• Voyage sans retour, Where danger lives, John Farrow, 1950

    voyage-sans-retour-1.png

    Voilà un film noir qui a une bonne réputation, bien que la plupart des commentateurs considèrent que son scénario est bourré d’invraisemblances. C’est vrai film noir qui mêle la passion à la fatalité et à une longue déchéance.

    Un jeune docteur, interprété par Robert Mitchum qui est fiancé avec une infirmière interprétée par Maureen O’Sullivan, participe au sauvetage d’une riche suicidée. Bien qu’elle ait l’air complétement folle, il en tombe amoureux. Décidemment les professions médicales ne réussissent pas à Mitchum puisque déjà dans Un si doux visage, il tombait amoureux de Jean Simmons, une autre riche criminelle. Elle ne lui a pas dit qu’elle était mariée avec un homme très riche, mais beaucoup plus vieux qu’elle. Ce mensonge déconcerte notre jeune toubib, qui va se faire manipuler par Margo qui tue son mari et fait croire à son amant que c’est lui qui l’a occis. Dans cette bagarre le docteur Cameron a reçu un coup sur la tête qui l’a laissé dans les vapeurs pour le reste du film. Incapable de réfléchir convenablement, il va se laisser guider par Margo qui prend la décision pour eux de fuir. Ils essaient de passer au Mexique mais n’y parviendront pas. Margo tire sur le docteur et finit par se faire trouer la peau par la police.   

    voyage-sans-retour-2.png

    Du côté positif, on mettra la grande qualité technique du film. La photo est également de qualité. De même le scénario regorge de scènes inattendues  et surprenantes. Accablés de soucis les deux fuyards vont se faire rançonner cruellement aussi bien par un marchand de voitures d’occasion, qu’un prêteur sur gages, ou encore un forain. Les deux criminels semblent ainsi évoluer dans une société globalement hostile et sans morale.

    Du côté négatif, on placera d’abord la conclusion lénifiante du film : le docteur Camerron se rend compte qu’il a fait fausse route et renie sa passion pour Margo, retournant vers sa sage infirmière. Après tout le tragique accumulé au long des kilomètres qui font le film, il est décevant de trouver une fin digne de Walt Disney. Mais il y a aussi Mitchum. Si vers le milieu du film il reçoit un coup sur la tête, il passe ensuite son temps à ne rien comprendre à ce qui lui arrive. Littéralement il se traîne, il a mal à la tête, les idées confuses. Mitchum peine à tenir ce rôle un peu trop passif. On veut bien qu’il soit manipulé par la malice d’une femme fondamentalement mauvaise, mais il est difficile d’admettre son absence totale de réaction. 

    voyage-sans-retour-3.png 

    Le rôle de Margo est tenu par Faith Domergue, actrice de caractère qui était à l’époque la compagne de cette vieille canaille d’Howard Hugues. Le film a été produit par la RKO. Lorsque Faith Domergue et Howard Hugues se sépareront, la carrière de la jeune femme sera brisée : elle devra se contenter de séries télévisées. Bien plus tard elle deviendra l’épouse d’Hugo Frégonèse. C’est un peu dommage, car si elle n’a pas un physique très glamour, elle a des yeux à fleur de peau, elle manifeste dans ce film un vrai talent.

    voyage-sans-retour-5.png

    La morale de ce film pourrait être au final qu’il est décisif de se tenir éloigné des personnes trop riches car elles n’apportent que des malheurs, c’est du reste ce qu’on retient de la carrière de Robert Mitchum dans le film noir.

    Le film se voit tout de même assez bien, malgré son grand âge, mais il nous laisse une impression ambivalente, en tous cas, ce n’est pas un chef d’œuvre comme le défend Noël Simsolo dans son ouvrage sur le film noir. 

    voyage-sans-retour-6.png

    voyage-sans-retour-7-copie-1.png

     

     

     

     

     

    « Le film noir, vrais et faux cauchemar, Noël Simsolo, les Cahiers du cinéma, 2005.Un aller simple, José Giovanni, 1970 »
    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :