• Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    Carlo Lizzani fut dans le temps considéré comme un réalisateur de premier plan. J’avais rendu compte il n’y a pas très longtemps de l’excellent Banditi a Milano[1], La chronique des pauvres amants vaut aussi le détour. Mais sa carrière n’a pas toujours été très maitrisée et il s’est un peu laissé aller à tourne des westerns, des polars de série B. Il avait participé au scénario de Riz amer, une référence pour le néo-réalisme italien tout de même, et Achtung ! Banditi ! est son premier long métrage. Deux sources principales animent la cinématographie de Lizzani : la guerre et la résistance, et le film noir. Mais dans les deux cas il utilise souvent des décors propices à mettre en scène des gens du peuple, des ouvriers ou des marginaux. En tous les cas, comme beaucoup de réalisateurs italiens de cette génération, il vise un cinéma à la fois populaire et exigeant.

     Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    Les partisans avancent sous le couvert de la forêt 

    Le titre reprend les slogans allemands visant à couper la population de la résistance. Le film raconte l’histoire d’un groupe de partisans amené par Vento qui doit rejoindre Gênes pour récupérer des armes dans une usine acquise à la cause antifasciste. Ils vont difficilement traverser les lignes ennemies, mais l’usine est en grève également, ce qui met les Allemands en ébullition. Néanmoins ils vont parvenir à leurs fins. Sauf que les Allemands entre temps décident de démonter les machines et de les expédier en Allemagne car ils trouvent les ouvriers italiens trop nonchalants, alors que l’effort de guerre doit être soutenu. Mais les ouvriers, avec l’assentiment de l’ingénieur qui dirige l’usine, vont saboter les machines de façon à ce que les Allemands ne puissent plus les utiliser. Le groupe des partisans est sur le qui-vive, se méfiant de tout le monde, ils soupçonneront la belle Anna, la secrétaire de l’ingénieur, d’être une espionne à la soldes Allemands, au motif que son frère s’est engagé dans les chasseurs alpins, bataillons censés lutter contre les partisans et appuyer les troupes allemandes dans la mise en place d’un ordre nouveau. Mais en vérité devant la cruauté des Allemands, les chasseurs alpins vont retourner leurs armes contre les occupants et rejoindre la résistance qui sortira de l’épreuve renforcée.

     Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    Une paysanne aide les partisans à se cacher des Allemands 

    Sans donner de date, l’action se situe manifestement à la fin de la guerre, les Allemands et les fascistes n’ont plus le vent en poupe. Le film présente l’originalité d’avoir été financé sous forme de souscriptions et de participation[2]. Ce qui au fond va bien avec la structure chorale qui refuse de s’attarder trop longtemps sur tel ou tel protagoniste de l’histoire, préférant mettre en avant une logique collective, celle du peuple rassemblé dans l’épreuve. Le film utilise des décors naturels, ceux d’une Ligurie blessée encore par les séquelles de la guerre de Libération. Les scènes de foule dans l’usine sont particulièrement réussies, mais aussi ce rassemblement des femmes qui viennent braver l’occupant aux portes de l’usine, réclamant de pourvoir voir leurs maris  qui sont réquisitionnés à même l’usine, obligeant les Allemands à les disperser d’une manière expéditive. Il y a donc une vérité sociale dans ce film qui mêle intelligemment d’ailleurs des acteurs de métier et des vrais ouvriers d’usine., la population locale. Le film s’appuie sur des événements qui ont eu lieu, même si pour les besoins de la fiction on y a introduit des éléments de romance, entre Anna et Andrea, ou entre Gatto et la jeune paysanne. Mais ce ne sont que des ébauches qui peut être ou non se poursuivront après la guerre. Le tout ne s’embarrasse pas de sentimentalisme. Et d’ailleurs on n’assistera pas à la pendaison de Marco et de l’ingénieur.

     Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    Anna retrouve son frère Domenico engagé dans les chasseurs alpins 

    En premier lieu, c’est le quotidien des partisans qui est filmé, plus que les actes de bravoures, c’est l’attente, le danger, la faim, le manque de sommeil. Et puis la solidarité d’un pays avec la résistance, ce qu’on a connu aussi en France bien sûr et qu’on exaltera dans de très nombreux films, de La bataille du rail à L’armée des ombres qui est sans doute la fin d’une glorieuse page cinématographique. La veine se tarira progressivement, dans la succession des générations. Si les Italiens sont filmés comme un groupe solidaire, unis aussi bien par le labeur que par la lutte contre l’occupant, ils ont des caractères tout de même assez tranchés, ce n’est pas le cas des Allemands qu’on voit comme une masse indistincte et mauvaise. D’ailleurs, les chasseurs alpins se retourneront vers la résistance justement à cause de l’imbécile cruauté des occupants.

     Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    L’usine est en grève 

    L’interprétation est excellente, il y a manifestement de l’enthousiasme chez les acteurs. La belle Gina Lollobrigida est Anna, et bien qu’elle soit la tête d’affiche, elle n’a pas le premier rôle. Elle était encore très jeune, mais c’était déjà une grande vedette. Le fait qu’elle ait accepté de faire ce film a dû  sans doute en faciliter le montage. On retrouve Lamberto Maggiorani dans le rôle de Marco. C’est Ladri di biciclete qui l’avait révélé. Ici il joue un ouvrier, lui-même venant de la classe ouvrière, le choix est très bon. Andrea Checchi tient le rôle de l’ingénieur, c’était un acteur de métier dont la carrière entamée avant la guerre se poursuivit jusque dans les années soixante-dix. Giuliano Montaldo qui ressemble étrangement au jeune Nicolas Cage, tient le rôle du commissaire Lorenzo. C’est lui aussi un acteur de métier.

    Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951  

    L’ingénieur veut organiser le démontage des machines 

    A travers le film qui est par moments un peu bavard, Lizzani se saisit de la question de la reconstruction de l’Italie comme un Etat moderne et démocratique pour mettre fin à la parenthèse fasciste. C’est pourquoi les partisans passent pas mal de temps à réfléchir pour savoir s’ils respectent bien les principes démocratiques, sous-entendant par là qu’à la fin de la guerre il faudra que chacun trouve sa place et soit respecté dans ce qu’il est et ce qu’il a à dire. L’ensemble se situe à l’intersection du film de guerre, de résistance, mais aussi du film militant dans ce qu’il met en scène l’importance décisive du petit peuple sans importance. Même si le budget n’est pas très important, cet aspect est secondaire, non seulement parce que l’esthétique du film s’y prête, mais aussi parce que Lizzani utilise la mobilité de la caméra au mieux pour se déplacer dans les décors urbains d’une ville abîmée.

     Achtung ! Banditi, Carlo Lizzani, 1951 

    Les Allemands occupent l’usine 

    Les années n’ont pas eu vraiment de prise sur le film, il se revoie encore avec un très grand plaisir, même si maintenant le sujet ne peut plus avoir l’attrait de la nouveauté, mais il y a du souffle et de l’émotion, de la vérité aussi.

     

     


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/bandits-a-milan-banditi-a-milano-carlo-lizzani-1968-a114844652

    [2] Carlo LizzaniQuaderni delle Olimpiadi, n. 3, agosto 1951. En parlant de son film, il insiste sur le fait que ce sont des ouvriers qui ont souscrits des actions de 500 lires pour le financement du film, de façon à ne pas rester des spectateurs passifs. Plus encore ce sont les ouvriers de Gênes qui ont choisi le thème du film.

     

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947 

    C’est ce qu’on pourrait appeler un classique du film noir. A la fois parce qu’il est tourné au moment de l’apogée du cycle, et parce qu’il est inspiré de l’ouvrage de la grande romancière Dorothy B. Hughes qu’on peut considérer comme un des piliers du roman noir américain. Tous ses romans n’ont pas été hélas traduits en français. C’est un auteur hélas un peu oublié qui a écrits un certain nombre de chef-d’œuvres, comme le très beau Tuer ma solitude. Mais par contre une partie d’entre eux a été brillamment portée à l’écran, par exemple In a lonely place réalisé par Nicholas Ray avec Humphrey Bogart, Fallen sparrow, réalisé par Richard Wallace avec le grand John Garfield. Le thème général de ses œuvres est le déséquilibre comportemental qu’entraîne une solitude insupportable.

      Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947

     Gagin est un vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui arrive par le bus à San Pablo au Nouveau Mexique pour se venger d’un certain Frank Hugo qu’il considère comme le responsable de la mort de son copain Shorty. Mais Hugo n’est pas à son hôtel, il doit l’attendre. Il va chercher une chambre pour y passer la nuit. Mais plus rien n’étant disponible, c’est en effet la fiesta à San Pablo, il doit se résoudre à chercher à se loger dans le quartier mexicain. Guidé par la jeune Pila, il va atterrir dans une taverne pauvre et apparemment mal famée où il va rencontrer un certain Pancho, le patron d’un manège de chevaux de bois. Une amitié entre Pancho et Gagin va se nouer autour d’une beuverie mémorable. Cependant Gagin va reprendre l’idée de faire chanter Hugo, le gangster sourd, à qui il propose un chèque de 100 000 dollars contre 30 000 dollars. Ce chèque est en effet la preuve de la corruption d’Hugo. Et s’il tombait dans les mains du FBI, Hugo irait en prison pour longtemps. D’ailleurs Retz, l’agent du FBI, est aussi sur la piste d’Hugo et demande à Gagin de l’aider à la coincer. Mais Gagin n’a pas confiance et veut jouer sa carte en solo. C’est cependant un jeu dangereux où Gagin risque de laisser sa peau. Hugo n’est en effet pas trop décidé à se laisser faire et va tenter de le faire assassiner. Il devra la vie sauve aussi bien à Retz qu’à la protection paradoxale de la très jeune Pila qui semble amoureuse de lui.

     

    Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947

    A San Pablo Gagin se dirige vers le quartier mexicain 

    La grande réussite du film vient d’abord de cette capacité à restituer l’atmosphère rêveuse et cauchemardesque de Dorothy B. Hugues. Robert Montgomery joue sur les décalages non seulement entre les Américains et les Mexicains, séparés par un mur invisible, mais aussi entre les hommes adultes et les enfants. Lors de l’arrivée de Gagin à San Pablo, non seulement il va traverser des quartiers différents, passant de la richesse à la pauvreté, mais il va sortir du monde adulte pour se mêler aux enfants et aux adolescents qui l’accompagnent. Gagin est un homme un peu raide et compassé dans son costume bien repassé, mais il va se saoulé avec Pancho, le gros propriétaire du pauvre manège de chevaux de bois, sale et drôle qui l’héberge dans des conditions singulières. Egalement il sera très étonné de voir cette jeune Pila, à peine adolescente, le suivre de partout comme si elle s’était donnée pour mission de le protéger. Cependant le comportement de Pila est ambigu parce qu’elle vient aussi à la ville pour trouver un mari.

     Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947 

    A l’hôtel, il cherche à rencontrer Frank Hugo 

    Comme on doit s’y attendre dans ce genre de film, les caractères sont taillés à la serpe. Le débonnaire Pancho représente la générosité de ceux qui n’ont rien. Frank Hugo, le gangster handicapé, vit au contraire dans le luxe, mais sans pour autant pouvoir se fier à ceux qui le servent, d’ailleurs Marjorie conseillera Gagin en trahissant Hugo. Mais sa cupidité latente l’amènera aussi à vendre Gagin aux tueurs embusqués. Généralement ce sont les Mexicains qui représentent la vérité de la vie. Moins attachés aux conventions monétaires et aux aspects matériels, ils manifestent plus facilement leur générosité. Au fond, ils apparaissent plus libres que les Américains. Et on se demande si l’idée de vengeance de Gagin n’est pas un prétexte tout trouvé pour se suicider plutôt que d’accepter la vie comme elle vient. Il est tellement psychorigide qu’il ne sait pas se comporter avec la jeune Pila.

     Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947 

    Dans une taverne mexicaine, Gagin se saoule la gueule 

    Si la réalisation joue finement de ces oppositions de caractères, elle utilise aussi parfaitement les décors plus ou moins réels de la petite ville, et aussi de cette atmosphère de fête qui paraît la rendre folle. Robert Montgomery saisit parfaitement les mouvements de foule comme ceux à contre-courant de son héros obstiné jusqu’à risquer sa vie pour satisfaire sa colère. En tant que réalisateur Montgomery manifesta un vrai goût pour le noir, que ce soit ici avec Ride the pink horses ou que ce soit en adaptant Lady in the lake du grand Raymond Chandler. Il va donc saisir la lumière d’une façon singulière, magnifiant les ombres du quartier mexicain, éclairant les visages pour en faire ressortir les sentiments et les troubles. Il porte aussi une attention particulière aux visages des enfants mexicains qui représentent la vie et la joie.  

     Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947 

    La jeune Pila suit partout Gagin 

    C’est cependant un film à petit budget, sans grande vedette en dehors de Robert Montgomery. Cet acteur aujourd’hui oublié fut pourtant une immense vedette. Il a tourné pour Hitchcock et pour Ford, Ford qu’il remplacera au pied levé comme réalisateur sur They were expendables en 1945. Issu d’une famille très riche de l’Est, il n’était pas à un paradoxe près. En effet, après avoir connu des succès énormes dans des comédies légères, il se réorienta vers le film noir où il excella, travaillant avec des scénaristes et des acteurs qui seront blacklistés, tandis que lui témoignera auprès de l’HUAC. Ici il est excellent et domine le film de toute sa prestance[1]. Wanda Hendrix incarne la jeune Pila. Elle est remarquable d’enthousiasme maternel lorsqu’elle prend en charge Gagin pour le protégé quand il est grièvement blessé. C’est une très bonne actrice qui ne trouvera rapidement plus de rôle au cinéma et devra se contenter de travailler pour la télévision. Incidemment elle fut la femme d’Audy Murphy – cet acteur dont le titre de gloire était d’avoir été le soldat le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. Thomas Gomez est Pancho. C’était un acteur de théâtre, habitué aux seconds rôles dans des films noirs comme Force of Evil ou Key Largo. Son interprétation dans Ride the pink horses fera de lui le premier acteur hispano-américain à être nominé à l’Academy Award. Il a une présence très forte. Fred Clark est Hugo, le gangster au sonotone. Lui aussi a interprété des tas de seconds rôles dans des films noirs, on se souvient de lui dans Sunste boulevard ou dans White head. Sa silhouette nous est familière. Si Andrea King dans le rôle de Marjorie est très bien aussi, c’est Art Smith qui capte l’attention en interprétant le rusé agent du FBI.

     Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947 

    L’agent Bill Retz menace Frank Hugo 

    C’est un film constamment redécouvert et qui reste dans les mémoires. La raison en est sans doute que Robert Montgomery utilise au mieux la subjectivité du héros pour montrer à quel point il est perdu. Sans  Lady in the lake il remplaçait la première personne du singulier par une caméra subjective qui filmait l’histoire du point de vue du héros. Ici il mélange les dialogues en anglais et en mexicain – sans sous-titres dans la version anglaise du film pour renforcer ce climat de confusion mentale et de dépendance de Gagin à l’aide bienveillante des Mexicains. Il y avait à cette époque une sorte de redécouverte par les Américains des Mexicains, à la fois si proche et si lointain, exotiques et pourtant voisins, qui existaient déjà un peu comme un reproche de leur civilisation par trop matérialiste.

    Et tournent les chevaux de bois, Ride the pink horse, Robert Montgomery, 1947  

    Gagin est blessé 

    C’est un pur film noir, très original, qu’on peut voir et revoir avec toujours un grand plaisir. Don Siegel tournera un remake de ce film pour la télévision en 1964 sous le titre de The hanged man avec Edmond O’Brien et Robert Culp.  

     



    [1] Il était aussi le père d’Elizabeth Montgomery, la célébrissime actrice de la série télévisée Ma sorcière bien aimée. 

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Il fut un moment où Sylvester Stallone tenta de se séparer de son image de brut de épaisse et sans cervelle, et de s’essayer à des rôles plus complexes avec des scénarios plus élaborés. Le peu de succès qu’il rencontra dans cette voie le ramena naturellement à de plus simples ambitions. Nighthawks fait partie de cette veine-là. Ce film a plusieurs intérêts, outre qu’il est la marque d’une époque particulière où New-York était une ville qui sombrait dangereusement dans la décrépitude, il traite de la question du terrorisme comme support d’un film noir.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Le soir venu, dans les rues de New-York Da Silva traque les petits malfrats 

    Da Silva et Fox sont deux flics affectés à la traque dans la rue des petits délinquants que très souvent ils provoquent pour les prendre en flagrant délit et les coffrer. Mais comme à New-York débarque un terroriste de gros calibre, Wulfgar, qui a fui la traque policière en Europe, ils vont être mutés dans une unité antiterroriste nouvellement formée. Là ils vont apprendre ce qu’ils doivent savoir de la lutte contre le terrorisme dans des leçons accélérées. Bientôt Wulfgar va être repéré, mais comme il a changé de figure grâce à la chirurgie esthétique, il est difficile à coincer. Il se planque chez une femme qu’il a draguée dans une boîte de nuit et qui ignore tout de ses activités, mais qui mourra rapidement pour avoir découvert ses secrets. Pourtant en faisant les tours des boites de nuit, Da Silva et Fox vont tomber sur Wulfgar. Une poursuite sanglante dans les rues puis dans le métro va s’ensuivre, mais Fox sera blessé et Wulfgar réussira à prendre la fuite. Avec l’aide d’une jeune femme terroriste, Shakka, Wulfgar va prendre en otage des membres de l’ONU dans une cabine téléphérique bloquée au-dessus de l’Hudson. Les négociations sont entamées pour que des terroristes soient libérés contre les otages. Wulfgar exige d’avoir Da Silva comme interlocuteur. Les choses ne tournent pas très bien pour Wulfgar et Shakka, cette dernière est abattue et Wulfgar s’enfuit une fois de plus pour se rendre chez la femme de Da Silva.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Wulfgar débarque à New-York pour faire des attentats 

