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Le blog d'Alexandre Clément

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994. 

Claude Aveline est un auteur très injustement oublié, certes il n’est pas le seul, mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler. Il lui reste encore beaucoup de lecteurs qui prennent du plaisir à le retrouver. Il eut pourtant pas mal de succès avec ses romans policiers, notamment La double mort de Frédéric Belot, ou encore, L’abonné de la ligne U qui fut porté à la télévision avec beaucoup de succès. Auteur engagé politiquement, notamment du côté des Républicains espagnols puis dans la Résistance. C’était un écrivain « à l’ancienne », par exemple il aimait beaucoup de roman bien construit, la nouvelle avec une belle chute et une certaine rigueur dans le style. Ce n’est pas pour rien qu’il était un admirateur et un commentateur d’Anatole France. Mais je voudrais parler ici de ses chroniques d’un cinéphile. Celles-ci ont été écrites dans les années trente et que Séguier avait eu la bonne idée de réunir et de publier il y a près de trente ans.  L’ensemble porte sur les années 1930-1939. L’âge d’or du cinéma selon Jean-Pierre Melville. Aveline décrit le passage du muet au parlant et l’importance des innovations technologiques qui, selon lui, accélèrent le vieillissement des œuvres projetées. C’est une question très discutable évidemment, mais Aveline suppose que l’œil s’habituant plus rapidement que l’esprit aux formes modernes, le progrès chasse l’ancien. Et de fait le cinéma muet n’intéresse plus beaucoup de monde. Ce qui n’empêche pas Aveline de faire l’éloge de Charlot qui est pour lui l’essence même du cinéma et dont l’expressivité du visage se suffit à elle-même sans rajouter des paroles. Pour lui Chaplin est la quintessence du cinéma. C’est assez vrai et très souvent quand je revois des vieux Charlot, je me surprends à découvrir des innovations techniques qui seront reprises par la suite à l’infini. Mais le muet ce n’est pas que Charles Chaplin, c’est aussi Buster Keaton dont Aveline ne parle pas – sans doute parce que dans les années trente ses films sont dévalorisés, c’est aussi Josef Von Sternberg et quelques autres dont les films se voient encore avec un grand intérêt et pas seulement pour leur aspect archéologique. Il parlera aussi de la couleur, et il pense assez curieusement que la couleur n’apportera pas grand-chose sur le plan artistique. Sur ce point il se trompe lourdement, que ce soit le technicolor et ses couleurs violentes, ou plus tard les tons pastellisés d’un Bolognini, et les exercices des maîtres du giallo, la couleur va se traiter de différentes façons, ne visant pas du tout à reproduire la réalité, mais au contraire en s’en servant pour l’interpréter. On ne peut pas dire que la couleur ce soit un progrès, parce que le noir et blanc garde son intérêt, et pas seulement dans le film noir. Il ne s’agit pas d’un dépassement, mais de l’avènement d’autre chose. En vérité dans le cinéma il n’y a pas de progrès, en ce sens qu’on ne peut pas dire que par exemple un film de Scorsese soit supérieur à un film de Chaplin, ou que Tarantino c’est bien mieux que Buster Keaton. Mais il est vrai que le fait de devoir rentabiliser des investissements récents pousse le plus souvent la critique journalistique à privilégier d’abord les films les plus récents et donc à étouffer les films anciens. Très ouvert au cinéma américain, il regrettera le tour de vis de la censure avec la mise en place du code Hayes dont il sera le témoin, le film policier américain passant globalement de la défense des  gangsters et de la critique des systèmes judiciaire et pénitentiaire, à une apologie de la police et du châtiment ; d’une spectacularisation d’une sexualité libre à la célébration des vertus de la famille. 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Charles Chaplin, The Gold Rush, 1925 

Pour Aveline le cinéma, si c’est un art nouveau, c’est aussi un loisir populaire. Les films se voient en salle – on n’imagine pas autre chose à cette époque où même la télévision n’existe pas – et dans des versions non-doublées. Également on va au cinéma dans son quartier, on choisit moins un film qu’on ne va au cinéma. La surprise fera le reste, et cela ne veut pas dire que les films sont vus uniformément puisque certains films ont beaucoup plus de succès que d’autres. Il aimera donc les films qui savent allier à la fois la profondeur thématique, la virtuosité technique et qui sont faits pour le peuple. Aux films de Luis Buñuel, Le chien andalou ou L’âge d’or dont se gargarisent une certaine élite intellectuelle, il préférera les films de René Clair qui célèbrent le Paris des « gens d’en bas ». À cette époque la déferlante du cinéma bouleverse les conceptions qu’on se fait de l’art. Les Surréalistes eux-mêmes, André Breton en tête, seront enthousiasmés par cette nouvelle forme artistique populaire qui semble rompre les critères bourgeois. Je fais remarquer que cette déferlante s’accompagne en réalité du bouleversement dans la littérature avec ce qu’on a appelé la littérature prolétarienne qui voit apparaître de nouveaux auteurs qui vont influencer fortement la production littéraire. Ainsi Eugène Dabit tient les deux bouts de la ficelle car son livre Hôtel du Nord deviendra à l’écran le succès qu’on sait en 1938 sous la houlette de Marcel Carné. Cette évolution du cinéma et de la littérature est le résultat d’une montée en puissance de la classe ouvrière qui est devenue plus instruite, mais aussi un peu plus à l’aise financièrement et qui peut accéder à des loisirs plus nombreux et plus diversifiés. En outre elle apparait dans l’entre-deux-guerres comme l’avenir du monde, portant l’idée de révolution sociale dont on parle beaucoup depuis que les Bolcheviks ont pris le pouvoir en Russie, mais aussi depuis le début des années trente avec la crise économique qui venant d’Amérique a dévasté le monde. 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

René Clair, Sous les toits de Paris, 1930 

Aveline décrit comment on allait au cinéma, notamment le samedi soir, en famille, avec des amis. Lui-même aimait se placer au balcon, dégustant non seulement le film principal mais aussi tous ses à-côtés, les actualités et les court-métrages. Jusqu’à une date assez récente c’était d’ailleurs la norme, puis la télévision a rendu les actualités cinématographiques inutiles, mais encore pour augmenter le nombre de séances, ou pour passer des films plus longs, on a fini de diffuser des films de court-métrage en première partie de séance. On peut le regretter car de nombreux réalisateurs ont commencé leur carrière comme ça, plutôt que de déconner sur les bancs de l’IDHEC. Ce fut le cas de réalisateurs aussi divers que René Clément, Georges Franju ou encore Robert Enrico, sans parler des réalisateurs d’avant-guerre. C’était aussi à peu près la seule sortie du prolétaire, la rupture dans le train-train quotidien. 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

G.W. Pabst, L’Atlantide, 1932 

En même temps qu’il analyse l’intérêt des films qu’il va voir, en Province ou surtout à Paris d’où il est originaire, mais où on peut voir des versions originales des films américains, il nous montre, sans que ce soit son intention première, comment les genres se sont construits justement dans cette période de développement du parlant. Films d’aventures, de gangsters, ou comédies, on comprend que dans cette période les films américains sont en train de construire leur hégémonie qui est presque totale aujourd’hui. Pour lui la supériorité globale des films américains réside non seulement dans un plus grand réalisme social – il fera l’éloge de Scarface d’Howard Hawks – mais aussi dans le fait qu’ils possèdent de meilleurs acteurs, c’est-à-dire des acteurs qui ne restent pas trop attachés au théâtre. D’ailleurs il critiquera violemment Marcel Pagnol, disant que celui-ci ne fait que mettre en image ses propres pièces de théâtre. Bien sûr on est revenu sur ce genre de jugement, mais il était encore assez courant jusque dans les années soixante. Il a fallu que des gens comme Orson Welles fassent l’éloge de La femme du boulanger pour qu’on se rende compte que cette absence de technique apparente de Marcel Pagnol n’était pas autre chose que du cinéma ! D’ailleurs on a fait et refait les films de Pagnol, Marius, César, Fanny, Manon des sources, Jean de Florette, parfois avec beaucoup d’argent, mais on n’a pas égalé Pagnol. La position d’Aveline apparait d’ailleurs en contradiction avec le fait que Fernandel est un de ses acteurs favoris ! 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Maurice Tourneur, Au nom de la loi, 1932

