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Le blog d'Alexandre Clément

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918  

La fréquentation de la filmographie de Chaplin et de Keaton d’ailleurs remonte pour moi à ma petite enfance, et c’est avec ces cinéastes que j’ai fait mon éducation cinématographique, en privilégiant une approche historique, accordant de la valeur aussi bien aux chefs-d’œuvre du passé qu’à ceux du présent, passant par-dessus les modes et les innovations techniques. Il est évidemment très dommage que pour des raisons commerciales on se permette de propulser dans l’oubli les grands réalisateurs du passé, en France comme aux Etats-Unis, au prétexte que ces films auraient vieilli. Mais en vérité ils n’ont jamais vieilli et au contraire ils montrent souvent plus d’inventivité que les médiocres production d’aujourd’hui qui masquent leur manque de créativité derrière des effets techniques nouveaux. Ceci dit je ne suis pas l’ennemi des films contemporains, même s’il y en a peu qui m’intéressent, je sais toujours reconnaitre un bon film quand j’en vois un ! Dans les heureux temps du cinéma muet, on pouvait faire des succès importants avec des courts ou des moyens métrages, ce qui permettait au public de diversifier son approche du cinéma puisqu’il avait droit à plusieurs histoires par séance. Ce sont bien ces petits formats qui construiront la popularité de Chaplin comme celle de Keaton avant qu’ils ne passent au long métrage. Chaplin après avoir triomphé mondialement avec le long métrage The Kid, retournera encore vers le court pour livrer Idle Class, Pay Day et The Pilgrim, des œuvres qui comptent. Pour autant, ces films courts, mais denses, étaient loin d’être bâclés, même s’ils étaient largement improvisés. Ce format oublié depuis longtemps donnait un rythme trépidant aux comédies qu’il supportait, ce qui permettait au public de ne jamais s’ennuyer et donc de le conserver pour soi. A Dog’s Life, un des films les plus célèbres de Chaplin, est un film de deux bobines, soit environ trente-trois minutes. C’est le premier film qu’il tourna à la fin de la Première Guerre Mondiale pour First National avec qui il avait signé un contrat inédit pour l’époque d’un million de dollars – cette somme était d’ailleurs pour First National une sorte de publicité pour mieux vendre les films de Chaplin, mais c’était la reconnaissance de la grande popularité de Chaplin aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Avec ce contrat, non seulement il obtenait beaucoup d’argent, mais il avait une liberté de création quasi-totale. Il devait produire et diriger dix films, il n’en fit que neuf, considérant unilatéralement que The Pilgrim, le dernier, vu sa longueur, équivalait à deux films. Ces films pour First National seront tournés entre 1918 et 1923. Donc environ deux par an, ce qui, compte tenu du perfectionnisme chaplinesque demandait un travail acharné au quotidien. Le travail pour First National coïncide avec une amélioration très nette des films de Chaplin, non seulement sur le plan technique, mais aussi du point de vue scénaristique qui va l’éloigner de plus en plus du simple burlesque. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918  

La gloire de Chaplin était mondiale dans les années vingt, participant de la montée ne puissance d’une culture populaire, elle s’étendit à d’autres supports populaires. On vendit rapidement des figurines, des tasses à l’effigie du célèbre vagabond, ou encore des bandes dessinées par exemple. Comme les publications étaient bien plus régulières que la production de films, il fallait les alimenter en inventant des histoires autonomes par rapport aux films de Chaplin. Ces productions étaient décentralisées, et Chaplin s’il encaissait des royalties n’avait aucune responsabilité dans leur publication. Cela prolongeait la popularité de Chaplin, en ressassant les facettes du personnage du vagabond, et d’une certaine manière en donnant une lecture plus personnelle. Laurel et Hardy suivirent le même mouvement. D’autres acteurs-réalisateurs suivront cette voie consistant à occuper le terrain par d’autres moyens que le grand écran, par exemple Jerry Lewis pour qui Chaplin était un modèle et un maître. La « charlotmania » ne s’est jamais arrêtée et on trouve encore aujourd’hui des produits dérivés, des serviettes de bains, des posters, des tasses qui la prolonge encore. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Le vagabond dort derrière une palissade 