    Le scénario original devait servir de trame à un troisième épisode de French connection. Il en restera quelque chose évidemment avec ces flics patrouillant dans les coins dangereux de New-York et la relation d’amitié qui persiste entre eux. Une partie de l’intérêt du film réside là, justement dans ces rues newyorkaises en décrépitude. Mais l’opposition entre les deux flics est cette fois doublée d’une opposition entre un tueur terroriste et le flic Da Silva. Celle-ci avance sans trop l’approfondir que tous les deux mènent finalement le même type d’action, sauf que l’un est dans le camp de la révolution et l’autre du côté de la loi et de l’ordre. Si le terrorisme est décrit comme étant relié au Moyen-Orient, il n’est guère spécifié pour autant. Est-ce lié à la cause palestinienne ? Est-ce lié à la révolution socialiste mondiale ? On ne le sait pas. Il y a des commanditaires qui ont beaucoup d’argent, mais on ne sait pas qui ils sont. Le personnage de Wulfgar, dit-on,  aurait été calqué sur celui de Carlos. Mais tout cela reste très vague et ne devient plus qu’un prétexte pour un film d’action. On remarque que Shakka est une terroriste décalée qui revendique des attentats au nom de la défense des opprimés, alors qu’elle-même, d’origine marocaine, vient d’un milieu aisé.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Le lieutenant Mufano annonce à Da Silva qu’il est muté 

    La réalisation est signée Bruce Malmuth, un réalisateur obscur qui a surtout œuvré dans la publicité. Nighthawks est sa seule œuvre remarquable et remarquée. En vérité il n’est que l’assistant de Sylvester Stallone qui est le maître d’œuvre du film. En effet, non seulement il a réécrit en partie le scénario, mais il a dirigé lui-même directement plusieurs scènes. A son actif on met la poursuite de Wulfgar qui démarre dans les rues de New-York, traverse les travaux de creusement du métro pour se retrouver finalement dans le métro lui-même. Il y a d’autres scènes intéressantes cependant, comme la recherche de Wulfgar à travers la tournée des boites de nuit, ou les scènes du début qui détaillent la lutte de Da Silva et de Fox contre les petits dealers et les délinquants en tous genres. Notamment le piège qu’ils montent pour attirer des voyous sous un pont avant que la patrouille de la police ne fasse capoter l’affaire. Il y a donc une bonne utilisation de l’espace, particulièrement en ce qui concerne New-York, c’est moins intéressant pour Londres ou Paris. L’utilisation du téléphérique coincé au-dessus de l’Hudson est moins bien appréhendée puisqu’en effet on devrait trembler un peu plus pour les otages suspendus au-dessus du vide.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Da Silva Fox traque Wulfgar dans le métro 

    L’interprétation est fondée sur deux oppositions, l’une entre Sylvester Stallone et Billy Dee Williams, connu à cette époque pour sa participation à deux épisodes de Stars war. Stallone s’est affublé d’une barbe façon Serpico, et d’une paire de lunette, sans doute pour se donner une allure de personne ordinaire. D’ailleurs il n’exhibera pas ses muscles à l’écran. Il joue de la sobriété, son rôle est presque muet. Il ira jusqu’à se déguiser en femme pour tromper l’ennemi. Mais comme il s’agit d’un film d’action au fond ça n’a guère d’importance. Billye Dee Williams fait acte de présence, sans plus. Rutger Hauer dont c’était le premier rôle aux Etats-Unis, apporte un peu de complexité dans le rôle de Wulfgar. C’est le personnage le plus bavard du film. Il anticipe un peu ce qu’il sera plus tard dans le film au succès colossal, Blade runner. Sa présence équilibre très bien celle plus monolithique de Stallone. Les personnages féminins sont sacrifiés. Pourtant Persis Khambatta dans le rôle de Shakka aurait mérité un peu plus d’attention, elle a un charisme particulier qui à ma connaissance n’a pas été pleinement utilisé. Lindsay Wagner qui est sensée interpréter Irène la femme de Stallone, est complètement transparente. On retiendra des seconds rôles, Nigel Davenport, l’acteur britannique qui joue Hartman, le spécialiste du terrorisme anglais qui vient donner la leçon aux Américains ! Et puis Joe Spinell, vieil ami de Stallone, qui joue le rôle convenu du chef de Da Silva, un brin amical, un brin colérique.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Wulfgar prend une vieille femme en otage 

    C’est un des rares films de Stallone qu’on peut voir et qui, sans être un chef-d’œuvre, tient la route plus de trente ans après. C’est d’ailleurs un des films que Stallone préfère dans sa lourde filmographie. Notons que cela n’a pas été un succès au box-office, bien que le film ait couvert ses frais et que la critique a été plutôt bienveillante.

     Les faucons de la nuit, Nighthawks, Bruce malmuth, 1981. 

