• Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    Palme d’or à Cannes en 2023, Golden globes pour le meilleur scénario et le meilleur film étranger en janvier 2024, ce film a coûté environ 6,2 millions d’euros et en rapporté 20. C’est donc une affaire rentable d’un point de vue comptable. Cependant, il n’a fait en France qu’1,3 millions d’entrées ce qui n’en fait pas un succès important et qui en outre reste loin des médiocres Killers of Flower Moon et Napoleon de Ridley Scott qui ont fait respectivement 156 et 170 millions de dollars en salles. Cependant ces deux derniers films ont coûté très cher, aux alentours de 200 millions de dollars chacun, et donc ils ne seront pas rentabilisés. Avant même de juger la qualité de ce film qui ne dépend en effet ni du nombre des entrées, ni des récompenses obtenues dans les festivals, on doit faire deux constats :

    – le premier est qu’un film peut être rentable et jugé intéressant avec un budget relativement modeste, on sait par exemple que la suite en deux volets des Trois mousquetaires réalisée par Martin Bourboulon qui a fait pourtant entre 5 et 6 millions d’entrées en France, affichera un bilan négatif, les deux films ayant coûté ensemble environ 70 millions d’euros. Il aurait fallu atteindre au moins 8 à 9 millions de tickets vendus dans l’hexagone ;

    – le second est que la relative étroitesse du public d’Anatomie d’une chute en fait un film pour festivaliers ou pour une clientèle semi-instruite, représentative de la classe moyenne inférieure. Le film de Justine Triet a été présenté dans plus de vingt festivals – ce qui prouve que le film a été bien lancé – et il reste en course pour l’Oscar du meilleur film étranger. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Le petit Daniel a trouvé le corps de son père dans la neige 

    C’est un problème qui a été soulevé par d’autres que moi. « Anatomie d’une chute est touché par un émiettement de la cinéphilie : il y a trente ou quarante ans, ce film aurait attiré non pas 1 million, mais 2 millions ou 3 millions de spectateurs. Sa présence aux Oscars porte donc un enjeu existentiel. » écrit Michel Guérin dans Le monde daté du 13 janvier 2024. Si le sujet aurait pu donner naissance à un film populaire, mais soigné, c’est manifestement raté. Sans doute cela vient-il de la difficulté des spectateurs à s’identifier aux personnages de ce film, nous y reviendrons, mais aussi parce que c’est un thriller, n’en déplaise à Michel Guérin, et qu’il a pourtant la prétention d’être tout autre chose. Autrement dit, massivement les Français ont refusé cette vision de notre société à travers l’exposition d’un crime. Notez que ce film a été financé pour une grande partie par des institutions, l’Union européenne, la Région Rhône-Alpes, ou encore France télévisions, Canal +. Sans cela le film n’aurait sans doute pas vu le jour. Mais comme le film a gagné de l’argent, on ne saurait le leur reprocher. Ces quelques remarques jetées rapidement sur ma page blanche indiquent déjà une forte séparation entre les films qui se voudraient populaires et qui sont financés par les plateformes du type Netflix, Apple ou Amazon et ceux qui ne seront rentabilisés pratiquement que dans les salles – le marché du DVD et du Blu ray s’étant effondré. Et donc il vient que cela confirme la disparition d’un cinéma populaire en salles autre que les comédies stupides du type Christian Clavier, Frank Dubosc, ou les blocks-busters du type Marvel. Encore que ces derniers en 2023 ont été en échec sur le plan commercial, justement à cause de la démesure de leur budget. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    On pratique l’autopsie sur le corps de Samuel 