Mais revenons à notre film du jour. C’est un film avec « le petit homme ». Ce personnage dont Chaplin essaya de s’émanciper, lui rappela constamment ce qu’il lui devait. Les échecs relatifs de A Woman of Paris, Monsieur Verdoux, de Limelight, et de A King in New-York, lui rappelèrent ce qu’il lui devait, au point qu’avant de s’embarquer dans son dernier film, A Countess of Hong-Kong, il envisagea d’y revenir avec un projet en couleurs.  A Dog’s Life est un tournant dans la carrière de Chaplin, à cette date il est déjà célèbre dans le monde entier et il peut enfin développer ses tendances naturelles qui le porte à la fois à célébrer la liberté et la créativité des classes dites inférieures, et à critiquer les structures inégalitaires qui rongent la société. Certes il n’en oublie pas le comique, mais il lui donne un sens plus profond. Il n’en est pas encore à théoriser tout cela, il ne le fera que beaucoup plus tard, face aux difficultés du plus grand nombre dans le désastre économique de la Grande dépression quand il soutiendra Roosevelt et le New Deal ce qui amènera ensuite le FBI de l’immonde J. Edgar Hoover à déchaîner des campagnes de presse contre lui comme communiste, alors que son plan de redressement économique était plutôt une forme de keynésianisme. Comme on le sait, Chaplin avait connu des difficultés économiques quand il était tout jeune. En vérité quelle que fut la dureté de ces temps,  sa période de misère ne fut pas très longue, car, issu d’une famille d’artistes de music-hall, comme Buster Keaton d’ailleurs, rapidement, c’est-à-dire à l’adolescence, il put gagner très bien sa vie sur les planches, puis très jeune il rejoindra l’Amérique où il se fit tout de suite un nom dans le cinéma. Mais si sa misère matérielle réelle ne dura que très peu de temps, il eut le bon goût de pas oublier ses origines et le quartier de son enfance londonienne, tout en accordant par ailleurs un grand intérêt à accumuler beaucoup d’argent. Au moment de la Grande dépression justement, contrairement à nombre de ses collègues, il échappa à la débâcle financière justement grâce à des placements judicieux en or au Canada. On a souvent opposé Chaplin et Keaton, le premier étant critiqué comme trop larmoyant par opposition au stoïcisme keatonien, c’est une erreur de perspective, car s’il ne cache pas la misère sociale, il a beaucoup de tendresse pour les très pauvres à qu’il il attribue une générosité et une culture particulière, comme si celle-ci était supérieure à la culture bourgeoise. Lui-même était manifestement le produit de cette culture populaire qu’il avait connue dans les music-halls. Le titre du film parle de lui-même puisque trivialement une vie de chien c’est une vie de misère, et c’est seulement le hasard de la rue qui fait que cela concerne aussi le chien. Comme à son habitude, du moins à cette époque, Chaplin travaillait sans scénario clairement défini, en laissant une place décisive à l’improvisation. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne travaillait pas en amont, au contraire il passait beaucoup de temps à inventer des gags qu’ensuite il s’efforçait de recycler dans une continuité plus ou moins cohérente. Il tournait beaucoup et ensuite élaguait au montage, il impressionnait dix fois plus de pellicule que ce qu’il restait à l’écran ce qui augmentait les coûts et la durée du tournage. Peu sûr de lui, il revenait souvent une fois le film terminé pour rajouter de nouvelles prises, pour revoir le montage. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918 

