• William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985

    William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985

    C’est un des films de Friedkin qui a une grosse réputation. Et en quelque sorte il se situe dans le prolongement de The french connection. Ce sont encore des histoires de flics qui se veulent à la fois désenchantées et cyniques, mais aussi réalistes dans leur conduite. Pour des tas de raisons sur lesquelles on reviendra, The french connection est bien plus réussi que Police fédérale Los Angeles.

      William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985

    Petievich est une sorte de Joseph Wambaugh du pauvre, un Wambaugh qui aurait perdu le sens de l’humour. Comme ce dernier il bénéficie du fait qu’il a exercé le métier de flic à Los Angeles, et donc il est capable de nourrir ses récits d’anecdotes nombreuses qui donnent de l’authenticité. Mais il ne possède pas sa finesse ni même la facilité de jouer avec la langue, ses dialogues sont plats. Petievich n’est guère malin, très à droite, il croit encore que si J. Edgar Hoover a été dénoncé comme homosexuel, ce n’est pas parce qu’il vivait maritalement avec son adjoint, mais parce que ces salauds de communistes avaient monté une cabale contre lui. Ses romans sont intéressants un peu comme des documentaires sur une certaine façon de penser le crime à Los Angeles. Toute la famille de Petievich ayant travaillé pour le LAPD, il connait bien ce dont il cause. Le motif principal de ses histoires c’est la chasse aux faux monnayeurs, même si dans certains romans il aborde d’autres thèmes.

     William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Le jour se lève sur Los Angeles 

    L’histoire est celle de Chance, un flic fédéral un peu teigneux, un peu casse-cou, qui rêve de coincer un faussaire, Rick Masters, un rusé qui a échappé jusqu’ici à toutes les poursuites. Mais Chance n’est pas le seul à vouloir voir Rick Masters au trou. Il y a aussi un flic plus âgé, Hart, une sorte de mentor pour Chance qui va partir à la retraite et qui voudrait bien avant cela réussir un bon coup. Mais Hart se fait descendre bêtement par les hommes de main de Rick. Dès lors Chance va user de n’importe quel moyen pour aboutir. Il entraîne ainsi son coéquipier Vukovich dans des combines qui tournent la loi. C’est ainsi qu’il fait pression sur un juge pour obtenir la libération d’un partenaire de Rick, Carl Cody, qui est en prison et qui y risque la mort car il est le seul à pouvoir impliquer sérieusement le faussaire. Il va également voler 50 000 $ à un agent fédéral qui trimbalait ce pognon pour infiltrer un gang. Les choses allant de mal en pis, il va cependant arriver à coincer Rick en se faisant passer pour un acheteur de faux billets. Mais il y trouvera la mort comme contrepartie.

    Ce scénario est assez démarqué du roman de Petievich, tant dans la forme que sur le fond. S’il y a beaucoup de scènes empruntées au roman, Petievich a travaillé sur le scénario, il y a beaucoup de simplifications abusives qui donnent au film un côté clinquant assez désagréable. Par exemple il y a une scène d’introduction où on voir Chance et hart en train de protéger une VIP qui est menacée d’un attentat terroriste. C’est assez idiot parce que Chance et hart sont censés être des agents du Trésor dont la fonction ni de près ni de loin ne peut ressembler à celle de garde du corps.

     William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Chance va faire un saut à l’élastique pour épater ses copains. 

    Dans l’ouvrage il y a bien un agent fédéral qui se fait dépouiller par les deux flics, mais en aucun cas il ne se fait tuer, et il n’y a pas de poursuite. Dans le film comme les agents couvrent celui qui transporte les fonds, on a droit à une poursuite interminable dans L.A., poursuite qui se voudrait le pendant de celle qu’on a déjà vue dans The french connection, avec le métro de New York en toile de fond.  Je passe sur la qualité de la musique qui accompagne le film.

