• Serge Bramly, Arrête, Arrête, NIL, 2013

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    Un truand, Vincent, s’est évadé en cisaillant le bracelet qui servait à le repérer alors qu’il était en permission, après avoir passé seize ans en prison. Le plus étonnant est qu’il lui restait seulement onze mois à tirer. Son frère s’interroge sur cette folie, les policiers le recherche. A Paris il se retrouve dans un club échangiste où il semble connaître les propriétaires des lieux. Ici, il va rencontrer une femme un peu étrange, Anne-Gisèle, qui existe en occupant un hôtel en voie de démolition. Ils auront une brève liaison.

    C’est un ouvrage très bref qui raconte les derniers instants d’un ancien caïd. Il emprunte des traits au roman noir un peu traditionnel, mais finalement Bramly n’ose pas aller vers ce genre, il en reste à de la littérature blanche, c’est-à-dire une littérature où l’émotion, l’histoire passe bien après des effets de narration. C’est peut-être là que ça pose un problème, cette volonté de récupérer l’univers du noir, sans en jouer le jeu. En effet le lecteur se demande bien si Vincent est vraiment coupable du crime pour lequel il a été condamné, et puis, et puis, on n’en saura pas plus.

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    Un autre défaut plus évident de ce récit, c’est le faux mystère qui entoure les intentions de Vincent, et plus encore l’explication très convenue de celui-ci. Mais il y aussi un grand conformisme dans ce récit. On sera étonné de l’importance qui est donnée à un lieu plus que singulier, un club échangiste branché. Qu’est-ce que peut bien apporter ce choix qui se veut un peu canaille ? On se perd en conjectures. Est-ce une dénonciation de ce commerce un peu vulgaire ? Est-ce une tentative d’exciter le lecteur, une manière d’épater le borgeois ?

    On peut toujours trouver de la gratuité dans la littérature, mais il n’empêche que les techniques utilisées ont toujours finalement un sens. Ainsi Bramly vise à éclater le récit, en faisant se succéder des points de vue divers et variés. On suppose que par là il voulait atteindre la complexité du personnage central, Vincent. Mais ce n’est pas très utile parce que finalement cette ambivalence se résume platement à une opposition entre un Vincent un peu sauvage, caïd, et un Vincent tendre et attentionné à l’endroit de son jeune frère. Tout cela reste très convenu. Tout comme est convenue de nos jours ces sempiternelles références à des produits culturels de second ordre qui ont meublé différentes époques de notre vie. Ainsi Arrête, Arrête, le titre de l’ouvrage renvoie à la chanteuse Patricia Carli qui obtint un phénoménal succès avec ce slow au début des années soixante. Mais cette allusion, comme les références à la poésie ne comble pas le vide des caractères mis en mouvement.

     

    L’ensemble donne un produit mal fini qui déçoit. Une tentative vaine pour importer les codes du roman noir auprès de lecteurs que Bramly suppose ignorants du genre.

    « Boxcar Bertha, Martin Scorsese, 1972Joseph Wambaugh, San Pedro, la nuit, Harbor nocturne, Calmann-Lévy, 2013 »
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