• Tatanka, Guiseppe Gagliardi, 2011

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    Il y a quelques années j’avais été frappé par le recueil de récits de Roberto Saviano qui n’est pas que l’auteur du formidable Gommora qui lui a valu aussi bien une renommée internationale que des ennuis avec la triste Camorra. Cet ouvrage dénotait d’un style sobre et élégant, mais aussi d’une ambition. Dans la présentation de ces textes brefs, et il dressait un parralèle tout à fait intéressant entre le dur métier de boxeur et celui d’écrivain : car pour Saviano, un écrivain qui ne risque rien, c’est un écrivain qui n’a rien à dire. Un des petits reportages qui s’appelait Tatanka, racontait non pas le parcours singulier de Clemente Russo, mais plutôt la détermination des boxeurs issus de l’école de Marcianise, en opposant la solitude et le courage du boxeur à la lâcheté en bande organisée de la Camorra. C’est àpartir de celui-ci qu’a été construit le film qui sort ces jours-ci en DVD, mais qui nétait pas sorti en salles en France à ce qu’il me semble.

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    Michele gagne son premier combat par KO

     Mais en vérité, le film est une fiction qui n’a pas grand-chose à voir avec la vie, la carrière et les ambitions de Clemente Russo. Le film se compose de deux parties assez distinctes et plutôt inégales. La première est l’histoire de Michele, petit voleur qui traficote avec son ami Rosario. Le second a l’ambition de gravir les échelons dans le crime organisé, mais le premier, lui, préférerait faire une carrière de boxeur. En vérité, Michele et Rosario sont tombés sur un club de boxe par hasard, alors qu’ils fuyaient une fois de plus la police. Par la suite, Michele prend huit ans de cabane pour couvrir Rosario. Ce dernier le récupère, et ayant maintenant plus de pouvoirs, il se propose de le sponsorisé pour qu’il devienne boxeur. Evidemment les choses ne sont pas simples et si la Camorra sponsorise Michele, c’est qu’elle pense le manipuler à son profit. Là on rentre dans la deuxième phase du film qui est bien moins intéressante et tourne à la parodie des films américains sur la boxe. Michele refusant de se coucher il va devoir s’enfuir en Allemagne où là il prend un nouveau départ et connaitra la réussite sportive.

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    Rosario et Michele pille un entrpôt pour punir un rival de Rosario

    Comme il y a deux parties, il y a presque deux manières différentes de filmer. La première est tout à fait dans le ton néoréaliste et laisse entrevoir des ressemblances évidentes avec Gommora, le film. La seconde ressemble plus à un téléfilm. Le fait qu’elle ait été tournée en Allemagne affadi un peu plus le sujet. Quoi qu’il en soit, cela reste très éloigné des propos que Saviano a tenu sur la boxe. Certes on retrouve Clemente Russo sous le nom de Michele, mais cette fiction n’a que peu de rapports avec sa vraie carrière, cette trajectoire qui l’a mené aux jeux olympiques plusieurs fois.

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    Quand Michele sort de prison, Rosario a pris du galon

    Le film de boxe est un sous-genre très riche du film noir. Mais il ya bien longtemps qu’il na pas donné l’occasion d’un vrai bon film. Disons depuis Raging bull. Ce n’est pas Tatankaqui va nous faire changer d’avis. Certes c’est moins niais que Million dollars baby du malheureux Clint Eastwood, mais ce n’est pas bien difficile. Pour faire bref, c’est l’excessive dramatisation du scénario qui rend le film assez ennuyeux.

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    Michele a des états d’âme, il voudrait produire une belle boxe, honnête

     Cependant, il n’y a pas que des mauvaises choses dans ce film et le début était plutôt prometteur tant qu’on voit les deux jeunes garçons se lancer dans des combines tordues. Mais ça se gate justement quand Michele essaie de rentrer dans la police – avec réticence cependant – pour pouvoir s’entrîner et faire une carrière dans la boxe. A l’actif de Guiseppe Gagliardi, on mettr aussi cette franchise dans les relations sexuelles, franchise qu’on ne voit pas beaucoup dans ce genre de films. Egalement on appréciera le portrait en creux de l’Allemagne repue et arrogante.

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    L’entraîneur de Michele recevra une correction parce que son boxeur ne s’est pas couché

     Dans l’ensemble l’interprétation, sans être de haute qualité, ne pose pas vraiment de problème et Russo tient plutôt bien son rôle deboxeur à la recherche de lui-même. Le problème est plutôt le manque d’unité du film, hésitant entre néoréalisme et fiction édifiante sur le monde dur de la boxe, il ne trouve pas son chemin.

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    Réfugié en Allemagne, Michele s’ennuie et on le comprend !

    Tatanka est le surnom qui a été donné à Clemente Russo qui a encore terminé médailél d'argent aux jeux olympiques de Londres en 2012 dans la catégorie des lourds.

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     Roberto Saviano et Clemente Russo

    « Positif, n° 629-630, juillet aout 2013Le temps du châtiment, The young savages, John Frankenheimer, 1961 »
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