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Par alexandre clement le 29 Janvier 2015 à 09:47
The drop est emblématique de la manière moderne de faire des films noirs, dans la lignée des films de James Gray par exemple. A partir d’une histoire assez minimaliste, c’est une étude de caractères, avec une plongée dans une réalité sociale un peu glauque. Ça se passe à Brooklyn autour d’un bar qui recycle de l’argent plus ou moins sale pour le compte de la mafia. Ce bar est tenu par deux cousins, Marv et Bob. Marv est un ancien caïd en perte de vitesse, et Bob un jeune type un peu désabusé qui rend service et qui surtout est tombé amoureux d’un jeune chiot. Incidemment il est aussi attiré par l’étrange Nadia, susceptible et fragile. Deux lntrigues vont se nouer : celle de Bob qui doit affronter Eric un jeune fondu qui le rançonne parce qu’on lui a retiré la garde du jeune chiot pour maltrautance, et celle du braquage du bar au moment où il y a beaucoup d’argent, le jour du Super Bowl. Le braquage est organisé par Marv lui-même qui manipule le violent Eric.
Nadia apprécie le chien de Bob
Le ryhtme est très lent, alors que le film ne dure qu’un peu plus d’une heure et demie. Cette lenteur d’ailleurs permet de faire monter la tension et d’instiller la peur. Mais il est probable que c’est aussi cela qui fait que le film n’a pas eu un beaucoup de succès en dépit de son casting. Cette manière de filmer au ralenti est accentuée du reste par la multiplication, la fragmentation des plans. Roskam multiplie les angles de vue et utilise ainsi pleinement le décor urbain et hivernal de Brooklyn.
Bob récolte l’argent pour la mafia
Si cette manière de filmer est intéressante, la direction d’acteurs est moins sûre. Tom Hardy interprète Bob avec raideur. Il ne devient bon que dans la toute dernière partie du film quand laissant sa passivité de côté, il réagit d’une manière ultra-violente. Gandolfini dont c’était hélas le tout dernier rôle est excellent, oscillant entre dépression et désir de vengeance, utilisant tour à tour une britalité excessive et une sournoiserie à toute épreuve. Noomi Rapace – quel nom ! – qui avait été tout à fait éblouissante dans Millenium, trouve ici difficilement ses marques. Mais le plus impressionnant est sans doute Matthias Schoenaerts qu’on a pu découvrir dans le médiocre De rouille et d’os. C’est un très grand acteur de composition qui, à mon sens, peut jouer n’importe quel rôle.
Eric vient pour rançonner Bob
Le film est une adaptation de Dennis Lehane, auteur selon moi très inégal, mais à succès et à la mode dans le petit monde hollywoodien dont la réputation s’est construit sur Mystic River, pâle réalisation de Clint Eastwood et sur Shutter Island qui fut un gros succès de Martin Scorsese. Ce n’est ni le meilleur, ni le pire de ce qu’il a écrit. La réalisation en trahit pas son esprit si je puis dire dans la mesure ou une attention importante est consacrée à ces petits gestes de la vie quotidienne, à cet aspect un peu déglingué et misérable de la très riche Amérique.
Bob est prêt à payer 10 000 $ pour garder son chien
De l’ensemble on retiendra quelques scènes. L’affrontement entre Bob et Eric lorsque celui-ci prétend récupérer le chien qu’il a battu et abandonné. Egalement la manière dont Marv liquide un de ses anciens complices d’un braquage qui a mal tourné et la fin du film quand Bob cesse de jouer les gentils garçons et dévoile toute sa violence rentrée. On oubliera les bavardages sur les remords qu’on peut éprouver quand on tue quelqu’un, où les scènes grotesques avec des morceaux de cadavre dont il faut évidemment se débarrasser. Si le portrait des mafieux est assez banal, par contre celui du policier qui essaie de faire son métier est tout à fait intéressant.