    Wulfgar a kidnappé des membres de l’ONU dans un périphérique

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    C’est le quatrième film de Lang qui prend comme thème la Seconde Guerre mondiale. Mais maintenant la guerre est fini, et il ne s’agit plus de propagande, seulement d’utiliser un décor pour développer un film. Officiellement il s’agit de mettre en avant l’efficacité de l’OSS dans la lutte contre les puissances de l’Axe. L’ouvrage dont a été tiré le scénario, a été co-écrit par Alastair MacLean – célébrissime auteur des Canons de Navarone – et Corey Ford un écrivain qui fut aussi membre de l’OSS. Alastair MacLean est aussi l’auteur de The last frontier, roman anticommuniste que Phil Karlson porta à l’écran sous le titre de Dernier passage[1]. Le scénario proprement dit a été développé par des gens de gauche comme Ring Lardner Jr, ou Albert Maltz qui seront très inquiétés par la chasse aux sorcières. 

     

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946

    Alvah Jesper est un savant que les services de l’OSS vont utiliser pour tenter de récupérer Katrin Lodor qui est sur le point de travailler avec les nazis pour mettre au point l’arme atomique. Il va donc essayer de la rencontrer en Suisse, mais les Allemands le surveillent, et lorsqu’il arrive jusqu’à elle, ils vont la faire disparaître. Dès lors avec les services américains, Al va tenter de la retrouver, mais il arrivera trop tard, elle sera abattue par les nazis. Tout semble perdu, mais Al pense qu’il peut encore se rendre en Italie pour rencontrer un autre savant Polda et l’empêcher de mettre son talent au service des puissances de l’Axe. Là il va être pris en charge par la Résistance italienne. C’est ainsi qu’il fera la connaissance de la très belle Gina avec qui il va nouer une idylle malgré les impératifs de la guerre. Al est hébergé chez Gina, mais bientôt ils doivent fuir parce que la Gestapo est sur leur piste. Al va rencontrer Polda qui subit le chantage de la police italienne et de la Gestapo : ils détiennent sa fille et veulent l’obliger à travailler pour eux. Al va cependant, en s’abritant derrière les relations qu’il a entretenues avec Lodor, amener Polda à coopérer. Le projet est de retrouver et de récupérer Maria, la fille du savant italien, et de les évacuer tous les deux vers les Etats-Unis. Mais en réalité, Maria a été assassinée. Al et Polda arriveront à prendre la fuite, le savant américain promettant à Gina de revenir une fois la guerre terminée.

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Al arrive en Suisse pour rencontrer Katrin Lodor 

    C’est un scénario quelconque, et la légende affirme que le film a été amputé de la fin tournée par Lang qui voyait Al découvrir les camps de la mort et se rendre compte que les travaux sur la bombe atomique pouvaient faire finalement courir au monde des dangers très graves. Je ne connais pas cette version, mais on dit qu’elle a été sabotée par les studios qui voulaient laisser un message optimiste aux spectateurs. Et même si tout le long du film Al se pose la question de l’utilisation criminelle qu’on peut faire des travaux des savants, cette critique radicale de la course aux armements a bel et bien disparu. Il est donc assez inutile de  chercher dans cette production un message clair et net. Ce quatrième et dernier film antinazi de Lang n’est plus qu’un prétexte au développement d’un film d’aventures.

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Pour passer les barrages ils se cachent dans un camion 

    L’ensemble est assez mou, manque de densité, et l’aspect dramatique n’est pas très convaincant. C’est pourtant une grosse production, puisqu’en effet, en 1946 Gary Cooper était la plus grosse vedette d’Hollywood. Mais l’histoire est assez décousue. On passe de la nécessité de connaître le développement des travaux allemands sur la bombe atomique, à celle d’exfiltrer Polda, le tout sur une romance à deux sous. Certes il y a de belles scènes, comme la rencontre émouvante entre Lodor et Al. Ou les difficultés d’Al à convaincre Polda. Mais sans doute qu’il n’y a pas assez d’espace pour l’intrigue policière proprement dite, ce qui fait qu’on ne craint pas grand-chose pour les héros et qu’au fil des bobines on s’en désintéresse. De même la transformation d’un savant un peu rêveur en un agent secret déterminé n’est pas très crédible. Et puis il y a le fait que l’ensemble est trop bavard, on revient sans cesse sur les peurs de Gina

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Al doit rassurer Polda qui craint pour la vie de sa fille 

    Au niveau de la distribution, la déception c’est tout de même Gary Cooper. Il roule un peu trop des yeux, fait des mimiques malheureuses pour signifier ses sentiments, un peu comme au temps du muet. C’est pourtant un acteur important, un peu trop oublié aujourd’hui et qui jusqu’au bout de sa vie s’investit dans des films intéressants. Il est bien trop statique, même dans les scènes d’action, un peu comme s’il hésitait entre le rôle du savant et celui de l’agent secret, tardant à faire son choix. La scène où il se déguise en savant allemand pour approcher Polda est excellente cependant, de même sa confrontation avec la très belle Ann Dawson qui joue les agents doubles et qu’il fait chanter sans vergogne pour atteindre son but. Lili Palmer est excellente dans le rôle de Gina. C’est une femme qui a fait une carrière internationale exceptionnelle, juive allemande, elle s’exilera en Angleterre et tournera aussi aux Etats-Unis. Elle est présente au générique de Body and Soul, le magnifique film de Robert Rossen. Lang la filme en mettant en valeur ses petits seins pointus à travers son pull-over, et pour cette raison, ça vaut tout de même le coup de voir ce film ! Si le reste de la distribution ne démérite pas, il n’a rien d’exceptionnel, on peut même trouver Sokoloff dans le rôle de Polda un peu trop caricatural. Marjorie Hoshelle dans celui de Dawson est bien, mais son apparition est trop brève.

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Gina et Al doivent se cacher 

    Film de studio, les décors sont assez bien réalisés pour donner du corps au film, c’est un des points forts. Cependant dans ce film et contrairement à ceux qui le précèdent directement, il y a une inflexion dans la manière de filmer de Lang, il y a moins de mouvements de grue, très peu de plans d’ensemble. En vérité cela annonce les films noirs du début des années cinquante comme Clash by night ou The big heat. Une caméra plus mobile qui suit l’action au lieu de la contempler et d’en rendre compte, ce qui introduira finalement une subjectivité intéressante qui est absente de l’ensemble des films que Lang a réalisés dans le cadre de la lutte contre les nazis et la justification de l’action des services secrets américains. On rappelle qu’à cette époque de nombreux films mettront en scène pour la valoriser l’action de l’OSS, notamment 13 rue Madeleine, de Henry Hathaway. Ça n’a jamais donné de très grands films.

     Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Al va tuer Luigi 

    Bien entendu on recommandera ce film à tous les amateurs de films noirs, mais aussi à ceux de Lang, tout en les prévenant pour qu’ils ne s’attendent pas à visionner un chef d’œuvre. L’ensemble manque trop d’enthousiasme pour cela. Rappelons pour terminer que Cloak an dagger est la devise de l'OSS.

    Cape et poignard, Cloak and Dagger, Fritz Lang, 1946 

    Gina surprend Al en pleine bagarre

     

     


    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/le-dernier-passage-the-secret-ways-phil-karlson-1961-a114844800

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Stephen Neal sort d’un asile où il a été interné plusieurs années après la mort de sa femme. Il est en effet soupçonné de l’avoir empoisonnée pour mettre fin à ses souffrances. Avant de regagner Londres il va traverser une  fête foraine dont les bénéfices sont destinés aux victimes de la guerre. Nous sommes en effet à l’époque des bombardements allemands sur l’Angleterre. Participant aux jeux, notamment en consultant une voyante, il va gagner un gâteau curieux, il se révélera être un moyen de faire passer des microfilms qui dévoilent les plans de l’Angleterre pour reconquérir l’Europe. Dès lors il va être poursuivi, notamment par un aveugle qui le bat et lui vole le gâteau dans un train. Mais l’aveugle mourra dans le bombardement d’une usine. Intrigué par cette hargne à vouloir lui prendre le gâteau, Neale va rechercher la voyante qui lui a indiqué comment gagner le gâteau. Il va tomber sur un couple, un frère et une sœur d’origine autrichienne qui vont l’aider. Grâce à la sœur qui tombe amoureuse de lui, il va retrouver peu à peu une piste qui le mènera vers un réseau d’espionnage. D’abord sceptique, la police va l’épauler et il arrivera à détruire l’ensemble du réseau.

      Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944

    Le scénario écrit par le vieux routier de Seton I. Miller qui a travaillé avec Michael Curtiz, Howard Hawks et quelques autres, est basé sur un livre à succès de Graham Greene, auteur anglais qui a beaucoup fait pour le développement du film noir. On lui doit le scénario du Troisième homme, mais également la nouvelle dont a été tiré le film de Frank Tuttle, Tueur à gages. Il s’était fait une spécialité du roman psychologique basé sur des récits d’espionnages qui étaient censés, bien avant John Le Carré, et même avant Eric Ambler, montrer l’aspect glauque et peu reluisant des services d’espionnage britanniques : c’est une spécialité britannique. Il mêlait aussi souvent à ses récits des considérations sur la religion catholique dont il était un adepte. Malgré la très grosse réputation de Graham Greene, on ne peut pas dire que ce scénario soit très convaincant. On y retrouve cependant ses obsessions, un héros assez négatif et névrotique qui est plongé dans une histoire qui le dépasse, la  construction d’une relation amoureuse ou sexuelle improbable, et enfin cette voie de la rédemption par l’action. On note que contrairement à Man hunt, le film n’hésite pas, c’est bel et bien une histoire d’espionnage.

