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Le blog d'Alexandre Clément

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

 La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

C’est l'ultime réalisation de Phil Karlson. Je suppose qu’il a choisi de faire ce film compte tenu de l’immense succès du précédent, Walking tall, et toujours avec Joe Don Baker. Mais si par beaucoup d’aspects les deux films se ressemblent, ils ne suivent pas tout à fait les mêmes principes. Bufford est un homme de la loi, tandis qu’ici Ron Lewis est un flambeur et un taulard qui rêve de se venger des sales tours qu’on lui a fait. Il n’hésitera pas d’ailleurs à s’associer avec des truands notoires, des mafieux qui règnent sur la prison où il est incarcéré, pour arriver à ses fins. Mais il restera cette nécessité de s’attaquer au « système » représenté par des institutions légales complètement corrompues, le shérif, la prison, le maire, le sénateur, tout y passe et tous les services s’achètent avec de l’argent, ce qui explique la cupidité de ces politiciens. S’il y a bien une constante dans les films noirs de l’éclectique Karlson, c’est d’être en guerre contre les institutions corrompues, c’est ce qui lui donne paradoxalement un aspect anarchiste, avec cette nécessité impérieuse des citoyens de se révolter et de se coaliser pour se défendre. Evidemment se battre contre le système ne va pas tout seul, il faut employer la force et une certaine détermination, mais aussi trouver des alliés plus ou moins crédibles, même si on les choisit dans la pègre bien établie.     

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

Ron Lewis est un joueur de cartes de première force 

Ron Lewis est un joueur de cartes professionnel et un propriétaire d’un night club dont il n’a pas tout à fait fini de payer les traites. Sa fiancée est une chanteuse de jazz qui se produit dans son cabaret. Il part à Las Vegas pour une partie de cartes cossue où il pense pouvoir ramasser le gros paquet. Effectivement il gagne une très grosse somme d’argent. De retour chez lui cependant, il est bloqué sur la route par une fusillade qui ne semble pas le concerner. Il rejoint sa maison mais il est agressé par un policier particulièrement déterminé qui semble vouloir lui mettre la fusillade sur le dos. En se défendant contre ce policier, il le tue pour ne pas être tué. Il est arrêté. Défendu par un avocat véreux, il va aller en prison. Le shérif et son adjoint lui ont volé l’argent qu’il avait gagné au jeu. Il demande à Susan de l’aider et d’engager des détectives. Mais elle en est empêchée par deux agresseurs qui en plus vont la violer. Ron réclame le même service à son avocat, mais celui-ci est de mèche avec le shérif. En prison il ronge son frein, il va apprendre à se défendre, et surtout il va faire la connaissance d’un mafieux Sal Viccarrone qui va l’aider à surmonter l’épreuve de la prison, mais aussi à faire en sorte qu’il obtienne le plus rapidement possible sa liberté conditionnelle. Quatre ans après y être rentré, il va pouvoir retourner chez lui. Il n’a qu’une obsession, se venger de ceux qui l’ont envoyé en taule et qui l’ont volé. Malgré les difficultés, il va trouver de l’aide auprès d’un flic noir, le sergent Perry, qui veut purifier le système et qui va l’aider à trouver des pistes nouvelles. Il va ainsi remonter comme ça, alors qu’un contrat est mis sur sa tête, jusqu’à un sénateur dont le fils est mort d’une overdose. C’est Vince un ancien copain de taule qui est sensé le tuer, mais il repousse l’issue du contrat, tandis que Ron va joindre Sal pour tenter de connaitre le nom de ceux qui veulent l’éliminer. Il va arriver à se venger, éliminant tour à tour ceux qui ont abusé de Susan, puis le sénateur lui-même et jusqu’à son avocat qui l’avait si mal défendu lors de son premier passage devant le tribunal. Au passage il éliminera le shérif qui entre temps est devenu maire de la ville, et récupérera enfin son argent en pillant son coffre fort. En même temps il récupérera des enregistrements compromettants qui mouillent directement l’ensemble des institutions. Il donnera ces mêmes enregistrements au Sergent Perry qui certainement en fera un bon usage. 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975 

Chez lui, il est agressé par un policier 

L’histoire n’est pas très claire, on ne comprend pas très bien pourquoi c’est lui qui a été choisi comme bouc émissaire pour couvrir un crime qu’il n’a pas commis. Il ya deux parties très distinctes et de qualité très inégale. La première est faite d’un homme qui ne comprend pas dans quelle galère il s’est fourré et qui va voir son univers effondré. Il file ainsi en prison et doit s’adapter. Ma seconde c’est la volonté de se reconstruire et de se venger, donc de comprendre ce qui s’est passé. Cette deuxième partie est bien moins convaincante de la première qui reste dans un registre très traditionnel du film noir. Le scénario était signé Mort Briskin, un homme qui venait de la télévision qui était habitué à des films de série B, donc très ramassés sur eux-mêmes. C’est lui qui avait écrit le scénario de Walking tall et qui se trouvait avec son frère producteur sur celui-là. Si la deuxième partie de l’intrigue est beaucoup moins soignée, plus conventionnelle, c’est dû à un manque de travail, une paresse si on veut, ou un manque de temps. Ayant écrit la première partie, tout se passe comme si le scénariste ne savait plus comment faire avancer son affaire et donc il se rabat sur des formules très convenues qui ne sont pas vraiment adaptées au propos. 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

Deux gangsters attaquent Susan 

La réalisation est très bonne, Karlson n’avait absolument rien perdu de sa capacité à filmer des scènes d’action dans des espaces étrois. Mais la prison est aussi excellemment représentée. Il en fait ressortir le côté claustrophobique et partant ces images donnent une ide de la liberté perdue. Ici il s’attardera à filmer aussi le travail à l’intérieur de la prison ce qui donne de la profondeur et de la densité. On notera également un grand soin accordé aux scènes de nuit. Tout cela vient naturellement du film noir et en prolonge l’esthétique. Le rythme est soutenu, et même si par moment on se désintéresse de l’histoire, on est accroché à l’action proprement dite. Il y a des scènes clés, comme par exemple l’intrusion de Ron et Vince chez le maire qui, après avoir tué le chien se dirigent vers le lieu de l’ultime vengeance. Il y a de très bonnes scènes qui doivent beaucoup au choix des décors, le film a été tourné dans le Tennessee et ça se voit ! Et puis des séquences étonnantes, comme cette voiture percutée par un train et qui sera traînée sur plusieurs centaines de métrés. 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

En prison, il doit s’adapter 

Joe Don Baker est très bien dans ce rôle de faux naïf, mais déterminé à aller jusqu’au bout pour se venger et qu’on lui rende justice et son argent. Il a la carrure qu’il faut, et une fois de plus il reçoit des coups de tous les côtés avec un beau stoïcisme. La faiblesse de la distribution c’est Conny Van Dyke qui joue le rôle de Susan. Mais peut-être l’a-t-on engagée parce qu’aussi elle chantait. La musique est d’ailleurs très bonne. Elle n’est guère convaincante dans le rôle de la fiancée apeurée, mais elle ne l’est pas plus quand elle se propose de quitter Ron. Quelques seconds rôles sont aussi assez intéressants, par exemple Brok Peters dans celui du vertueux policier noir. Mais il a toujours été très bon. Par contre John Marley dans le rôle du mafieux débonnaire Sal Viccaronne en fait des tonnes. Tout comme Gabriel Dell dans le rôle du tueur Vince qui par sympathie pour Ron va déchirer son contrat ! 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

Le sergent Perry lui apporte de précieuses informations 

Le film, introuvable dans une version correcte en France, a été assez mal reçu par la critique, et si le public est venu, il a été beaucoup moins nombreux que sur Walking tall. Si ce n’est pas un très grand Karlson, c’est tout de même une histoire qui se voit et qui reflète un certain cinéma des années soixante-dix, à contre courant de ce qui se faisait à New York par exemple. 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975 

Vince le prévient qu’il y a un contrat sur sa tête 

La trahison se paie cash, Framed, Phil Karlson, 1975

Ron s’en prend au sénateur et menace de la noyer

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