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Le blog d'Alexandre Clément

San-Antonio, Au bal des rombières, Fleuve Noir, 1990

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Les aventures de San-Antonio et de ses acolytes sont à la fois un compte rendu minutieux de l’histoire de la France de la Libération jusqu’aux années 2000, et une visite guidée de cette géographie qui a fait l’identité très particulière de la France. Frédéric Dard, bien qu’une grande partie des aventures de San-Antonio se situe à l’étranger, est d’abord un auteur français, du reste les aventures de San-Antonio sont très difficiles à traduire dans une langue étrangère. Contrairement à Georges Simenon qui produisait un style assez neutre et facile à traduire, Dard, sous le nom de San-Antonio utilise un style et un vocabulaire des plus compliqués. Et d’ailleurs cela a été en s’aggravant au fil du temps !

Au début, il maniait seulement des formules argotiques, dans la lignée de Simonin par exemple, et il ne se différenciait d’Audiard que dans la forme des intrigues, Audiard n’ayant aucune capacité à construire une histoire. Mais fort heureusement Dard s’est laissé aller à recréer son propre langage, et c’est aussi en cela que le personnage de Bérurier lui est utile, puisque c’est en effet par la bouche de ce personnage que le langage san-antonien est le plus éclaté.

Ici il s’agit d’une visite à Riquebon – on peut penser qu’il s’agit de Quiberon – à un centre de thalassothérapie. On aura droit aux tempêtes sur la côte bretonne et aussi à la cuisine locale. Dirigée par un ami du commissaire, cette boutique connait une série d’assassinats atroces, et San-Antonio est convié à discrètement lui mettre un terme. Les choses vont se compliquer car cet ensemble de meurtre ne semble pas avoir les mêmes origines et les mêmes intentions. On y trouvera des femmes très frivoles, l’une étant une ancienne des Brigades rouges, l’autre la propre épouse de l’ami de San-Antonio, et encore la secrétaire du directeur de l’établissement dont le mari est empêché de la bistouquette.

En désespoir de cause, San-Antonio fera appel à toute son équipe, Bérurier, Pinaud, Blanc, et résoudra l’énigme en déjouant un attentat qui faisait mine de prendre Richard Nixon pour cible. La logique est toujours un peu la même pour les aventures de cette époque, on multiplie les pistes et les coupables effectifs de façon à rendre l’histoire la moins linéaire possible, et on dénoue l’affaire de la manière la plus inattendue qui soit. Ici, il faut bien le dire, le dénouement finale est expédié rapidement sans trop s’attarder sur la vraisemblance. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on cherche n’est-ce pas.

En tous les cas au niveau de l’étude des caractères, on trouve un San-Antonio bien naïf, des femmes calculatrices et cruelles, promptes à se moquer des sentiments amoureux qu’elles déclenchent par leur beauté, n’obéissant finalement qu’à leur cupidité.

Cet épisode utilise un Bérurier déchaîné accompagné de Violette, une luronne rouquine spécialiste du triolisme. Cela donne lieu évidemment à des scènes scabreuses dont la répétition peut paraître lassante, mais qui sont sauvées par la verve du narrateur. Et c’est effectivement là qu’on comprend qu’un tel roman, malgré la complexité de l’intrigue perdrait tout son intérêt dans une adaptation cinématographique. Le Bérurier a bien changé, si dans ses premières apparitions il était seulement un comparse un peu niais, beaucoup cocu, dans les ouvrages des années quatre-vingt-dix, c’est un sauvage libertin qui passe son temps à faire des discours sous le regard à la fois fasciné et ennuyé du commissaire. Au moins un quart de l’ouvrage procède de la retranscription des élucubrations de Bérurier, et en plus il se permet de diriger l’enquête en lieu et place de San-Antonio.

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Cet opus était vendu un peu plus cher que les autres de la série au motif qu’il était un peu plus épais aussi, c’est pourquoi il était barré d’un sous-titre « super San-Antonio ». Pour compléter la pagination, aller à 350 pages, il y avait à la fin une sorte de supplément reprenant l’histoire des origines de Bérurier, ce qu’on trouve pourtant déjà dans Le standinge ou dans Si « queue d’âne » m’était conté. La fin de ce chapitre supplémentaire laissait entendre qu’il allait continué à développer d’autres épisodes de la vie saugrenue de Bérurier, mais Frédéric Dard ne le fit pas. Il a probablement eut raison.

 

Le roman est dédicacé à Albert Benloulou, ce qui n’est pas rien !

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