• Le boucher des Hurlus, Jean Amila, Série noire, Gallimard, 1982

    jean-amila-1.png
     

    C’est l’avant dernier ouvrage publié par Jean Amila. Plus ou moins en rapport avec ce que lui-même a vécu, c’est l’histoire d’un fils de fusillé pour l’exemple de la guerre de 14-18. Très politique si on veut, c’est le véhicule parfait pour développer une approche anarchiste et pacifiste. Le  boucher des Hurlus est le surnom du général Des Gringues qui a fait fusiller pour l’exemple un grand nombre de soldats qui refusaient les ordres absurdes dans la grande bataille des tranchées. Notre petit héros est ensuite placé dans une sorte d’institution catholique, suite à l’internement de sa mère. Avec quelques copains, il va s’en aller, traverser une partie de la France pour tenter de venger la mort de son père.

    Si l’intrigue n’est guère consistante, et donc s’il s’agit de bien autre chose que d’un polar, le style, les décors, les personnages méritent le détour. En quelque sorte Jean Amila revient à ses origines littéraires, la littérature prolétarienne, tendance anar. Cela se passe juste après la fin de  la Première guerre mondiale, alors qu’il reste des soldats encore mobilisés. C’est aussi le moment de la grippe espagnole qui a fait tant de dégâts, comme un srucroît d’horreur à rajouter à celles de la guerre – elle emportera le grand poète Guillaume Appolinaire. Cette pandémie dont on oublie aujourd’hui l’importance, aurait fait 400000 morts en France et peut-être une centaine de millions dans le monde.

    C’est aussi un roman sur l’enfance misérable telle que l’a ressentie Jean Amila, il n’y a plus guère de romans sur cette période si particulière. D’après ce qu’on sait, son père n’a pas été fusillé, il aurait quitté sa femme et son fils à la fin de la guerre pour se mettre en ménage avec une autre femme. Sa mère aurait ensuite été internée au Vésinet. Le boucher des Hurlus transforme donc une expérience douloureuse en une sorte d’épopée de la misère, mêlant le vrai et l’imaginaire.

    Il y a de grands moments de vérité si on peut dire, notamment les scènes qui se passent au cœur de l’orphelinat, ou l’arrestation par la police de sa mère.

    C’est un thème, celui des misères de la Grande Guerre, qui sera repris plus tard notamment par Patrick Pécherot, un autre anarchiste qui a œuvré pour la Série noir, Tranchecaille.

    jean-amila-2.png

    Il a été tiré un film de ce roman, réalisé par Jean-Denis Robert, le fils du célèbre réalisateur Yves Robert, il n'a eu aucun succès et est devenu introuvable.

    A signaler également la parution de Jean Meckert, dit Jean Amila de Pierre Gauyat, chez Encrage. Preuve que l’œuvre de Jean Amila n’intéresse pas seulement les éditions K. je ne l’ai pas encore lu, mais j’y reviendrais sûrement, le sous-titre est tout à fait explicite et résume bien ce qu’il me semble devoir être retenu de Jean Amila.

     

    jean-amila-3.png

    « Pitié pour les rats, Jean Amila, Série noire, Gallimard, 1964Pitfall, André de Toth, 1948 »
    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :