• Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953

    Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953 

    Incontestablement Fritz Lang est un des maîtres du film noir. C’est un des réalisateurs qui en ont inventé les codes et diffusé les formes canoniques. Il y a déployé tout son talent dans le développement des subtilités du genre, passant du remake du film social, Human desire, d’après La bête humaine de Jean Renoir, au film à thèse, Hangmen, also die. The big heat est en outre un des meilleurs Lang qui soit, il y atteint une perfection formelle. Si à l’évidence le film noir existe bele t bien sans Fritz Lang, il va de soi que sans lui, il n’est pas tout à fait le même. 

     Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953

    L’histoire est inspirée d’un roman de William P. McGivern qui collaborera à l’écriture du scénario, un auteur spécialisé dans des histoires de flics un peu tordus. Des flics qui oscillent entre le maintien de l’ordre, la transgression des lois établies et la soif de vengeance. William P. McGivern a été souvent adapté au cinéma, c’est d’après un de ses romans qu’a été tourné le magnifique film de Robert Wise, Odds against tomorrow, sans doute un des chef d’œuvre du film noir. Ou encore c’est un de ses romans qui est à l’origine de Colère noire de Frank Tuttle avec Alan Ladd. Il fut aussi un scénariste pour la télévision et le cinéma. C’est uns des auteurs les plus importants de la Série noire. Il est d'ailleurs curieux qu'à propos de ce film on ne mentionne presque jamais le nom de William P. McGivern comme s'il était à peine un prétexte, un sous-écrivain. Si on reconnait l'importance du film noir on a encore du mal à quelques exceptions près - toujours les mêmes - à reconnaître l'importance des auteurs qui en ont fourni la matière.

     Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953 

    Bannion provoque Stone qui n’a plus que le choix de se retirer 

    Le chef de la police s’est suicidé. Il a laissé une lettre que sa femme va subtiliser. Le sergent Bannion est chargé d’enquêter. Il va découvrir des bizarreries qui vont le mener à Lagana, un homme qui fait la pluie et le beau temps en achetant la police. Mais il est aussi sur la piste de la maîtresse du chef de la qui est mystérieusement assassinée. Suite à une visite très provocatrice chez Lagana qui se donne des airs de grand bourgeois sophistiqué, la pègre locale va décider d’éliminer Bannion. Mais l’attentat rate et c’est la femme de Bannion qui y laisse la vie. La vie de Bannion s’écroule. Dès lors celui-ci n’a de cesse que de se venger et de réduire en bouillie le gang local sans trop se préoccuper de la légalité de ses propres actions. Il a d’ailleurs démissioné de la police pour avoir plus de liberté d’action. Il va trouver des appuis inattendus auprès d’une femme, Debby, la maîtresse du gangster Stone, une brute épaisse qui la maltraite. Mais celle-ci est vue avec Bannion. Stone se sentant trahi va défigurer sa propre maîtresse qui dès lors ne pensera plus qu’a se venger de la bande. Pour cela elle est prête à aller jusqu’au meurtre. 

    Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953

    Debby est attirée par Bannion 

    Le sujet est typique des ouvrages de McGivern. En effet, si celui-ci met presque toujours en scène des policiers, ils n’ont rien de glorieux, bien au contraire, ils vivent dans une ambiguité permanente, reflétant les contradiction d’une société corrompue qui les contamine par sa violence et son matérialisme. Cela convient otu à fait à Lang qui par ce véhicule va pouvoir adresser une critique sévère au « rève américain ». tout y passe, et en premier lieu l’attitude un peu niaise de Bannion qui croit en la famille et en un certain ordre, jusqu’au jour où sa famille part en fumée et qu’il redevient lui-même, une sorte de chasseur patient et cruel qui va user de tous les moyens, allant jusqu’à manipuler Debbie, pour arriver à son but. Mais les gangsters sont aussi très représentatifs de ce matérialisme : l’argent est utilisé comme un moyen de compétition pour acheter de beaux habits, de belles voitures ou de belles femmes. Quant aux policiers, s’ils ne sont pas tous pourris, la plupart se laisse acheter et ferme les yeux sur les agissements de Lagana. C’est un film à la fois très violent – surtout pour l’époque – et très désenchanté. On a remarqué que les scènes les plus violentes n’étaient vues directement à l’écran comme la punition que Stone inflige à Debbie ou l’explosion de la voiture de Bannion. Mais ce n’est sans doute pas une coquettrie de Lang : à l’époque ça ne se faisait pas, mais c’est aussi techniquement plus coûteux !

    Règlement de comptes, The big heat, Frtiz Lang, 1953  

    Par ruse Bannion piège Gordon 

    Le film aurait été tourné en seulement quinze jours. On est pourtant surpris par sa très grande rigueur formelle. Il est appuyé d’ailleurs sur une magnifique photographie de Charles Lang dont les grands films sont légion dans un peu tous les genres. C’est lui qui avait signé la photo du chef d’œuvre de Billy Wilder, Ace in the hole. Les oppositions marquées entre les personnages donne l’idée d’une sorte de guerre civile. D’un côté les bons – mais ce ne sont pas que des policiers – et de l’autre les mauvais, mais ce ne sont pas forcément des truands. Mais cette opposition est aussi celle qui existe entre les hommes et les femmes :  ce sont elles qui souffrent le plus de cette guerre dont elles sont d’ailleurs pour partie l’enjeu. D’ailleurs Bannion provoque la mort de quatre femmes les unes après les autres et curieusement c’est Stone le tueur qui échappera à sa vengeance. Mais cette destruction de la gent féminine est un peu comme l’envers de la vie familiale que la femme de Bannion veut lui imposer. Il ne devient lui-même que dans la violence et qu’il laisse libre-court à ses pulsions.

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    Debby vient se réfugier chez Bannion 

    Dans le fil de la projection on va retrouver les codes des films noirs : les regards qui s’abritent derrière les jalousies, les escaliers qui ne mènent nulle part. mais pourtant, le film est moins noir dans sa réalisation. En effet, une grande partie du film se passe à la lumière du jour, et la profondeur de champ donnée par la caméra enlève aux décors le caractère étouffant qu’ils peuvent avoir dans d’autres films du genre.

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    Bannion hésite à tuer Stone  

    L’interprétation est de première classe. Avec des acteurs habitués du film noir. Glenn Ford, acteur sousestimé à cause de son physique un peu lisse, dans le rôle de Bannion, présente une détermination un peu délirante et traduit une obsession qui va bien au-delà d’un souci de justice. La superbe Gloria Grahame, sans doute une des actrices les plus importantes du genre, est Debby, femme intelligente et martyrisée. Elle est un reproche vivant pour tous ces hommes qui se servent d’elle, que ce soit la pègre à laquelle elle appartient malgré tout, ou la police qui n’a que peu d’égards pour elle. Elle passe la moitié du film avec le visage à moitié recouvert par un énorme pansement. Et puis il y a Lee Marvin qui joue les méchants, rôles auxquels il était abonné aussi bien dans les westerns que dans les films noirs, avant de devenir la grande vedette qu’on sait avec  Point Blank de John Boorman et The dirty Dozen de Robert Aldrich en 1967. Il n’est pourtant pas tout d’une pièce, même s’il se laisse souvent aller à ses pulsions meeurtrières. Jocelyn Brando, la sœur ainée de Marlon, est la femme de Bannion qui va disparaitre rapidement. C’est un des rares rôles importants qu’elle a eu au cinéma, ayant été barrée par son inscription sur la liste noire pour ses démarches en faveur de la paix. 

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