Parmi les réalisateurs dont il souligne l’importance, on y trouve par exemple l’incontournable G.W. Pabst, avec L’Atlantide, et aussi L’opéra de quatre sous, films tournés en trois versions, anglais, français et allemand, ce qui prouve que quand l’Union européenne n’existait pas du tout, on avait des échanges fructueux entre les cinématographies de toute l’Europe. Aujourd’hui, ce type de dialogue est complètement inexistant. Aveline fait aussi l’éloge de Maurice Tourneur, le père de Jacques Tourneur. Celui-ci en effet avait fait des incursions dans le film noir qui selon moi méritent d’être réévaluées, Au nom de la loi, Justin de Marseille. Pour cette période, on parle souvent de Jean Renoir, mais c’est une affaire d’intellectuels. La façon dont il a mis en scène sa propre célébrité masque aussi beaucoup de pauvreté. Aveline aime bien La nuit du carrefour, moi pas du tout, mais s’il apprécie ce film c’est surtout pour avoir bien filmé de nuit un carrefour ! Pour le reste le film est incompréhensible et d’ailleurs même Jean Renoir le soulignait parce que la première version présentée en salles comportait des scènes manquantes – scènes qui n’ont jamais été retrouvées. La chienne, adapté du roman de Georges de la Fouchardière, c’est clairement moins bon que Scarlet Street de Fritz Lang, ce n’est pas seulement vieillot, c’est aussi emmerdant ! Toute sa vie Aveline défendra Jean Vigo, il sera d’ailleurs à l’origine du Prix Jean Vigo, une manière de dire que le réalisateur de L’Atalante est mort bien trop jeune, à l’aube d’une carrière prometteuse. Mais Aveline aime aussi beaucoup Fritz Lang, d’abord pour Mörder, c’est-à-dire M, le maudit. Il a raison. Il aimait bien les films documentaires, les courts métrages donc de première partie, mais aussi les films qui dépaysent, par exemple le fameux film de Jacques Feyder, Le grand jeu, avec la légion et le sable chaud ! Même s’il trouvait le cinéma français globalement médiocre, il appréciait beaucoup Marcel Carné qui avait fait ses classes aux côtés de Jacques Feyder justement, son acteur fétiche Jean Gabin, et bien sûr Jacques Prévert. Il trouvait que Jenny, sorti en 1936 était un film qui n’avait pas été apprécié à sa juste valeur, ce que je pense également. 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994. 

Maurice Tourneur, Justin de Marseille, 1934 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Jenny, Marcel Carné, 1936 

Son goût pour le cinéma américain lui venait d’une certaine forme de naturalisme qu’il appréciait. Il n’aimait pas trop les formes qui traficotaient l’image pour donner une idée du rêve et de ses fonctions, pourtant cette tendance a donné quelques superbes chefs-d’œuvre, par exemple Peter Ibbetson d’Henry Hathaway. Il était un ennemi d’Abel Gance et notamment de son Napoléon dont on reparle beaucoup ces temps-ci à cause de la version calamiteuse que vient d’en donner de façon malheureuse Ridley Scott. Pour lui, Abel Gance n’était l’auteur que d’un seul film, La roue ! 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994. 

Il avait aussi ses têtes de Turc, par exemple Cecil B. De Mille et ses bondieuseries filmées ! Et puis il avait pris aussi Maurice Chevalier en grippe, dont les films le sidéraient. Mais on a tous nos têtes, moi aussi j’ai des acteurs qui me sortent par les trous de nez, en général les cabotins du type Fabrice Lucchini ou Michel Serrault, ou encore des monstruosités à la voix blanche comme Depardieu ou Deneuve, mais également les impavides au menton carré qui n’expriment rien d’autre que leur propre vide, comme John Wayne ou Clint Eastwood. Aveline n’aimait pas les cabotins, sauf Fernandel ! Parmi cette catégorie particulière d’acteurs, il envoie ses flèches les plus acérées à Sacha Guitry. C’est assez étonnant de voir qu’aujourd’hui, en pleine décomposition morale, on fait semblant de trouver du talent à cet auteur-réalisateur-interprète. Je pense à des guignols comme Fabrice Lucchini par exemple qui croient redécouvrir la Lune en relisant les auteurs collaborationnistes, Sacha Guitry – Aveline donnera une note cruelle sur la mise à l’écart de Guitry à la Libération – ou encore le nazi Louis-Ferdinand Céline. Il écrit :