Des chômeurs se pressent et se battent pour obtenir du travail 

Un vagabond qui dort dans la rue est réveillé au petit matin par une odeur de saucisse grillé. Par un trou derrière la palissade où il se trouve, il vole une saucisse, mais un policier le surprend. Il s’ensuit une poursuite. Lui ayant échappé, il va ensuite chercher du travail au bureau d’embauche, mais, maladroit, il est le seul à ne rien obtenir, dépité il s’en retourne dans la rue. Par ailleurs le chien Scraps a des ennuis lui aussi avec d’autres chiens bien mieux nourris, une bataille féroce s’engage entre les chiens, mettant la panique dans le quartier. Le vagabond qui est plutôt un travailleur sans emploi, le récupère et le défend. Comme ils ont faim tous les deux, ils volent le marchand de saucisses d’une manière adroite, mais un policier le surprend et la chasse reprend. Pour rentrer dans le dancing, le vagabond cache Scraps dans son large pantalon et va assister au spectacle de music-hall où alterne le numéro d’une danseuse affriolante et une chanteuse réaliste dans les chansons font pleurer tout le monde, les clients comme les musiciens et même Charlot. Pendant ce temps deux voleurs assomment un noctambule complètement éméché et le dépouillent de son portefeuille contenant des gros billets. Le vagabond et son chien qui n’ont pas de quoi payer une consommation, se font jeter dehors par le barman. Mais la chanteuse réaliste n’a pas de chance non plus, elle se fait licencier parce qu’elle n’est pas assez aguicheuse pour faire boire les clients en flirtant avec eux. Désespéré, le vagabond et son chien reviennent dormir à l’endroit habituel derrière une palissade. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918 

Le vagabond et son chien volent le marchand de saucisses 

C’est justement là que les voleurs, après avoir compté les billets ont enterré leur butin avant de le partager. Scraps qui dort avec Charlot, en grattant la terre, va le découvrir. Avec ce viatique le vagabond revient au dancing et il commande à boire. Mais les voleurs sont là également et vont récupérer le portefeuille. Le vagabond se fait éjecter une fois de plus. Il est obstiné, et il va revenir en catimini pour récupérer l’argent. Il assomme un des deux voleurs et s’en sert de marionnette. Il assomme son complice, puis récupère l’argent. Mais au moment de partir le barman le coince méchamment et lui reprend le portefeuille. Une bataille s’ensuit, le vagabond est poursuivi par les deux voleurs qui lui tirent dessus, détruisant au passage toute la vaisselle du marchand de saucisses. La police est là, et elle embarque les deux voleurs. Scraps a pu cependant récupérer le portefeuille et le vagabond, son chien et la chanteuse, s’en vont. On les retrouve un peu plus tard, le vagabond s’est transformé en cultivateur, la chanteuse tient proprement la maison, et Scraps qui dort dans un berceau a mis bas toute une portée de petits chiots ! 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Pour entrer au dancing, il cache le chien dans son large pantalon 

Charlot est souvent martyrisé dans ses films, et le plus souvent ça se termine dans la solitude, comme s’il n’avait pas progressé. Mais dans A Dog’s Life, l’histoire suit une progression linéaire, partant d’une situation désespérée, sans le sou, n’ayant pas de travail, il rencontre d’abord l’amour, puis la fortune et arrive à fonder une sorte de famille, tout en s’adonnant à l’agriculture. Ce final va permettre d’ailleurs d’opposer le calme et la beauté de la nature, à la ville et ses quartiers sordides. C’est bien la ville qui est le facteur principal qui déclenche le crime. Cette vieille idée, typiquement américaine, se retrouve dans les westerns comme dans les films noirs qui seront tournés une vingtaine d’années plus tard. Le quartier où vit Charlot est une sorte de cloaque, un ramassis de soiffards et de crapules, et il est possible que Chaplin ait pensé en tournant ce film au quartier de son enfance. Cependant, le quartier est très vivant, on s’amuse au dancing, on apprécie les numéros de music-hall, et on se bat pour survivre comme on peut, y compris en travaillant. Le music-hall est la représentation de la vie sociale des pauvres, et Chaplin manifeste de la nostalgie, le cinéma lui permet cependant d’en raviver le souvenir. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Le propriétaire du dancing ordonne à la chanteuse d’aller aguicher le client 

