé Gilda, ce que Quilvy ne semble pas savoir. 

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017 

    Sa haine de Delon lui fait oublier que l’acteur a tourné 4 films avec René Clément, 2 avec Luchino Visconti, 3 avec Melville, 1 avec Michelangelo Antonioni, 2 avec Joseph Losey, dont le fameux Monsieur Klein qu’il a produit lui-même. De même il a produit et joué dans le superbe film d’Alain Cavalier, L’insoumis, film qui eut les pires ennuis avec la censure. Peu d’acteurs auront tourné dans autant de chef d’œuvres. A propos de L’insoumis Quivy le présente comme un échec personnel de Delon producteur. Arguant qu’il a fait peu d’entrées. Il a effectivement fait moins de 800 000 entrées. Mais la raison principale est que ce film n’a pas pu avoir une exploitation normale, il a été interdit par la justice au bout de quelques jours et retiré de la circulation pendant des années. Depuis ce film est devenu une référence pour les cinéphiles et ceux qui aiment le film noir, il reste un des meilleurs rôles de Delon et sans doute le meilleur film de Cavalier. 

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017 

    René Clément, Jane Fonda, Alain Delon et Lola Albright 

    Vincent Quivy avance que Plein soleil a sa sortie fut assez mal reçu. Quivy n’aime pas ce film qu’il considère comme du sous-Hitchcock, avec trop de gros plans et une musique surchargée. Mais quelques pages plus loin il nous explique pourtant que ce film réalisa un carton au Japon et que c’est pour cette raison que Delon était très connu dans ce pays qui le célébra comme jamais un acteur français le fut. C’était une très grande vedette en Italie aussi, et plus généralement dans tous les pays européens, de l’Espagne à la Russie. On voit donc que Quivy mêle ses propres jugements esthétiques assez peu fondés à une diatribe continue contre Delon. Il minimise ses qualités d’acteur au point d’affirmer que Le guépard est ce qu’il a fait de mieux en tant qu’acteur, et qu’ensuite ce sera une longue descente. 

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017 

    Evidemment sa longue carrière compte son lot de productions médiocres et d’échecs, mais c’est le cas de toutes les grandes stars qu’elles officient à Paris, à Rome ou Hollywood. Ce n’est pas de cela que Quivy discute, mais plutôt du caractère de Delon qui ne lui plait pas. Il nous en offre une sorte de psychanalyse sauvage, en partant d’une analyse assez confuse de la famille d’Alain Delon et des conflits qu’il aurait connus dans son enfance tiraillée entre son père et sa mère. Ne connaissant pas personnellement Delon, je ne me fierais pas à ce qu’on peut percevoir de lui pour produire une étude de son caractère. Les échos que j’ai eus de sa personnalité, notamment directement par René Clément qui l’a dirigé à quatre reprises, sont tout à l’opposé de ce que dit Quivy. Clément le présentait comme un homme droit et fidèle, intelligent et attentif. Certainement que les fréquentations connues de Delon avec des voyous peuvent choquer des gens bien-pensants comme Quivy. Mais quelles que soient les analyses que celui-ci fait, il est incapable d’en dire quelque chose d’intéressant et de personnel. Et d’ailleurs qui à part Delon pourrait dire quelque chose sur sa propre vie intime et ses ressorts qu’on ne connait pas vraiment en dehors de l’écume qu’en rapporte les journaux. On le sait bien que le cinéma regorge de personnages extravagants, et Delon est aussi un homme de cinéma. D’autres ont eu des relations comme on dit douteuses, à commencer par Belmondo qui s’était empêtré dans une relation avec une Barbara Gandolfi, drivée par son souteneur[2].  

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017

    Mais il faut bien de temps en temps parlé de cinéma. Ne s’inquiétant pas de se contredire, Quivy finit par affirmer que Le professeur, le film de Zurlini, est excellent, peut être le meilleur film du réalisateur italien. Produit par Delon ce fut en outre un gros succès public particulièrement en Italie, car les films de Delon se vendaient aussi à l’étranger et que parfois un film passé un peu inaperçu en France était un succès dans le reste de l’Europe. Ne vérifiant pas toujours ce qu’il raconte, Quivy en vient à dire des contrevérités grossières. Par exemple il nous affirme que Delon et Melville étaient fâchés d’une manière irrémédiable après Un flic. C’est bien possible, mais cette brouille, comme c’est presqu’inévitable entre des caractères aussi peu nuancés que Melville et Delon, ne dura pas. On sait que Melville, juste avant de mourir, avait un nouveau projet avec Delon, il se serait agi de mettre en scène de nouvelles aventures d’Arsène Lupin.  

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017

    Ce qui m’interpelle, c’est que dans le milieu du cinéma les caractères emportés et autoritaires pullulent. Par exemple Melville avait une sacrée réputation d’emmerdeur, et il est certain qu’il ne devait pas être facile à fréquenter. Mais pourtant quand on écrit quelque chose sur ce réalisateur tatillon, on ne passe pas son temps à décortiquer les raisons qui font qu’il était comme ci ou comme ça. On analyse son travail et sa production. On sait aussi que Lino Ventura ou Jean Gabin avaient des caractères pour le moins difficiles. Comme Delon, Gabin et Ventura n’aimaient pas multiplier les prises. Mais eux non plus n’ont pas eu droit à ce traitement qui est réservé au seul Alain Delon : on parle de leur carrière, de leurs films, on essaie d’évaluer ce qu’ils ont pu apporter au cinéma. Delon a droit à un traitement à part. Cela semble vendeur que de passer son temps à l’injurier et à le traiter comme un moins que rien. Quivy le décrit comme un adolescent capricieux et immature, même quand il est déjà devenu une vedette et qu’il a eu fait trois ans d’armée. Chez Quivy l’adolescence semble durer longtemps pour faire tenir ses salades jusqu’à la petite trentaine. Je ne veux pas prendre la défense de Delon, il n’a pas besoin de moi, sa carrière parle pour lui. Je veux juste dénoncer cette manière médiocre de tenter de gagner quelque argent en cassant du sucre sur le dos d’une personnalité qui est beaucoup plus grande que soi. Pour le reste je croyais la maison d’édition Le seuil un peu plus sérieuse tout de même. 

    Vincent Quivy, Alain Delon, Le seuil 2017

     

     

     


    [1] http://www.letelegramme.fr/france/vincent-quivy-delon-n-aime-que-delon-18-11-2017-11745075.php

    [2] http://www.lefigaro.fr/cinema/2016/12/07/03002-20161207ARTFIG00168-l-ex-compagne-de-jean-paul-belmondo-jugee-pour-escroquerie-ne-s-est-pas-presentee-au-tribunal.php

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