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Neale vient de gagner un gâteau en devinant son poids 

    Ce film est encore une participation de Fritz Lang à l’effort de guerre des Américains. On ne sait pas trop ce qui ressort de la commande des studios et ce qui appartient vraiment à Lang dans le sujet. On a repéré le thème de la culpabilité latente du héros qui bien qu’innocent est obligé de l’endosser. S’il est d’abord un divertissement, il a aussi pour but de démontrer comment les nazis sont partout et minent la démocratie de l’intérieur. On voit donc que ce n’est pas la lourdeur du message qui sera le principal. C’est d’abord l’histoire d’un homme qui fuit son passé et qui essaie d’échapper au cauchemar présent dans lequel il est plongé. S’il est ahuri par les conséquences de ses actes, il les assume pourtant avec volonté, d’autant que cela lui offre la possibilité d’une rédemption par l’amour ! On relèvera un grand nombre de scènes improbables et guère réalistes comme cette façon de transmettre des documents par le biais d’un gâteau, ou les réunions d’un réseau plus ou moins fermé sous la houlette d’une soi-disant voyante. 

    Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944  

    Un autre gentleman réclame le gâteau 

    L’intérêt de ce film tient donc principalement à sa mise en scène qui va mettre en œuvre toutes les ficelles du film noir. Et c’est justement avec ce genre de film au scénario assez banal, qu’on se rend compte de toute la distance qu’il peut y avoir entre Hitchcock et Fritz Lang. Si en effet, l’histoire qui se passe en Angleterre, les acteurs et l’ambiance, auraient pu être des véhicules pour Hitchcock dans sa période anglaise, la différence se fait sur la mise en scène. Les codes visuels utilisés par les deux réalisateurs ne sont pas les mêmes. C’est ce qui permet à Fritz Lang d’éviter plus souvent qu’Hitchcock la niaiserie et de forcer l’intensité dramatique des situations et le déroulement sautillant des scènes d’action. Le style de Lang est toujours facilement reconnaissable, que ce soit dans ses mouvements de grue, ou dans la multiplication des plans de plein pied ou de plein champ. Cela permet aussi bien de donner du corps aux scènes de foule, à la kermesse, dans le métro, que de donner du poids aux décors comme par exemple les imposants escaliers de la scène finale. La photo de Henry Sharp est excellente, mais elle ne fait que refléter les intentions de Fritz Lang qui non seulement faisait des story-boards précis, mais encore s’occupait des éclairages.

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Dans le train qui le mène à Londres, Neale partage le compartiment avec un aveugle 

    L’interprétation n’est pas des meilleures, mais Lang était un bon directeur d’acteurs. Ray Milland a ce caractère mollasson qui plombe un peu le personnage de Stephen Neale. Ce n’est pas tant qu’il soit mauvais acteur, mais plutôt c’est son physique qui pose problème. Notez qu’il sera habitué un peu partout à ces personnages taciturnes et tourmentés, que ce soit chez Billy Wilder, Le poison, chez Hitchcock, Le crime était presque parfait, ou dans le film extraordinaire autant que méconnu de Russel Rouse, L’espion. Bref quoi qu’on en dise, il a laissé sa marque dans le film noir. Marjorie Reynolds est Carla, elle aussi manque de charisme, du reste elle ne fera pas une grande carrière. Mais les autres acteurs sont très biens, que ce soit Percy Waram dans le rôle de l’inspecteur Prentice, ou Hilary Brooke dans celui de la belle et mystérieuse Madame Bellane. Dan Durya dans un petit rôle se fait bien remarquer par sa présence.

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Neale rencontre un couple d’autrichiens qui organise des kermesses 

    De cet ensemble, on retiendra quelques scènes de grandes qualité : la kermesse que traverse Neale, l’attente de la fin des bombardements dans le métro, et bien sûr la scène de l’escalier qui est presque un détour obligé pour le film noir. Les scènes d’action sont précises et bien rythmées. Ce n’est certes pas du meilleur Lang, mais ça tient la route quelques décennies plus tard. 

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    L’inspecteur Prentice finit par comprendre que Neale n’a pas menti

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Willi est mort

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Neale et Carla sont poursuivis par le gang

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Sur les toits de Londres la bataille est féroce

     Espions sur la Tamise, Ministry of fear, Fritz Lang, 1944 

    Storyboard de Fritz Lang pour la scène de l’escalier

    Partager via Gmail

    votre commentaire