• Le détective, The detective, Gordon Douglas, 1968

    Le détective, The detective, Gordon Douglas, 1968 

    Ce film a participé du renouveau du film noir de la fin des années soixante. Mais en même temps il va remettre la carrière chaotique de Gordon Douglas sur les rails. En effet ce dernier qui a tourné un peu n’importe quoi, comme un bon petit mercenaire hollywoodien, va mettre ses qualités techniques au service d’ambitions plus élevées. En même temps c’est le troisième film de la collaboration entre Frank Sinatra et Gordon Douglas. Il y en aura quatre en tout, dont deux centrés sur le personnage du détective privé Tony Rome. De ces quatre contributions, The detective est le plus grave et le plus noir.

     Le détective, The detective, Gordon Douglas, 1968 

    Un crime à connotation sexuelle a eu lieu 

    Adapté d’un roman de Roderick Thorp – l’inspirateur du film Die hard et de ses suites – l’action se passe à New York. Le sergent Joe Leland est un flic intègre qui va être amené à enquêter sur un crime sexuel plutôt sauvage. Malgré les difficultés rencontrées, il va s’orienter vers Felix Tesla, un homosexuel déséquilibré qui a des antécédents judiciaires importants. Felix va passer sur la chaise électrique. Mais quelques temps plus tard, il va être sollicité par une jeune femme, Norma MacIver, qui soupçonne que, malgré les apparences, son mari ne s’est pas suicidé comme le veut l’enquête, mais a été assassiné. Elle avance des éléments troublants. Leland va reprendre l’enquête et découvrir que MacIver trempait probablement dans des affaires de corruption sur toile de fonds immobilière. Il mènera ses investigations jusqu’à leur terme, mais la vérité aussi dérangeant soit-elle n’est pas celle qu’il croyait. Il sera contraint de démissionner de façon à pouvoir continuer à se battre contre la corruption.

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    Leland vient aux nouvelles 

    Bien que Gordon Douglas soit par ailleurs un fieffé réactionnaire, chasseur de rouge, la thématique du film est clairement de gauche. Non seulement elle s’applique à dénoncer la corruption des édiles de la ville, mais elle s’attaque à la vision morbide que les gens se font des homosexuels. Nous sommes à la fin des années soixante, et la liberté sexuelle affleure à peine. Mais le héros n’est pas non plus à l’abri des dérèglements de la société. Il sera contraint de se séparer aussi de sa femme, Karen, qui trompe compulsivement son mari avec des hommes de rencontre. Joe Leland a aussi cédé aux sirènes de la gloire, et il s’est forcé un peu pour assurer les aveux de Felix qu’il accompagnera jusqu’à la chaise électrique. Il sera choqué d’apprendre incidemment qu’en réalité il n’était pas coupable. On voit que le scénario est suffisamment compliqué pour attirer les amateurs de « noir », il est compliqué non seulement dans l’intrigue proprement dite, mais également dans l’analyse des comportements des différents protagonistes. Leland qui se veut simple et droit sera pris à son propre jeu. Au-delà de sa propre ambiguïté, c’est aussi celle de la police qui est questionnée. Les flics de son équipe se révèlent des salauds, comme Nestor, ou des corrompus comme Curran. Le film se veut très réaliste, aussi bien dans la description d’une réalité sordide, que dans les nuances que les personnages représentent.

    Le détective, The detective, Gordon Douglas, 1968  

    Leland arrête Felix sur la plage 

    Le rythme du film est relativement lent. Gordon Douglas prend le temps de filmer de longs flash-back concernant aussi la relation de Leland et de Karen, que le développement de la relation homosexuelle de MacIver. L’échec du couple Leland donne quelque chose de mélancolique à toute l’histoire. Il s’attarde aussi sur la vie ordinaire du commissariat, sur les conflits qu’il peut y avoir entre la police et les édiles de la ville. Leland est filmé comme un anti-héros en quelque sorte, un homme ordinaire qui essaie juste de tenir son rang en faisant un métier difficile. Curieusement il y a assez peu d’extérieurs et le film est surtout porté par des dialogues. Filmé en écran large, avec des couleurs assez passées, la réalisation n’a rien de flamboyant. Mais c’est justement ça qui donne son cachet au film. Très peu de scènes d’action, mais elles sont significatives, que ce soit l’arrestation de Felix ou l’attentat contre Leland, et très bien réalisées. On regrette qu’il n’y en ait pas eu un peu plus.

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    Les relations entre Leland et sa femme se dégradent 

    Le film a un autre atout majeur, c’est son interprétation. Sinatra n’est d’ailleurs pas le meilleur. Il est vrai qu’il n’a jamais été un acteur extraordinaire, ici il est un peu mou. Il incarne cependant Leland avec beaucoup d’application, mais il manque de tonus. Les femmes sont plus intéressantes, à commencer par Lee Remick dans le rôle de son épouse Karen. Elle a un physique attachant et il lui suffit de paraître et de sourire pour qu’on soit enthousiasmés. Jacqueline Bisset incarne l’obstinée Norma. Elle a dans ce film une grâce qu’elle ne retrouvera plus par la suite. Mais les seconds rôles sont aussi excellents à commencer par Tony Musante dans le rôle de l’étrange Felix. Robert Duvall était au début de sa carrière, et s’il n’avait pas beaucoup plus de cheveux, il avait déjà une personnalité très affirmée. On retrouve aussi des acteurs abonnés aux films noirs et aux figures de flics comme Ralph Meeker toujours très bon, ou encore le remarquable Jack Klugman.

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    Norma donne des indications précieuses à Leland 

    Le film a été salué à sa sortie comme novateur et le public a suivi. Malgré les petits coups de mou qu’on trouvera ici ou là, le film se revoie avec plaisir et passe bien le cap des années.

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    Leland sera victime d’un attentat

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    Gordon Douglas et Sinatra sur le tournage

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