Cette compassion s’étend évidemment aux bêtes. Le chien est d’abord un petit être faible que Charlot protège. Et Scraps le lui rendra bien lui apportant la fortune. Cependant on voit aussi que l’engeance canine est l’image de la société humaine. Des chiens biens nourris et hargneux vont tenter de faire la peau à Scraps. C’est ce que font les policiers quand ils pourchassent sans se lasser le vagabond. La société canine ou humaine est dure pour les plus faibles, Charlot, la chanteuse, Scraps sont de la même catégorie, ils subissent. Les policiers, les voleurs, le propriétaire du bastringue, sont dans l’autre camp. Ils sont d’ailleurs plus grands et plus gros. La lutte est inégale entre les gros et les petits. Ce trio curieux ne trouvera la paix qu’en se retirant complétement de la société. Chaplin peut être considéré à cette époque comme un libertaire, il veut bien de la morale et des règles à condition que ce soit lui qui les définisse et non une institution supérieure. Autrement dit de nombreux films de Chaplin, dont celui-ci bien entendu, ont comme thème sous-jacent la nécessité de reconstruire les fondements de la société. Le couple et son chien, sont le début du recommencement du monde, ce qui est au fond un thème très américain, puisque de nombreux migrants, et Chaplin également, aller aux Etats-Unis c’était rejeter le vieux monde et avoir la possibilité d’en reconstruire un tout neuf ! 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Il entraîne la chanteuse sur la piste de danse 

Cette approche est soutenue par des scènes cocasses, voire grotesques, afin de ne pas en faire une théorie. Pour cela Chaplin utilise deux techniques complémentaires, d’abord la pantomime, cette manière d’exprimer ses sentiments au-delà de la parole par le simple jeu de son corps. Avec Keaton, Chaplin était un des maîtres de la pantomime. On le voit par exemple dans la longue séquence qui est dédiée au pillage du stand du marchand de saucisses. Ensuite, il y a les figures, chaque acteur – qui parfois d’ailleurs joue plusieurs rôles dans le même film – possède un physique particulier qui suffit à caractériser ses sentiments. Les policiers sont lisses et solides, dépouillés du moindre sentiment, appliquant la consigne. Les bandits ont des têtes chafouines, dont le caractère redoutable est accentué par de fausses moustaches ou de faux sourcils, ce qui permet des gros plans édifiants ! La plupart des personnages sont caractérisés par leur démarche, leur façon de se déplacer. Cette démarche est généralement expliquée par leur physique, le gros chômeur qui avec son arrière-train, d’une poussée, se crée une place sur le banc. Ce qui est drôle et qui fonctionne, c’est l’opposition des physiques, le gros et le maigre notamment, l’habileté à se déplacer et la lourdeur, mais aussi les femmes et les hommes ou encore les pauvres et les riches. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918 

Scraps a trouvé un portefeuille plein 

Chaplin cependant excelle aussi à filmer le mouvement. Il y a dans A Dog’s Life de longues scènes d’action. Les poursuites avec la police bien sûr où il fait la démonstration de sa maîtrise de l’espace par l’usage d’une prise de vue en plongée. Plus difficile était de tourner la longue séquence avec les chiens. Diriger des humains est une chose, des chiens qui se battent, c’est beaucoup plus compliqué. Il y a encore ce moment où le vagabond danse avec la chanteuse qui tient Scraps en laisse au milieu d’une foule extrêmement mouvante. Toutes ces scènes sont parfaitement maîtrisées avec pourtant des moyens techniques encore rudimentaires. Curieusement ce film qui finit bien, est sans pathos, si on voit bien que la chanteuse et le vagabond s’apprécient, il semble plus que ce soit une association qu’une véritable passion, il n’y aura pas d’effusion, et pour montrer la distance entre les deux, à la fin ce qu’ils admirent c’est la progéniture de Scraps et non la leur ! Ce qui a fait le succès de Chaplin auprès des classes populaires c’est cette simplicité dans la manière de filmer alliée à la perfection du mouvement. La scène dans le dancing est d’ailleurs recyclée de His Regeneration ­qui date de 1915, ce qui nous permet de mieux voir les progrès dans la mise en scène réalisés par Chaplin. On a accusé souvent Chaplin d’être larmoyant, mais souvent il se moque lui-même de cette tendance, notamment quand on voit cette grosse femme dont les larmes coulent comme de l’eau et se déversent sur la tête de Charlot ! 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Les voleurs ont assommé le vagabond pour reprendre le portefeuille 

Le centre de toutes les attentions c’est bien sûr Chaplin. Avec des scènes grandioses, particulièrement dans le bureau d’embauche, la scène avec le marchand de saucisses est pour lui faciles. C’est d’ailleurs dans ce rôle particulier que Chaplin atteignit une nouvelle dimension dans sa popularité, dans ce mélange de pauvre ère et de libertaire un peu cynique. Mais la distribution dans les films de Chaplin, c’était toute une famille, à tel point qu’on peut se demander s’il ne faisait pas du cinéma pour créer une famille bien à lui, hors normes. La chanteuse réaliste est interprétée par Edna Purviance. Elle avait eu une longue liaison avec Chaplin, et lorsque qu’elle tourne dans A Dog’s Life, elle a connu 26 collaborations avec lui, en comptant le long métrage The Kid, sans compter des petites apparitions. Plus que son interprétation, c’est la manière de la filmer qui est étonnante, avec beaucoup d’attention à son visage. A leurs côtés, on retrouve deux piliers du système Chaplin, d’abord son propre frère qui tient la barraque de saucisses, muni de fausses moustaches. Dire que Sydney Chaplin tenait la barraque, cela doit se comprendre dans tous les sens, puisque c’est lui en effet qui démêlait les problèmes financiers et juridiques de son frère qui étaient aussi nombreux qu’embrouillés. Et puis il y a l’incontournable Henry Bergman. Il tient ici deux rôles, celui d’un gros chômeur dans le bureau d’embauche, et celui de cette grosse femme qui pleure à chaudes larmes lorsqu’Edna chante une chanson triste. Les habitués de la filmographie de Chaplin – heureusement il en reste encore beaucoup, le stock se renouvelant à chaque génération – reconnaitront encore Charles Reisner ou Albert Austin dans le rôle du méchant voyou. Il y a encore Tom Wilson dans le rôle du policier, acteur qui jouait aussi bien chez Griffith, Keaton ou Chaplin. Mais sans doute le plus étonnant c’est le chien qui interprète Scrapes dont le nom signifie « gratter » en anglais, à cause des puces bien entendu ! 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Après l’avoir assommé, le vagabond fait parler le second voleur 

En remettant ce film en perspective, on doit le voir comme un premier essai vers le premier long métrage de Chaplin, The Kid qui sera tourné pratiquement dans la foulée de A Dog’s Life. Le quartier pauvre et sordide est presque le même. Dans ce The Kid cependant le chien perdu et sans ressources sera remplacé par un enfant trouvé au hasard de la rue ce qui est comme une explication à posteriori de ce qui signifiait ce malheureux bâtard de Scraps. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Ils ont enfin trouvé un bonheur modeste 

Indispensable film dans une filmothèque d’un homme raisonnable et honnête, A Dog’s Life mérite de nombreuses visions, ne serait-ce que pour cette capacité à nous faire rire sans jamais nous lasser. Chaplin l’aimait bien, et il le remontera avec sa manie de rajouter une musique de son cru sur laquelle il travaillait d’arrache-pied. C’est intéressant de voir cette version restaurée où le rythme musical souligne et amplifie le rythme des images et de la continuité. En 1959 il le compila avec Shoulder Arms et The PIlgrim, à ces trois films il rajouta une présentation où il expliquait – un peu – son système de production et de travail. C’est cette version qu’il faut avoir parce que les versions qu’on trouve sur Internet, du type YouTube sont mauvaises, alors que la photographie de Roland Totheroh ne mérite pas cette indignité. C’est un des rares avantages du numérique que de nous permettre de voir des films aussi anciens dans des qualités qu’on n’avait pas la possibilité de voir dans notre jeunesse. 

Une vie de chien, A Dog’s Life, Charles Chaplin, 1918

Scène de tournage avec les fidèles Edna Purviance et Henry Bergman

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