• L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979

     L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979

    Le film de prison et de prisonnier est constitutif du film noir. Parmi les réussites du genre, on peut citer Brute force de Jules Dassin en 1947 aux Etats-Unis, ou encore Le trou, le chef d’œuvre de Jacques Becker en France en 1960. L’univers carcéral permet à la fois d’exprimer le désir de liberté et de développer des caractères singuliers mis à l’’épreuve de la cohabitation avec les autres détenus et d’affronter la hiérarchie sociale représentée le plus souvent par des gardiens ou un directeur plutôt sadiques. Mais également en mettant l’accent sur les difficultés d’une évasion, il est possible de faire ressortir l’ingéniosité humaine dès lors qu’il est question de survie. Escape from Alcatraz est la cinquième et dernière collaboration entre Clint Eastwood et Don Siegel.  

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979

    Frank Morris est transféré à Alcatraz. Délinquant récidiviste, il a tenté plusieurs fois de s’évader. C’est donc une manière de punition que de l’enfermer ici. Le directeur de la prison, Warren, est un homme arrogant et dur qui ne cherche qu’à humilier les prisonniers. Morris va trouver un emploi à la bibliothèque où il va se lier d’amitié avec English, un noir condamné à une lourde peine, mais qui semble avoir beaucoup d’influence sur les autres prisonniers. Mais Morris va se heurter au brutal Wolf avec qui il se bat, ce qui l’amène directement au cachot. A sa sortie du cachot, il va retrouver les frères Anglin. C’est avec eux et Butts qu’il va imaginer une évasion en passant par les conduits d’aération du bâtiment. Mais cela ne suffit pas, il faudra aussi confectionner patiemment des gilets de sauvetage et un radeau pour tenter de gagner la côte en face d’Alcatraz. Wolf qui est sorti du cachot veut se venger, mais English l’en empêchera. Le directeur cependant se méfie de Morris et décide de le changer de cellule. C’est justement ce moment que choisissent les quatre complices pour s’évader. Cependant, Butts restera en prison à cause de ses atermoiements. Morris et les frères Anglin ne seront jamais retrouvés. 

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Frank Morris est enfermé à Alcatraz après de nombreuses tentatives d’évasion 

    C’est basé sur une histoire vraie qui s'est passée en 1962, et si pendant longtemps on a cru que les trois évadés s’étaient noyés, une photo venant du Brésil semble avoir démontré que les frères Anglin avaient réussi à s’échapper au Brésil[1]. Aucun corps n’a été retrouvé. Le scénario s’est inspiré de l’ouvrage de J. Campbell Bruce qui a été un grand succès, mais on ne sait strictement rien sur son auteur qui n’a écrit que ce livre. Son livre n’a pas été traduit en français. Dans sa manière, il semble que ce film ait été directement inspiré du Trou de Jacques Becker. On y reconnait les mêmes malices pour camoufler le trou qu’on creuse pour accéder aux conduits d’aération ou pour laisser croire aux gardiens que les prisonniers dorment. De même la traversée des conduits d’aération qui amène les prisonniers de surprise en surprise s’apparente à ce qui se passe dans les égouts du film de Becker. Les thèmes traités seront ceux de l’ingéniosité pour inventer des manières de s’évader, l’amitié entre des hommes forts, le courage et bien sûr les conflits que génèrent l’enfermement. Le film a besoin évidemment de ces conflits car on ne peut pas passer près de deux heures à démonter les rouages d’une évasion. Il y a trois conflits qui viennent émailler le récit. D’abord celui entre Wolf et Morris, puis celui entre Morris et le directeur, et enfin celui qui existe entre le directeur et le doc qui a eu le malheur de caricaturer le directeur. 

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Il trouve à s’occuper à la bibliothèque 

    Le décor particulier d’Alcatraz qui a été plusieurs fois utilisé – Birdman of Alcatraz de John Frankenheimer en 1962, Point Blank de John Boorman en 1967, utilisant la prison désaffectée – est exceptionnel. Que ce soit les couloirs et les étages, ou que ce soit les extérieurs où se promènent les prisonniers. Cela permet à Don Siegel de montrer sa virtuosité à tirer des lignes géométriques et de belles diagonales en utilisant parfaitement la profondeur de champ. La caméra est précise, capte le mouvement sans emphase, même dans les pires moments de tension. On remarque que peu d’attention est accordé à la psychologie, comme il y aura peu d’éléments pour rappeler que les prisonniers sont aussi des êtres humains qui ont eu une vie avant la prison. On verra English rencontrer sa fille au parloir, ou Butts apprendre par sa femme que sa mère va mourir. Mais des évadés proprement dits, on ne saura rien, à peine qu’ils ont un passé de criminels. Les deux affrontements entre Wolf et Morris sont proprement filmés, avec toute la brutalité qu’il faut, mais aussi sans s’attarder sur l’aspect spectaculaire de la chose. 

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Wolf tente de tuer Morris 

    Le film a été produit par Clint Eastwood et Don Siegel. C’est d’ailleurs disons-le tout net le meilleur film de l’équipe Don Siegel-Clint Eastwood. Et probablement le meilleur de Clint Eastwood, ce qui n’est pas très difficile. Clint Eastwood est ici bon, pour une fois, rien à voir avec les bouffonneries de l’inspecteur Harry. Peut-être qu’on le trouve bon parce que le scénario est bon. Tous les autres acteurs sont des faire-valoir. Patrick McGohan dans le rôle du directeur sadique en fait un peu trop, mais ça passe parce que son rôle n’est pas décisif. Plus intéressants sont les prisonniers, que ce soit Robert Blossom dans le rôle de doc ou Paul Benjamin dans celui d’English, ils sont excellent. Bruce M. Fischer qui joue le rôle de Wolf est juste mauvais comme il faut. Presque pas de présence féminine donc, si ce n’est les deux visites au parloir, un peu comme si c’était une marque de faiblesse que de recevoir en prison. Le film rappellera que la prison d’Alcatraz dut désaffectée quelques mois après l’évasion, elle deviendra un lieu de visite touristique

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Butts aimerait bien s’évader 

    Don Siegel avait déjà abordé le film de prison avec, en 1954, avec Riot in cell block 11 qui racontait la révolte de prisonniers. Sans être un chef-d’œuvre, Don Siegel a fait mieux, Escape from Alcatraz est un très bon film. Son succès a été très bon aux Etats Unis, mitigé en France. 

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Au réfectoire, Morris développe son plan 

    L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

    Le directeur de la prison est effondré

     L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

     L’évadé d’Alcatraz, Escape from Alcatraz, Don Siegel, 1979 

     


    [1] http://www.sfgate.com/news/article/Does-this-photo-prove-the-most-famous-Alcatraz-6568415.php

    « L’inspecteur Harry, Dirty Harry, Don Siegel, 1971Le malin, Wise blood, John Huston, 1979 »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :