• The Bonnie Parker story, William Witney, 1958

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    C’est la vie de Bonnie Parker qui est racontée ici. On pourrait dire Bonnie sans Clyde, tant celui-ci parait transparent! Le film est réalisé par William Witney, spécialisé dans les films de série B dont la quasi-totalité ne sont jamais arrivés à traverser l’Atlantique, mais qui est parait-il un des réalisateurs préférés de Tarantino. The story of Bonnie Parker est un peu plus connu parce qu’il existe en référence avec Bonnie & Clyde d’Arthur Penn. Et bien sûr, lorsqu’on voit le film de Witney, on ne peut que faire la comparaison avec celui de Penn.

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    Bonnie enlève ses bas dès le générique 

    L’histoire est connue, Bonnie Parker, dont le mari se trouve en prison, s’ennuie à mourir dans une petite ville du sud des Etats-Unis, harcelée par les hommes. De caractère irascible, elle se défend comme elle peut. Jusqu’au jour où elle va rencontrer Guy Darrow (c’est le nom qu’on a donné ici à Clyde Barrow). Celui-ci l’impressionne fort avec sa mitraillette. Et sans trop calculer elle décide de partir à l’aventure avec lui. Ils vont collectionner les coups minables, semant la terreur sur leur passage, et poursuivi par la police. Mais elle a le sens de la famille, et Guy aussi. Celui-ci va faire d’abord venir son frère et sa belle-sœur, histoire de muscler leur bande. Mais la police justement piste le frère et retrouve Bonnie et Guy. Seuls ces deux derniers vont se sortir de ce premier guet-apens. Bonnie décide alors d’aller délivrer son mari qui est en prison pour 175 longues années. Le curieux trio va reprendre ses activités délictueuses, mais bientôt la police les retrouve, les piège et les tue.

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    Guy aime jouer avec une mitraillette 

    La différence avec le film d’Arthur Penn qui a manifestement été inspiré par celui de Witney, est dans le caractère abrupt de la mise en scène. Contrairement à Penn, il ne joue pas avec la nostalgie et le côté glamour. Le film est plus brutal. Tandis que Penn s’exerce à un exercice périlleux entre parodie et film à message, Witney impose la réalité brute des désirs de Bonnie. Certes, il n’a pas les moyens de Penn. C’est un film avec un budget minimum qui ne cherche pas à impressionner avec des images bien léchées, ni à produire une reconstitution d’époque. Mais il possède finalement une vérité plus profonde : la cruauté de Bonnie. Penne en avait fait une jeune fille un rien nunuche qui verse facilement dans le romantisme larmoyant. Witney la présente comme une femme en colère que rien ni personne ne peut éteindre, faisant apparaître finalement comme bien niaise l’approche de Penn. 

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    Bonnie et Guy prennent du plaisir à braquer un restaurant 

    Le film ne serait pas ce qu’il est sans la prestation de Dorothy Provine qui trouve là le rôle de sa vie et qui par la suite ne jouera que des seconds rôles. En blonde platinée, ayant plus le look des années cinquante que des années trente, elle mène son monde à la baguette. Elle n’est pas devenue criminelle pour rigoler ou pour faire de l’argent contrairement à Guy, mais pour vivre une vie pleine d’aventures qui se terminera nécessairement très mal. Witney manifestement aime son actrice. Il adore la filmer en train d’enlever ses bas. Il lui donne un caractère érotique d’autant plus fort qu’il la montre se refusant à son mari et à son amant. Les seuls moments où elle redevient une femme sans colère sont ceux où elle entame une idylle avec son voisin apprenti architecte, imaginant sans le dire ce que pourrait être une vie sans braquage. Ce qui la rend un rien amère et encore plus enragée. 

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    Bonnie aime l’action et reproche à son amant de se laisser aller 

    Les autres acteurs sont très bien, mais évidemment ils passent après. Jack Hogan est Guy Darrow, c’est un acteur sans charisme particulier qui fera une très longue carrière à la télévision, comme Richard Bakalyan qui interprète le mari. C’est d’ailleurs une idée plus qu’audacieuse d’avoir mis en scène un ménage à trois, surtout que Bonnie se permet en plus des escapades, une fois avec l’apprenti architecte, et une autre fois avec deux paysans qu’elle embarque soi-disant pour les éloigner du lieu où Guy doit cacher une arme pour faire évader le mari de Bonnie.

    On l’a dit, le rythme est sans temps mort, mais Witney a aussi une grande capacité de jouer de l’espace, par exemple quand il filme les intérieurs en saisissant d’un même mouvement l’ensemble des personnages en pieds. Des idées assez drôles parsème le film, par exemple cette scène où le mari de Bonnie essaie de s’introduire dans son lit qu’elle a entouré de clous pour éviter d’être ennuyée par les hommes ! Ou encore lorsqu’elle met le feu au fourgon de la banque qu’ils ont immobilisé en pleine campagne. 

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    Son amant et son mari l’ayant déçue, Bonnie dort seule

          Contrairement à ce qui est dit ici et là, c’est un très bon film, sans prétention, qui ne se perd pas dans des pseudo-justifications de ce qui fait la carrière d’un délinquant. L’action précédant la psychologie, c’est bien plus efficace que tous les discours. Certes il est probable qu’il s’éloigne dans les faits de la réalité biographique du couple Bonnie et Clyde, mais il met en scène une cruauté émancipée tout à fait réjouissante. La saga de Bonnie et Clyde a engendré finalement quatre films, J’ai le droit de vivre de Fritz Lang, Gun Crazy, de Joseph H. Lewis, The story of Bonnie Parker, de Witney et Bonnie & Clyde de Penn. C’est dire la fascination de l’Amérique pour ses voyous et leur destin.

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    Bonnie entraine son amant et son mari dans l’action 

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    Plus courageuse que son mari et son amant, elle n’hésite pas à donner de sa personne 

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          Les policiers ne laisseront aucune chance à Bonnie

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    La vraie Bonnie Parker qui aimait la publicité

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