• Le bourgmestre de Furnes, Georges Simenon, 1940

    le-bourgmestre-de-furnes.jpgJoris Terlinck, la cinquantaine rassise, est le bourgmestre de Furnes, homme rigide, structurés par des principes d’un autre temps, sa vie va être bouleversée par l’intervention impromptu de Jef Claes, un de ses employés de sa fabrique de cigares, qui lui demande de l’argent car sa jeune amie est enceinte et veut avorter. Il menace de se suicider si le bourgmestre ne lui donne pas ce qu’il demande.

    Bien entendu, Joris, surnommé Jos ou encore le Baas, ne lui donne rien du tout et le jeune homme se suicide après avoir tiré sur sa fiancée. A partir de ce moment, il va chercher à rencontrer la jeune fille enceinte, Lina Van Hamme. A-t-il des remords ? Cherche-t-il une nouvelle relation amoureuse autre que sexuelle ? Lui-même ne semble pas le savoir.

    Toute sa vie va se défaire : il va peu à peu exaspéré le conseil municipal qui finira par le démettre, sa femme mourra d’un cancer, et son fils naturel devra prendre la fuite pour échapper à la prison.

    C’est le portrait d’un homme seul qui est parvenu à s’extraire de la misère à force d’intrigues médiocres, en écrasant ceux qui lui résiste. Il déteste d’ailleurs à peu près tout le monde, sauf Lina. Mais au bout du compte il ne saura que faire de ses sentiments pour elle. Et après la mort de sa femme, tout reprendra sa place, il épousera la sœur de sa femme et oubliera Lina.

    Le roman est un portrait en creux de Simenon lui-même : comme lui il a des rapports difficiles avec les gens qui l’entourent, surtout avec ses subalternes, mais avec sa mère aussi qui le méprise ouvertement parce qu’il est devenu riche. Comme Simenon il est maniaque de la propreté, il fume cigare sur cigare et se rêve fumant la pipe ! Il développe ses principes imbéciles sur le fait que personne ne l’a aidé et qu’il est parvenu à se faire une place à la force du poignet, oubliant au passage qu’il doit sa fortune à une relation sexuelle intéressée avec une femme seule mais très riche qui lui léguera à sa mort une fabrique de cigares. Comme Simenon, il possède un appétit sexuel très fort, et il ne se cache même pas de ses relations. Sa femme sait pertinemment que leur bonne a été aussi sa maîtresse, c’est avec celle-ci qu’il aura un fils illégitime qu’il refuse de reconnaître et à qui il ne veut rien donner.

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    Bref c’est un sale con, un personnage bourgeois et hypocrite.

    Le roman comporte deux parties :

    - l’une est plutôt centrée sur la description d’un milieu, la petite ville de Furnes et ses bourgeois coupés des réalités,

    - l’autre la décadence de Terlinck.

    Si la première partie est bien menée, bien écrite, elle ne dépasse guère le naturalisme. C’est une bonne description de la bourgeoisie flamande. Et comme le personnage est peu intéressant, qu’il occupe tout le devant de la scène, le lecteur trouve tout ça bien poussiéreux. Pour mesurer le retard de Simenon, souvenons nous par exemple qu’à la même époque Albert Camus écrivait L’étranger.

    La deuxième partie est plus ennuyeuse, très théâtrale, elle se perd dans les sables d’Ostende avec les allers-retours de Terlinck entre cette ville et Furnes. La description de la transformation du bourgmestre apparaît plutôt artificielle. Ses sentiments platoniques sont sensés représenter une forme d’idéal compensant la stérilité de la triste de vie du bourgmestre.

    Remarque : Frédéric Dard utilisera le nom de Joos, en référence au bourgmestre de Furnes pour le premier ouvrage qu’il publié en 1941 et qui obtint le prix Lugdunum.

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