Marv commence à faire le ménage autour de lui
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Par alexandre clement le 18 Décembre 2014 à 06:47
Jean-Paul Viberty échappe de peu à la police qui est venue l’attendre à la gare. Il se retrouve par hasard dans un train qui s’en va à Prague. Un entraineur de course d’aviron le prend pour le masseur de l’équipe et l’embarque avec lui. Arrivé à Prague, Jean-Paul qui se fait appeler Jean va tomber sous le charme de la sublime Eva. Mais celle-ci quoiqu’attirée par ce mauvais garçon, est par ailleurs fiancée à un champion d’aviron tchèque. Rapidement les choses vont devenir compliquées, et au cours d’une expédition dans la nature, Eva est prête à céder et à s’enfuir avec Jean. Mais au dernier moment c’est lui qui refusera, pensant qu’il n’a pas d’avenir pour elle. L’équipe rentre finalement à Paris, et Jean refusera l’aide de l’entraîneur qui a compris que derrière le mauvais garçon se cachait un cœur d’or et préférera retourner à sa vie aventureuse en sautant du train.
La police attend Jean-Paul en tête du train
Quoique le scénario ne casse pas trois pattes à un canard, le film connu un bon succès en France, mais aussi dans les pays de l’Est. Le premier problème que rencontre un tel film est son hybridation. Partant d’un film noir un peu basique, il va s’orienter peu à peu vers la romance façon Marianne de ma jeunesse. Un amour aussi puissant qu’impossible, magnifié par la somptueuse de la nature. Ce qui n’évite pas, bien au contraire, les scènes folkloriques un rien lourdingues sur les traditions tchèques avec les costumes qui vont avec. Pour célébrer l’amitié franco-tchèque, après une compétition d’aviron, cette belle jeunesse s’adonne aux joies du camping en pleine nature, avec des feux de camp et des chansons. Il y a donc une opposition forte entre cette jeunesse robuste et saine et le famélique voyou qui vient semer la perturbation dans ce bel agencement. Bien entendu la morale sera sauve et la belle Eva retrouvera les bras robustes de son fiancé auquel elle est liée depuis sa plus tendre enfance.
A Prague Jean-Paul tombe sous le charme d’Eva
C’est le produit d’une coproduction franco-tchèque au budget assez élevé, le film est tourné en couleurs et en écran large suivant un procédé français, Franscope. Il est essentiellement monté sur le couple Marina Vlady/Robert Hossein qui étaient à l’époque mari et femme et qui représentaient un couple assez mythique qui faisait la une des journaux dévolus aux ragots sur les personnalités. Si Robert Hossein était encore au début d’une carrière prometteuse, Marina Vlady était déjà une star internationale, reconnue aussi bien en Russie qu’en Italie. Le film fut réalisé par deux metteurs en scène, l’un tchèque, Vladimir Volichek, l’autre français, Henri Aisner. Il semble cependant que ce soit Volicheck qui ait été le principal responsable de l’ensemble.
Jean-Paul met au défi Benoît de le dénoncer à la police
On ne peut pas dire que le résultat soit très bon. C’est décousu, surchargé de scènes folkloriques, il y a beaucoup de répétitions pour mettre en lumière les hésitations d’Eva. Mais il y a quelques bons moments tout de même, à commencer par l’ouverture du film qui voit notre héros s’enfuir au milieu de la gare, ou encore la fuite finale de Jean-Paul qui saute du train. Les paysages sont splendides et bien filmés.
Jean-Paul retrouve la belle Eva à la fête
La liberté surveillée dont il s’agit ici est celle que s’octroie Jean-Paul en se mettant sous la protection tatillonne de Benoît l’entraîneur au grand cœur qui rêve d’aider le fuyard à se racheter une conduite.
Eva et Jean rêvent d’un grand amour
Reste les acteurs. Robert Hossein domine le film qui est construit autour de son personnage, Eva n’apparaissant que dans un second temps à l’écran. Il est très bon, depuis ses premiers films il a pris de l’assurance. Marina Vlady est splendide, même si son rôle lui ôte un peu de sa personnalité. Enfin René Lefevre joue Benoît avec suffisamment de conviction pour nous faire avaler les absurdités du scénario.
Après bien des hésitations Eva rejoint Jean
On peut voir ce film comme une curiosité pas du tout désagréable mais sans grand relief. Après tout, les coproductions franco-tchèques ne doivent pas être aussi nombreuses que cela.