« Le mot génie est comme le mot amour : il n’a pas de synonymes. Einstein, Stendhal, Cézanne, Mme Curie, Maurice Chevalier, l’épicier Félix Potin, Henry Ford ont du génie. Ce n’est pas le même voilà tout. M. Sacha Guitry a le génie du Reflet. Des gens qui ont du goût pour les expressions savantes le qualifient d’exhibitionniste. Le terme est laid et en outre inexact. Pour s’exhiber il faut être ; on n’exhibe que du réel. Avec une abondance et une facilité en quoi consiste son génie, M. Sacha Guitry est le plus brillant des Reflets et il n’est que cela. Le public l’adore parce qu’il voit en lui, non pas un maître, mais un esclave.  Et un esclave joyeux, qui fait croire, qui croit à son indépendance – le seul modèle d’esclave supportable. Qui va se permettre des audaces – le fou du roi. » 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Ce vaste panorama, très fouillé et documenté, la plupart du temps, Aveline connait les romans et les pièces de théâtre qui ont été à l’origine des films, lui permet de décrire l’évolution des genres, mais aussi de poser les problèmes techniques de l’adaptation et par contrecoup la spécificité de l’art cinématographique par rapport aux autres arts.  Bien entendu une grande partie des films auxquels il se réfère, notamment les films anglais, voire une grande partie des films russes, ont complètement disparu de la mémoire ordinaire. Mais l’ensemble dresse toutefois un bilan des plus positifs de cette période. Si ceux qui s’intéressent à l’histoire du cinéma y trouveront leur compte, ceux qui sont à la recherche de bons et beaux films pourront s’y procurer des pistes nouvelles. À cet ouvrage il ne manque qu’une seule chose, des illustrations ! D’ailleurs les affiches dessinées ont quasiment disparu des devantures des cinémas qui ressemblent de plus en plus à celles des hypermarchés. Pourtant ces affiches faisaient aussi partie, jusque dans les années soixante de la promotion légendaire des films proposés. On se contente aujourd’hui d’une vague photo, avec quelques ornements graphiques, c’est diminuer l’attirance poétique pour les mystères potentiels que contiendra un film nouveau. 

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994.

Il y a aussi dans ce livre de nombreuses allusions à la censure. Dès les années trente l’emprise du cinéma américain sur le public français est profonde, et parallèlement tout un système se met en place pour interdire les films russes. L’histoire de la censure des films russes et soviétiques était déjà l’annonce de la censure à laquelle on se livre aujourd’hui sans retenue avec toutes les informations qui viennent de la Russie. Aveline est un ennemi de la censure, comme moi, et donc il en comprend le mécanisme comme un mécanisme d’exclusion et de formatage de la pensée. On peut dire que de ce côté-là c’est plutôt réussi, les Etats-Unis ont gagné la partie en établissant une hégémonie culturelle sur le monde de l’image animée, comme sur le reste de la culture, à la fois par l’argent et par les systèmes de censure et de coercition en Occident, mais aussi chez eux avec le fameux code Hays qui opéra une castration terrible sur le cinéma américain qui eut du mal à surmonter cette épreuve. Aujourd’hui c’est le wokisme qui fait son travail pour décider ce qui peut se faire et ce qu’il est interdit de produire. Mais cela nous rappelle aussi que du cinéma nous n'en connaissons que ce qu’on nous en montre, d’un point de vue historique, si nous oublions l’importance du cinéma soviétique et russe, nous avons aussi oublié les films d’autres cinématographies très intéressantes comme celles qui nous venaient du Mexique ou du Japon d’après-guerre, sans parler du cinéma allemand qui a disparu avec le régime nazi. Nous n’avons pas fini d’en découvrir la richesse. Je voudrais juste terminer sur ce qui est aujourd’hui devenu évident, l’esthétique particulière des films soviétiques des années tout de suite postérieures à l a Révolution de 1917, était très visible dans les affiches, or cette esthétique a influencé non seulement le cinéma et ses affiches, mais s’est diffusée un peu partout dans la vie quotidienne[1].  La dynamique du cinéma soviétique qui faisait pendant, on l’oublie, au cinéma américain, possédait une énergie visible. La Russie comme les Etats-Unis avaient conscience que le cinéma était un art nouveau, non seulement parce qu’il touchait les masses, mais parce qu’il possédait un langage inédit. Les années trente c’est la généralisation du parlant, mais également l’émergence de la couleur. Depuis, il y a eu bien des améliorations techniques très sensibles, mais aucune aussi décisive, et je crois assez que cette révolution technologique a été un stimulant assez fort pour susciter une esthétique neuve. C’est pourquoi il est d’un côté assez juste de dire comme le pensait Guy Debord que le cinéma est mort dans les années trente, ce qui ne veut pas dire que de temps à autre on ne trouvera pas des films intéressants.   

Claude Aveline, Chroniques d’un cinéphile, Séguier, 1994. 

PS :

Les critiques de cinéma parlent presqu’exclusivement des films qui viennent de sortir, c’est une erreur grossière qui est liée à la conception marchande des films. Démarche sous-entend que les films les plus récents seraient plus en phase avec l’esprit du temps, voire meilleurs que ce qu’on faisait avant. Rien n’est moins sûr, cette vision des choses ne tient pas compte du fait que le cinéma est aujourd’hui de moins en moins un loisir populaire, du moins le cinéma dont parle la critique dans les journaux, et encore plus dans les revues dites spécialisées comme Positif ou Les Cahiers du Cinéma.



[1] Susan Pack, Film Poster of the Russian Avant-Garde, Taschen, 2017.

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