    Justine Triet a été très critiquée quand, à Cannes, lors de la remise de sa Palme d’or, elle a attaqué le gouvernement de Macron pour la brutalité incroyable utilisée pour imposer la réforme des retraites. Dans le même mouvement elle a fustigé la politique culturelle de la France qui brille principalement par son absence. Je pense qu’elle a eu raison, non seulement parce que je suis d’accord avec ça, mais parce qu’une réalisatrice – bonne ou mauvaise – a bien le droit d’émettre un jugement sur la société dans laquelle elle vit. Mais cela ne change rien, en bien comme en mal, à ce qu’on peut penser de ce film, non pas que ce film existe indépendamment de ce qu’est sa réalisatrice, mais parce que le film a été conçu bien avant cette réforme maudite. Pour le reste il s’agit d’un film noir, inspiré selon la réalisatrice elle-même par l’affaire Alexandra Knox. Celle-ci, riche héritière américaine, avait été impliquée dans le meurtre de sa colocataire, puis blanchie après quatre ans d’emprisonnement. Cette affaire avait également inspiré le film Still Water de Tom McCarthy[1]. Mais si cette affaire a inspiré Justine Triet, c’est plutôt sur la question des formes de procédure que pour le crime proprement dit. Ce ne sera donc pas une relecture d’une affaire sulfureuse. Nous sommes dans notre domaine du film noir, dans son versant procedural. L’affiche est assez laide, ce qui m’a un long moment dissuadé de voir ce film. Cette absence de glamour signifie sans doute la volonté naturaliste de la réalisatrice.  

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Maître Renzi qui est en même tant l’ex-amant de Sandra l’interroge 

    Sandra, une romancière, reçoit une étudiante de la faculté de Grenoble qui l’interviewe et qu’elle tente manifestement de séduire. Cependant elle doit interrompre l’enregistrement parce que son mari qui aménage les combles pour en faire des chambres d’hôtes, a mis une mauvaise musique à fond. Tandis qu’elle part se reposer, son fils Daniel va promener le chien dans la neige. Mais en revenant il trouve le corps de son père, mort, au pied du chalet. Il alerte sa mère, Sandra appelle le Samu, la police intervient et l’enquête commence. Tout de suite les médecins légistes penchent pour un crime car Samuel a reçu un coup derrière la tête. Sandra va chercher l’appui d’un avocat, Vincent Renzi, qui se trouve être un de ses anciens amants. Vincent semble toujours attiré par Sandra. L’enquête, à travers les témoignages de Sandra et de Daniel, révèle des incohérences, et Sandra est inculpé pour le meurtre de Samuel. Elle a notamment menti sur un coup qu’elle avait reçu sur le bras gauche. Elle est cependant mise sous contrôle judiciaire. Elle ne doit pas être laissée seule avec son fils, car elle pourrait influencer son témoignage. Celui-ci va donc être sous la surveillance de Marge Berger. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Le juge d’instruction interroge Daniel 

    Le procès débute une année plus tard. Les témoins et les experts défilent. Une experte tente de montrer que la mort de Samuel pourrait être due à une chute et non à un coup violent porté par un objet contondant. Le déroulement du procès met en avant les difficultés du couple, notamment les différentes tromperies de Sandra qui séduisait aussi bien des hommes que des femmes. Ce sont deux écrivains à la recherche du succès. Le psychiatre de Samuel révèle que celui-ci souffrait de la violence et de l’autoritarisme de Sandra. Ce témoignage est conforté par un enregistrement audio qu’avait réalisé Samuel sur son mobile. Il montre qu’une violente dispute avec des coups avait eu lieu juste avant le jour fatal de la mort de Samuel. La défense plaide que Samuel avait sans doute fait une tentative de suicide aux médicaments. Daniel qui a assisté au procès, va à son tour tenter d’empoisonner son chien avec des cachets. Marge va l’aider à sauver le chien. Mais cela permet à Daniel de venir au secours de sa mère en confirmant d’une manière indirectement que son père a bien peut-être fait une tentative de suicide. A la suite de ce témoignage, Sandra va être acquittée. Elle va fêter son acquittement avec ses avocats, et se livre à un jeu de séduction avec Vincent, jeu qui va tourner court. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Vincent annonce aux médias que Sandra est innocente 