Jean saute du train
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Par alexandre clement le 16 Décembre 2014 à 07:01
Roger Vailland qui fut un écrivain très important dans les années cinquante-soixante, et qui reste encore très présent, a toujours été attiré par le cinéma, même avant de devenir romancier. Il avait du reste collaboré avec Louis Daquin, un communiste, proscrit du système cinématographique. Non seulement la grande majorité de ses ouvrages a été adaptée à l’écran, mais il travailla aussi pour le cinéma avec des auteurs aussi divers que Roger Vadim ou René Clément. Pour le meilleur et pour le pire. S’il adorait le cinéma, on ne peut pas dire qu’il fut gâté par lui. Quelques rares grands noms se sont, à l’instar de Losey qui le connaissait personnellement, intéresser à son œuvre. Pourtant elle avait toute les qualités pour fournir un bon support à de la pellicule impressionnée.
Les mauvais coups est un roman tout à fait personnel, très intime si on peut dire. Roger Vailland y règle des comptes, avec sa jeunesse avec sa première épouse. Dans sa trajectoire personnelle, c’est un roman qui inaugure sa saison d’engagement communiste. Bien sûr c’est un roman, et par rapport à sa vie, c’est une version très enjolivée de ce qu’il a été. Un des thèmes récurrent de son œuvre, thème qu’il maintiendra jusqu’au bout, c’est la quête et l’affirmation de la souveraineté. Celle-ci peut s’incarner aussi bien dans le libertinage que dans l’engagement politique. En tous les cas elle se présente comme une légèreté.
1948 est la date de parution du roman. Cette date spéciale marque la fin d’une période, les premiers temps de la reconstruction de la France, et le début d’une autre, la lutte sociale pour la construction d’un monde meilleur. Roger Vailland, après bien des difficultés, s’engage au Parti communiste. Les raisons de cet engagement sont nombreuses, à commencer par le fait qu’il a fréquenté les communistes dans la Résistance. Mais bien sûr il y a le fait que, s’étant fait éjecté du mouvement surréaliste par Breton, il se trouve un peu orphelin de projet révolutionnaire. C’est d’ailleurs cette même année qu’il publiera un pamphlet contre ses anciens camarades surréalistes, Le surréalisme contre la révolution. Et puis les communistes ont le vent en poupe, leur parti est fort, il mobilise les masses ouvrières qui sont le fer de lance du renouveau de l’économie française.
Roberte, Hélène et Milan vont tenter leur chance au casino
L’histoire des Mauvais coups est celle d’un couple qui est en train de se perdre. Roberte et Milan se sont beaucoup aimés, mais Milan est maintenant vide de toute passion tandis que Roberte voudrait la perpétuer. La position vacante de Milan va le pousser vers Hélène une jeune institutrice dont l’indépendance et la simplicité le séduisent. Roberte va souffrir de cette attirance, malgré le sang froid de façade qu’elle affiche. La violence de cette relation conjugale va amener peu à peu Roberte vers le suicide. Milan est aussi le nom d’un oiseau de proie auquel Roger Vailland aimait à s’identifier, il en avait le profil. Il y a toute une analyse de la bestialité qui peut habiter un couple qui se défait. Dans ce roman on retrouve une des obsessions de Roger Vailland, comment se comporter avec des femmes vraiment fortes ? Il les désire autant qu’il les craint. Le succès du roman provenait, outre l’aspect violent dans les descriptions d’un couple qui se déchire, de l’écriture. C’est cette sécheresse, cette minutie dans la description, qui empêche le récit de sombrer dans le pathologique. Si Milan vise à la souveraineté, il doit pour autant combattre ses propres démons. Or dans Les mauvais coups, il se laisse le plus souvent aller à son mauvais caractère.
