• The garment jungle, Racket dans la couture, 1957

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    Le film de Vincent Sherman est un rejeton tardif du film noir américain. Le film dénonce la pratique mafieuse d’une bande qui rackette le secteur de la mode et qui empêche les ouvriers de se syndiquer. Walter Mitchell le patron d’une maison de haute couture approuve ce système et subit le racket de Ravidge. Il combat pied à pied le syndicat, mais son fils qui revient d’armée après une longue absence n’est pas d’accord avec ces méthodes qu’il juge d’un autre âge. Pour imposer sa loi, le gang commettra plusieurs meurtres. L’associé de Mitchell, le représentant du syndicat et jusqu’au patron lui-même qui a retrouvé ses esprits et se rend compte qu’il n’est qu’une marionnette dans les mains des gangsters. Les choses rentreront finalement dans l’ordre et le chef de la bande sera finalement traduit en justice et condamné pour meurtre à la peine capitale.

    Le film a été commencé par Robert Aldrich et terminé par Vincent Sherman après le renvoie par Harry Cohn du premier metteur en scène. Les avis sont partagés sur ce film. Certains lui trouvent de grandes qualités, d’autres ennuyeux et sans beaucoup d’intérêt. Mais sans être un grand film, il possède de nombreuses qualités. D’abord il prend le contrepied exact de Sur les quais de Kazan et se présente comme un plaidoyer pro-syndical. Ce qui n’est pas si courant aux Etats-Unis, il faudra attendre encore longtemps pour retrouver l’équivalent avec Norma Rae de Martin Ritt en 1979. Il a donc une connotation sociale évidente, même si elle est noyée dans l’histoire du fils du patron qui devient un soutien de la cause des prolétaires. Du point de vue technique, il y a plusieurs séquences qui sont filmées dans des quartiers pauvres de New-York qu’on a rarement vu au cinéma, donnant un cachet d’authenticité bienvenu au film. Mais il y a aussi l’intrusion de séquences documentaires pour représenter l’enterrement du représentant syndical qui sont empruntées aux actualités de l’époque. La séparation radicale entre l’univers où sont présentés les modèles et celui où ils sont fabriqués appui le réalisme du film car il rend compte tout à fait de l’exploitation du travail dans ce secteur.

    Le film est assez nerveux et recèle quelques trouvailles comme le meurtre de Kenner dans le monte-charge, ou cette scène où Alan Mitchell converse avec la veuve de Tulio dans un bistrot désert en lui tournant le dos tandis qu’elle allaite son enfant.

     

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    Egalement le rôle qui est donné à Theresa Renata est important, lorsque fuyant par les toits le gangster chargé de la surveiller, elle sauve finalement tout le monde en amenant avec elle les preuves de la culpabilité de Ravidge. C’est un caractère fort et courageux. D’autres aspects du film sont intéressants aussi comme la trahison des membres du syndicat qui aident froidement l’exécution leur dirigeant.

     

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     La distribution de ce film a été souvent critiquée, Kerwin Matthews étant le plus souvent visé, et il est vrai qu’il est bien fade. Mais Lee J. Cobb, quoi qu’un peu grimaçant, tient bien sa place, Richard Boone est très bon en et Gia Scala donne de la vitalité à l’ensemble. Robert Loggia interprète le syndicaliste bouillant et combattif avec une grande conviction et les seconds rôles, notamment les ouvriers et les hommes de main du gang sont parfaitement choisis. Wesley Addy, un habitué des films d’Aldrich, est bien là, avec son physique tourmenté, pour monter que ce film est autant celui de Vincent Sherman que de Robert Aldrich.

     

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    Au final le film reste un peu bâtard, hésitant entre le film social et le film d’action, mais pour ceux qui ne le connaissent pas c’est une très bonne surprise.

     

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