    Tout est à l’avenant, et le roman se révèle bien plus audacieux que le film sur tous les plans. D’abord parce que Chance dans le roman a une vie sexuelle débridée comme s’il se livrait à un concours. C’est un trait fondamental de son caractère. Sa gonzesse est une droguée, une ancienne stripteaseuse. Sans foi ni loi elle vit d’arnaques à la petite semaine. Chance la fréquente en toute connaissance de cause, sachant que c’est interdit par le règlement. Ruth aime les jeux sexuels sado-maso, cette audace ici est compensée par le fait que Blanca, la gonzesse à Rick, se livre à des jeux avec une autre femme. Quelle audace !

    William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Rick Masters est un artiste du faux talbin 

    Comme on le voit le roman a été édulcoré et fait apparaître Friedkin comme un réalisateur assez frileux finalement. On retient surtout des scènes d’action. Celles-ci sont d’ailleurs très bien filmées, quoique lassantes par un côté répétitif. Elles s’apparentent à du remplissage. Si dans The french connection les scènes d’action et de filature révélaient le caractère des flics, notamment celui de Popeye, ici elles sont comme rapportées à l’histoire. Au lieu de donner un caractère réaliste à l’ensemble, elles ne font que du spectaculaire. Les bonnes scènes d’action ne suffisent pas à faire un bon film.

    Tout le film s’appuie sur des effets douteux, même le personnage de Masters fait du cinéma à l’intérieur du film ! Rien de naturel chez ce grand truand qui justement vise d’abord à la discrétion. Sans doute cela provient-il du fait que Friedkin après des échecs retentissants recherche un nouveau souffle et une audience confortable auprès d’un public qui le fuit. Mais le film sera mal reçu, et notamment en France, il passera assez inaperçu.

     William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Chance va découvrir le cadavre de Hart 

    Parmi les nombreux points négatifs il y a l’interprétation. Les personnages des flics n’ont aucun charisme, à commencer par William Petersen qui interprète Chance. Son air poupin, son déhanchement ne le prédispose pas à des rôles de dur. John Pankow dans le rôle de Vucovich passe son temps à gémir, mais il se reprend in fine en raflant l’argent et la gonzesse de Chance, remplaçant celui-ci au pied levé. Mais même Willem Dafoe avec son physique si particulier n’arrive pas à faire autre chose que cabotiner. Si les femmes sont plutôt belles et sexy, elles manquent singulièrement de consistance. John Turturro est comme toujours très bien.

    William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Les filatures sont longues et incertaines 

    Bref Live and die in L.A. est assez raté et on comprend difficilement que ce film passe pour « culte » comme on dit. Il y avait pourtant une très belle matière dans le roman, à commencer par les filatures de Waxman, ou encore cette rivalité entre les policiers qui ici est complètement négligée. On prête à William Friedkin l’intention de faire une série télévisée à partir du roman de Petievich, espérons qu’il saura tirer les leçons de ses échecs, bon technicien, il peut en faire quelque chose en s’appuyant sur un scénario rigoureux.

     William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Chance pense coincer enfin Masters

     William Friedkin, Police fédérale Los Angeles, Live and die in L.A., 1985 

    Vucovich ne peut constater que le désastre

    « Le passé se venge, The crooked way, Robert Florey, 1948Le policeman, Fort Apache the Bronx, Daniel Petrie, 1981 »
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  • Commentaires

    1
    Flash in the night
    Mercredi 3 Août 2016 à 00:53

    "C’est assez idiot parce que Chance et hart sont censés être des agents du Trésor dont la fonction ni de près ni de loin ne peut ressembler à celle de garde du corps."

     

    Non, ce sont des Agents du Secret Service, dont les fonctions incluent, entre autres, la protection des personnalités (notamment celle du President) et la chasse aux faux-monnayeurs. C'est le grand mystere des Agences federales americaines, qui ont souvent des domaines de competence assez heteroclites.

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