Pour éviter que l’on jase, Milan dégonfle les pneus du vélo d’Hélène
Si le film n’en trahit pas la lettre, l’adaptation et les dialogues sont de Roger Vailland, il en trahit pourtant l’esprit. Le roman supporte une dose de crasse et de sordide qui disparait à l’écran, la surconsommation d’alcool est aussi un autre moteur du roman, dans le film c’est à peine un passe-temps. Pourtant la réalisation de François Leterrier est très appliquée – c’est son premier film – elle essaie de donner du champ, elle utilise pleinement les possibilités du cinémascope. Il y a dans le roman quelque chose qui disparait complètement du film, c’est cette volonté d’aller vers les choses simples, de fuir Paris et ses lumières pour revenir au plus près de ceux qui travaillent avec conscience à produire et à faire quelque chose d’utile. Vers la même époque Roger Vailland s’installera dans un petit village, vivant pauvrement, militant, écrivant. Ce sera pour lui les meilleures années de sa vie. Peut-être que la difficulté venait du fait que le roman a été adapté en 1961, alors qu’il se passait en 1948. Or à cette époque les choses vont très vite, et il y a un monde entre cette sortie de la guerre et la plongée dans la société de consommation.
Roberte essaie d’émanciper la jeune Hélène
Malgré la présence de Simone Signoret, le film fut mal accueilli par la critique et n’eut pas de succès. Les raisons sont nombreuses et faciles à comprendre. Le roman est une méditation sur la vacuité de l’amour, sur la cruauté et la violence du couple. Et une méditation n’est par nature guère transposable au cinéma. Ensuite il y a Reginald Kernan dans le rôle de Milan. Sachant que Milan est un double de Roger Vailland, un intellectuel à la carrure frêle, il est difficile de voir ce géant au français hésitant l’incarner. L’ouvrage est centré sur Milan, mais le film est organisé autour de Simone Signoret qui en est la vedette. Physiquement Simone Signoret et Alexandra Stewart sont tout à fait dans l’optique de l’ouvrage. Leur interprétation n’est pas en cause.
Milan et Hélène cueille des poires qui ne sont pas tout à fait mures
Le succès pour Roger Vailland va venir plus tard au cinéma, mais pas de l’adaptation de ses romans. Il travaillera avec profit comme scénariste pour Roger Vadim, trois films, dont Les liaisons dangereuses qui fut un énorme succès, et pour René Clément, Le jour et l’heure également interprété par Simone Signoret alors à l’apogée de sa gloire. François Leterrier ne réussira pas grand-chose dans le reste de sa carrière, sauf Un roi sans divertissement d’après Jean Giono.
Roger Vailland et François Leterrier sur le tournage des Mauvais coups
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Par alexandre clement le 6 Décembre 2014 à 07:12
Voilà une rareté, bien qu’avec la numérisation accélérée des films anciens cette idée de rareté devient très relative. C’est un film noir assez singulier puisqu’en effet il se situe dans les années 1860, dans une petite ville de l’Ouest. John Garth, un riche éleveur qui s’est conduit en héros pendant la Guerre de sécession, épouse une jeune étrangère, mais quelques temps après le mariage, il tue ses parents et la blesse, la laissant pour morte. Dès lors il y aura un procès. Et durant ce procès le spectateur comme le jury va essayer de se faire une opinion aussi bien sur les raisons de ce massacre que sur le déroulement des faits proprement dits. Chacun va donner sa version, et un peu comme dans Rashomon le modèle du genre, ou dans L’outrage de Martin Ritt, l’histoire évolue avec ces différentes versions.
Garth est convié à témoigner
Ce film est donc bâti plus sur des principes de mise en scène qu’une histoire, et ça se voit. De Gerd Oswald, j’ai déjà commenté l’excellent Crime of passion avec déjà Sterling Hayden et Barbara Stanwyck, un autre film noir. Mais Valérie lui est, il faut bien le dire, très inférieur. C’est un problème de scénario, malgré la multiplication des effets, la fin de recèle aucune surprise et la psychologie des personnages n’est pas très approfondie, c’est à peine si on sait que Garth a commis des exactions en service commandé pendant la guerre, et que Valérie souffre de son statut d’immigrée récente. Par exemple on ne comprend pas pourquoi Garth ne s’intéresse pas au corps de Valérie. De même le personnage du frère est peu compréhensible.
Garth est-il un mari violent et alcoolique ou victime d’une femme sans scrupule ?