    Beaucoup de critiques, dont Michel Guérin, déjà cité, tentent de nous faire croire que ce filme serait autre chose qu’un thriller. C’est beaucoup de mépris pour le cinéma de genre. A cette aune, on peut dire que tout thriller, tout film noir, est aussi toujours autre chose que les crimes qu’il assume ! Quand Justine Triet titre son film Autopsie d’une chute, c’est manifestement une référence, et peut-être un hommage, au film d’Otto Preminger, un des grands maîtres du film noir[2]. La structure est d’ailleurs à peu de chose près la même. Et bien entendu le film de Preminger qui fut un énorme succès et est devenu un classique, est autre chose aussi qu’un simple procédural. Le scénario n’est pas très original, en ce sens qu’il ne recèle aucun suspense, ni des rebondissements spectaculaires et inédits. Les uns ont dit que c’était un scénario très habile. Derrière le sujet, assez commun finalement, il faut donc essayer de voir les intentions de la réalisatrice. Le premier problème qu’on rencontre avec ce film c’est qu’on ne peut pas s’attacher aux personnages, ils sont tous plus antipathiques les uns que les autres, y compris Daniel, le fils, qui finalement apparait tout aussi sournois et manipulateur que sa mère. Si je regarde du côté du milieu qui est dépeint, ce sont des semi-intellectuels sans envergure, en situation d’échec qui passent leur temps à se décharger de leurs responsabilités sur les autres. Plus ou moins libertins, à la mode d’une sexualité assez mal définie, ils théorisent leur déchéance. Le discours de Sandra sur le fait qu’elle a un besoin de sexe hygiénique est d’une stupidité affligeante et renforce la méfiance qu’on peut avoir à son endroit. Dévorés d’ambition, les deux époux ne réussissent rien du tout. Ces caricatures donnent dans le roman dit d’autofiction, c’est-à-dire aussi ennuyeux qu’égocentrique, comme si leur misérable existence pouvait intéresser quelqu’un d’autre que Justine Triet qui sans doute a elle aussi connu les manques d’inspiration dans son activité créatrice. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Le procureur tente de démontrer que Sandra a fait de fausses déclarations 

    Comme dans le précédent film de Justine Triet, Sibtl, on retrouve le portrait de l’écrivain raté qui entraîne les sujets vers la psychanalyse. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que cela ait pu intéresser autant de monde en dehors des critiques nécrosés qui peuplent les colonnes du Monde, de Libération ou de Télérama. Le seul personnage un peu positif semble être celui de Vincent l’avocat qui semble prendre en pitié les torsions récurrentes que la manipulatrice Sandra opère avec la réalité – il avouera du reste ne jamais gagner ses procès ! Cette ambiance délétère m’a fait douter des intentions de Justine Triet tant la charge est lourde, à commencer par le psychiatre qui est décrit comme un imbécile prenant pour argent comptant les fables que lui racontent ses patients. Le personnage de Sandra est carrément monstrueux, manipulatrice, menteuse, séductrice, elle n’a aucune empathie pour son mari ou pour sa famille. Elle abuse de sa position dominante dans la mesure où Samuel a tout fait pour se conformer au nouveau rôle qui est assigné aujourd’hui aux hommes dans la sphère boboïde. Et donc il vient que non seulement à la fin du film on est persuadé que Sandra est coupable, même si elle a été acquittée, et qu’en outre elle est le prototype de ces nouvelles femmes au sexe indistinct qui mènent le monde à sa perte. Il est difficile d’y voir un plaidoyer féministe, bien au contraire.  

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Daniel présente un premier témoignage devant le tribunal 

    Dans ce film on remarque que les hommes – Samuel, Vincent, mais aussi le petit Daniel – ont les cheveux longs, au point que le fils non seulement est presqu’aveugle, mais aussi pratiquement déguisé en fille. Il est l’image même de l’enfant castré par sa mère. De manière symétrique et sans finesse, les femmes qui comptent ont les cheveux courts, Sandra, Marge, et possèdent des allures viriles. C’est Marge, roulant des épaules, qui semble finalement décider que Daniel doit témoigner. Tout cela semble être une critique au vitriol des femmes nouvelle manière et des hommes dévirilisés. Si cela doit annoncer la nouvelle définition des genres, ce n’est guère enthousiasmant. Daniel semble s’être rangé instinctivement dans le camp des vainqueurs, et donc d’une certaine manière il va renier son père pour se soumettre aux exigences muettes de sa mère. Les personnages masculins qui représentent la justice sont eux aussi des caricatures. Je ne parle pas seulement de l’avocat général à la nuque rasée, mais aussi des gendarmes ou des médecins qui pratiquent l’autopsie. Cependant à bien regarder, ils sont les seuls à remettre de l’ordre dans le chaos ambiant.  

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Une experte tente de montrer que Samuel a très bien pu chuter 

    Parmi les pistes intéressantes, il y a cette idée d’un couple qui vit en osmose, coupé du reste du monde pour des raisons diverses, notamment le manque de moyens matériels, mais aussi cette terrible fatalité qui a rendu Daniel aveugle et qui a induit une trop évidente culpabilité chez les deux époux. Cet enfermement est symbolisé par le pillage du livre de Samuel par Sandra. Ce qui parait au premier abord traité comme une compensation guidée par la nécessité de trouver un point d’appui à la création littéraire, aurait pu être traité comme une substitution entre deux personnalités, et du même coup aurait expliqué cette inversion des genres qu’on semble percevoir et qu’on a décrite dans le début de ce billet. Mais le scénario n’a pas perçu cette possibilité et en reste au simple fait d’une sorte de jalousie entre les deux époux qui pratiquent le même métier. Cela vient sans doute à la fois de la paresse et de la volonté de centrer toute l’histoire sur le portrait ambigu de Sandra. Il y avait là pourtant un jeu de miroir très intéressant à développer. Mais la réalisatrice a préféré s’en tenir à la piste facile de la jalousie sous-jacente de Samuel. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Le psychiatre qui suivait Samuel pense que Sandra le martyrisait 

    Le scénario, contrairement à ce qui a été dit ici et là, comporte de sérieuses lacunes. D’abord dans les détails même de la procédure, alors que Justine Triet disait s’être appuyée sur les conseils d’un avocat d’Assises le traitement de Daniel, un mineur, est assez irréaliste. Non seulement il assiste aux phases les plus scabreuses du procès, mais en plus c’est lui qui dit au juge quand et comment il va témoigner. Pour un gosse censé avoir 11 ans, il fait preuve d’une maturité incongrue. C’est gênant dans une approche qui se veut naturaliste. Mais passons, ce n’est peut-être pas là le plus important, étant donné que la plupart des spectateurs ne connaissent pas bien le fonctionnement de la justice. La construction reste problématique. D’abord dans le fait que Daniel justement n’intervient réellement que dans la dernière demi-heure, faisant basculer le portrait d’un couple qui se déchire, vers les mensonges et les sournoiseries de l’enfance, sujet très souvent débattu au cinéma. On a beaucoup souligné le fait que le film est excessivement long. Il dure deux heures et demi, ça tire à la ligne, notamment sur les séquences où Daniel joue du piano. Je crois qu’on aurait pu enlever au moins une demi-heure, sans perdre quelque chose. Passer également de l’écoute d’un enregistrement audio à sa représentation visuelle à la manière d’un flash-back est assez incongru. Ça vient comme un cheveu sur la soupe parce qu’on passe de l’exposition de faits forcément subjective, à une représentation visuelle qui se voudrait le reflet d’une vérité. De la même manière, je ne sais pas trop ce qu’apporte l’interview de Sandra par une jeune étudiante de Grenoble. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    Un enregistrement montre que Sandra et Samuel avaient eu une violente dispute 

    Parmi les éléments gênants, il y a ce mélange de langues. L’anglais qu’on entend est assez scolaire, mais on doit se farcir les sous-titres dans l’image. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la barrière de la langue est un obstacle à la relation amoureuse ? Pire encore sans doute, c’est filmé comme un téléfilm des années soixante-dix. C’est-à-dire avec des plans rapprochés qui sont censés permettre de lire le trouble sur les visages. Mais le plus souvent le cadre est mal foutu. Quand Daniel est interrogé par le procureur général et par l’avocat de la défense, ils sont hors cadre, on les entend poser les questions, mais on ne les voit pas ou alors apparait une manche. On voit seulement Daniel qui bouge la tête de gauche à droite. Pratiquement tous les dialogues y compris quand il s’agit de la dispute censée être violente entre Sandra et Samuel, sont filmés en champ-contrechamp ce qui en diminue la tension. Les plans larges sont très rares, même le palais de justice est filmé de façon étriquée, alors que c’est tout de même un personnage important du scénario. Il y a manifestement une mauvaise saisie de l’espace, guère de profondeur de champ. Au début avec la neige qui entoure le chalet, on se dit qu’on va avoir une atmosphère à la Fargo avec un froid glacial qui représente les relations congelées et morbides des protagonistes, mais non, le décor disparait en même temps que la neige et la montagne, entre quatre murs, ça devient très bavard. Triet est incapable de bouger sa caméra pour nous faire ressentir la taille imposante de la salle d’audience. Donc très peu de mouvements de caméra, avec une photo qui n’a rien de remarquable, sans aucun travail sur les couleurs, alors que les décors s'y prêtaient. Tout cela manque de style. C’est au ras du sol. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    Daniel a essayé d’empoisonner son chien 

    La distribution est naturellement dominée par Sandra Hüller. Elle est tout à fait juste dans le rôle de cette fausse intellectuelle, mais vraie matrone rentrée à la manière allemande, c’est-à-dire brutale. Elle est presqu’aussi odieuse que Charlize Theron dans le film Monster de Patty Jenkins, sauf que dans ce dernier film, le monstre finissait par devenir attachant. Cependant elle représente très bien cette femme vieillissante et en échec dans tout ce qu’a été sa vie. La scène de la dispute, qui est aussi le clou du film, lui va très bien. Swan Arlaud est Vincent l’avocat qui a conservé de la tendresse pour le monstre et qui se laisse utilisé par elle. Il est très bien, il a une voix juste et pas trop de cet accent « moderne » qu’on se farcit aujourd’hui dans la plupart des films français. Anne-Lise Heimburger dans le rôle de l'experte qui démonte les spéculations de la police fait aussi un bon numéro.

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    A la télévision une critique littéraire explique que les romans de Sandra traitaient de la mort de son mari 

    Derrière ce n’est franchement pas terrible. Le petit Milo Machado Graner incarne Daniel, à mon sens il est bien trop âgé pour le rôle. Certes on peut toujours arguer qu’il a atteint rapidement une grande maturité, mais ça s’oppose à l’idée qu’il serait fragile à cause de son âge. Mais en plus il joue mal, sa voix sonne faux, sauf qu’il pleure à la demande. Antoine Reinartz a été très critiqué pour le rôle de l’avocat général. Je serais plus nuancé, le rôle d’un procureur étant bien de torturer l’accusé. Par contre Samuel Theis dans le rôle court, mais important du mari assassiné, est très mauvais, notamment dans la scène de la dispute. Il vire à la pleurnicherie. Jehnny Beth incarne l’auxiliaire de justice qui accompagne Daniel. Elle a l’air d’être complètement ailleurs, camouflée derrière un physique médiocre, engoncée dans des vêtements de clodo, comme si en province on s’habillait différemment qu’à Paris ou encore que les employés de la justice soient payés maigrement. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Le nouveau témoignage de Daniel tend à disculper sa mère 

    Comme on l’a compris, ce n’est pas un film que je trouve bon. Mais enfin, par rapport à la précédente Palme d’or gagnée par une réalisatrice française avec Titane en 2021 par Julia Ducournau, le film reste presque dans des normes académiques. Il a suffisamment plu pour penser que c’est une bonne Palme d’or. J’ai noté trois sortes de critiques, je ne parle pas ici des critiques de profession qui sont tous unanimes, mais du public qui s’est déplacé pour le voir et qui a payé son ticket : les enthousiastes qui représentent environ la moitié de l’échantillon, quinze pour cent environ qui ont trouvé ce film pas mal, mais comme un thriller classique. Et puis le reste qui trouve ce film mauvais et faible sur le plan technique. Je ne crois pas que cette Palme d’or restera dans l’histoire. Le plus gros reproche qu’on peut faire à ce genre de production, au fond, c’est qu’elle n’a pas de style, mais c’est un problème qui ronge le cinéma mondial et principalement occidental d’aujourd’hui. 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023

    Sandra a été acquittée 

    Anatomie d’une chute, Justine Triet, 2023 

    Sandra en fêtant son acquittement retombe dans les jeux de la séduction 



    [1] http://alexandreclement.eklablog.com/stillwater-tom-mccarthy-2021-a210131572

    [2] http://alexandreclement.eklablog.com/autopsie-d-un-meurtre-anatomy-of-murder-otto-preminger-1959-a154721204

    « 3 milliards sans ascenseur, Roger Pigaut, 1976Bulle Ogier, J’ai oublié, Le seuil, 2021 »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :