• Scènes of the crime, La loi des armes, Dominique Forma, 2001

     

     

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    C’est une histoire assez simple. 7 millions de dollars ont été dérobés à un gros truand qui vit de différents rackets. Pour les récupérer, il a l’idée de kidnappé Jimmy qu’il soupçonne d’avoir fomenté l’agression. Le kidnapping réussit, mais les ravisseurs sont coincés par les hommes de Jimmy. A partir de ce moment-là, tandis que Jimmy est retenu en otage, son associé et Trevor vont chercher à trouver un compromis : Trevor veut récupérer son argent plus une sorte pénalité. Au milieu de cette curieuse négociation se trouve Lenny, le chauffeur, qui ne sait pas trop quoi faire, car ce n’est pas un truand et il se trouve pris entre deux bandes qui exercent tour à tour leur pression sur lui. Jusqu’à la fin il y aura des retournements de situation plutôt inattendus, et le dénouement n’aura pas lieu comme on l’attendait.

     

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    Des convoyeurs de monnaie malhonnête se font agresser

     

    C’est le seul et unique film de Dominique Forma, réalisateur français, mais il a été tourné en 24 jours à Hollywood, ce qui est une performance. Le titre américain est Scenes of the crime. Il semble indiquer que le film est fait de petites scènes du quotidien des gangsters, mais aussi des gens ordinaires qui croisent leur route. Et de fait le découpage va dans ce sens, portant tour à tour l’attention sur Jimmy, les négociateurs bien polis dans le bureau de Steven, ou encore la vie des gérants de la supérette, les peintres en bâtiment et bien sûr le gentil petit couple que Lenny forme avec Sharon qu’il compte bien épouser.

    Dominique Forma n’est pas un grand créateur d’histoires, on retrouvera cela dans ses romans publiés chez Rivages, mais il a le sens des situations et de la vérité des comportements. Cette idée d’immobiliser Jimmy dans un van sera reprise, avec quelques autres d’ailleurs dans son dernier roman, Hollywood zero, qui vient tout juste de paraître. Il aime les personnages incongrus, un peu dégénérés dont le jusqu’auboutisme masque mal le vide et l’indétermination. La légèreté et la dérision dominent, jusqu’à ce qu’elles amènent des situations dramatiques à l’issue définitive.

     

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    Jimmy Berg est un truand de haut vol qui aime son fils

     

    Le manque de moyens budgétaires guide sa manière de filmer. Les plans sont rapprochés, à peine entrecoupés de scènes de Los Angeles vue d’en haut. Il compense cela par un choix plutôt judicieux des décors, donnant à voir une ville complètement déglinguée, aux rues défoncées, aux devantures miteuses. Le nombre de décors est réduit au minimum : l’avenue où le van est retenu, la maison de Steven où ont lieu les négociations, le garage de Lenny et encore la maison de Jimmy et le local où Terry s’entraîne à boxer pour conserver la forme. Le rythme est soutenu ce qui donne une durée inférieure à une heure trente. Ce n’est pas un film où la psychologie est importante : c’est le comportement qui au contraire détermine le caractère. Mis en situation, le faible Lenny va trouver en lui-même des ressources inattendues.

     

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    Son fils étant menacé, Jimmy doit suivre son kidnappeur

     

    On peut ranger ce film dans la catégorie du néo-noir, justement à cause de cette nudité des sentiments. Jimmy est ainsi mis en mouvement non par ses envies et ses peurs, mais par ses principes et sa volonté de les respecter et de les faire respecter. La scène où il raconte comment il a été torturé par des agents du FBI véreux est tout à fait saisissante : il ne garde aucune rancune à celui qui a commandité ces brutalités, continuant à le regarder comme un père pour ce que celui-ci lui a appris aussi sur lui-même.

     

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    Des gérants d’une petite supérette vont assister à d’étranges ballets

     

    Je ne sais pas si la direction des acteurs américains par un Français finalement néophyte a été difficile ou non, mais sur ce plan là, le résultat est plutôt probant. Jeff Bridges est très bon, et c’est lui qui tout de même domine le film, mais les deux bandits qui négocient dans son dos, Bob Gunton et Brian Goodman sont aussi très bien. Noah Wyle qui depuis s’est fait connaître n’a qu’un rôle de second plan, celui d’un tueur froid qui ne fait qu’obéir aux ordres. De même l’étrange visage de Peter Greene est judicieusement employé.

     

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    Steven et Trevor négocient

     

    Des scènes intéressantes, il y a en a pas mal. Passons sur les essais que Lenny réalise avec sa Ford Mustang de compétition, et retenons plutôt ces plongées vers l’avenue à partir de l’échafaudage des peintres en bâtiment. Ou encore ces scènes de violence très bien maîtrisées, que ce soit le kidnapping de Jimmy, la mort de son ravisseur ou encore Seth qui se fait briser la nuque pour avoir essayé de tuer son patron. Egalement cette double personnalité de M. Parker qui d’un côté se montre comme un vieillard un peu pingre et de l’autre distribue les billets de 100$.

     

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    Seth est censé protéger Jimmy

     

    Le film n’a jamais été distribué en salles aux Etats-Unis. On se demande bien pourquoi car l’ensemble tient tout à fait la route. Et il est très curieux également que Dominique Forma n’ait plus retrouvé par la suite l’occasion d’exercer son talent de metteur en scène. Il n’est pas certain que le film ait couvert ses frais puisqu’il n’a été diffusé que sous la forme d’un DVD. Mais à Hollywood on est habitué à jeter l’argent par les fenêtres, la rentabilité d’un projet n’étant pas toujours le but du financement d’un film.

     

     

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    Lenny veut récupérer 7 millions de dollars

    « Ici brigade criminelle, Private hell 36, Don Siegel, 1954Dominique Forma, Voyoucratie, Rivages, 2012 »
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