Valerie hésite un peu entre le film noir et le film de procès. Mais la lourdeur qu’on trouve généralement dans les films de procès, est escamotée rapidement par les flash-back, ce qui fait qu’on n’a pas trop le temps de s’intéresser aux arguties de la défense ou du procureur. Ce qui sauve le film c’est avant tout la mise en scène atypique d’Oswald. C’est un film sombre qui, à part quelques rares scènes où on voit des bêtes et des pâtures, ne laisse rien voir de ce que pouvait être l’Ouest profond. Avec de longs flash- back, toutes les recettes du film noir vont être convoquées, les ambiguïtés, le flou de la mémoire, une violence latente venue d’un passé lointain. Des jeux d’ombres et de lumière vont renforcer ce sentiment.
Le révérend semble très attiré par Valerie
L’interprétation est plus discutable. Sterling Hayden est très bon, capable de se montrer bon garçon, mari malheureux et pourtant attentionné, et cruel et violent avec des intonations de colère rentrée. C’est d’ailleurs cette double dimension du personnage si bien incarnée par Sterling Hayden qui sauve le film. Et c’est essentiellement pour lui qu’on conseillera de le regarder.
Les autres acteurs sont plutôt mauvais. A commencer par Anita Ekberg qui trimbale un physique robuste, finalement très irréaliste dans le rôle d’une jeune fille qui craint sa nuit de noce. Elle est plus crédible évidemment en vamp qui cherche à séduire à la fois le pasteur et le frère de Garth. Heureusement qu’elle n’est pas présente dans tout le film. Ça se gâte encore plus avec Anthony Steel qui joue le révérend et qui à l’époque était le mari d’Anita Ekberg. Il est plutôt mollasson et n’a pas l’air de croire beaucoup à son rôle de pasteur à la fois séduit par Valerie et persuadé de sa mission d’homme d’Eglise.
Garth force sa femme à boire
C’est un film à petite budget. Il a sans doute été monté suite au succès de Crime of passion. Du point de vue cinématographique on retiendra quelques scènes, comme le début quand John Garth assassine la famille Horvath sans qu’on ne voit rien. Ou alors lorsque Garth force sa femme à boire. Le rythme est soutenu, et malgré tous les défauts qu’on a évoqués, on ne s’ennuie guère. La photo est excellente aussi.
Garth tente de fuir la justice
Son frère s’opposera à lui dans un ultime duel
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Par alexandre clement le 24 Novembre 2014 à 07:36
Le thème est assez traditionnel, un commissaire, Leo Tanzi, est un peu exaspéré par les lenteurs et les entraves de la justice. Etant par nature un peu violent, ses méthodes sont désavouées par sa hiérarchie. Il voudrait avoir les mains plus libres pour lutter contre le crime à armes égales. Il vit une liaison avec une jeune juge qui s’occupe de jeunes délinquants et qui à l’inverse de Leo, leur trouve des excuses. Elle essaie de les comprendre. Son attitude la mène à s’opposer à Tanzi. Lui, est par contre préoccupé par un gang qu’il suppose être, de par ses méthodes un gang de marseillais. Ceux-ci commettent des hold-up, braquent des fourgues. Sans foi ni loi, ils recourent à des procédés très brutaux. Tanzi va finir par les arrêter tous, en tuant un certain nombre, mais surtout il découvrira que le chef du gang est un bossu, véritable psychopathe. Entre temps, il aura aussi tué un fils de famille dégénéré qui, avec ses copains violent des femmes qui s’attardent un peu à l’écart de la ville pour vivre leur aventure avec l’homme de leur choix.
Ça commence par l’attaque d’une banque
Le scénario est assez éclaté, suffisamment pour dresser le portrait d’une criminalité de plus en plus violente et de plus en plus difficile à maîtriser. C’est toute la société qui est gangrénée par le crime. Même s’il ne prend pas toujours les allures d’une organisation sophistiquée comme celle du bossu, c’est une société à la dérive qui est décrite. On pourrait dire que c’est un film à message : il dénonce le crime et le retard de la justice italienne face à son explosion. Le film a été tourné à Rome. Mais ce n’est pas la Rome du tourisme qui intéresse Lenzi. Toujours à l’affût des côtés sombres de l’explosion urbaine, les décors sont plutôt crasseux et montrent l’envers de la prospérité des années soixante-dix. Mais il dénonce aussi la naïveté d’une certaine justice, ici représentée par la jeune juge, qui partant des difficultés bien réelles des jeunes délinquants, en arrive par son laxisme à provoquer leur mort. Elle commencera à changer un peu quand elle se trouvera directement aux prises avec la bande du bossu qui l’enlève et menace de la faire disparaître dans une casse de la périphérie.
De jeunes adolescents volent des sacs à main
La mise en scène de Lenzi se veut naturaliste, serrant au plus près la réalité du crime enchâssé dans la vie même de la cité. Le générique est déjà une présentation des nuits romaines, susceptibles d’engendrer des crimes. C’est en général ce qui fait la force des films de Lenzi, cette capacité à se servir d’un décor naturel, à rendre en image le bouillonnement d’une grande cité. La mobilité de sa caméra lui permet de saisir clairement la profondeur de champ et de donner de l’amplitude au mouvement des personnages. Mais il ne faut pas s’y tromper cela reste un film à petit budget, et c’est sans doute une chance pour le producteur que Lenzi maîtrise si bien le tournage dans des décors réels. Il multiplie d’ailleurs les lieux de tournage, la banque, l’abattoir, le jardin public, les longues avenues de la périphérie.
La juge pour mineur est pleine de compassion pour ses clients
Tourné avec très peu d’effets de photographie, le film donne une image brute mais vivante de Rome et renforce la « vérité » de l’histoire. Bien entendu, le scénario n’est pas exempt de grandes faiblesses. La mort de Caputo est bien trop attendue, l’opposition entre Paola et Tanzi est un peu caricaturale, le film insiste un peu trop sur l’opposition entre Tanzi et sa hiérarchie.
Tanzi est sur la piste d’un bossu qu’il sous-estime
Plusieurs scènes sont empruntées à des films français, on reconnaîtra Mélodie en sous-sol quand Tanzi prend à revers les gangsters enfermés dans la banque en passant par les conduites de la climatisation, ou encore l’opposition entre Tanzi et le jeune fils de famille qui provient directement de Dernier domicile connu de José Giovanni. Mais on ne lui en fera pas le reproche, les films noirs passent leur temps à se plagier, c’est ce qui en renforce d’ailleurs une sorte d’unité stylistique.
Le vice-questeur remet en cause les méthodes de Tanzi
L’interprétation n’est pas des plus brillantes, c’est le point faible de cette réalisation. Il est vrai que Maurizio Merli est un acteur peu charismatique qui ne sait guère varier son jeu. Ça tombe bien qu’il soit justement occuper à jouer un personnage brut de décoffrage, à la psychologie étroite, et surtout plus porté sur l’action que sur la réflexion.
La jeune juge est enlevée et terrorisée dans une casse
Ces petits films policiers italiens, poliziotteschi, qui jouaient beaucoup sur une violence alors assez inédite à l’écran, avaient presque pour obligation de s’adjoindre une vedette américaine, généralement vieillissante et sur la pente déclinante, pour donner un peu de surface à la distribution. Ici c’est Arthur Kennedy, le grand Arthur Kennedy qui s’y colle. Mais ce n’est pas une réussite. Outre qu’il a peu de scènes, il a vraiment l’air de s’en foutre un peu. Le bossu c’est Thomas Milian. Il aime les rôles extravagants où il peut cabotiner comme il l’entend. Et de fait il donne un côté plutôt hystérique à son rôle. On se dit souvent qu’il en fait un peu trop, mais après tout le personnage est celui d’un psychopathe qui n’a pas tout à fait sa tête.
Tanzi retourne voir le bossu, il lui fera avaler une balle
Il y a beaucoup de bonnes scènes dans ce film mené à un train d’enfer, même si les poursuites de voitures ne sont pas filmées de façon très originale. On retiendra la visite des abattoirs, la rencontre entre Tanzi et son indicateur, ou encore le premier hold-up. Le duel final entre Tanzi et le bossu tient tout à fait ses promesses et fait finalement preuve d’une certaine retenue.
De jeunes désœuvrés attaquent un couple d’amoureux
Bref si ce n’est pas le meilleur de Lenzi, c’est tout de même un très bon film noir qui mérite le détour.
La bande du bossu est encerclé dans une banque avec ses clients comme otages
Tanzi affrontera le bossu et le tuera
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